« J'aurais aimé t'aimer comme on aime le soleil, te dire que le monde est beau et que c'est beau d'aimer. J'aurais aimé t'écrire le plus beau des poèmes et construire un empire juste pour ton sourire, devenir le soleil pour sécher tes sanglots et faire battre le ciel pour un futur plus beau. Mais c'est plus fort que moi, tu vois, je n'y peux rien. Ce monde n'est pas pour moi, ce monde n'est pas le mien. » ☼ J'veux qu'on baise sur ma tombe, Damien Saez.

Je soupire un instant en écoutant la voix agaçante de mon professeur, qui nous rabâche chaque fois des éléments incompréhensibles en médecine. Je note tant bien que mal les informations, tandis que mon cerveau bouillonne en tentant d'y comprendre quelque chose. Il est prêt à exploser tant tout ceci me paraît être du chinois. Je prends conscience que je devrais, une fois arrivé chez moi, me remettre à travailler dur afin de saisir la leçon complète. Je dois parfois y passer des heures, me torturer le crâne et prendre énormément de cachets pour éviter tout mal de tête, et ce rythme de vie m'exaspère alors et me rend totalement solitaire et assez triste quant aux questions sur mon avenir. Je déteste tout ce qui se rapporte à la médecine, et pourtant mon avenir est basé sur le but d'être un maudit chirurgien. Je sens alors un léger sourire s'emparer de mes lèvres lorsque la sonnerie retentit, et mon corps se glisse rapidement vers la sortie. Je n'ai aucunement hâte de rentrer chez moi, seulement la route entre l'université et ma maison, m'apaise toujours et me remet les idées en place. Je prends le temps de rêver un peu durant quelques minutes devant la grille, pour finalement me mettre en route en direction de ma maison familiale. Je prends le temps de rêver comme à mon habitude, étant donné que c'est sans doute le seul moment pendant lequel je peux me le permettre. Je me branche à ma musique par le biais de mes écouteurs et je continue à marcher tête baissée dans les étroites ruelles afin de gagner mon habitation. Néanmoins, la musique se fait plus basse que le bruit à l'extérieur, ce qui me fait lever la tête puisque c'est très rare vu avec quel volume je l'écoute. Pourtant, la scène qui s'affiche devant moi me déplaît totalement. Il s'agit de mon frère adoptif qui est en train de clairement fracasser un autre homme, assis sur lui, pendant que l'autre crie de douleur. Je suis à deux doigts de lâcher mon ipod tant je suis surpris de voir mon ami dans une telle situation ! Dans le rôle du méchant, en plus de ça. Je retire en vitesse mes écouteurs, puis je m'approche rapidement d'eux afin de pousser Keenan de sa pauvre victime maintenant défigurée par le sang. Il est maintenant assis à terre et je le fixe d'un regard mi-inquiet mi-énervé et lui offre un coup violent au niveau de l'épaule pour lui montrer ma colère. Il est complétement défoncé, soit il a fumé quelques joints avant ça, soit il a bu comme un trou. Peut-être même les deux. Je soupire d'agacement, lui demandant : « Qu'est-ce que tu as foutu Keenan ?! Regarde toi, tu es complétement défoncé ! Tu es conscient au moins ? » Puis je pivote mon corps dans le but d'être finalement accroupi à côté du jeune homme tabassé. Je l'observe, je ne le connais pas mais... il souffre. Je lui demande si ça va aller, il me répond seulement qu'il a besoin d'aide pour se lever, ce que je ne tarde pas à entreprendre. Le soulevant de toutes mes forces, je faillis chuter avec lui, mais le voilà maintenant debout, m'adressant un remerciement avant de s'accrocher contre un mur pour ne pas tomber. Je me tourne une nouvelle fois face à Keenan, le scrutant méchamment dans les yeux, lui demandant à travers, des explications à son comportement.

Alors que le garçon en sang est désormais debout, Keenan trouve le prétexte de se la jouer violent et de le frapper encore un peu. J'ai l'impression de ne pas être assez fort pour le contrôler, je suis obligé de le laisser faire puisque, le fait de l'avoir poussé légèrement en arrière précédemment, n'avait apparemment pas suffit. J'ai cette envie de l'engueuler, de lui dire qu'il ne fait que des conneries et que je déteste le voir dans ce type de situations, tellement énervé qu'il doit se servir de ses mains. Pourtant, j'arrive tout de même à le tirer par son manteau afin qu'il lâche sa pauvre victime et soit repoussé en arrière. Il lui sort tout de même une phrase lui dictant de ne pas m'approcher, ou sinon il allait le fracasser davantage. Je soupire, seulement mon cœur s'accélère en voyant son acte des plus protecteurs. C'est fou comme j'aime ça, quand il me défend ou ne laisse pas les autres m'avoir aussi facilement lorsque la naïveté est trop présente à l'intérieur de moi. Je souhaite tout de même qu'il cesse ses menaces, je veux que le garçon puisse s'enfuir sans recevoir de coups supplémentaires, alors j'entraîne mon frère au mur d'en face en le tirant maintenant par le bras. Il s'assoit contre et j'entreprends rapidement la même action, prenant le soin de me positionner jusqu'à côté de lui, collé. Je le fixe avec ce regard fâché, lorsqu'il ose fumer après ça. Ne suis-je déjà pas assez énervé comme ça ? Mais je ne lui en veux pas, car il me donne justement l'occasion d'obtenir ma dose de nicotine, c'est pourquoi je lui attrape sa cigarette pour la placer au coin de ma bouche, aspirant une bouffée en même temps. Je sais qu'il va réagir, mais je m'en fiche. Je faillis m'étouffer avec au moment où il me déclara qu'il détestait que je fasse le garçon inquiet, alors que j'en ai rien à faire de son comportement et de ce qu'il venait de passer. Comment peut-il encore en douter après tout ce que j'ai pu faire pour lui, après toute l'inquiétude que j'ai pu éprouver à son égard ? Je me sens blessé, davantage en colère. J'ai tout de même l'envie de le prendre dans mes bras, d'embrasser sa joue pour lui souffler quelques mots rassurants face à cette fausse idée. Je n'y parviens pas. Je me sens encore plus timide avec mon frère, encore moins câlin et je déteste lui offrir de l'affection... parce que j'ai cette peur ancrée en moi, celle qui me pousse à penser qu'il devinerait mes sentiments, si je lui donnais ne serait-ce qu'un peu d'affection. Je reste donc de marbre, le visage neutre, toutefois je le scrute des yeux, prêt à crever tant il est beau. Je sens mon cœur s'emballer, j'aimerais bien lui dire de battre aussi rapidement à ce con. Je déglutis, reprenant à nouveau un peu de sa cigarette restée au coin de ma bouche, puis recrache la fumée qui se dirige jusqu'à son visage, tout en lui disant. « C'est vrai Keenan, je ne me suis jamais préoccupé de toi. J'en ai rien à faire, tu as raison. » Je grimace à mon tour, soupire un bon coup et tourne la tête de l'autre côté, afin de plus apercevoir mon frère. Quel con, celui-là ! Il m'exaspère, m'énerve quand il ne comprend pas à quel point je m'inquiète pour lui. Je joue alors avec le fermoir de mon piercing à l'intérieur de ma bouche, passant ma langue dessus, afin de m'apaiser, trop en colère par la faute de mon frère adoptif. J'avais dans l'optique deux minutes auparavant de soigner ses blessures, mais après ses dires, il peut très bien le faire lui même, étant que je n'en ai soit disant rien à faire de lui. Puis, il me lance cette remarque qui me rend encore plus furax. Je grogne rageusement, ce qu'il peut certainement entendre, mais je n'en ai que faire. Je tourne la tête, fume et lui souffle ma fumée sur son visage avant de reprendre. « Je t'emmerde Keenan. » Je garde sa cigarette dans la bouche, puis me lève, reprends mon sac posé à côté du mur, prêt à reprendre la route. Je suis vraiment énervé et vexé par tout ça, et quand je le suis... c'est dur de me rendre de bonne humeur ensuite. Je n'ai pas envie de faire d'efforts, alors j'enchaîne simplement d'un ton ironique et agacé. « Je vais donc m'en aller, puisque Monsieur croit que j'en ai rien à faire de lui. Bah oui, je ne vais pas rester plus longtemps ici. A ce soir et tâche d'être à l'heure pour le repas, mon père ne va pas être content sinon. » Non, je ne lui dis jamais "papa" ou même "notre père", car c'est ce qu'il veut depuis le départ, que nous ne soyons pas sa famille. Et d'un côté, je ne l'ai jamais considéré comme mon frère, alors mon père n'est pas le sien, c'est convenu comme ça et c'est préférable. Je lui tourne ensuite le dos, prenant mes écouteurs dans ma poche pour remettre ma musique, histoire de retrouver le calme absolu que j'avais connu il y a de ça cinq minutes. Puis, je commence à marcher.

Je marche la tête baissée, les mains dans les poches, la mine triste et agacée. J'en veux à mon frère de m'énerver à ce point, de faire en sorte que je ne contrôle plus rien, de me dire des choses aussi blessantes. J'ai l'impression de n'avoir rien fait depuis qu'il est chez moi, et ça me tue, car c'est toujours son bonheur qui me revient en tête, et je tente chaque fois de tout faire pour qu'il soit heureux. Pourtant, alors que je pense rejoindre mon habitation rapidement, le bras de Keenan agrippe le mien dans le but de me retourner. Il penche sa tête sur le côté et je comprends alors qu'il va m'exprimer une demande qui l'intime... Il souhaite que je reste avec lui. Bon Dieu, mon cœur s'emballe à nouveau, de plus ses yeux me fixent d'une telle façon... qu'il m'en ferait presque rougir. Je ne sais pas quoi faire, mon père ne sera pas content si je débarque trop tard mais je ne peux pas non plus résister face à Keenan. Je ne peux faire autrement que de rester, d'autant plus qu'il vient en à peine une minute, de m'apaiser suffisamment pour me donner l'envie de ne pas retourner chez moi, mais plutôt de me poser dans cette rue encore longtemps... avec lui. Je le contemple, le fait qu'il soit intimidé par moi-même, me fait tendrement sourire. Je reçois souvent des remarques ou même insultes sur mon frère, comme quoi il n'est qu'un connard et salop de première, un petit idiot. Pourtant, il ne s'est jamais comporté de la sorte avec moi, il a toujours agi de façon respectueuse envers moi la plupart du temps, ou alors cela reste involontaire je suppose. Je tente tout de même de lui montrer mon énervement, bien que je me trouve chanceux de ne pas avoir son attitude de connard. Je dois sévir pour qu'il comprenne à quel point il m'a blessé, s'y ajoute mon caractère rancunier. Je ne peux effacer ses paroles sans lui faire de remarques à mon tour. « C'est ton problème Keenan, tu n'avais qu'à pas te bourrer la gueule, écoute. Faut que tu arrêtes tes conneries maintenant, j'en ai marre. » Je le fixe toujours autant méchamment, mais c'est préférable pour lui, afin qu'il comprenne clairement à quel point je suis déçu tant par ses paroles que son comportement. Seulement, je ne peux pas me montrer dur plus longtemps, puisqu'il opte pour son sourire timide et sa voix enfantine. Il détient un pouvoir sur moi qui m'est désagréable. Il m'insupporte quand il utilise de celui-là ! Je ferme les yeux doucement, trouvant le courage pour poursuivre dans ma colère, même si je voudrais respecter son désir, celui de le soigner. « Elles ne te feraient pas mal si tu n'étais pas aussi con pour frapper un mec dans la rue, Keenan ! » Je continue de fumer ma clope, puis, en plein état de rage, je lui attrape la sienne pour venir la jeter à terre, l'explosant avec mes pieds. « Et arrête cette merde bordel ! » Je m'énerve, il m'agace... mais putain ce que je l'aime. Je soupire longuement, aspire une nouvelle bouffée pour tenter de me détendre, puis j'éclate, je ne peux pas tenir plus longtemps sans lui dire explicitement ce qui me dérange. Je le regarde yeux dans les yeux. « Arrête tes putains de conneries, Keenan ! J'en ai assez de te voir défoncé ou bourré, j'en ai assez de ton maudit comportement ! Pourquoi tu fais ça, hein ? Ce qui m'énerve, c'est que tu penses ça de moi. Je donne le maximum pour que tu sois heureux, je m'inquiète énormément, et toi tu me sors ça comme ça, Keenan. J'y crois pas ! » J'étouffe un rire nerveux, c'est plus fort que moi, comme pour lui dire "c'est une bonne blague!". Hé, je suis pas rancunier pour rien, moi, hein. Je ne peux pas m'empêcher de lui en vouloir, ni de lui cracher ça dans la face, il est impossible de me retenir là-dessus. Pourtant, je m'approche, lui attrape la main, frissonne légèrement à son contact tout en me sentant débile de l'aimer à ce point, l'observe puis la lâche. Ma colère est légèrement passée, mais au contraire, mon ton agacé est toujours présent, s'y ajoutant une douceur sortie de nulle part. Assez contradictoire. « Assis toi. » Il fait ce que je lui demande et je m'accroupis à ses côtés, posant mon sac entre mes jambes pour y sortir le matériel. Je n'ai bien entendu pas ce qu'il faut, juste de l'eau et un mouchoir, pourtant je fais de mon mieux pour retirer le sang collé sur ses doigts, le sentant gémir à ce contact. Je grimace, je déteste devoir lui faire du mal. Je n'ose pas le regarder, j'inspecte juste ses blessures et je me sens coupable de ne pas être intervenu avant, de ne pas le surveiller plus et ne pas être davantage là pour lui.

Une fois ses mains bleutées et égratignées soignées, je lève brusquement enfin la tête dans sa direction pour lui dire que nous pouvons désormais rentrer à la maison. Je le scrute un instant et je suis surpris de comprendre qu'il vient de me regarder longuement. Je le remarque car il paraît gêné en rougissant et détournant le regard ; mon frère ne l'est habituellement pas. Toutefois je n'en dis rien, je souris de toutes mes dents, voyant un espoir dans son action, un espoir qu'il puisse ressentir aussi quelque chose à mon égard. Comme un vrai enfant. J'en deviens paranoïaque, trouvant des signes d'amour partout, alors que je n'y connais pourtant rien à ce sentiment. J'ai cette envie de lui embrasser la joue dans le but de lui montrer qu'il est vraiment chou quand ses joues adoptent un teint rougeâtre, mais je me contente simplement de me redresser en attrapant mon sac au passage. Pendant que je le fixe sur mon dos, je tends une main à mon frère qu'il agrippe rapidement, afin de l'aider à se relever. Je grimace en saisissant qu'il est à deux doigts de flancher à cause de l'alcool et en l'apercevant en train de tituber lorsque nous commençons notre marche. J'ai ce goût amer à travers la gorge, qui me fait prendre conscience que je n'ai encore une fois pas été là pour lui. J'ai l'impression de ne pas assez le surveiller, je me sens réellement coupable de son comportement ainsi que de son état, car je suis apparemment incapable de m'occuper de mon meilleur ami. Pourtant, je tente du mieux que je peux d'y faire quelque chose, néanmoins je ne sais quoi faire d'autre afin qu'il arrête de fumer, boire, être un connard envers les autres et de coucher avec n'importe quelle fille. J'ai peur pour lui, je m'inquiète à longueur de journée et je me surprends même d'être angoissé à son égard, plus pour sa vie que pour la mienne... Mais il ne le saisit pas. Perdu dans mes pensées, Keenan fait en sorte de me ramener à la réalité, en se tournant vers moi et me déclarant qu'il souhaitait juste que je le remarque, prenant d'ailleurs le soin de lier mon manque d'affection avec mon père. J'ai alors le cœur serré, car je n'ai jamais voulu qu'il traverse ça, je ne souhaite ça à personne ! Le manque d'inattention de mon père m'a plus que détruit, j'ai pourtant tout fait pour qu'il me regarde un instant, qu'il cesse de ne voir que mon avenir, mais qu'il se base sur ma personne et mes envies. Tout, j'ai même arrêté de manger, j'en suis même devenu anorexique. Rien ne fonctionnait et savoir que Keenan vit actuellement ça par ma faute, j'en ai le cœur brisé. Je suis totalement peiné et je l'observe attentivement pendant qu'il s'écroule à terre, sa tête désormais entre ses genoux. Je m'accroche difficilement au mur d'en face pour ne pas flancher à terre à mon tour, je respire fortement, et j'ai mal. Mal de le voir souffrir. Puis, tandis que la culpabilité et la tristesse m'envahissent, il me déclare que je suis beau, tout en me fixant avec son regard des plus tendres. Je craque, pourquoi il me sort ça comme ça bordel ? Il me déstabilise totalement, m'intimide rien qu'avec son compliment que je ne comprends pas... Il a le don de me perturber à un point étonnant. Ma respiration se coupe, j'étouffe et je sens mon cœur s'emballer. Mes joues rougissent à mon tour, chose qui m'est incontrôlable. J'espère depuis bien longtemps qu'il me déclare ça, alors maintenant qu'il vient tout juste de le faire, j'en suis épanoui mais je suis surtout surpris. Étonné mais principalement angoissé. Je ne sais quoi lui répondre, je ne fais que m'assoir à ses côtés une nouvelle fois, optant pour la même position que lui. Je rentre mes jambes près de ma poitrine, les bloquant en enroulant mes bras autour. Je pose simplement ma tête de côté sur mes genoux, afin de pouvoir regarder mon frère. On dirait un gosse replié sur lui-même, boudant à ses parents, un peu triste. Mais je suis juste perturbé et je ne sais quoi faire pour me calmer. J'arrive pourtant à dire facilement ce que je pense quant à ma beauté. « Ne dis pas de bêtises, j'ai juste une gueule d'enfant, je ne suis pas beau. Arrête de boire, ça te fait dire de mauvaises choses. » Seulement, il est maintenant temps d'en savoir davantage sur le fait que je ne le remarque pas, ce qui fait remonter le stress encore plus. Je me sens profondément débile d'autant bégayer là-dessus, mais qu'importe. Je tente de communiquer avec mon frère, mais cela s'avère difficile, tant l'intimidation est désormais à l'intérieur de moi. « Je... je ne... je ne voulais pas que tu.. tu vi.. vives ça. Que... qu'est-ce que je dois faire Keenan ? .. Qu'est-ce.. qu'est-ce que je dois faire ou dire pour... pour que tu retires tes fausses idées de.. de ta tête ? Que.. que veux-tu que je fasse au juste ? Et puis... je.. je ne suis pas.. pas affectueux avec les autres. » Je respire longuement, le regardant toujours. Parce que oui, je l'ai remarqué. Oui, j'essaye tant bien que mal de faire attention à lui et oui, je ne sais pas ce que je peux faire de plus. Car oui, à ce moment-là, je ne pige pas que tout ce que désire mon frère, c'est plus d'affection. Mais comment en offrir aux gens si nous n'en recevons pas non plus dès notre naissance par nos parents ? Cela reste difficile.

Je laisse mon frère parler, ne sachant ni quoi lui répondre, ni quels gestes entreprendre. Je ne sais pas ce qui lui prend, ni pourquoi il est autant gêné par rapport à cette discussion. J'ai le droit d'être intimidé quant à moi, dans le sens où je ressens des sentiments à son égard, et il est parfois très déstabilisant lorsque votre âme sœur vous déclare de jolies choses que vous attendiez depuis des lustres. Alors que, dans son cas, il me dit clairement que je ne suis seulement son frère, qu'il n'y a rien d'autre, me retirant alors tout espoir que j'avais fondé quelques temps auparavant. En effet, j'avais regroupé chaque élément de tendresse de sa part, chaque minime élément ressenti par le sentiment de l'amour... je m'imaginais de drôles de choses. Ce que j'ai été bête, comme si ce petit gars pouvait m'aimer un tant soit peu ! Petit gars sexy qui couche avec n'importe quelle fille ! DES FILLES, bon Dieu. Pas de garçon, pas de frère dans sa vision, je suis donc à part de ses coucheries et de son amour ; car de toute manière, celui-ci serait obligatoirement destiné pour une putain de gonzesse. Je tremble alors davantage, comprenant que j'ai vraiment été idiot sur ce coup-là, trop naïf, encore trop enfantin et rêveur d'une possible relation pourtant qui était clairement inexistante et impossible depuis le début. Je secoue la tête en écoutant au fur et à mesure ses paroles, me trouvant toujours autant con plus il parlait, ou tout du moins, plus il s'enfonçait. Il s'embrouillait totalement, comme je le fais très bien lorsque je suis gêné ou perturbé. Je soupire fortement, me levant à nouveau, tout en prenant le soin de tourner le dos à Keenan. Je suis complétement blessé, mais je ne lui en veux pas, car il se doute encore de rien. Mes sentiments n'apparaissent pas devant ses yeux, je les ai toujours cachés et je ne compte pas encore lui dire. Alors, je ne sais quoi lui répondre face à tout ça, j'opte pour l'indifférence. Je me tourne finalement, le regarde pour lui dire.« On y va ? » Comme s'il ne s'était rien passé. Comme si engueulade, il n'y avait pas eu. Comme si je me fichais de tout ce qu'il venait de dire. Comme si tout était simple, comme si nos gênes venaient de nulle part. Je sais que ça allait l'agacer, l'énerver au plus haut point, d'autant plus qu'il venait de me demander mon amour, de l'affection et la tendresse. Et encore une fois, je ne respecte pas ses désirs, je l'envoie balader avec en compagnie, une solitude angoissante et une incompréhension. Je ne lui tends pas ma main cette fois-ci, qu'il se lève tout seul. Je commence à marcher, continuant de fumer la cigarette de toute à l'heure, baissant légèrement la tête comme à mon habitude. Je tente de me calmer, je tente d'oublier ses paroles, seulement son "j'aime trop le corps des filles pour ça et puis t'es mon frère" me revient en tête et mon cœur explose alors, se broyant en quelques miettes. J'ai mal. Bordel ce que ça fait mal de comprendre que son seul espoir vient d'être anéanti par quelques paroles. Je commence à marcher doucement, sans regarder si Keenan me suivait ou non, peu importe. J'ai juste mal et je m'en fiche des choses autour à ce moment même.