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 « Les fous passent, la folie reste. » feat Jack

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« Les fous passent, la folie reste. » feat Jack Empty
MessageSujet: « Les fous passent, la folie reste. » feat Jack   « Les fous passent, la folie reste. » feat Jack EmptyJeu 24 Mai - 22:47


Un légume. C’est ce que je suis en train de devenir. Il y a quelques jours de cela, j’avais promis à JJ de me bouger pour trouver un logement, que mon séjour dans son appartement n’allait pas se prolonger. Evidemment, c’était des paroles dans le vent. Tout le monde savait pertinemment bien que j’avais jamais été foutue de me secouer les puces pour quoi que ce soit. J’étais née pour glander, et je mourrais très certainement glandeuse. Plus vite que prévu. Comme à mon habitude, j’étais sous l’emprise de dame cocaïne. Défoncée jusqu’à la moelle. Ca me permettait d’oublier. D’oublier à quel point la vie était pourrie. D’oublier à quel point mon fils me manquait. C’était bien connu, la drogue, c’était l’ultime remède auquel les faibles avaient recours quand ils étaient dans la mouise. Sauf que moi, j’avais plus aucune envie de m’en sortir. Ca faisait un p’tit temps déjà que l’envie d’en finir m’avait prise. Plus les jours passaient, plus je me disais qu’un petit flirt avec la mort me ferait pas trop de mal. De toute façon, qu’est ce qui me rattachait à la vie hein ? Toutes les personnes qui étaient un minimum importantes à mes yeux crevaient comme des mouches autour de moi. Et s’il y avait bien un truc que je pouvais pas supporter, c’était la solitude totale. Ouais, il me restait toujours Jack mais j’savais que je pourrais pas éternellement compter sur lui. Ce type, c’était une vraie girouette. Autant un jour il me promettait monts et merveilles, autant le jour d’après il voulait plus entendre parler de moi pour des raisons sans queue ni tête. S’il y avait bien un adjectif pour le décrire, c’était bien ‘versatile’.

C’est complétement high que je lui avais envoyé un sms pour lui demander de passer me prendre devant chez Jéricho. J’me rappelais plus trop comment je l’avais appris, mais j’savais qu’il avait retrouvé sa liberté. Ce que j’ignorais, c’était à quel prix il avait été libéré. J’avais pas vu JJ de la journée mais je m’étais pas trop posé de questions. Ca lui arrivait souvent de partir tôt le matin et d’revenir tard le soir. C’est qu’il bossait, lui. Jamais j’aurais imaginé qu’il allait sacrifier sa liberté pour sortir Jack du trou, surtout en sachant que c’était lui qui l’y avait délibérément envoyé. BREF, là n’était pas le problème. Si j’voulais absolument qu’il vienne, c’est parce que j’savais qu’il avait toujours été fasciné par tout ce qui touchait à la mort. J’me suis dit que me voir me jeter du haut de l’immeuble serait un spectacle à la hauteur de ses attentes. Voir mon corps aplati comme une crêpe sur le macadam, ça devait être digne d’une œuvre d’art à ses yeux. Bref, j’voulais absolument qu’il assiste à ça. J’voulais qu’il soit la dernière personne à me voir vivante et la dernière personne que je verrais avant de mourir. En réalité, j’avais juste pas envie de crever seule comme une chienne. Parce que c’est vrai, qui viendrait identifier mon cadavre à la morgue, hein ? Mon père était mort, ma mère s’en foutait royalement de moi. Et les faux papiers qui se trouvaient dans mon portefeuille ne les aideraient pas plus dans leur quête. Après tout, rien ne leur assurait que c’était ma véritable identité. BREF, je n’existais pas aux yeux de ce monde. Tout ce qui me distinguait d’un fantôme, c’était mon enveloppe charnelle. Enfin, plus pour longtemps.

D’un geste déterminé et extrêmement lent, j’ouvre la fenêtre. Lorsque j’aperçois le crâne tatoué de Jack au pied de l’immeuble, j’peux pas m’empêcher de sourire. J’pensais pas qu’il viendrait. Fin j’sais pas, moi, la première chose que j’aurais fait en sortant de prison, ça aurait sûrement pas été d’aller voir une ado dépressive. J’inspire une grande bouffée d’air. Peut-être la dernière. J’me demande alors combien de temps il faudra pour que je m’écrase au sol. Ca devrait pas être long. J’ai pas envie de souffrir. J’mets un pied sur l’appui de fenêtre avant de m’y hisser complétement. Je laisse la brise jouer avec mes cheveux. C’est donc ça, la fin ? J’imaginais pas ça ainsi. La plupart des gens qui avaient échappé à la mort disaient avoir vu leur vie entière défiler devant leurs yeux. Personnellement, j’préférais ne penser à rien. C’est pas que ma vie n’avait rien d’un conte de vie où les oiseaux chantent et le soleil brille, mais c’était tout comme. J’fais un pas en direction du vide avant de tendre mes bras à l’horizontale. Geste complétement inutile mais j’ai vu faire ça dans les films alors en tant que mouton que je suis, j’le répète. Y a peut-être une symbolique qui se cache là derrière. Genre l’image d’un oiseau qui étend ses ailes pour s’envoler à tout jamais. J’sais pas. J’en ai rien à foutre.

It’s time. J’ferme les yeux et je me laisse tomber sans prendre le temps de réfléchir. J’voulais plus revenir sur cette décision. La fin n’est plus très loin. Ce n’est plus qu’une question de secondes maintenant. Le sol se rapproche à une vitesse folle. J’ai l’impression que j’vais vomir mes entrailles tellement celles-ci remontent, contrariées par la gravité. J’ai la même sensation que quand j’allais sur les montagnes russes, étant gosse. Le vent siffle à mes oreilles. Mon corps ne tarde pas à entrer en collision avec quelque chose. Quelque chose qui s’avère ne pas être le sol comme je l’avais espéré, mais bien une voiture agrée là. J’trouve le temps de jurer intérieurement. La guigne m’aura poursuivie jusqu’au jour de ma mort présumée. L’impact avec le véhicule est violent. Si violent que je me retrouve propulsée quelques mètres plus loin. Un craquement lugubre m’annonce que quelques-uns de mes os viennent de se briser suite à cette chute qui aurait dû m’être fatale. Mon corps désarticulé roule pendant quelques secondes avant de s’immobiliser. Pas définitivement, je le crains. Contre toute attente, voilà que j’suis secouée par un rire hystérique. Après tout, vaut mieux en rire qu’en pleurer non ? J’arrête de me marrer uniquement quand j’y suis obligée par une quinte de toux. J’cherche mon souffle, l’air me manque. J’déglutis difficilement. J’aime pas le goût du sang. Mon regard balaie les alentours en quête du squelette. J’veux savoir ce qu’il a pensé de ma prestation avant de pousser mon dernier souffle.
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