« Anita ! » La blonde eut à peine le temps de fermer la porte derrière elle que la voix de sa mère lui parvenait. S’il y avait bien quelqu’un à qui elle n’avait pas envie de parler c’était bien elle. Pour autant, elle se força à afficher un sourire sur ses lèvres, lança son sac vers l’escalier et entreprit de trouver sa mère. Ce n’était pas bien difficile, elle était soit au bord de la piscine, parfaisant son bronzage et sirotant un side car, soit en bar en train de crier sur la bonne qui ne préparait pas correctement son cocktail. La deuxième possibilité l’emporta et elle se laissa choir sur le canapé, attendant qu’elle ait terminé son petit laïus que tous connaissaient par cœur. Il était étonnant que sa mère n’ait toujours pas comprit que toutes les bonnes faisaient exprès d’ajouter trois olives au lieu de deux mais elle n’avait pas toujours été très vive. « Anita il faut que l’on parle. » La blonde hocha légèrement la tête avant de la pencher vers la droite. C’était un tic nerveux qu’elle n’avait pas conscience de faire mais cela signifiait en général qu’elle réfléchissait trop pour son bien. A priori, elle ne voyait pas ce qu’elle avait pu faire de mal pour avoir droit à un discours interminable mais soit. Le père Thomas apparut du couloir, un thé à la main. Anita n’allait plus à l’église depuis ses onze ans, lorsqu’elle avait décrété en pleine assemblée que Dieu n’était qu’un crétin pervers, aussi, n’avait-elle pas croisé cet homme depuis cinq ans. « Anita. » Il inclina la tête pour la saluer et elle lui rendit la politesse sans rien ajouter. Elle ne voyait pas ce qu’il faisait là mais sa présence n’augurait rien de bon. Ils prirent tous deux place sur les fauteuils en face du canapé et la regardèrent fixement. La blonde se sentit rougir et détourna vivement le regard, le reportant sur le tableau du mur d’en face devenu tout d’un coup fascinant. « Anita je pense qu’il est temps d’avoir une discussion sur les bienfaits de l’abstinence. » Ses yeux s’écarquillèrent et elle fut heureuse de n’avoir pas de boisson, certaine qu’elle aurait tout recraché tant elle était choquée. S’il y avait bien une conversation à laquelle elle ne s’attendait pas c’était bien celle-ci. Qui plus est, elle arrivait deux ans trop tard. Ani avait perdu sa virginité en seconde avec un de ses meilleurs amis. Elle avait fait le pari de se faire déflorer pendant les vacances de pâques et était donc revenue de Cancùn bronzée et transformée. Du moins physiquement puisque cela n’avait pas réellement changé sa vie au quotidien, juste ajouté un peu de sport de chambre à son planning. « D’accord. » Elle fit durer le mot un peu plus longtemps que prévu, certaine que c’était une mauvaise idée. Mais elle avait été programmée pour obéir et satisfaire sa mère dans les moindres détails et si celle-ci voulait lui faire entendre que sa vertu était sacrée et donnée au plus offrant alors soit, elle pouvait se faire rabattre les oreilles pendant trois heures. Finalement, il ne fallut qu’une heure et demi au père Thomas pour la convaincre d’attendre le mariage pour coucher avec un homme qu’elle aimerait réellement. Si Anita avait l’impression d’être retombée au moyen âge et de devoir attendre une dot de son futur mari, elle n’en montra guère le gout. Elle se contenta d’hocher la tête, de poser quelques questions par ci par là afin de contenter sa mère. Libérée de la conversation, c’est en marchant qu’elle quitta la pièce, ce qui lui demanda un effort considérable étant donné qu’elle crevait d’envie de courir pour échapper au plus vite à cette torture orale.