Tellement de choses à dire et si peu de courage.

Je serai mon portable contre ma poitrine avec tellement d'intensité que j'avais l'impression de sentir les ondes de mon téléphone me percer la poitrine comme des milliards d'aiguilles incandescentes. Mon pieds droit comme prit par d’incontrôlables convulsions, ma sneaker rouge tapotant contre le banc sur lequel j'avais trouvé refuge. Je pense qu'à ce stade j'en avais terminé avec l'inquiétude, j'étais tout simplement terrifié. Pourquoi ? Car j'avais promis à Alee de vider mon sac sur facebook autour d'une glace. Mais, maintenant que je l'attendais, mon œil rivé à l'horloge sur mon écran de mon portable, je ne savais plus si j'aurais le courage de le faire. Je sais que j'étais extrêmement odieux en ce moment - pour ne pas dire insupportable. J'alternai entre les mots gentils, cherchant la présence du directeur de l'association et les insultes, n'arrivant presque plus à pondérer mon tempérament.

Mais, j'étais perdu - complétement. Comment ne pas l'être ? J'avais couché avec Alee sans l'emprise de la drogue et même en cherchant en moi la force, je n'arrivai à me souvenir que de sensations ou de parfums. Comme des éclairs dans un ciel sombre, je me rappelai à peine des visages ou si cela avait été plaisant ou non. Cependant, je me rappelai parfaitement de son parfum, il m'avait enivré, si doux et si corsé à la fois. On aurait dit que son corps avait doré au soleil et qu'il avait ce goût cuivré, mais aussi pétillant sous mes papilles. Enfin, je me rappelai notre jouissance, l'un contre l'autre, ce moment où tous nos muscles se sont contractés et où je me suis accroché à ses lèvres comme si j'avais peur de tomber. Donc, non cela ne voulait pas rien dire pour moi, comme pour mon ami aux cheveux noirs de jais. Je savais que je pouvais pas lui en parler, car il accuserait la drogue, il me traiterait de fou et demanderait à me faire soigner.

Et, pourtant, je ne passais pas une journée sans y penser - même si mon cerveau essayait d'oublier. Je ne pouvais aller contre ce sentiment d'attachement que j'avais pour Alee. Comme l'odeur âcre de sa jouissance après notre ébat forcé qui avait couvert mon torse et qui ne m'avait pas lâché avant le lendemain. Il aurait été si simple de prendre une douche et tout effacer, mais il avait quelque chose en moi qui ne pouvait tirer un trait sur cette chose que nous avions partagés, moi et lui. Oui, j'avais des sentiments pour Archdeacon. Il était temps que je le réalise. Je vis arriver Alee et je sautai de mon banc tout en remettant en place mon polo blanc moulant mon corps maigre mais bien taillé. « Salut, Alee ! Je te remercie d'être venue. » Je le pris un instant dans mes bras, car malgré nos mots, cela avait été toujours ma façon de lui dire bonjour depuis qu'on se connaissait.

Je reculai et je remontai mon jean qui tombait sous mes hanches et qui laissait apparaitre mon boxer rouge. Qu'est-ce que j'étais entrain de faire ? Est-ce que je me croyais à un rendez-vous galant ? Je passai même ma paume pour essayer de recoiffer mes cheveux hirsutes. « Tu viens on va se manger une glace ? Comme cela on pourra parler ? » J'avais l'air ridicule et je commençai à angoisser de plus en plus.