C'est à six mois de grossesse que le travail commença pour la femme de vingt-huit ans. Elle était tout bonnement entrain de s'occuper de ses autres enfants – deux garçons et une fille – alors que le sang s'était mis à couler le long de sa cuisse, suivit d'immenses contractions. C'était trop tôt. Beaucoup trop tôt. Comment un enfant pouvait venir au monde à seulement six mois ? D'urgence, Johanne et son mari Gilles montèrent dans la voiture en direction de l'Hôpital Anna-Laberge, à Châteauguay sur la rive-sud de Montréal. Les médecins s'empressent d'accueillir la pauvre femme effrayé et son mari paniqué. Qu'allait-il se produire ? Et l'enfant ? Après de longue heure de travail souffrant, une jeune fille vit le jour. Même si le médecins et les infirmières croyaient qu'il s'agissait là d'une fausse couche, le nourrisson pesant à peine deux livres était en vie. Bien évidemment, il n'était pas préparé à voir le jour tout de suite et son pauvre petit cœur ne pourrait pas le supporter. On garda l'enfant en observation pendant une nuit pour voir ce qui allait se produire. À la grande surprise des médecins et des parents du nouveau-né, elle passa le test des vingt-quatre heures. C'était un enfant miracle. On sut à cet instant même qu'elle accomplirait de grande chose.
▬ 28 et 29 août 1990Aurélie fut transférée à l'hôpital général pour enfant de Montréal où elle reçut de nombreux soins. On voulait la suivre de très près afin d'assurer sa santé et son bon fonctionnement. On ignorait encore si elle aurait des problèmes liés à cette naissance prématurée. Les médecins et les spécialistes se sont donc occupé de la suivre très consciencieusement pour son bien. Les mois passèrent et ils trouvèrent des troubles au jeune bébé. Strabisme, hernie ombilicale, scoliose, problèmes de motricités, etc. Par contre, rien de bien majeur. Son cœur, ses poumons, son foie et ses reins étaient en parfait état. Dès que son état de santé fut suffisamment satisfaisant, les docteurs l'opérèrent pour la hernie. En ce qui concerne la motricité, elle fut suivit afin d'essayer de lui faire développer ce côté qui semblait être touché. Elle portait déjà des lunettes avec une force immense. Les cinq premières années de sa vie furent sûrement les plus pénibles, mais au moins elle était toujours là. Et ça n'avait pas été une fausse couche.
▬ Les cinq premières années de vieand you grew up.
❝ tu as pris ta place ... ❞
« Maman ? Pourquoi je n'ai pas d'amies, comme tout le monde ? » alors âgée de dix ans, la petite Aurélie commença à se questionner sur le pourquoi du comment. À l'école, elle était toujours à l'écart. On ne voulait jamais jouer avec elle. Les autres filles la pointaient du doigt et se moquait d'elle. La blondinette n'a jamais réellement compris pourquoi. C'est pour cette raison qu'en cette soirée plutôt sombre du mois de mars, elle demanda conseil à sa charmante mère qui l'avait toujours soutenue et aider à traverser les épreuves difficiles qui lui on fait obstacle.
« Les gens n'aiment pas la différence, ma belle. Et... Toi, tu es différente. » avait poliment dit Johanne à sa douce fille, tout en lui flattant les cheveux.
« Et pourquoi je suis différente ? » ;
« Parce que tu es un enfant miracle. » ;
« C'est pour ça que j'ai les épaules inégales et les yeux qui louchent ? C'est pour ça aussi que je dois aller faire ces fichus examens de la vue tous les ans en plus de devoir passer par le neuro ? ». À son âge, la belle blonde était déjà très intelligente et n'avait pas peur de dire les choses comme elles sont réellement. Sa mère, un peu secouée, hocha la tête. C'est vrai qu'Aurélie n'est pas comme les autres filles de son âge. Elle a une malformation de la colonne vertébrale, elle fait du strabisme et elle continue de voir un neurochirurgien pour s'assurer que tout ce passe bien dans son cerveau. Oui, ça l'a rend bien différente de toutes ces jeunes filles. Mais ça la rend plus forte. Plus reconnaissante de la vie. Peut-être qu'à dix ans elle ne le voit pas, mais plus tard elle s'en rendra compte.
▬ Mars 2000Lorsque le seconde a commencé, lorsque la belle atteignit ses douze ans, les choses devinrent un peu plus difficile. Les gens hostiles du primèrent devinrent de vraies vipères au secondaire. Les remarques blessantes se faisaient de plus en plus présentes et elle ne pouvait plus du tout y échapper. Heureusement qu'elle rencontra Cynthia, une fille vivant le même problème de strabisme qu'elle. Ensembles, elles passèrent un peu plus à travers les moqueries des adolescents. Rapidement, Aurélie se mit à apprécier Cynthia de plus en plus. Un soir, cette dernière vint dormir à la maison et il y eut ce petit jeu. Vous savez... Le petit jeu des adolescents avides de découvertes. Elles passèrent la nuit à se tenir la main et à s'embrasser doucement. C'était juste un jeu. Un truc innocent. Seulement... Ça se poursuivit pendant quelques semaines. La blonde commençait à y accorder de l'importance tandis que pour la brune, ce n'était absolument rien. Rien-du-tout. C'est lorsqu'elle comprit qu'il n'y aurait jamais rien de sérieux entre sa meilleure amie et elle qu'Aurélie eut un choc. Elle eut de la peine comme jamais elle n'en eut. Et elle se querella avec la brune. Se fut l'enfer. Elle passèrent le reste de leur premier secondaire ainsi que le deuxième secondaire à ne plus se parler. Ce fut l'enfer pour Aurélie qui se retrouva à nouveau seule.
▬ Première année du secondairethen you wanted to die.
❝ tu voulais partir ... ❞
Bien que Cynthia et elle ait repris contact, les choses n'allèrent pas en s'améliorant. À la maison, les tensions étaient présentes et ça donnait juste envie de s'enfuir. Le grand frère d'Aurélie, Antoine, s'était mis à consommer de la drogue, ce qui ne faisait pas du tout le plaisir des deux parents. Il y avait donc d'incessantes querelles entre Johanne, Gilles et Antoine. C'était vraiment très, très difficile pour les trois autres enfants qui semblèrent alors être mis à l'écart. Antoine tirait de plus en plus de jus aux parents et ceux-ci n'avaient plus la force de se battre. Ils l'envoyèrent dans un centre de redressement pendant un bon moment, puis en désintoxication. Rien ne marchait. Rien du tout. C'était l'enfer à la maison. Tout tournait toujours autour de lui et on ne remarquait même plus les autres. La belle blonde n'en pouvait plus. Elle se sentait horriblement mal et horriblement seule. C'était insoutenable. La pauvre n'avait plus de motivation pour rien. Elle redoubla malheureusement son troisième secondaire... Au moins, ses parents la remarquèrent alors un peu plus...
▬ À ses quinze ansÀ seize ans, elle en avait marre. Marre d'entendre les crises de ses parents contre son frère, marre de ne plus être bien dans sa peau, marre d'être sans cesse critiquée à cause de ses yeux qui louchent ou du fait qu'elle n'ait pas beaucoup d'amis. S'en fut trop. Elle commença à manger de moins en moins et lorsqu'elle finissait pas trop manger, elle allait directement aux toilettes. Elle a perdu beaucoup de poids. Beaucoup. Mais comme ses parents n'avaient d'yeux que pour son frère, ils ne remarquèrent même pas. La belle blonde se mutilait aussi. La seule raison pour laquelle elle n'ait pas directement passé au suicide était parce qu'elle avait une profonde peur de la douleur. Elle ne mangeait plus, ne parlait presque plus et pourtant elle maigrissait de jour en jour. Elle voulait disparaître, tout simplement. Un soir, sa mère vint la voir. Johanne avait fini par remarquer...
« Aurélie. Qu'est-ce qui se passe ? » ;
« Je veux juste partir, maman. » avait-elle simplement répondue.
« Partir où ? » ;
« Juste partir. Partir en haut... Au ciel. ». Inquiète, sa mère avait tout de suite répondue
« Tu penses au suicide ? » et la fille avait répondue que oui. Après un long moment d'hésitation, elle proposa à sa fille une thérapie. Un psychologue allait peut-être pouvoir l'aider, finalement ? Elle consulta une thérapeute qui l'aida grandement à reprendre du poil de la bête et surtout : à s'accepter telle qu'elle est réellement. Les mois passèrent et le secondaire se termina sur une belle note. Grâce à la confiance qu'elle avait retrouvée, elle s'était faite quelques amies avec qui elle avait passé le bal de finissants. Le secondaire venait enfin de s'achever et heureusement pour elle : elle avait été acceptée au Collège Ahuntsic, à Montréal, en graphisme.
▬ Secondaire Quatre et Cinqyou believe in you again.
❝ tu le mérite, au fond ... ❞
La première et la deuxième année de graphisme au Collège (cégep) se passa merveilleusement bien pour la belle Aurélie. À sa grande surprise, une fois arrivée au cégep, plus personne ne se soucis de ta taille, de tes yeux, de tes défauts... Les gens t'acceptent tel que tu es. La blondinette s'est donc fait une grande panoplie d'amies et d'amis avec qui elle partageait les mêmes intérêts. La belle adorait ses cours, ses professeurs, les gens dans ses classes. Elle adorait même tout le transport en commun qu'elle faisait de la rive-sud jusqu'à Montréal, matin et soir. L'art graphique, c'était son domaine. Elle y était à sa place.
▬ Première et deuxième année d'une technique en graphisme, Collège AhuntsicLors de sa dernière année d'étude au collège, Aurélie participa à un voyage étudiant en direction de Paris. Seize jours, logés et nourris avec en prime toutes dépenses incluses pour visiter la belle capitale. La cerise sur le gâteau, c'était que ce voyage permettait aussi l'échange avec des étudiants en art graphique de l'école Gobelins. Ce fut donc l'opportunité la plus impressionnante qui s'offrit à la belle. Elle s'inscrivit donc et, en janvier 2011, elle partie pour la ville lumière. Ce fut un réel coup de coeur, une illumination. Elle voudrait y retourner pour sûr.
▬ Janvier 2011now you're a winner.
❝ tu brilles comme une étoile ... ❞
Lorsque Aurélie obtenue son diplôme d'étude collégial en graphisme, elle fut tout de suite appelé à travailler dans une immense boîte montréalaise. Elle avait un salaire plus que parfait et des avantages immanquables. C'était sa chance. Au bout d'un an de loyaux services, elle reçu une offre qu'elle ne put refuser : partir travailler à Paris, logement fournis. Comme la compagnie pour laquelle elle travaillait voulait se répandre jusqu'en France, ils avaient nécessairement besoin de personnel. Les dirigeants offrirent donc des postes à Paris aux employés nouvellement arrivés. Même si ça faisait déjà presque douze mois qu'elle travaillait pour eux, elle était encore considérée comme une nouvelle. Heureusement pour elle : elle reçut la promotion pour partir à Paris. C'est donc le passeport en main et une gigantesque valise qu'elle alla s'installer à Paris, quelques mois plus tôt. Elle a la tête pleine de rêves et d'ambitions, convaincu qu'elle trouvera là-bas ce qu'elle n'a pas réussit à avoir au Québec.