Sujet: Optimistique-moi. (ALCIDE&WINSTON) Dim 6 Mai - 21:21
Nous ne sommes pas marginaux. Notre comportement n’est pas volontaire. Nous sommes mis de côtés par les autres, par ceux qui suivent la norme, pour la simple et bonne raison que nous sommes différents. Nous sommes bipolaires ou asperger ou aveugle et j’en passe. Bref, nous avons tous un handicap quelconque, une particularité, et nous devenons presque automatiquement des rejetés – pour ne pas dire des déchets – de la société. Pas besoin que vous ayez pitié, nous avons parfois beau avoir quelques difficultés pour décoder le langage du corps humain, votre faux sourire est l’une des premières choses que nous retenons. Enfin c’est le cas de Winston. Mon cas, en l’occurrence. Les aspergers apprennent lentement, je l’avoue, j’en suis l’exemple même. Un quart de siècle pour percuter que ces sourires sont factices. Un quart de siècle pour percuter que cette intonation de voix sonne également faux. En tant que photographe, nous aurions peut être du apprendre plus vite. Des visages, nous en voyons pas loin d’une centaine, chaque jour, à travers notre objectif. Et parfois, il nous arrive de ressortir de vieilles photos pour essayer d’encore apprendre, de comprendre quand nous ne nous énervons pas, aussi. Elles ne nous aspirent pas à la nostalgie de façon générale, mais ils nous arrivent de soupirer. C’est exactement ce qu’il se passe à ce moment donné. Les yeux rivés sur le papier glacé, je reconnais aisément le Parc Mont-Souris dans le Quatorzième. L’un des seuls parcs où j’apprécie traîner, prendre deux ou trois clichés. Sur la photo, il y a ce type mal rasé. Alcide. Nous nous sommes rencontrés il y a quelques années de ça. J’étais certain que nous nous apprécions et puis plus de nouvelles pendant plus de deux ans.
Nous avons également le don de réagir sur un coup de tête. Finir de se fringuer, prendre nos affaires, s’assurer d’avoir un minimum l’air présentable et claquer la porte de chez nous. Nous avons beau ne plus avoir de nouvelles, c’est parfois plus fort que nous de vouloir retrouver la trace de quelqu’un. À défaut d’avoir tout un tas d’indice à son sujet – son numéro de téléphone semblant avoir été désactivant entre temps, d’ailleurs – je n’ai d’autre choix que de me résoudre à partir là bas. Direction Paris sud.
« Al-cide ? »
Dans ces circonstances, notre voix se brise, s’éteint. Nous ne parvenons pas à terminer notre phrase, à dire tout ce que nous pensons. Nous sommes là béats devant la scène sans même savoir si l’autre nous a entendu, a entendu notre appel.
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Sujet: Re: Optimistique-moi. (ALCIDE&WINSTON) Mar 8 Mai - 15:15
Le cœur. Cadeau de la nature ou terrible fardeau. C'est étrange, il est si indispensable à la vie, mais en même temps si dangereux, si douloureux. Ironie du sort ? Amusant ? Que ce qui peut nous rendre le plus heureux des hommes, puisse aussi nous détruire totalement de l'intérieure. Le cœur, une énigme en soi. Il peut faire naître des sentiments tellement agréable, tellement jouissif et puis tout s'écroule d'un seul coup. Le cœur parfois peut être tellement cruel et nous faire ressentir les pires atrocité, mais le pire c'est qu'on ne peut pas s'en passer. Pourtant ces temps-ci, je m'en passerait bien, juste souffler un instant, ne plus rien ressentir, se vider de tout sentiment, autant les bons que les mauvais, juste se vider l'esprit. Ne plus s'inquiéter, ne plus penser,,, juste respirer. Pourtant, ça semble si invraisemblable et si effrayant à la fois. Tout ses sentiments qui s'entremêlent au fond de moi, c'est tellement fatiguant, j'en suis lasse, c'est usant de se remettre en question en permanence, de n'être sûr de rien. D'éprouver tellement de choses, toute plus contradictoire les unes que les autres, comme par exemple... Est-il juste possible d'aimer deux personnes à la fois ? Ou du moins est-ce normal ? Eh bien. Voilà, voilà comment je me retrouve encore une fois à me remettre en question, à me posait un tas de question, dont je connais sûrement la réponse. Car oui, aimer deux personnes ça n'avait rien de normal, De toute manière, ma vie sentimentale n'avait pas grand chose de normal, en fait. Et, ce n'était pas vraiment un choix, mais plutôt une succession de hasards, une avalanche d’événements que je n'ai pas pu arrêter et qui m'est tombé comme ça, sans que je m'y attende, j'ai fait des rencontres, tellement de rencontre en si peu de temps. J'ai redécouvert des personnes, oui redécouvert, depuis que j'ai perdu une partie de ma mémoire, ma vie a tellement changé, j'ai juste l'impression de renaître, mais renaître beaucoup trop vite, sans que je comprenne tout, j'en perds parfois le contrôle. M'isoler ce serait peut être la meilleure solution, juste pour prendre du recul, ralentir un peu le rythme. Reprendre du service en tant que militaire, juste m'éloigner un peu de Paris et puis revenir, une nouvelle fois... Et reprendre là où j'en était resté, avec cette fois les idées bien clairs. J'étais tellement absorbé par mes pensée, qu'il a bien longtemps que j'avais perdu le fil de ma lecture. Mon livre, sur mes genoux, je ne lisait qu'en apparence, car dans ma tête ce n'était pas les lignes du livre qui défilaient, mais plutôt tout un tas de questions... Posé sur un banc, au milieu d'un parc dont je ne connaissais même pas le nom, je voulais juste passer du temps un peu seul, juste un moment, donc j'étais sorti malgré ce temps gris. Soudain, une ombre vient s'étaler sur les pages de mon livre. C'était un homme. Je relevais la tête afin de voir son visage, je ne le connaissais pas, pourtant son visage me disait vaguement quelque chose, peut être l'avais-je croisé dans la rue il y a un instant. Il connaissait mon nom. Comment ? Euh... oui ? Enfin oui c'est bien moi... Et vous ?
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Sujet: Re: Optimistique-moi. (ALCIDE&WINSTON) Ven 11 Mai - 19:37
Celui dont il est persuadé connaître le prénom relève presque aussitôt la tête. À croire qu’il n’était pas bien concentré dans sa lecture. Le regard plein de questions de ce dernier n’interpelle pas Winston pour autant. « Euh… oui ? Enfin c’est bien moi… Et vous ? » Vous ? Il hausse un sourcil, intrigué par cette réponse, par l’hésitation qui a précédé également. Un truc cloche chez ce type. Il semblerait qu’il ne le reconnaisse pas. Pourtant – et ce n’est pas une question d’être narcissique ou quoique ce se soit dans ce style – mais il n’est pas une personne que l’on oublie facilement. Entre son côté adorable, limite « bisounours » et ses accès de violence – l’étrange cas du docteur Jekyll et mister Hyde, bonjour – les personnes qu’il côtoie sont assez souvent marquée par son comportement ou plus particulièrement, par sa maladie. Winston n’a pas besoin d’apprendre à décoder le langage du corps pour en arriver à cette conclusion. À moins qu’il ne lui fasse une blague, mais dans sa voix rien ne lui permet de croire cette hypothèse. À moins que l’homme en face de lui ne soit qu’un éventuel jumeau se faisant passer pour le véritable Alcide. Cette théorie est tellement tirée par les cheveux que le photographe l’oublie aussi vite. « C’est… Winston. Tu sais le mec qui prenait tout le temps des photos ? » Le pauvre petit, il y croit dur comme fer qu’en lui parlant du passé, Alcide s’en souviendra comme s’il s’agissait d’hier. Il n’est pas au courant de ce qu’il s’est passé depuis la dernière fois qu’il a vu le brun, d’ailleurs il n’est même pas au courant de son engament au sein de l’armée, tout comme de sa mission en Afghanistan.
Le jeune homme ne sait pas quoi ajouter d’autre pour brasser les souvenirs d’Alcide et éventuellement faire en sorte qu’il se souvienne de lui. La dernière fois qu’ils se sont vus, Alcide était... comment dire… distant. En même temps, c’est une réaction tout à fait compréhensible quand on sait à quelle scène ce dernier à assister dans le passé. Appréciant leur « amitié », Winston est loin de se douter qu’il puisse l’avoir choqué ou du moins assez marqué pour qu’il le prenne pour un type dérangé dans sa tête, si ce n’est un fou. « Enfin, ça fait un moment que je ne t’ai pas vu dans le coin aussi. T’étais passé où depuis tout ce temps ? » Enième hypothèse : Alcide se souvient parfaitement de lui, mais il fait tout pour que Winston soit persuadé du contraire et le laisse ainsi vaquer à ses occupations.