Ça vous importe vraiment de savoir d'où je viens et les petits détails non-pertinents du genre si ma maman a eut mal lorsqu'elle a accouché de moi? Eh bien siiiii, elle a eu vachement mal. Comme si les accouchements, c'était aussi simple que de ne pas mourir dans le premier tableau du mario bros old school. Enfin, bref, maintenant que vous savez que ma mère a eut du mal, je peux vous dire que je viens de Venise, une magnifique ville d'Italie. Ça me manque, mais j'aime bien Paris aussi. C'est juste.. Différent. Je me sens quand même chez moi, mais pas de la même façon. J'y retourne souvent, au moins, comme ça je peux voir mes parents. Certains pourraient croire que je suis une petite fille à maman et à papa, mais pourtant, ce n'est pas le cas. Enfin, j'adore mes parents, mais je peux très bien vivre seule. Sinon.. Hum. J'étudie en psychologie depuis maintenant quatre ans et j'adore ça. J'ai un petit-ami que j'aime énormément et je peux vous dire, en ce quatre mars 2012 que ma vie va très bien.




« Charles, s'il-te-plait! J'en ai marre et ce n'est pas une blague, cette fois. » Je ris, puis je l'observe. Il est tellement parfait. Je le connais depuis un long moment déjà, mais mes parents ne sont pas encore au courant de son existence. Il se fait discret et j'ai l'impression qu'il ne veut pas les rencontrer. « J'ai rien fait! » Je lui lance mon oreiller puis je me demande pourquoi nous ne sommes que des amis, lui et moi. J'ai vraiment besoin de vous dire que je l'aime? Eh bien oui, je l'aime. Je suis amoureuse de la perfection incarnée, tellement que parfois, je me demande s'il est bien réel. Évidemment, je sais bien que oui .. Sinon je ne pourrais pas le pousser en bas de mon lit à l'instant même en guise de vengeance. Il sait que je déteste me faire chatouiller, mais il ne peut pas s'en empêcher, évidemment. J'imagine que c'est son seul et unique défaut. « Aïe! C'que t'es violente, quand tu veux! » Je ris et je l'observe encore, comme quoi je ne peux pas m'en empêcher. Je me demande ce que ça ferait, si je décidais de l'embrasser. Ça fait un long moment que j'y songe, mais je ne suis pas encore totalement certaine de ce qu'il ressent de son côté. J'ai cette mauvaise habitude de toujours vouloir être certaine avant de m'embarquer dans quelque chose. Je lui tend la main, comme s'il avait besoin de moi pour se relever. « Au moins, t'es polie. » Je ne me souviens même plus de la manière dont je l'ai rencontré. Je sais que c'est un peu absurde, car .. Je tiens vraiment à lui, et oublier une telle rencontre alors que je me souviens parfaitement de la première fois où j'ai rencontré une pathétique connaissance me semble un peu étrange. Je le regarde en penchant mon visage sur le côté, sourire en coin. Puis .. Et si j'avais un peu d'initiative, pour la première fois de ma vie? Je m'approche et passe mes bras autour de sa taille pour poser ma tête contre son torse. « T'es beau. » J'étais censée lui dire 'Je t'aime', mais.. Mais fuck that shit. « T'es beau aussi. » Je me recule puis le frappe sur l'épaule de toute mes forces. Non, je ne suis pas vraiment violente, je vous l'assure. C'est juste qu'avec lui .. Enfin, c'est plus fort que moi. C'est juste qu'il a le don de me taquiner à longueur de journée. Une femme se tanne, hehe. « Depuis quand j'ai une moustache, monsieur? » Il rit, puis sans même avoir le temps de réaliser, ses lèvres se retrouvent contre les miennes. Je ne bouge pas, trop estomaquée par le geste de mon ami entre parenthèse -eh non, je ne met pas de parenthèse, parce que j'ai pas envie d'en mettre-. Après .. Un petit -ou énorme- trente secondes de silence, je me met à sourire comme une idiote. « Tu ne m'avais jamais dit que tu aimais bien les hommes.. » Je gâche toujours les moments mignons, c'est plus fort que moi. Je lui souris, puis l'embrasse à mon tour pour lui montrer que malgré mes conneries, je l'aime bien aussi. Enfin .. Je l'aime tout court. Oh non, danger, daaaanger, je deviens niaise. « Que les hommes comme toi.. » Je voudrais le frapper de nouveau, mais je me retiens en me disant que je ne suis pas pour gâcher le moment une deuxième fois. Ce serait stupide, quand même. Ou pas? hehe. « Oli' .. » Je le regarde en souriant, me demandant ce qu'il pouvait bien vouloir me dire. « Je t'aime. » Je me met à rire, simplement parce que .. Parce qu'au fond, je ne sais pas quoi dire, mais pas duuu touuut. Oh bordel .. Que je suis niaise. C'est malsain, en fait. « .. Je t'aime aussi, tu sais. » J'avais hésité quelques secondes à prendre une voix d'homme, mais .. Mais j'ai décidé d'être sérieuse, pour une fois.




Aujourd'hui, c'est le grand jour. Après un an de fréquentation, j'ai décidé de présenter mon petit-ami à mes parents. Je suis en vacance et j'ai décidé de prendre ce temps pour aller voir mes parents à Venise avec Charles. Ça me fait extrêmement peur, même si je sais qu'ils ne pourront pas trouver quelque chose à lui reprocher. Ouais, je suis encore persuadée qu'il est parfait. Je l'ai présenté à ma grand-maman, déjà. Elle l'a trouvé sympathique et charmant, même si elle semblait totalement égarée. Je veux dire par là que lorsqu'elle lui parlait, elle ne le regardait même pas. Pourtant, elle est polie et .. Enfin, je ne sais pas, peut-être qu'avec l'âge, elle commence à perdre la tête? Je m'inquiète énormément pour elle.. Elle semblait si.. Perdue. Enfin.. Je sais que depuis la mort de grand-père, ce n'est pas toujours facile. Quelque chose de certain, c'est que je serai toujours là pour elle et que je lui ai dit que si elle n'était pas capable de me rejoindre, elle pouvait toujours tenter de contacter Charles si elle avait besoin d'aide. Je suis devant la porte d'entrée, Charles est à mes côtés. Je cogne à la porte par simple conformité, puis ma mère m'ouvre, toute heureuse de me voir. Elle me prend dans ses bras, émue, et mon père me regarde avec fierté. Mon père a toujours été extrêmement fier de moi. Je me souviens qu'il m'encourageait énormément quand j'étais à la petite école et il était fier de voir que j'étais toujours première de classe. Il m'a toujours dit que j'irais loin dans la vie et bref .. J'adore mon père. Je me recule, lance un regard à Charles et regarde mes parents de nouveau. J'attends patiemment qu'ils le regardent, mais .. Mais pas un seul regard. Je ne comprend pas.. Mes parents sont très accueillants, habituellement. Ce n'est pas la première fois que j'amène un garçon à la maison .. Ma mère me regarde, intriguée. « Tu n'étais pas censée amener ton petit-ami avec toi? » Je me demande vraiment ce qui ne tourne pas rond dans leurs têtes. Je pointe Charles, qui se trouve juste à côté de moi. Quoi, il a l'air de mon pote gay, peut-être? « Maman.. » Je ris nerveusement, un peu gênée de leurs réactions. Je balance mes yeux vers Charles comme pour dire à ma mère 'imbécile, c'est lui!' puis je souris, pour camoufler le tout. « Il va arriver plus tard, c'est ça? Qu'est-ce que tu me pointes, ma chérie? Il n'y a personne.. » Je crois que je vais paniquer, sérieusement. Qu'est-ce qui lui prend? Ahhh, je sais. C'est une initiation, j'imagine. Vous savez, le genre de blague idiote qu'une famille fait envers le nouveau venu pour l'inaugurer à la famille? « Hahah, maman, très drôle.. Maman, papa, je vous présente Charles. » Les deux me regardent sans broncher. Je crois que je vais perdre patience. La blague est terminée, ce n'est plus drôle, maintenant. J'ai vachement honte. « Oliver, il n'y a personne.. » J'crois que je vais me fâcher. C'est n'importe quoi! En plus, ils sont tellement sérieux que ça me donne l'impression qu'ils ne blaguent pas. Mon père ne tient jamais plus de deux minutes à ce genre de connerie. « Vous blaguez, j'espère? Ce n'est plus drôle.. Papa.. ? » Je le regarde, au désespoir. Ce n'eeeest pas drôle, bordel. Ce n'est plus drôle, plutôt. Je commence à angoisser, car ça fait près de cinq minutes que je me dandine comme une idiote avec mon petit-ami à mes côtés pendant que mes parents me regardent comme si j'étais une schizophrène. « Je suis désolé Oli'.. Mais je ne crois pas que ta mère blague.. Il n'y a personne à tes côtés.. » Les larmes commencent à me monter aux yeux. J'crois que je suis en colère. Je regarde Charles, qui lui, reste silencieux. Je fais plein de geste en sa direction tout en regardant mes parents, je laisse même une larme s'échapper pour montrer à mon père que ça m'atteint vraiment et qu'il ferait mieux de cesser ses conneries rapidement. « Ça suffit, vous le voyez aussi bien que moi, il est juste là, à côté de moi, vous le voyez, ne dites pas le contraire, c'est vraiment blessant. » Mes parents ne bronchent toujours pas, mais je vois dans le regard de mon père qu'il ne blague pas. Cependant.. Lui aussi voit que je ne blague pas. « Oliver.. Entre à l'intérieur de la maison, je vais te préparer quelque chose à manger. » Je le regarde, totalement vexée, puis je pleure toutes les larmes de mon corps avant de lui crier que non, je n'entrerai pas. Je me retourne, puis je quitte en entrainant Charles avec moi.




Je suis de retour à Paris. Je crois que je n'ai jamais pleuré autant.. Je n'en reviens toujours pas à quel point mes parents ont pu être aussi stupides avec Charles. Ils ont même osé me dire que je devrais consulter. Comme quoi .. Comme quoi je serais atteinte de schizophrénie. Je n'en reviens toujours pas.. J'étudie la psychologie depuis maintenant trois ans, et ils osent me dire que je suis atteinte d'une maladie mentale? Je suis une des élèves les plus brillante de ma classe, et je ne dis pas ça par prétention. On m'a toujours dit que j'étais surdouée, que j'étais censée.. Alors pourquoi, si je suis brillante à ce point, ne serais-je pas capable de reconnaitre que j'ai un trouble mental? Surtout que j'ai étudié plusieurs cas, et .. Et non. Ce n'est pas moi, ça. Mes parents se moquent de moi. Même grand-maman l'a vu, elle me l'a dit, qu'elle l'aimait bien! Charles est tout ce qu'il y a de plus réel. Le téléphone sonne. Je répond instantanément. « Oliver.. Ne raccroche pas. » Je pleure de nouveau. Le pire, c'est que je ne pleure presque jamais, habituellement. « Qu'est-ce que .. Qu'est-ce que tu veux? » Ma mère garde le silence avant de reprendre parole. « Wili'.. Je sais que c'est difficile à croire.. Mais il faut vraiment que tu m'écoutes, d'accord, mon ange? Je .. Tu dois consulter. » Mon cœur se serre, et je sens la colère monter en moi. Charles me regarde en jouant dans mes cheveux. Il me souffle à l'oreille.. « Ne l'écoute pas. Tu le sais bien, que je suis réel. Raccroche, maintenant. Ils ne m'aiment pas, c'est tout. » Je l'écoute, puis je raccroche aussitôt. Je me retourne vers lui, puis une vague de questionnement m'envahit. J'avais mit tant de temps à le convaincre de rencontrer mes parents et ma grand-mère.. D'ailleurs, quand des amis se présentent chez moi, il disparait à tout coup, comme s'ils ne voulaient pas les rencontrer. Je pense à ce que l'on m'a enseigné dans mes cours, puis .. Puis je doute. Et si j'étais vraiment schizophrène? Et si Charles n'existait pas? Je le regarde, avec haine. « Tu .. Tu.. Tu n'existes pas, c'est ça? Dit-moi la vérité.. » Il me regarde, estomaqué, comme si je l'avais choqué. « Tu rigoles, j'espère? Quand tu m'embrasses, tu me sens, non? Tu n'embrasses pas de l'air, Oli'. Je suis là, actuellement, devant toi! Comment.. Comment peux-tu oser douter de mon existence? » Je me recule, douteuse. J'avais tellement peur.. Étais-je folle? Je ne savais plus vers qui me tourner, désormais. Je le regardais droit dans les yeux, comme si je tentais de distinguer quelque chose de faux qui pourrait me convaincre qu'il n'est que le fruit de mon imagination. « Dis .. DIS-MOI LA VÉRITÉ! Pourquoi.. Pourquoi grand-maman ne savait pas où regarder lorsque tu l'as rencontré? Pourquoi est-ce que tu t'éclipses lorsque j'invite des amis à l'appartement? Pourquoi .. Pourquoi mes parents me mentiraient? Pourquoi .. POURQUOI EST-C'QUE T'ES SI PARFAIT? » Pour être en colère, je l'étais. Il s'approcha de moi, soudainement extrêmement tendre. Il posa ses mains contre mes joues, puis j'étais déjà plus .. Calme.. « Oliver.. Tu sais très bien que ta grand-maman se fait vieille.. Tu me l'as toi-même dit. Pour ce qui est de tes parents.. Je l'ai tout de suite vu, dans leurs visages, qu'ils ne m'appréciaient pas. Et.. Et je préfère passer du temps seul avec toi plutôt qu'avec tes amis.. Ça aussi, tu le sais. Je t'aime, Oli'. Je serai toujours là pour toi, tu sais.. » Puis un baiser avait suffit pour éliminer mes doutes.