▬ JOURNAL INTIME DE GRAYSON K. LANGLOIS ❝ le titanic coule. ❞
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Sujet: ▬ JOURNAL INTIME DE GRAYSON K. LANGLOIS ❝ le titanic coule. ❞ Ven 15 Juin - 14:41
Si j'abuse de ton temps, je m'excuse. J'veux t'dire seulement, c'est ma faute si l'on est si loin l'un de l'autre.
La solitude c'est cette pute de vie qui vous croise un matin, vous baise toute la nuit, puis vous fait payer le prix du voyage par le retour à la case départ, le néant.
Tu tournes en rond dans ton appartement, cherchant désespérément ne serait-ce qu'une solution. Tu aimerais arrêter d'avoir mal en cet instant, alors tu tentes de trouver une occupation pour te sortir de là. Tu te mets à tapoter les touches de ton piano, pensant que le seul remède à ta souffrance est la musique. Cette dernière a toujours été présente lorsque tu t’effondrais, car habituellement, la mélodie de ton morceau te fait rêver, envoler et oublier absolument tout. Seulement cette fois, les larmes ne cessent de couler, elles atteignent même ton instrument de musique. Tu te sens brisé et énervé, tellement que tu aimerais tout envoyer en l'air, c'est pourquoi tu claques fortement et brusquement tes poings contre les touches, provoquant par ailleurs un bruit strident à travers ton salon. Tu n'en peux plus, tu flanches complétement et tu ne sais plus quoi faire pour que la douleur s'envole. Tu saisis rapidement que ta passion ne parvient pas non plus à te secourir, ainsi tu gagnes rapidement ta chambre, en pleurs. Tu croises avant ton petit bout de chou, qui te fixe de ses yeux tristes et inquiets, parce qu'il aperçoit son propre père dans cet état pitoyable. Tu t'en veux de lui infliger cette vision de toi, pourtant tu n'arrives pas à te contrôler, tu ne fais que suffoquer. Tu as beau essayer vainement de sécher tes larmes à l'aide de tes manches, elles glissent de plus bel sur tes joues déjà mouillées : tu es une vraie fontaine ce soir.
Tu as l'habitude désormais de te retrouver sous tes couvertures, c'est ce que tu fais d'ailleurs une grande partie de tes journées et de tes soirées maintenant que tu es seul. Tu étouffes, tu as mal, mais tu restes pourtant seul. Il n'y a personne pour t'aider, pour te sortir de là. Tu voulais que ce soit lui qui te sauve, mais tu t'es fait des idées. Tu aimerais qu'il vienne de lui-même tant l'inquiétude le ronge, qu'il te prenne dans ses bras et te glisse un je t'aime dans le creux de l'oreille. Tu rêves beaucoup trop, tu espères quelque chose qui ne se produit pas, alors tu pleures davantage. Tu as pourtant besoin de lui, seulement il ne doit pas le savoir même si tu as tenté de lui faire comprendre par quelques mots sincères et amoureux. Tu as tellement besoin de lui que tu en souffres actuellement, tu aimerais qu'il sache à quel point tu es devenu accro, combien tu l'aimes et à quel point il te manque. Mais il ne doit pas le comprendre, parce qu'autrement il serait déjà à tes côtés. A te soutenir. A t'aimer. Tu aimerais qu'il sache par lui-même que tu souffres, mais c'est impossible. Impossible étant donné qu'il ne te connaît pas encore totalement, que tu le fais fuir et que tu gâches sa vie un peu plus chaque jour. Tu sais qu'il n'a pas besoin de toi, il vit parfaitement sans toi. Tu avais pourtant cet espoir de le retrouver, de rattraper le temps perdu depuis cette fameuse soirée au cirque, qu'il ferait n'importe quoi pour que vous passiez le plus de temps ensemble, maintenant que tu as trouvé cette solution afin de le voir plus souvent. Tu as attendu, mais il n'est jamais venu, alors tu as bu. Beaucoup. Et tu as dû être dans un pitoyable état et te défoncer pour qu'il s'inquiète et daigne enfin te rejoindre. Seulement, tu avais pas besoin de son inquiétude, tu avais besoin de lui. De ses bras, de sa bouche, de son corps entier. Tu aurais eu tout ça et rien ne serait jamais arrivé. Tu aurais souri, ri mais surtout tu aurais oublié cette pute de solitude, tu aurais oublié le fait que ton frère te manque. Mais il n'est pas là, s'amuse de son coté et tu n'as plus envie de le déranger comme tu l'as fait la nuit dernière.
Tu aimerais rejoindre Yannie, seulement tu comprends rapidement qu'il a autre chose en tête. Il a repris ses cours, il est avec Nemo, il est heureux. Pour une fois, tu décides de ne pas gâcher la vie de quelqu'un, alors tu le laisses finalement tranquille. De toute façon, tu as ce goût amer dans la bouche en pensant à lui, en saisissant que tu l'as perdu. Votre relation d'avant est détruite ; vous ne vous haïssez pas, mais c'est bel et bien différent. Et la sensation d'être loin de lui alors que vous vivez ensemble, te déchire le cœur, bloque ta respiration dans le seul but de te faire souffrir un peu plus encore. Encore si vous aviez du temps pour arranger cela, tu aurais pu espérer que tout aille mieux dans quelques mois. Seulement, ton frère va bientôt mourir, et vous n'avez plus le temps pour recoller les morceaux, pour vous retrouver. Et c'est ça qui te déchire, qui te prend aux tripes et qui te fait autant pleurer. Parce que tu y penses de plus en plus maintenant que vous êtes éloignés, c'est ça qui te détruit et te rend aussi mal, c'est à cause de ça que tu as autant besoin de ton petit-ami absent. Le fait que Yannie ne vienne pas cet été comme habituellement chez vos parents te fait pleurer encore plus, parce que tu perds deux mois à profiter de sa présence, parce que ce sont deux mois en moins. Mais tu n'oses pas lui dire, de peur qu'il s'énerve, que vous soyez déchirés encore plus.
En fin de compte, tu as perdu tout le monde. Et tu es seul.
Il n'y a que ton fils qui est présent en ce moment, même si tu ne parviens plus vraiment à t'occuper de lui, raison pour laquelle tu étais contrait d'appeler à l'aide Maureen, afin qu'elle fasse à ta place. Pendant que tu pleures dans ton oreiller, le gamin s'allonge à côté de toi, c'est ce qu'il fait tout le temps. Il caresse ta joue de sa petit main et te demande d'arrête de pleurer de sa petite voix inquiète et douce. C'est fou comme un gosse peut vraiment être mignon. Tu souris vainement, tu le prends dans tes bras et les larmes se stoppent enfin. Il s'endort, mais toi tu n'y arrives plus. Tu penses trop, tu réfléchis, et tu te tortures avec ta solitude qui te crève à petit feu. Tu regardes ton enfant dormir, et tu as la sensation d'être un mauvais père. Pleurer devant son gosse, c'est forcément être mauvais. Tu penses surtout au fait que tu n'as pas pu le voir grandir avant ces cinq ans, tu penses à Albane, Lulu, Ella et toutes les autres qui ont pu avoir ce gros ventre, observer leur enfant dès la naissance. Non, toi tu crèves à l'idée que tu n'as pas eu cette chance. Tu pleures à cette idée comme très souvent, silencieusement pour ne pas réveiller le petit. Tu comprends que c'est le seul à t'aider, malgré qu'il soit encore petit et insouciant, il y parvient, lui. Et tu te dois de bien t'occuper de lui, de récupérer ta force, parce que tu te dois d'être fort pour lui. Mais comment t'en sortir alors que personne ne vient à ton secours, alors que tu te sens mal depuis des semaines ?
Tu te retrouves finalement à l'état d'un gamin réclamant ses parents. Tu as besoin d'eux, besoin de les voir parce que ce sont désormais les seuls ayant la capacité de t'aider, comme ils l'ont d'ailleurs toujours fait. C'est pourquoi tu quittes Paris pour San Francisco demain, plus tôt que prévu. Tu as juste eu la force de commander les billets ce soir, tant pis pour le prix, ton père médecin remboursera. Tu veux quitter cette ville de merde, ta putain de vie, et les putains de gens qui en font partie. Parce qu'aucun n'est capable de voir à quel point tu souffres. Ils sont inquiets, mais ils ne se bougent jusqu'à toi. Et si tu étais mort ? Ils resteraient quand même tranquillement chez eux, parce qu'ils s'en foutent. Alors tu réponds pas aux messages, tu fais le mort, parce que tu en as marre de ces hypocrites. Tu en as marre de ces gens qui sont absents. Tu es seul, et puis c'est tout. Tu vois rien de plus en cet instant. Il n'y a plus que ta famille qui compte, alors tu souhaites aller où tu te sentiras bien, dans ta ville natale, loin d'eux.
Et c'est en écrivant sur cette feuille que tu remarques à quel point t'es seul.