(kaceynolan) Ҩ in our family portrait we look pretty happy.
Auteur
Message
Invité Invité
Sujet: (kaceynolan) Ҩ in our family portrait we look pretty happy. Jeu 14 Juin - 17:20
can we work it out ? can we be a family ?
Je tournai une nouvelle page de l’album photos et un rictus nostalgique vint effleurer mes lèvres sèches. Où était donc passé tout ce bonheur, toute cette vie ? Les sourires étaient si chaleureux, les yeux si brillants. Il y avait l’amour qui suintait par tous les pores de leur peau. Mes filles. Mes bijoux, mes princesses. J’avais l’impression que c’était encore hier le temps où je changeais leurs couches, où je les regardais faire leurs premiers pas. Le temps passait-il si vite que je ne me rendais pas compte de tous ces changements ? Un goût amer me serra la gorge. Cette sensation d’avoir raté et de rater encore des choses importantes de leur vie me glaçait d’effroi. Depuis quand ne les voyais-je plus grandir, s’épanouir ? Depuis quand étais-je devenu cet être acariâtre et renfermé, s’enfonçant lui-même dans un aveuglement stupide et irraisonné ? J’abandonnais les miens, ma famille. Mes enfants. J’abandonnais même ma femme enceinte. J’avais honte. Je m’étais trompé sur toute la ligne. J’avais cru pouvoir fuir ces obligations parce que ça me paraissait plus facile, plus simple. Parce que je ne me posais plus de questions. Mais la vérité était que je n’avais fait qu’empirer une situation déjà difficile. Je m’étais pourtant toujours promis d’être présent pour ma famille. Dès l’instant où j’avais tenu Kacey dans mes bras, je m’étais fait la promesse de les protéger, elle et sa mère - elles et notre famille. Aujourd’hui, je me rendais compte que j’avais failli à cette promesse comme à beaucoup d’autres. J’avais été incapable de tenir mes engagements, ces vœux de mariage que j’avais prononcés devant nos familles respectives. Ma famille était lentement, doucement en train d’imploser. Petit à petit, elle éclatait sous mes yeux et j’étais le seul responsable d’un gâchis qui les briserait. En plus d’être un mari pitoyable et surtout infidèle, je me rendais peu à peu compte que j’avais mal tenu mon rôle de père. Absent, inattentif, j’avais laissé mes filles grandir sans moi. Mon travail, l’alcool, la drogue m’avaient tenu éloigné de ma famille - je m’étais enfoncé dans un paradis artificiel pour la fuir. La fuir parce que je perdais peu à peu ma place en son sein. Ou peut-être ne voulais-je plus de cette place qui ne semblait plus être la mienne depuis longtemps. J’avais perdu mon amour pour Andrea et je m’étais surtout perdu en chemin, entre ma décadence et ma folie. Entre mes deux vies qui me bouffaient autant l’une que l’autre. Les regrets, le remords me rongeaient de l’intérieur et, lâche, je ne bougeais pas même le petit doigt. Rien. Melissa avait pourtant raison. Je devais reprendre ma vie en mains, retourner auprès des miens malgré mon amour interdit pour ma maîtresse. Malgré ce besoin que j’avais d’être avec elle, de plus en plus, je devais faire passer mes responsabilités de père avant mes désirs d’homme amoureux. C’était le plus important, c’était l’essentiel. Il me fallait revenir auprès de mes filles, de ma femme. Elles avaient besoin de moi. Du moi que j’avais été jadis, celui qui avait encore les idées claires et la tête sur les épaules. Pas cette espèce d’épave alcoolique et droguée que me renvoyait mon reflet dans le miroir. C’était pitoyable et pourtant les faits étaient là - je n’étais plus que l’ombre de moi-même. J’avais pourtant toujours tout eu pour être heureux et j’avais gâché ma vie en perdant mon chemin. Mais il n’était peut-être pas trop tard. Pas trop tard pour bien faire, pour reprendre ma route et rejoindre celles qui avaient besoin de ma présence. Je pouvais me sortir de cette spirale infernale qui me tenait enchaîné à mes démons ; je pouvais remonter la pente, sortir la tête de l’eau. Je pouvais réagir, j’en avais les moyens - je crois même que je les avais toujours eus. Je ne savais pas encore si j’étais prêt à divorcer, ce n’était pas le bon moment de toutes les façons mais je savais que je le ferai un jour ou l’autre. Je savais que c’était ce que je déciderai de faire. Parce qu’on ne pouvait plus continuer comme ça, je ne pouvais plus continuer comme ça. Je m’enlisais dans une relation qui ne m’apportait rien d’autre qu’un peu plus de lassitude et de rancœur. Andrea méritait mieux qu’un mari qui la délaissait, qui ne l’aimait plus. Je n’en pouvais plus de vivre dans le mensonge, dans l’adultère. Je vivais dans la peur d’être découvert, dans l’appréhension de blesser des personnes que j’aimais, dans l’angoisse permanente de tout perdre pour de bon. Et c’était insupportable, invivable. Je devenais fou, je perdais le sens des réalités et je ne savais plus à quoi me raccrocher. Mon travail de titan ne m’aidait en rien à garder la tête sur les épaules et les pieds sur terre. Mais au lieu de le fuir, de mettre un terme à cette carrière qui ne menait qu’à une folie certaine, je m’y engouffrais tête baissée, yeux fermés.
Et je m’oubliais. J’oubliais ma famille, mon épouse. J’oubliais mes enfants. Mes deux filles, mes deux Princesses - la chair de ma chair et le sang de mon sang. J’oubliais jusqu’à leur existence. Je les oubliais dans l’alcool et la drogue comme le père indigne que j’étais devenu. Revoir ces photos où le bonheur transpirait par tous les pores de notre peau me faisait un mal de chien. Mon cœur se serrait à m’en étouffer, à me remonter dans la gorge pour me faire suffoquer. Je les avais laissées tomber, abandonnées. Depuis quand n’avais-je pas vu le sourire de Joelyn ? Depuis quand n’avais-je pas pris le temps de parler avec Kacey, ne serait-ce que pour lui demander comment se passaient ses journées à l’école, si elle s’entendait bien avec ses camarades ? Depuis quand n’avait-on pas fait une simple promenade, un dimanche après-midi dans le parc, rien que pour le plaisir d’être en famille, elles, leur mère et moi ? Je m’étais éloigné d’elles. Je les avais délaissées, repoussées. Englué dans un mal-être qui me bouffait les entrailles, j’avais rejeté mes deux pupilles. Chaque cliché de cet album me rappelait combien j’avais merdé, combien j’avais dû les blesser. Ils me montraient que, peut-être, ce n’était pas trop tard pour changer du tout au tout, pour réparer mes erreurs et remettre ma famille dans mes priorités. Si, au moins, j’avais le soutien de mes filles, leur amour, si je retrouvais leur chaleur alors je pourrais sûrement tout affronter à nouveau. Je pourrais sortir la tête hors de l’eau et me battre. Redevenir celui que j’avais été, redevenir le héros que je m’étais promis d’être pour elles à leur naissance. Peu m’importait d’avoir un travail qui me rendait dingue, du moment que je les avais elles. C’était tout ce qu’il me fallait. Mon couple battant de l’aile, Melissa que j’aimais toujours en cachette, tout ça me paraîtrait moins insurmontable si mes deux filles étaient là. J’avais déjà trop manqué dans leurs vies. Je ne m’étais pas rendu compte du problème d’élocution de ma cadette, je ne regardais plus mon aînée grandir, devenir petit à petit une femme. Je les écoutais à peine. Comment avais-je pu seulement en arriver là alors que j’avais le pire des papas gâteaux depuis la première fois où je les avais tenues dans mes bras ? Le parquet du salon grinça et je relevai automatiquement la tête, lâchant du regard la photo du huitième anniversaire de Kacey. Haussant les sourcils de surprise, je fixai l’aînée de mes enfants, semblant encore fraîchement réveillée à cette heure pourtant tardive de la nuit. La lumière de la lampe soulignait ses traits de jeune femme qui était dans l’âge de s’épanouir doucement, comme une fleur s’ouvrirait sous les rayons du soleil du printemps. Je ne remarquai qu’à cet instant combien Kacey avait grandi, vite. Trop vite. Ou bien était-ce moi qui avait été absent pendant trop longtemps ? Elle était loin la petite poupée aux grands yeux innocents qui me souriait de son air mutin, les joues roses et rebondies. J’avais devant moi une véritable jeune femme, grandie. Changée. Comme si j’avais fermé les yeux sur toutes ces années où elle avait pris de l’âge, s’éloignant de moi petit à petit. C’était pareil à la voir loin devant moi, avançant dans la vie sans même avoir besoin de moi. Elle m’avait lâché la main voilà bien longtemps, et je me rendis compte que je m’étais mis à lui courir après, comme pour la rattraper en route et me rattacher à elle. Ou peut-être était-ce l’inverse. Je l’avais lâchée, m’enfuyant alors qu’elle me suppliait, derrière, de rester avec elle. Je n’étais plus qu’un étranger pour elle ; un illustre inconnu à ses yeux. Tout ce temps perdu à m’enfoncer dans un gouffre sans fond, tout ce temps gâché à fuir mes seules raisons de vivre. J’avais été stupide, idiot de me couper des seules personnes qui étaient capables de me faire tenir debout. De me soutenir malgré tout. Je devais reprendre les rênes de cette famille, reprendre ma vie en mains. « Kacey ? Qu’est-ce que tu fais encore debout à cette heure-là ? Quelque chose ne va pas ? demandai-je, inquiet, tout en refermant l’album sur des souvenirs qui venaient de me mettre une bonne claque et surtout un énorme coup de vieux. Allez, viens par là Princesse. »
Invité Invité
Sujet: Re: (kaceynolan) Ҩ in our family portrait we look pretty happy. Dim 26 Aoû - 23:49
L’art de la guerre n’a de secret pour personne, et surtout pas Kacey. Sa vie était un véritable champ de bataille, ses journées ressemblaient à un perpétuel combat miné de toute part près à vous exploser en pleine figure. Sa famille, son couple, ses amis, rien n’était comme elle l’aurait voulu. Trop mature pour son âge, pas assez courageuse pour poser les questions à son père et risquer de tout détruire, et trop jeune. Trop jeune pour comprendre, trop jeune pour aimer, trop jeune pour savoir ce qu’est la vie. Si seulement chacun se rendait compte à quel point elle en sait trois fois plus que les autres. Ces autres, ces personnes plus âgées qui lui disent sans cesse que ce n’est pas de son âge, qu’elle ne peut pas comprendre, qu’elle est trop jeune. Stupide. Jeune certes, mais loin d’être idiote. Cette image d’héros déchu que son père lui renvois chaque jour, cet amour interdit qu’elle partage avec un homme deux fois plus vieux qu’elle, l’affreuse compagnie des ados de son âge qui semblent être tellement puérils. Non, elle n’est pas idiote. Sa vie n’a rien d’exceptionnelle, elle est juste spéciale. Une vie étrange pour une fille étrange qui ne se sent plus à sa place. Loin sont les idées suicidaires, mais proche est l’envie de fuir ce monde qui ne lui ressemble pas, qui ne lui ressemble plus. Où était passé cette petite fille joyeuse au sourire étincelant, si innocente ? Au fond du gouffre, le jour où cette petite fille a ouvert les yeux sur sa vie, elle avait signé son arrêt de mort. Aujourd’hui elle avait creusé sa tombe et s’y était jetée, laissant place à une jeune femme totalement désarmée face à sa vie sortant de la route de la banalité et s’écrasant en milles-et-un éclats contre les barrières de sécurité.
Une jeune femme dont le regard s’était posé, pour la énième fois, sur la photo de son bonheur passé. New York n’avait pas changé sa vie, Paris non plus. Chacune de ses villes n’avaient permis que sa destruction et non sa résurrection comme elle l’avait tant espéré. En simple débardeur et short, elle ne trouvait pas le sommeil, assaillie par la chaleur de sa chambre sous les toits de la maison et emprisonnée dans ce cercle vicieux qu’est l’insomnie. De nombreuses questions lui venaient en tête mais une seule était récurrente chaque nuit : comment en étaient-ils arrivés là ? Comment sa famille modèle était-elle descendue tout droit en enfer ? Pourquoi son père s’éloignait de plus en plus ? Etait-ce seulement de sa faute ? Celle de sa mère ? De sa sœur ? D’elle peut-être ? Qu’est-ce qui avait mené leur famille jusque-là ? Aucune réponse juste, simplement des hypothèses. Celle d’un boulot qui le tue à petit feu mais surtout celle d’une maitresse accaparant son père, le ruinant jusqu’à l’os, l’épuisant jusqu’à la moelle épinière. Hypothèse trop réaliste que Kacey ne veut pas s’avouer à elle-même mais elle serait bien obligée d’y faire face un jour ou l’autre. Une maitresse, ou l’art de détruire tout sur son passage. La vie de ses enfants, de sa femme, sa propre vie, ruiner des espoirs, anéantir tout un passé. Son père était-il assez idiot pour ça ? L’homme qu’elle avait autrefois connu avait-il totalement disparu ? Descendant l’escalier à pas de loup, elle n’allait pas tarder à le savoir.
La faible lumière du salon laissait savoir qu’une simple lampe avait été allumée. Persuadée de retrouver un père éméché, elle ne fit pas particulièrement attention à cette silhouette. Silhouette qui se trouvait être droite, sans aucun vacillement, preuve que son père était clean, pour une fois. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle se surprit elle-même à entendre sa voix distinctement. En bas de l’escalier elle le regardait sans réellement le voir. Elle ne voyait que son physique, une enveloppe corporelle tout à fait banale. Elle ne voyait pas l’homme derrière, elle ne voyait plus l’homme. Le mari ? Envolé. Le père ? Envolé. Un illustre inconnu qui lui adressait la parole pour la première fois depuis bien longtemps. Elle l’observait simplement, tentant de deviner les réponses aux questions qu’elle se posait. « Non, tout va bien. » Sèche ? Un peu. Mais surtout perdue. Depuis plusieurs années elle ne savait pas de quelle manière elle était censée répondre à ce genre d’interaction. Devait-elle faire la jeune fille en fleur chaleureuse, ignorante de tout ? Ou devait-elle se montrer dure pour lui faire comprendre ses blessures ? « J’allais juste boire en fait… » Un moyen comme un autre de lui échapper ? Probablement. Mais dans les yeux de son père elle lisait ne serait-ce qu’un peu d’inquiétude.
Soupirant légèrement elle se décidait quand même à avancer vers lui. « Ne m’appelle pas comme ça, j’ai plus sept ans et ça fait des années que tu ne l’a pas fait. » Sept ans… l’âge où il était encore là, à lui tenir la main, à lui dire à quel point il n’a pas hâte qu’elle grandisse pour qu’elle reste sa petite princesse. Et aujourd’hui Kacey n’avait plus rien d’une princesse. Innocence disparue, rêves évanouis. Se posant à ses côtés, elle n’allait pourtant pas se caler dans ses bras comme elle avait tant l’habitude de le faire autrefois. Elle préférait de près comme de loin s’enfoncer dans le dossier du canapé. « Je peux te retourner la question, qu’est-ce que tu fais à cette heure-ci, dans le salon, limite dans le noir, a regarder ce vieil album photo poussiéreux ? » S’il avait été alcoolisé, elle aurait compris, après tout quand on est bourré on fait un peu n’importe quoi. Mais là son allure – et surtout son haleine – laissait voir qu’il était clean, sans une goutte d’alcool dans le sang ou presque. Qu’est-ce qui lui passait par la tête à cet instant même ? Faisant un léger geste de la main accompagné d’une grimace, elle ne lui laissait pourtant pas le temps de répondre qu’elle reprenait déjà la parole. « Finalement non, je ne veux pas savoir, t’es comme tous les parents. » Si seulement on peut encore t’appeler comme ça… des pensées qu’elle aurait voulu prononcer mais maintenant que son père avait décidé de lui adresser la parole, elle n’allait pas de suite lui mettre des bâtons dans les roues, ça serait particulièrement mesquin. Recroquevillant un genou vers elle pour y poser sa tête, elle le regardait sans grande conviction, persuadée que la conversation allait, de toute manière, tourner court. « T’es pas souvent à la maison je trouve… » Une simple phrase qui voulait tout dire, et qui attendait surtout une réponse à la question : pourquoi ? Allait-il aborder son travail ou autre chose ? Allait-il simplement être honnête avec sa propre fille, sa pupille, la chair de sa chair…
(kaceynolan) Ҩ in our family portrait we look pretty happy.