« All that jazz »

C'était une soirée banale dans un club de jazz. Autant dire que c'était le plus soft que j'avais trouvé pour occuper ma nuit, contrairement aux autres soirs où je recherchais plus à boire, danser et faire de nouvelles rencontres pour espérer avoir une fin de soirée moins seul que je n'étais arrivé. Sous l'effet des drogues, j'étais devenu un autre homme. Aaron m'avait quitté et j'avais changé. J'avais découvert l'héroïne, la cocaïne et d'autres substances qui me permettait d'oublier, d'enfouir cette horrible douleur que je ressentais dans ma poitrine depuis qu'il était avec un autre, depuis qu'il m'avait cocu avec ce type, avec ce Grayson. Je le détestais. Je les détestais tous les deux. Je n'arrivais pas à réagir autrement. Cependant, depuis que j'avais eu la chance de goûter aux drogues et à leur efficacité dans l'oublie de cette douleur, je me sentais beaucoup mieux. Je faisais de nouvelles rencontres. Je sortais plus. Ma vie sociale devenait plus importante et bien plus grande qu'elle ne l'avait jamais été.

J'étais assis, près du bar, un verre à la main et j'écoutais l'artiste qui jouait sur scène depuis presque une heure. Je sirotais en cocktail quelconque, alcoolisé, alors que j'étais déjà légèrement défoncé. Pour sortir, j'en avais besoin. Ces effets me libéraient. J'étais plus libérée, plus sociable, plus séducteur et avenant envers les nombreux hommes et les quelques femmes qui me faisaient de l'oeil. Ce soir, je savais que je n'aurais pas ce que j'avais d'habitude, c'est-à-dire un plan cul. Soyons honnête, je ne faisais que ça depuis ma rupture avec Aaron. Je ne savais pas si je pourrais encore m'attacher à quelqu'un. L'amour est éphémère. L'amour rend triste. L'amour rend stupide et faible. Je ne tomberais plus dans le piège. J'en avais fini. D'abord Alcide, puis Aaron. Je n'étais décidément pas fait pour aimer, ni être aimer. J'avais été bien trop déçu pour retenter l'expérience. J'avais versé trop de larmes pour deux hommes qui ne me désiraient pas, qui ne me voulaient pas.

« Putain ! Vous pourriez faire attention ! » Criais-je à l'égard d'un client qui venait de me bousculer et de faire couler mon verre sur la chemise noire que j'avais spécialement mis pour ce lieu. Je restais tout de même calme. Je ne devais pas m'énerver. Je ne devais pas lui mettre mon poing en pleine gueule. J'avais le sang chaud mais je me contrôlais. J'essayais en tout cas. Je ne voulais pas être obligé de quitter ce club pour un abruti qui n'en valait pas la peine. Je soupirais, lasse et blasé, et je me levais de mon siège pour me rendre aux toilettes. Je devais au moins nettoyer ces conneries. Malheureusement pour moi, un autre homme me percuta à nouveau une fois ma chemise nettoyée. « C'est pas vrai, bordel ! » Lançais d'une voix assez forte et froide. Je me tournais alors en direction de cet homme. Surpris, je crus le reconnaître. Mais je n'en étais pas si sûr que ça. Si c'était bien la personne à laquelle je pensais, j'étais dans un état assez avancé lors de notre première rencontre. Entre drogue et alcool, j'avais tout de même à me souvenir de lui. En même temps, comment oublier un physique comme celui-là ? Impossible. Cam...Cam...Cameron. Non, c'était ma sœur. « Camille ? » Lui demandais-je alors.