Elle a accouché. Je panique. Putain, où est mon portable? Je fouille le moindre recoins de ma chambre, de mon appart. Niels n'est pas là, heureusement, c'est franchement le bordel. Je rangerais, surement plus tard. Je dois partir, et vite. C'est trop tôt. Elle m'avait dit qu'il y avait des risques. Des putains de risques. Mon coeur se serre. Est-elle encore vivante au moins? Je me mord la lèvre. Ne pensons pas au pire. Je lui envois un message, pour lui demander si je peux passer. Quelle question. Je fonce, j'attend même pas sa réponse. Je prend les clés de ma bagnole et je fonce à l'hôpital. Il parait qu'elle est à Robert Debré, d'après les différents mots sur le réseau social facebook. Ca sert de ne rien faire de plus que de lire les différents notifications dans la journée. Je prie. De toutes mes forces. Soit encore là quand j'arriverais. En vie. Je sais les risques qu'elle encourait avec sa grossesse, elle me les a assez répétés comme ça. Comme si elle s'en foutait. Je m'en fou pas moi. Bien au contraire. Je ne supporterais pas l'idée qu'elle disparaisse. Qu'elle parte loin de moi. J'ai pris la peine de prendre un bouquet de fleurs. Je veux la voir, souriante, heureuse avec son enfant dans les bras. Son fils. Je soupire. Illusions. Elle ne sera surement pas souriante. Je me voile la face. Elle n'ira pas bien. Je le sais. Faut juste que je me le foute dans le crane. A six mois. Elle avait dus accoucher à six mois. Je ne devais pas m'attendre à ce qu'elle puisse courir le marathon, loin de là. Je rentre en trombe dans l'hôpital. L'image d'Ella allongée sur son lit, recouverte d'un drap blanc me guette, me hante et j'en frémis. Je ne veux pas ça. Tout, mais pas ça. Je demande sa chambre et on m'y amène. Je serre doucement le bouquet de fleurs dans ma main alors que l'infirmière ouvre la porte. Je ne peux réprimer un sourire. Elle est là, devant moi. Branchée à un milliard de machines, mais elle est là. Je m'approche, dépose le bouquet sur ses jambes en douceur. Je la regarde. Soit forte. " Coucou Ella... " Je lui souris et je viens passer mes bras en douceur autour d'elle. Merci d'être encore vivante.

Trois deux un, j'ouvre les yeux réveille par la lumière qui pénétré par la fenêtre. Je grimaçais ouvrant doucement les yeux cherchant des repères autour de moi. Quelques jours avaient passé depuis la naissance de Jonah, le temps me sembler affreusement long et j'avais du mal à reprendre pied. J'étais épuisée, je ne m'étais jamais senti aussi fatiguée, je ne sentais ni mes jambes ni le bout de mes doigts et mon unique envie étaient de dormir et partir me coucher pour des jours et des jours. Je tournais la tête tombant sur un mot de Jayden, je comprenais qu'il rentre ce reposé après avoir passé des heures à mon chevet et au chevet de Jonah. Pensé à lui me fit sourire malgré l'épuisement, mais au fond c'était difficile de ne pas être à ces cotés. Il me manquait affreusement, je ne pensais qu'à lui et à l'idée de l'avoir dans mes bras au moins pour quelques minutes. Je fermais les yeux pendant quelques secondes alors qu'une voix attira mon attention, je tournais la tête doucement vers la porte " Bonjour " je devais avoir la voix petite, je murmurais doucement prise encore dans les vapes. J'étais tout de même heureuse de voir un visage connu et en particulier celui d'un ami comme Celestin; je n'avais même pas réalisé que j'étais branché et relié à des machines, piquées sur les bras, un tube dans le nez pour la respiration et d'autre machine qui contrôle mon rythme cardiaque " Comment ça va ? " je n'étais pas sure qu'il comprenne tout ce que j'étais en train de lui dire mais je luttais pour ne pas me rendormir. Je levais les yeux vers la machine, j'avais un rythme stable bien qu'assez malgré mes chute de tension et arrêt un peu trop présent à mon gout. Il avait l'air inquiet et ce n'était pas une chose qui me rendait heureuse " Tu vois je suis encore la " en réalité je me sentais faible et épuisée et je n'étais pas sure d'avoir la force nécessaire pour continuer à avancer mais je me refusais de laisser le nouvel ange de ma vie seul. Je grimaçais doucement tentant de me remettre droite avec la plus grande difficulté, je fini par abandonner au bout de quelques secondes pour rester allongé " Je suis désolée, c'est pas ma meilleure mine " je fis une petite moue suivit d'un petit sourire. Je n'aimais pas spécialement qu'il me voit dans cet état, c’était à mes yeux une sorte de honte mais je n'avais pas tellement le choix.

Ne pas savoir ce qu'il peut se passer et l'une des choses les plus horribles aux mondes. L'imprévisible, j'aime pas ça. Pourtant c'est ce qui met du piment à notre vie. Ce n'est pas ce qui me plait le plus lorsque j'ai envie que ma vie soit animée. Je préférerais tout savoir à l'avance, pour amortir le coup, la douleur. Ca serait tellement plus simple. Ne plus avoir à endurer toutes ses conneries que la vie a le don de nous envoyer. Comme si elle cherchait à ne jamais nous rendre heureux. La douleur des gens a l'air de lui faire plaisir et elle continue. Elle enfonce le clou. Chercher un échappatoire à tout ça est bien trop compliqué, personne ne le tente. On subit tous autant qu'on est. L'avenir est incertain. Parler au futur n'est pas tellement une tache facile surtout quand on est perdu dans le monde d'aujourd'hui. A quoi bon lutter? La peur est bien présente, tout autour de nous même si on tente de la camouflée. J'ai peur. Peur de tout perdre ou justement de tout gagner. Il n'y a jamais de nuances, c'est soit l'un, soit l'autre. Le haut, le bas. A croire qu'on ne peut pas choisir. Bien sur, on est les maîtres de notre destin et pourtant, ce n'est pas tellement à notre portée. On voudrait pourtant. Pouvoir changer le destin, l'avenir, le modelé au grès de nos envie. On voudrait se réveiller le matin et choisir le programme, choisir ce qu'il pourra se passer. Rien de malheureux, on veut juste du bonheur. Mais c'est tellement dire à avoir, on peut le frôler mais pas s'en saisir. Bien sur on peut se débrouiller pour virer les mauvaises choses, mais c'est plus dur qu'on peut le penser. Je ne me douterais jamais qu'Ella devrait accouché si tôt. Je savais que c'était une possibilité certes, mais je ne pensais pas que ça se ferait. Je ne voulais pas vraiment que ça se fasse. C'était le signe d'une certaine faiblesse, j'en avais conscience. Si elle avait accouché, c'était que ses forces n'étaient pas suffisantes pour garder l'enfant les 9 mois, comme d'ordinaire. J'aurais pus, je lui aurais passé le tiers de mes forces. C'était une mère. Moi je n'étais rien. Elle en avait surement plus besoin que moi. Je me masse doucement les mains en entrant dans la chambre alors que la voix fatiguée d'Ella raisonne. " Bonjour " Je m'approche d'elle et mes bras l'entourent en douceur. Je la serre doucement. " Comment ça va ? " Je m'assois près d'elle. " Ca va plutôt bien... Et toi? Tu tiens le coup...? " Il faut que tu tiennes le coup putain Ella. Il faut que survive. Pour ton fils, pour ceux qui t'aime, pour moi. Je caresse doucement son visage fatigué. " Tu vois je suis encore la " Et c'est un putain de plaisir que de te voir encore là. Vivante, sous mes doigts, le coeur encore battant. " T'avais plutôt intérêt oui... " Je ris doucement alors que je balaye la chambre du regard. Où est le bébé? Où est le fils d'Ella? Je fronce les sourcils sans comprendre, sans pour autant lui demander. Je m'enfonce un peu plus contre elle, sans pour autant m'appuyer trop sur elle pour pas qu'elle n'ai mal. " Je suis désolée, c'est pas ma meilleure mine "" Ne t'excuse pas, c'est normal que tu sois dans cet état, t'as vécu des trucs pas faciles... " J'esquisse un pauvre sourire. " Dis hum... Il est où ton fils? "