Prendre le temps de faire quelques pas au soleil

Ft. Clément & Nina

« Je suis d'accord avec toi, mais tu dois être habitué à ce genre de chose non ? »

Nina leva les yeux au ciel en réfléchissant à ces paroles. Il était vrai qu'elle se faisait draguer assez régulièrement et n'avait que rarement essuyé un refus d'un homme. Son physique l'aidait beaucoup, elle devait l'avouer et elle n'ignorait pas non plus qu'elle était très belle mais ce n'était pas ce qui importait pour elle. Elle voulait qu'on s'intéresse à elle pour ce qu'elle était et non pas pour son corps de rêve. Du moins, c'était la Nina d'avant. Mais depuis qu'elle avait perdu les siens, elle avait agit plutôt d'une attitude contraire à ses principes et avait laissé les hommes l'apprécier uniquement pour ses atouts physiques en se contentant de coups d'un soir sans lendemain. Mais maintenant qu'elle était à Paris, elle espérait pouvoir retrouver l'ancienne Nina qui croyait en l'amour, même si elle en était encore loin. C'est pourquoi elle n'était absolument pas intéressée par les avances du serveur, peu importe à quel point il était charmant.

"Oui, mais c'est toujours un peu lourd je dois dire. Si on me charme, je veux que ce soit subtil."

Elle sourit. Elle n'avait d'ailleurs pas du tout apprécié le comportement du serveur envers Clément. C'est pourquoi elle rit quand ce dernier lui proposa de laisser son numéro à l'homme car elle pouvait être certaine qu'il la rappellerait.

"Non merci. En plus, je suis là pour être avec toi et il devrait comprendre qu'il dépasse les limites en agissant ainsi. On dirait qu'il te prend pour une statue insignifiante à chaque fois qu'il débarque et je n'apprécie pas trop."

Nina saisit les glaçons que venait de lui apporter le serveur et se mit à les compresser contre le mauvais coup de Clément. Même si elle savait que ce n'était pas spécialement nécessaire, elle avait envie de prendre soin de lui, premièrement parce qu'elle était la responsable de ce gros bleu, deuxièmement parce qu'elle en avait envie. Clément avait été tellement compréhensif et attentionné aujourd'hui qu'elle ressentait le besoin de le remercier en s'occupant de lui, c'était la moindre des choses.

Tout en se faisant, Nina déclara à Clément qu'elle allait probablement bientôt ressembler à une écrevisse à cause du soleil qui tapait beaucoup plus fort que ce qu'elle n'avait imaginé. Clément la nargua, saisissant la perche, en lui lançant qu'il suffisait qu'il la complimente pour qu'elle rougisse, ce qui fit afficher à Nina un petit regard indigné, même si elle savait qu'il avait raison. Il était vrai que Nina avait l'habitude d'entendre des compliments à son égard, mais venant de son ami, elle ne pouvait s'empêcher de virer au rouge d'une manière inexplicable. Elle repensa alors à l'arrêt dans le temps qu'ils avaient vécu après leur chute et se demanda ce qu'il se passait entre elle et Clément, du moins pour sa part.

Elle ne releva pas la remarque de Clément et lui tira la langue en râlant à la place.

Pendant qu'elle reprenait une gorgée de son Coca light, le chirurgien fit un clin d'oeil à leur première rencontre en mentionnant que, si son bras avait été ouvert à la place, elle aurait dû le recoudre à son tour.

"Ce serait probablement moins propre et beau que quand tu m'as recousu toi!", lança-t-elle en s'esclaffant. "Mais, en effet, je sais coudre car ma mère est styliste et elle m'a appris les bases. Je suppose que sur des vêtements ou des humains, les principes sont les mêmes."

Ils restèrent à papoter, à rire et à se lancer des piques gentilles pendant un long moment encore, ne voyant pas le temps passer tellement ils étaient bien à deux. Leurs conversations portaient sur tout et sur rien, mais le principal était que tous deux se sentent assez à l'aise ensemble que pour aborder tous les sujets. C'était une journée magnifique, journée dans laquelle furent dévoilés des secrets, furent partagés des fous-rires, fut ressentie une extrême complicité. Les deux amis avaient appris à réellement se connaître et Nina était parvenue à se libérer d'un poids auprès de Clément, pour qui elle ressentait une attirance inexplicable qui s'était accrue encore. Ils s'étaient écoutés l'un l'autre, avaient dévié l'attaque d'un cygne en créant un attentat contre lui, avaient roulés ensemble, étaient tombés l'un sur l'autre, avaient vécu un instant d'attraction intense.

Oui, c'était une belle journée et ce fut sur un sentiment de bien-être et heureux que les deux amis s'éloignèrent doucement du parc, tout en continuant à s'esclaffer, collés l'un contre l'autre, vers le restaurant choisi par Clément tandis que le soleil, petit à petit, commençait sa descente vers le coucher.

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