Alicia était une jeune fille que j’avais rencontrée tout bêtement dans le salon de coiffure où je travaillais, elle était venue en tant que cliente et on avait commencé à discuter toute les deux. Depuis la première fois que je l’avais rencontrée elle m’avait plut mais je ne m’étais pas emballée pour la simple et bonne raison que je n’étais pas du genre à tomber amoureuse en deux secondes. On avait commencé à se rapprocher, puis j’avais couché avec sa meilleure amie lors d’une soirée trop arrosée. Ça paraît stupide et hyper cliché mais ce n’était pas prémédité et ça a créé quelques problèmes de règlement de compte. Mais une fois tout cela réglé il restait tout de même un léger froid difficile à expliquer...

Pourtant j’avais reçu un message de la part d’Alicia un jour, elle voulait apparemment qu’on se voit dans la soirée ; j’étais contente d’avoir de ses nouvelles et que son message m’avait redonné le sourire. J’avais passé une petite heure à choisir les vêtements que j’allais mettre et finalement j’optai pour un jean, des bottes en daim par-dessus et un chemisier en satin, je me maquillais légèrement, un peu de mascara et du rouge à lèvre, et j'allai rejoindre le 16ème arrondissement où elle vivait. Une légère appréhension s’empara de moi, arrivée devant sa porte mais hors de question de faire demi-tour, l’envie de la voir était trop forte de toute façon, et je voulais savoir si elle m’avait pardonné... Je frappais deux coups à la porte de chez elle et souris automatiquement en la voyant, elle était vraiment jolie...

« Bonsoir. » dis-je avec une petite voix. « Ça me fait plaisir de te revoir... »

J’avançais vers elle pour lui faire la bise – non sans penser que j’aimerais l’embrasser autre part que sur les joues...

Alicia et Loëva, une grande histoire. Elles se fréquentaient depuis deux longs mois. Deux mois à se voir, à passer certaines nuits ensembles à discuter et faire bien sûr d'autres choses. Elles connaissaient à présent tout l'une de l'autre. Pour Alicia, ce n'était qu'une histoire comme ça au début, pas très sérieuse puisqu'elle allait voir ailleurs plusieurs fois. Mais depuis quelques semaines, l'envie d'être avec Loëva se faisait ressentir de plus en plus. Elle l'aimait, oui. La chanteuse n'était pas du genre à tomber amoureuse très vite, il lui fallait du temps, mais là, elle pensait avoir trouver la bonne personne. La coiffeuse était gentille, belle, intelligente et douce. Tout ce qu'elle aimait, quoi. Il y avait aussi le problème entre la meilleure amie d'Alicia et Loëva, qui avaient passés une nuit ensemble alors que la blondinette connaissait déjà la coiffeuse, et était intéressée par elle. Même si elle l'avait mal pris, elle ne pouvait pas lui faire la gueule continuellement, pour une toute petite histoire alors qu'elle avait déjà fais bien pire, n'étant pas bourrée comme Sephora et Loëva. N'étant pas bourrée du tout même, et consentante. Des erreurs qui arrivent comme ça, mais qu'elle n'est pas prête de recommencer. Histoire de ne pas perdre la femme qu'elle aime.

Enfin bref, parlons du présent. Alicia envoya un message à Loëva, lui disant de se pointer chez elle car elle voulait parler. De choses très sérieuses. Étant donné que la coiffeuse avait acceptée, Ali se vêtit d'un beau haut avec un jeans slim coloré – la mode babe. 8D - et des talons. Légèrement maquillée, mascara et gloss brillant, tout était parfait. Ce n'était pas un rendez-vous galant mais vu ce qu'elle voulait lui dire, elle voulait être présentable. Elle eut à peine le temps de ranger l'appartement que quelqu'un vint sonner à la porte, c'était elle. Un dernier soupire et Alicia ouvrit la porte, plus souriante que jamais et lui fit la bise. Elle lui proposa de s'asseoir. « Hey.. Moi aussi. » répondit-elle après s'être assise. « Tu vas bien ? » rajouta-t-elle, ayant un peu le trac. Le moment où elle allait tout lui dire approcha bien vite qu'elle ne le croyait. Elle prit son courage à deux mains et lui avoua tout, au risque de se prendre un vent monumental. « Écoute, si je t'ai dis de venir, c'est pas pour rien. Je voulais te parler de ce que je ressens pour toi.. Tu sais, ma jalousie par rapport à ce qu'il c'est passé entre toi et Sephora, c'est parce que je t'aime.. Ça fait plusieurs mois qu'on se voit et c'était pas très sérieux mais je veux que ça le devienne. Je me sens bien avec toi et j'veux pas qu'on s'éloigne au fil du temps, parce que c'est juste de la rigolade, alors que pour moi ça ne l'est pas. Je veux que ça devienne sérieux entre nous et qu'on se présente comme un vrai couple aux yeux des autres.. A toi de voir si t'en as envie et si surtout.. Tu m'aimes. »

J’avais beau réfléchir, je ne voyais pas pourquoi Alicia avait voulu me voir en particulier ce soir, on se voyait régulièrement pour faire des choses et d’autres depuis quelques temps déjà, rien n’était officiel entre nous et on avait jamais évoqué le fait d’être en couple ou quoi que ce soit d’autre. Quand on se voyait c’était sur un coup de tête et les choses se faisaient naturellement, et cette situation nous allait apparemment aussi bien à l’une qu’à l’autre. Ou alors c’était juste qu’on avait pas pensé à une autre hypothèse, on était « sex-friend », quelque chose comme ça, et d’après ce que j’avais cru entendre autour de moi, Alicia avait d’autres amies dans ce genre. Au début d’ailleurs je m’en fichais totalement, j’avais couché avec sa meilleure amie après tout, j’avais au d’autres relations aussi à côté de ça, la seule différence que j’avais constaté c’était que j’en avais de moins en moins envie au fil du temps et que je rencontrais de moins en moins de filles pour finalement arriver à ne plus m’être tapé qui que ce soit depuis facilement un mois, ça ne me manquait pas particulièrement. Parfois, le visage d’Alicia débarquait dans ma tête et ne voulait plus partir, toutes ces fois-là j’avais pris mon portable, composé son numéro puis raccroché juste avant d’entendre la première tonalité, ce n’était pas coucher avec elle qui me faisait envie, c’était juste la voir... Sachant qu’elle aurait peut-être mieux à faire que de discuter avec moi, j’avais lâché l’affaire et je commençais à me torturer en l’imaginant avec d’autres filles. Ça avait le don de m’énerver en fin de compte, plus ça allait et plus cette idée m’était insupportable, au-delà de trouver ça énervant, ça me blessait carrément en fait. Je ne voulais pas mettre de mots sur ce que je ressentais pour elle parce que c’était tellement plus simple de ne pas voir la vérité en face. Voilà pourquoi la voir ce soir, sur invitation en plus, ne me disait rien qui vaille mais me faisait follement plaisir quand même. Elle était, comme toujours, magnifique, ses yeux bleus verts étaient soulignés par son maquillage léger et j’eus un pincement au cœur en la voyant si jolie et si inaccessible. Apparemment elle était quand même contente de me voir.

« Oui ça va pas trop mal, et toi, tu avais un truc à me dire apparemment ? Ça m’a travaillé toute la journée ton histoire ! » lançais-je avec un sourire en coin.

C’était vrai en plus, une de mes clientes avait failli se faire couper un bout d’oreille à cause d’elle en plus, c’est pas pour autant que je lui en voulais, au pire elle en avait une deuxième oreille, une Alicia y’en a une seule et je suis même pas fichue de l’avoir pour moi toute seule. Finalement la jolie blonde en face de moi referma la porte et sembla prendre son souffle pour me balancer ce qu’elle avait à me dire d’un trait. Je l’écoutai avec attention et en écarquillant les yeux au fur et à mesure qu’elle parlait, à sa place je n’aurais jamais eu le courage de dire les choses si clairement, elle me dit qu’elle avait été jalouse de l’histoire qu’il y avait eue avec Sephora parce qu’elle m’aimait. Elle m’aimait. Comme si mon cerveau avait juste besoin d’entendre ça pour me faire comprendre que moi aussi, je l’aimais, je ne voulais plus qu’elle parmi toutes les autres. Mais assimiler cette information était un peu difficile quand même pour moi, les filles qu’elle avait vues récemment, pourquoi elle les avait vues ? Pourquoi pas moi à la place ? Alicia acheva en me disant qu’elle voulait que notre histoire soit sérieuse.

« Heu wow.. ! Je t’avoue que je m’attendais à tout sauf à ça... » commençais-je en me concentrant de toutes mes forces pour ne pas me jeter sur elle et l’embrasser. « Je sais que j’ai rien à dire parce que.. l’histoire avec Sephora bon... mais je pensais vraiment pas que tu pouvais ressentir ça pour moi, tu.. tu as vu d’autres filles toi aussi d’après ce que j’ai cru comprendre. Je pensais que les relations sérieuses c’était pas ton truc du tout, surtout vu la relation qu’on a toutes les deux. »

Avec tout ça, je ne répondais pas du tout à l’interrogation non formulée d’Alicia, j’étais tellement surprise que je ne disais même pas ce que j’avais sur le cœur, mais plutôt ce que j’avais sur la conscience, une manière de comprendre pourquoi c’était de moi qu’elle voulait plus que d’une autre, ou au pire si c’était une blague qu’elle me faisait ; mais ça n’y ressemblait pas.

« Je sais pas trop quoi te dire Ali’... Si tu m’avais pas dit ça j’aurais jamais osé le faire moi, pourtant ça fait quelques semaines que je vois plus personne tellement je voulais juste te voir toi, mais ça aurait fait bizarre de t’avouer ça étant donné que les seules relations qu’on avait étaient sexuelles. » avouais-je avec un rire. « Tu te vois être en couple avec une chieuse comme moi ? »

Je me rapprochais d’elle sans vraiment calculer ce que je faisais, je n’allais pas l’embrasser tout de suite parce que déjà ça lui couperait la parole si elle voulait me répondre et c’était pas poli ça, et puis c’était bien de résister à la tentation un peu...