« Héééé moi aussi je veux manger du chocolat ! J’en veeeeeux ! » M’exclamais-je en tentant d’attraper le pot de Nutella que Cassandre, mon grand frère tenait. « T’es trop petite pour l’atteindre. » Même pas vrai d’abord ! Je commençais à grimper sur son corps pour essayer d’atteindre sa main, mais il a passé le pot à Antoine, notre grand frère. Alors là, aucune chance de l’atteindre. Antoine est un géant à côté de moi, c’était peine perdue. « Mamaaaaaaan ! » « ARRETEZ D’EMBÊTER VOTRE PETITE SŒUR ! » Hurla ma mère depuis la cuisine. « Rapporteuse ! » « Raison de plus pour qu’on ne te donne pas le chocolat ! » Choquée, je les fixais à tour de rôle avant de grimper sur le dos de Cassandre « Vous n’allez pas vous en sortir comme ça ! » Criais-je.

« Dis Cassandre, comment on fait les bébés ? » Il recracha tout ce qu’il avait dans la bouche avant de me regarder comme si j’étais une extraterrestre. « Pourquoi tu veux savoir ça ? » « J’apprends la vie. » Il hausse un sourcil tout en continuant de me fixer. « Sixtine m’a dit qu’il fallait dormir ensemble pour faire des bébés. J’ai l’habitude de dormir avec toi, est-ce que ça veut dire que je vais avoir des bébés ? » Et là, Cassandre a ouvert grand ses yeux genre comme ça... O.O Sur le coup, je n’avais pas compris pourquoi. « Alors ? » Ouais, je m’impatiente moi. « Va demander à Antoine de t’apprendre la vie. » Je fronce les sourcils, croise mes bras sur ma poitrine puis prend un air boudeur « Mais il va encore me dire que je suis trop petite ! » « C’est que ça doit être le cas ! » « Mais eeeeeuh ! » « Va demander à Antoine je te dis ! »

« Maman… Antoine me manque, il revient quand ? » En entendant ma question, Cassandre prit son bol et partit prendre son petit-déjeuner dans sa chambre. Le sujet du grand frère est devenu sensible depuis que celui-ci est parti en Afghanistan. « Je ne sais pas ma chérie. » Répondit-elle tout simplement. J’avais grandi à présent, ils n’avaient plus besoin de me cacher certaines choses. « Il va revenir pas vrai ? » « Bien sur qu’il v revenir ma puce ! Chasse ces idées noires que tu as en tête ! »

« Je meurs de faim. » « Candice. Tu as toujours faim. » Il avait levé ses yeux pour me regarder et quelques secondes plus tard, il était de nouveau plongé dans ses cahiers. On était environ à quelques semaines d’un examen important qu’il devait passer et la pression commençait vraiment à monter. Cassandre passait toutes ses journées cloué à son bureau, il me manquait alors qu’on vivait sous le même toi et que seulement quelques mètres séparaient nos chambres. « I’m coming home.. I’m coming home.. Tell the World I’m coming home.. Let the rain wash away all the pain of yesterday... » « Ta gueule, merde ! J'essaie de travailler. » « Gnagnagna. » Je fais une petite grimace puis me tourne pour sortir de la chambre. C’est là qu’un cri venant du salon se fit entendre. C’était ma mère. Cassandre et moi sommes descendues en courant pour la trouver affalée sur le canapé, pleurant les larmes de son corps tandis qu’un soldat se tenait debout à côté d’elle. Il était arrivé quelque chose à Antoine. Cette simple pensée me déchira le cœur. Et puis… Voir ma mère dans un tel état... des larmes commencèrent à couler le long de mes joues tandis que Cassandre parlait au soldat. « Mort » Fut le seul mot que Cassandre avait réussi à prononcer.

« Alors c'est bon ? C'est décidé ? Tu t'en vas ? » Bagage à la main, et sourire triste sur le visage. Ca y est, nous y voilà. Il va partir et nous quitter. Je sens les larmes qui commencent à monter, je m’étais pourtant promis de ne pas pleurer. Je n’aime pas les au revoir… La dernière fois que j’ai dit au revoir à quelqu’un, c’était à mon grand frère et il n’est jamais revenu. « Je partirai quoi qu'il arrive » SANS CŒUR ! GROS NUL ! COMMENT PEUX-TU M’ABANDONNER A MON TRISTE SORT ? Une larme commence à couler le long de ma joue. Je ne voulais pas qu’il parte. Et pourtant… je n’avais franchement pas le choix. Il parlait de Paris tout le temps, h24, c’était son rêve, son avenir… Je n’allais pas faire mon égoïste et le retenir. Lui, de son côté ne semble pas tant touché que ça par son départ… Et pourtant, je l’entend renifler « Je fais semblant » marmonne t-il. « C’est ça oui » Je lui réponds tout en riant. Même dans les moments comme ça, il arrive à me faire rire. Il s'écarte et me regarde, je n'aime pas quand il fait ça. « Arrête, normalement tu seras de retour avant que j'ai des rides. » « Je ne reviendrais pas, Candi. » Je ne réagis pas et le laisse m'embrasser les cheveux. « Je viendrais te voir dans ce cas. » Un sourire triste se dessine sur mes lèvres « Et si tu décides de revenir, tu… » « … J'te ramenerai un truc » Dit-il avec un sourire amusé en finissant ma phrase. « Pense à te ramener toi, on verra le reste ensuite » « A la prochaine Candice. Tu vas me manquer. Je t'appelle. » Un instant, je crois qu'il a oublié, mais il lève la paume au ciel, comme quand on était petits « Juré » Un dernier câlin et hop, le voilà partit. Ma mère me prend dans ses bras et on a du mal à retourner dans la maison. On ne le voit plus, il est déjà bien loin mais pourtant… « Il ne reste plus que toi et moi ma p’tite maman. »

« Aiiiie ! Tu ne pouvais pas faire attention ? » « Euh.. je … Excusez moi, pardon ! » Je soupire, puis regarde la main qu’il me tend, je la prend alors puis me relève « C’est pas grave. » Un jour il a fallu qu'il soit trop pressé, que je sois devant lui et qu'il me heurte. Il aurait pu passer son chemin comme il l'avait si souvent fait et pourtant, il s'est arrêté, a pris le temps de se retourner et de me tendre sa main pour m'aider à se relever et s'excuser. La suite tout le monde la connaît, on se fait pardonner avec un petit café et on parle, on parle toujours puis on se retrouve chez soi avec un nouveau numéro dans son répertoire téléphonique. La rencontre que l'on voit partout et qui m'a fait flancher, car depuis ce jour, ce jeune homme qui m'a renversé fait partie de mon quotidien. Les relations sérieuses n'ont jamais été nombreuses, au final je n'ai jamais réellement pu ressentir quelque chose d'assez fort pour être capable d'aimer sincèrement une personne. Mais voilà, il est arrivé le jour où il m'ait rentré dedans et là, tout a basculé. Tout était parti pour qu'on ne s'entendent pas, mais le simple fait d'avoir pu partager quelques après midi en sa compagnie avaient suffi à faire naître une amitié. C'était rare que l'une de mes journées se fasse sans lui, il y avait toujours un coup de fil, un message ou un petit rencard pour qu'ils puissent avoir des nouvelles de l'un et de l'autre. Et au fil du temps, on a finit par devenir inséparables.

« JE VAIS A PARIS ! » « Sérieusement ? Mais j’croyais que t’aimais pas cette ville et que tu ne savais pas ce que ton frère lui trouvait. » « Bah justement, j’y vais pour voir mon frère » Ouais, j’aimais pas Paris. Enfin… au touuut début, alors que je n’y étais jamais aller. Cassichoue me manquait, il donnait de moins en moins de nouvelle et il ne voulait pas venir nous rendre visite. Je l’ai tellement harcelé avec mes appels et textos qu’il m’a proposé de venir passer quelques jours chez lui. C’est rare que mon frère fasse ce genre de proposition. Donc, je comptais en profiter. « PARIS, ME VOICI ! » Une fois après avoir passé mon séjour là-bas, j’ai finit par comprendre. Oui, j’ai enfin comprit l’amour de Cassandre pour cette ville, j’ai comprit ce qu’il lui trouvait, ce qui faisait qu’il l’aimait. J’ai tout compris.

« Cassi, passe- moi le sucre ste plait ! » Il s’exécute. Il est de bonne humeure ce matin., ce qui est rare d’ailleurs. Je squatte chez lui depuis que j’ai décidé d’emménager ici et de le rejoindre. « Et sinon, tu comptes te trouver un appart ? » « Je te dérange c’est ça ? » C’est peut-être le cas… Enfin.. si je le dérangeais, il n’aurait eut aucune difficulté à me le dire. Puis de toute façon, j’étais en pleine recherche pour me trouver un appart’ parce que Cassandre, je l’aime bien, je l’adore mais voilà quoi ! Je ne veux pas vivre avec lui. Non seulement parce que je ne suis plus libre, il me surveille en permanence mais en plus, parce que je ne peux ramener aucun garçon. C’est pas que je suis en manque mais.. ça va faire des mois que je n’ai pas eut de rapports alors hein.« Noooon pas du tout ! En fait, oui. » « Okay, j’ai compris ! » Dis je avec un sourire amusé et plusieurs haussements de sourcils « T’as compris quoi ? » Il arque un sourcil, il ne comprend décidément rien « Tu veux que je me trouve un appart’ parce que t’es en manque et que tu peux pas ramener de gens ici tant que je suis là. Suffit de me le dire ! Quand tu veux ramener quelqu’un, tu m’envoies un SMS et je me débrouille pour dormir autre part ! » Il soupire, je ne sais pas si je le désespère ou si je l’amuse… Mais ma petite moue enfantine le fait sourire et c’est ce qui compte. Ah lala, qu’est ce que je ne ferais pas pour le voir sourire.

« En fait, ce que t’essaye de me dire c’est que ce gars-là est mon frère mais que je ne dois pas lui parler, c’est ça ? » « T’as tout compris ! »« En fait, ce que t’essaye de me dire c’est que ce gars-là est mon frère mais que je ne dois pas lui parler, c’est ça ? » « T’as tout compris ! » « Mais pourquoiiii ? C’est notre frère non ? J’ai le droit d’aller le voir et de lui parler ! » « Tu ne peux pas comprendre… Mais évites de le voir, c’est tout. » Et voilà, il me donne encore des ordres sans me donner d’explications. Faudrait qu’il arrête de toujours me considérer comme une petite fille de cinq ans. J’ai grandi, j’ai mûri et je suis capable de prendre mes propres décisions. Johan fait partie de la famille, il a le droit à sa chance aussi. Et sans le dire à Cassandre ni à qui que ce soit, j’ai accepté de rencontrer celui qui était mon demi-frère. Bizarrement, je l’aimais bien. Je ne voyais pas pourquoi Cassi lui en voulait tant... il se trompe sans doute à son sujet.

Je ne pensais vraiment pas qu’un jour, Cassandre et moi en arrivions là : à ne plus trop se parler, à se donner de moins en moins de nouvelles et surtout à ne plus se voir du tout. Même lorsqu’il était à Paris et moi à Antibes, je ne le sentais pas aussi loin de moi. Il répondait rarement à mes messages et encore moins à mes appels. Et il eut un moment où j’en ait eut marre. Marre de toujours demander après lui alors qu’il ne me répondait presque jamais. Finalement, j’ai trouvé en Johan le frère que j’étais entrain de perdre. Mais le drame arriva bien vite… Cassi a fait une overdose. Je ne savais même pas qu’il se droguait. Drogue = stresse = graves problèmes. Et il m’en a même pas parlé. Je pensais qu’on se disait tout pourtant… Cette overdose m’a donné une énorme gifle. J’étais entrain de perdre mon frère, mon Cassi, le seul frère qu’il me reste et je ne faisais rien pour remédier à ça.. Johan ne prendrait jamais sa place, ce n’est même pas la peine d’y penser. J’avais besoin de retrouver MON Cassandre et il me devait des explications, qu’il le veuille ou non.

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