Je soupire. J'en peux plus. Je dois lui dire. Ca devient infernale. Chaque minutes me fait rappeler que je suis entrain de porter SES enfants et qu'il ne le sait même pas. C'est pas juste. C'est pas comme ca que ca devait tourner. Je me tourne vers la table de nuit et prend mon portable. Je ne sais même pas si j'ai encore son numero. Au pire, j'appelle le service telephonique pour demander. Je descend mon repetoire "Gael". J'appuie sur le petit bouton vert. Je stresse, ma respiration tremble. Rien ne peut se passer. C'est juste un appel. Ca sonne. Personne ne repond. Le repondeur s'active. Je ne dis rien, juste une grande insspiration est a entendre. Je ferme les yeux. « Gael, il faut que je te parle. C'est urgent et je te demande rien. Je veux juste que tu saches que je suis enceinte...» Je sens une larme coulée. Je raccroche directement, me laissant aller dans mon lit. Alaska vient poser sa tete sur le rebord du lit. Je la caresse. Mon chien. Elle me tient compagnie depuis plus d'une semaine quand Vegas n'est pas la. D'ailleurs, je me demande ou il est. Devant surement.

Le voyant rouge du répondeur qui clignote et là, c’est son monde qui s’écroule. Elle ne s’était pas fait des films avec tous ces sous-entendus. Albane n’a pas eu tort, comme bien souvent. Et Sephora se reproche déjà de ne pas l’avoir écoutée, de ne pas s’être préparée à cette éventualité. « Fien, si tu ne demandes rien à Gaël, pourquoi reviens-tu t’immiscer dans notre vie avec ta… grossesse ? » Pas de bonjour. Pas de courtoisie. C’est pas le moment. Elle aurait bien voulu ne pas se montrer aussi mauvaise avec la jeune fille. D’ailleurs, c’est tout sauf dans son caractère. C’est plus fort qu’elle cependant. En étant la fiancée du père, Sephora se retrouve automatiquement dans le rôle de la méchante. Ses mains tremblent sur le combiné, elle déglutit. Non, elle ne doit pas exploser en larmes. Non, elle ne doit pas cacher ce message, cette nouvelle, à Gaël. Soudainement, elle a comme la sensation qu’un bout de sa vie lui échappe. Encore. Cette relation n’est qu’un putain de cercle vicieux.

ma sonnerie retentit. Je reponds. C'est elle. Non. Pourquoi? Je l'ecoute. Mais j'ai peur. Pourquoi est-ce que je l'ai fait? C'est une bonne question. Je vais fondre en larme. Elle va me faire sentir coupable de lui avoir dit. Ce n'est pas possible. Mes levres tremblent, j'ai du mal a respirer. Il faut que je fasse attention. Rester calme, c'est tout ce dont a quoi je dois penser. « Je....je....il a le droit de savoir....» C'est tout ce que j'ai pu dire. Pas un mot de plus, rien. Juste ces quelques mots.

En voilà une bonne question. La jeune femme déglutit une seconde fois. Elle comprend presque la situation. Elle est tante, prochainement marraine, en gros elle passe un peu sa vie entourée de femmes enceintes ces derniers temps. Sauf qu'en apprenant cette nouvelle, elle craint que Gaël passe tout son temps avec Fien, le gosse et tout ça, quitte à rompre leurs fiançailles, mettre fin à leur couple, à leur histoire. « Ouais, donc en gros t'attends qu'il prenne ses responsabilité et que je vous regarde tranquillement former votre super petite famille ? »

;e vais finir par pleurer. Elle me hait. Elle me meprise. Je l'entends dans sa voix. Ma main tremble. Mon etre entier tremble. J'ai peur. Mais de quoi? De l'avenir? Que justement, il va vouloir former quelque chose. Non. Je suis avec Vegas. C'est lui mon avenir. Ma famille, c'est lui et les petits bebes qui grandissaient en moi. Je n'ai jamais considere Gael appartenir a ma vie. Et cela va rester comme cela. « Je n'attend rien de lui... Pas ca en tout cas... »

Sephora commence à s'en vouloir. Elle ne devrait pas s'attaquer à elle alors qu'elle est sous l'emprise de toutes ces foutues hormones féminines. Elle se retient, soupire. « Comme ça 'pas ça en tout cas' ? Tu... Dis moi à quoi je dois me préparer pour les prochains mois... » Elle baisse les armes. La jeune femme ne pourra pas en vouloir à Fien toute sa vie. C'est pas comme si elle était allée supplier Gaël pour se retrouver en cloque.

Je sens une larme coulée. J'essaie de me retenir. Je ne veux pas me montrer faible devant elle. Elle me deteste tellement. Pour la deuxieme, je suis a la cause des problèmes dans son couple. Je sens la culpabilité faire surface. Pourquoi j'ai fait ca? Pourquoi je n'ai pas pu fermer ma gueule et vivre comme je le faisais auparavant? Je souffle doucement. « Je ne sais pas....je ne peux pas dire....ce n'est pas a moi de decider... »

Sephora note le changement dans le ton de la voix de son interlocutrice. Elle se mort la lèvre, elle va finir par être rongée par la culpabilité à son tour. Elles auront l'air malines si elles se mettent à fondre en larmes, chacune de leur côté. Et dire que Gaël ne sera pas au courant de la situation dans l'immédiat pour cause de révisions intensives à la fac ou à l'hôpital. « Je comprends que ce ne soit pas un truc anodin... que vous devez prendre la décision... à deux. » Elle doit se reprendre, ne pas jouer le rôle de la pseudo sœur qui s'inquiète... « Mais concrètement, toi, tu veux quoi ? La promesse qu'il te verse une pension pour t'aider ? Sa présence ? » Elle évite de rajouter que toute demande de présence lui sera dur à accepter.

J'avale ma salive. Tout ce qu'elle me dit. Je ne sais même pas y repondre. Je ne sais pas ce que je veux. Je ne sais pas ce que j'attend de lui. Je suis incapable de repondre a ses questions. Je reste silencieuse face a ses questions.

Face à cette absence de réponse, Sephora manque de craquer. Elle est réellement morte de trouille à l'idée que Gaël assume pleinement sa paternité, mais s'il en ressent le besoin, jamais elle n'irait mettre un quelconque véto. Ça a beau être le projet ou tout simplement leur futur qui est remis en cause, la jeune femme ne sait plus où elle en est. « Fien, t'es encore vi-... là ? » Il ne manquerait plus que Sephora fasse un pseudo sous entendu sur vivante ou suicide ou... bref, ce genre de sujet.

J'avais bien compris la fin de son mot. Vivante. Est-ce que je l'etais encore? J'avais déjà essayé de me suicider, il y a quelques mois. Overdose medicamenteuse. Tellement beau. En faite, la, j'etais vivante physiquement. Mon corps fonctionnait. Mes organes controlaient toujours mon corps mais j'etais morte de l'interieure. Mon morale etait a jamais ruiné. Cet enfermement constant depuis plus d'une semaine, cette interdiction de faire quoique ce soit. J'en pouvais plus. J'essaie de me ressaisir. « oui.... murmurai-je lentement.

Sephora soupire de nouveau, rassurée. Aujourd'hui, il ne manquerait plus qu'elle est le moindre problème de Fien sur la conscience, déjà qu'elle pourrait avoir le potentiel meurtre de Gaël... Elle toucherait probablement le fond dans une telle situation. « Écoute, je ne suis pas en mesure de jouer la méchante copine plus longtemps. Je vous en veux certes, mais ce n'est pas moi. Je dois être folle, masochiste, trop gentille, que sais-je... Je suis dans le même cas, enfin dans le sens où je ne sais pas comment réagir dans cette situation. Comment l'accepter. Et ce n'est même pas une question de temps, parce que ça ne fera qu'empirer, j'en suis sure. Je ne peux plus faire l'autruche. Tu devrais surement le lui dire en tête à tête et pas sur une répondeur... » La jeune femme finit par reprendre son souffle.

Je deglutis. Pourquoi elle me dit ca? Pourquoi elle peut pas etre mechante avec moi? Pourquoi elle peut pas me detester, me mepriser? Je ne comprends pas. Je fonds en larme. Je n'arrive plus a me retenir. C'est impossible. Je suis tellement horrible. Elle a raison. Je devrais lui en face. Mais est-ce que je pourrais? Non. Est-ce que je pourrais lui dire en face alors que je sais pertinemment que je suis entrain de detruire quelque chose. « je n'ai jamais voulu detruire quoique ce soit.... Ses enfants, je n'ai jamais voulu que ca soit les siens. Je suis desolee....»

« C'est pas ta faute. T'as rien détruit... » Pour le moment, reste à voir comment Gaël réagirait à son tour et là, la jeune femme ne sait absolument pas quoi parier. « Je me doute en temps normal, on compte avoir des enfants venant de la personne avec qui on compte faire sa vie... » Un rictus se fait entendre dans l'appareil. « T-tu veux que je lui fasse passer un message ? Que je lui dise de te rejoindre quelque part ou de t'appeler ? » Elle tremble à son tour, la gorgée nouée par la baisse soudaine de moral.

Pourquoi est-elle si gentille avec moi? Je ne merite rien de cela. Je n'ai peut-etre rien detruit pour le moment, mais qui sait dans quelques mois ce qu'il va se passer. Je renifle mes larmes, les essuyant du revers de ma main. Elle a raison. On veut avoir des enfants avec la personne avec qui on veut vivre pour la fin de sa vie. Je me rememorais les mots de Vegas quand il m'avait dit qu'il voulait que cela soit ses enfants que je porte. Je n'avais pas compris cela a ce moment-la. Je ne suis toujours pas sure de comprendre. Un jour, peut-etre. Je souris legerement. Elle est vraiment gentille. Je n'en reviens pas. Je crois que je l'ai sous-estimé. « est-ce que tu peux lui dire de venir me rejoindre chez moi? 16, Rue Davy dans le 17ieme. Merci beaucoup. Et c'est a toi de voir si tu lui dis ou non....»

La jeune femme note l'adresse sur un carnet qui traîne et acquiesce. « Mh. Je ferai passer le message. » Elle se retient de ne pas fondre en larmes. Non elle ne doit pas sympathiser. Tout sauf ça. « Mais ne compte pas sur moi pour lui dire quoique ce soit ou préparer le terrain. » Ouais, parce que c'est tout sauf le moment pour qu'ils se prennent la tête tous les deux. Sephora hésite à lui dire que c'est son problème. Elle est déjà fatiguée, démoralisée et presque jalouse de cette fille qu'elle ne connait toujours pas. « Tu t'en débrouilles. » Et ce sera la dernière chose qu'elle dira avant de laisser une larme rouler sur sa joue.

je me doutais en fait de sa derniere replique. C'etait ma merde, a moi de lui dire. Et elle avait raison. Je ne dis rien de plus qu'un simple merci avant de raccrocher. Cette fille, elle etait gentille avec moi alors que j'etais entrain de lui faire du mal. Je la connaissais nullement et elle etait un minimum sympathique avec moi. Je crois que je devrais lui parler un jour. Face a face. Histoire de régler toute cette histoire. Un jour. Je soupire laissant le telephone tomber par terre avant de fondre totalement en sanglot.