« Hey ! Merde ! Pourquoi ça n'arrive qu'à moi, ce genre de merdes ! »



C'est, en effet, ce qu'est en train de se demander Kari Tedsy Owens, un jeune étudiant d'une vingtaine d'années vivant à Paris. Profitant de ne pas avoir cours aujourd'hui, afin de réviser ses examens, Kari s'est octroyé une journée de révisions. Sauf qu'en allant rincer un verre qu'il a utilisé pour boire, il entendit un drôle de bruit au niveau de la tuyauterie. Il lui a fallut, ensuite, plusieurs secondes pour comprendre qu'il y avait une fuite. En ouvrant le placard se trouvant sous le lavabo de la cuisine, il vit un filet d'eau couler. Se maudissant d'avoir été aussi négligeant, Kari fut néanmoins rapide à réagir. Il alla prendre une serpillière et un seau en plastique, dans le placard de l'entrée. Il posa la serpillière sur la zone mouillée, et mit ensuite le seau sous l'eau qui coule. Kari se dit, ensuite, qu'il faut réparer, mais il ignore comment. Son premier réflexe aurait été d’appeler un plombier. Mais, d'une, il n'en connait pas (bien que les Pages Jaunes sont toujours pratique, dans ce genre de situations), de deux, il n'en connait pas de bon et, enfin, de trois, il n'a pas forcément les moyens de payer un plombier un mercredi après-midi. Une autre solution naquit dans l'esprit du jeune Owens : faire appel au propriétaire de l'appartement ! Après tout, dans ce genre de problèmes, c'est à lui à gérer, et non à Kari qui est simple locataire. Il se hâta de se rendre au salon, où se trouve son BlackBerry. Sans plus attendre, il envoya le SMS suivant à son propriétaire :



Citation :

Coucou, c'est moi ! J'ai besoin de ton aide. Il y a une fuite d'eau chez moi (enfin, chez toi) et je ne sais pas trop quoi faire exactement. Est-ce que tu peux amener des outils, au cas où ? Merci d'avance, bisous ! Kari.

J’avais passé ma journée à enchainer les réunions avec mes collaborateurs, à voir défiler des clients potentiels ainsi que mes clients dont les dossiers étaient en cours de traitement et cerise sur le gâteau, j’avais passé ma fin d’après-midi à plaider. Et tout cela n’était pas prêt de se terminer étant donné que j’avais un tas d’archives qui m’attendait à la maison. Autant dire que la seule chose qui me faisait envie lorsque mes fesses se posèrent sur le siège de ma voiture fut de m’échouer tel un mammifère marin – du style grosse baleine – et de m’abrutir le cerveau devant une émission moisie de téléréalité, une bière à la main. Mais visiblement, ce programme fort alléchant devra être repoussé à plus tard. Avant de démarrer pour rentrer à la maison – et de devoir supporter le cahier de doléance que m’avait certainement préparé Calista – je vis que Kari, l’un de mes locataires pour lequel j’ai plus que des sentiments d’amitié, m’avait envoyé un message concernant une fuite. Un juron dans ma langue maternelle m’échappa. Ca faisait des mois que j’étais censé m’occuper de faire arranger la tuyauterie vieillissante de l’immeuble. Et bien évidemment, j’avais tellement de choses à faire que je ne n’avais finalement rien fait.

Je passai donc chez moi pour me changer et récupérer les outils pour arranger la fameuse fuite, et je partis chez Kari pour jouer au bricoleur du dimanche. Si j’avais été raisonnable, j’aurais repoussé ça à demain car j’étais vraiment épuisé et que je risquais certainement d’aggraver le problème plus qu’autre chose, mais je refusais de rester chez moi – en compagnie de Calista. Et puis il ne s’agissait pas non plus de n’importe quel locataire. On parlait de Kari. Du sexy Kari avec qui j’entretenais une relation ben ambigüe. Il y avait du sexe, mais aussi des sentiments. C’était bien étrange tout ça, d’autant plus que j’étais son propriétaire… Enfin, tout ça pour dire que le prétexte de la fuite d’eau m’arrangeait bien. Ca faisait un petit moment que je n’avais pas vu cet étalon tout droit venu de Nouvelles Zélande. Et j’avoue qu’il me manquait un peu… Beaucoup.

C’était étrange, mais plus je m’approchai de l’appartement et plus je me sentais étrange. Mon pouls s’accéléra, j’avais soudainement chaud et l’envie de vomir se faisait bien sentir… C’est donc d’un geste assez hésitant que je tapais à la porte, appréhendant, pour une raison que j’ignore, le moment où Kari ouvrira.

Kari n'eut pas de réponses, à son SMS. Il ne savait pas s'il devait s'en inquiéter ou pas. Pourtant, le symbole, à côté du message qu'il a envoyé à Jaeden, montre bien qu'il a reçu le texto. Sans doute que l'anglais agit comme le fait l'australien lui-même : c'est à dire qu'il ne répond pas aux SMS et qu'il préfère agir à la place. Sauf que Kari, lui, il fait ce genre de choses plus pour des moments-surprises disons. Comme par exemple, si jamais Jaeden veut le voir et qu'il lui envoi un mail ou bien un SMS, Kari n'y répondra pas, afin de maintenir le doute sur sa venue ou non. Mais, dans le cas d'une fuite d'eau, comme c'est le cas maintenant, il aurait sûrement répondu. C'est alors que le jeune danseur réalisa ô combien il était stupide de se poser ce genre de questions, et qu'il ferait mieux d'attendre. Jaeden est un avocat très occupé, qui n'a pas forcément que ça à faire. A savoir s'occuper des petits problèmes ménagers d'un gamin d'une vingtaine d'années. Kari passa de la cuisine, où il vérifia toutes les cinq minutes la fuite et il tenta quelques petites choses sans résultats, au salon où il tenta de se concentrer sur ses cours, là encore sans succès. Il avait hâte que Jaden arrive, il avait même très hâte. Pas pour la fuite en elle-même, qui le rassurera quand même quand elle sera réparée. Mais plus parce que Kari avait très envie de prendre Jaeden dans ses bras, et d'être lui-même dans les siens. Après tout, les deux hommes ne se sont pas vu depuis un certain temps. Temps qui arriva à son terme au bout de trois-quarts d'heure d'attente. Quelqu'un frappa à la porte. Kari se leva et, après avoir vérifier dans le judas, il ouvrit la porte. C'était Jaeden. Il avait deux, trois outils à la main et semblait plutôt nerveux. Il ne portait pas de costumes, chemise et cravate, ce qui déçu un peu l'étudiant qui trouve son propriétaire très sexy ainsi. Puis, Kari réalisa que c'était bizarre d'avoir ce genre de pensées, à l'égard du propriétaire de son appartement. Mais, en même temps, la relation que les deux hommes ont n'est pas une relation que l'on peut qualifier de classique.


« Salut ! Tu vas bien ? Excuse-moi de t'avoir déranger mais je ne savais pas trop à qui faire appel. »


Kari laissa Jaeden entrer et referma la porte derrière lui. Il la verrouilla (on n'est jamais trop prudent) et fit une simple étreinte à l'avocat. Il n'aimait pas trop faire la bise, comme le font les français en temps normal. Les deux hommes se dirigèrent, ensuite, vers la cuisine. Kari ouvrit la porte du lavabo et s’accroupit sur le côté. Il regarda Jaeden qui en fait autant, et il lui expliqua :


« J'ai mis un seau et une serpillière, pour ne pas avoir de l'eau partout. Je n'ai pas oser trop y toucher, de peur de faire une connerie. Je ne suis pas doué, dans ce genre de domaines. »


Kari se sentit alors un peu honteux de cet aveu et eut l'impression de passer pour le gay pas très doué de ses mains, qui n'aime pas se les salir ...