Une petite fille de quatre ans joue dans sa chambre, sagement assise sur son lit. Plus loin dans la maison, deux personnes parlent. Non. Ils crient. Le ton monte de plus en plus et la gamine, les sourcils froncés et arborant une moue contrariée, se leva pour aller fermer la porte, comme chaque soirs. Mais cette fois-ci, elle rompit son geste devenu quotidien pour rejoindre ses parents, sa vieille poupée encore tenue fermement par sa petite main d'enfant. Plus elle avance dans le couloir, plus les éclats de voix se font clairs et elle pu comprendre ce pourquoi ils se disputaient encore. Elle.
"...Je te signale en passant que c'est ta fille aussi!" Sa mère, Elena. La fillette à hérité de ses cheveux noirs de jais et de son sourire d'ordinaire très joli. Mais cela fait un moment déjà que sa génitrice n'a pas paru heureuse. La mère, âgée d'à peine dix neuf ans aujourd'hui se tient au centre de la pièce, une veste à la main l'autre posée sur sa hanche. "J'en ai rien a foutre, d'accord?! T'es sa mère, tu reste avec elle! Moi je dois bosser ce soir!" Son père, Tyler. Lui est en face de sa petite amie et a l'air a deux doigts de craquer. Elena, elle, rit jaune et passe une main dans ses cheveux. "Bosser, tu parles! Vu que ce que tu fais est complètement illégal, j'appelle pas ça du travail! En plus on avait un deal il me semble! Tu devais garder Dolareen juste ce soir pour que je puisse sortir avec Lauren et les autres!" "Fais ce que tu veux mais il est hors de question que je garde la môme! Et ce truc 'illégal' comme tu dis, nous permet de payer le loyer et de bouffer alors ne la ramène pas trop!" Ignorant les protestations incessantes de Elena, Tyler sortit de la pièce. Inévitablement, il croisa sa fille qui s'était réfugiée près de la porte. Il ne lui adressa pas la parole et se contenta de poser une main froide sur le sommet de sa tête. Et quelques secondes plus tard, la porte d'entrée claqua. Elena soupire et remarque à son tour la présence de Dolareen. Dardant sa fille d'un regard noir, la jeune femme lui demande durement de rejoindre sa chambre.


Le temps passa. Et une sorte de routine s'installa. Jours après jours, Dolareen voit son père ignorer sa mère autant qu'il l'ignore elle et voit sa mère être occupée à glousser avec ses copines au lieu de prendre soin d'elle. L'année de ses dix ans, ses parent commencent à la laisser seule dans la maison et la fillette se contente de rester dans sa chambre. Toute trace d'amour ou de rire a totalement déserté le foyer, pour peu qu'il y ai déjà eu de la joie entre ces murs pâles et tristes...Très vite, Doraleen devient indépendante, apprend a se débrouiller seule. Elle mange seule, va à l'école seule, fait ses devoirs seule, vit presque seule. Et quand ses parents sont à la maison, ils ne font pas attention à elle. Ils n'ont même pas l'air de se soucier l'un de l'autre. Pourtant, Dolareen ne dit rien, préférant vraiment se taire. Pourquoi? Parce qu'elle a la trouille. Une peur bleue qu'ils l'abandonnent. Après tout, elle entre à peine dans l'adolescence et même si elle sait pertinemment que ses parents ne l'aiment pas, et surtout qu'ils se détestent à cause de sa simple présence, Dolareen a besoin d'eux. Et plus ça va, plus elle à horreur ça. Avoir besoin d'eux.


"Je suis vraiment, terriblement désolé mademoiselle Singer." Dolareen lança un regard glacial au médecin se trouvant en face d'elle, bien caché et protégé derrière son bureau. "Désolé? Vous êtes désolé? Je ne vois pas en quoi le fait que vous ayez pitié de moi va m'aider! Dites plutôt que vous allez virer cette putain de maladie de mon corps! Dites moi que je vais survivre à ça." L'adolescente de seize ans et des poussières serra les dents. L'envie de frapper, de pleurer et de hurler se bousculent en elle. Pourtant, elle reste calme et figée, s'interdisant de faire le moindre mouvement de peur de craquer. Ses parents, assis près d'elle, étaient sans voix. "Vous êtes sûrs de ce que vous avancez, docteur? Je veux dire, elle a seulement seize ans!", dit sa mère comme si tout cela l'intéressait. Depuis quand la vie de Dolareen avait une quelconque importance a ses yeux, de toute manière? "Hélas oui. Peu importe l'âge qu'elle a, personne n'est a l'abri du sida. Enfants, adolescents ou adultes, tout le monde peut l'attraper, pour peu qu'il manque de prudence."
Un manque de prudence. Ouais, c'est ce que ça avait été. Un manque de prudence doublé d'une connerie! Quelques mois avant, elle a fêté ses seize ans. Ce jour là fut celui qui signa son arrêt de mort, ou plutôt qui provoqua sa maladie. A cette époque là, Dolareen sortait avec un homme plus âgé qu'elle avec beaucoup plus d'expérience. Le fait qu'ils aient couché ensemble lui avait paru naturel au début...Mais aujourd'hui, l'adolescente déchante complètement. Ce qui n'avait pas été naturel, c'est le fait que ce pourri lui ai caché qu'il est malade et surtout qu'il ne se soit pas protégé une seule seconde ce fameux soir. S'en est presque risible. Attraper une maladie grave lors de sa première fois. Assise sur sa chaise, elle n'a qu'une envie, c'est de se barrer et loin. Dolareen n'écoute que d'une seule oreille le médecin expliquer le traitement lourd qu'ell va devoir suivre jusqu'à la fin de sa vie -qui ne risque de durer bien longtemps. Disons simplement que maintenant ses chances de vivre jusqu'à 100 ans sont bien inférieures à la moyenne!


Ses parents ne parurent pas plus inquiets que ça face à la maladie de leur fille. De toute façon, ce n'est pas comme si Dolareen ne s'y attendait pas. Elle savait parfaitement qu'ils étaient allés avec elle faire les tests pour la forme, pour qu'ils passent pou une sorte de famille unie, mais qu'il n'y aurait aucune soutien derrière. D'ailleurs c'est exactement ce qui se passa. Dolareen dut se débrouiller seule avec son traitement, Elena et Tyler ne voulant pas briser leur précieuse routine! Justement, ils étaient de moins en moins là et Dolareen ne s'en portait que mieux au fond. La pire serait qu'ils admirent sa déchéance. Parce que plus les mois défilaient, plus sa santé se détériorait. La brunette commença par maigrir. Beaucoup. Les médicaments avaient l'air de la bouffer presque autant que le sida et ses forces disparaissaient peu a peu. Souvent au début de son traitement, Dolareen s'écroulait en pleine journée et dormait des heures, ou encore vomissait parfois. Puis il y a la douleur a la fois physique et mentale. Parce qu'elle sait parfaitement qu'elle est condamnée. Alors un jour, la jeune fille de dix sept ans commence a s'intéresser de près à la mort. Elle s'enfonce, s'enferme dans une sorte de bulle sombre et hermétique. Non pas que Dolareen ait été un jour une fille joyeuse, croquant la vie à pleines dents etc etc...Non, elle avait toujours été plus ou moins en marge de la société, un peu bizarre et solitaire. Elle s'est de toute manière toujours cru différente par ce que ses parents l'ont eut jeunes et surtout, qu'ils la haïssent. Mais là, Dolareen laissa l'idée de mourir, l'idée d'être envahie de l'intérieur par quelque chose qui pouvait la tuer être le plus important. Souffrir signifie qu'elle est encore en vie et mon dieu, quel pied. Quel pied d'être sans arrêt sur la brèche, d'avoir le temps comté et de vraiment le savoir. L'idée de ne pas avoir un avenir glorieux ne l'avait pas du tout effrayée.

Du moins, pas jusqu'à ce qu'elle rencontre Skeleton.


Ce jour là, elle aurai sûrement du avoir peur. Elle aurait peut-être du se défendre, ou même essayer de fuir. L'instinct de survie, c'est humain après tout, non?! Mais Dolareen n'avait pas été terrifiée une seule seconde ni par lui, ni par ce qu'il aurait pu lui faire. Au contraire, elle l'a aimé. Immédiatement. Et lui, l'a épargnée. Puis il a fait pire que de la tuer. Il l'a fait espérer, il a fait en sorte qu'elle soit dépendante de lui. Skeleton. Ou Jack. Peu importe. Il est celui qui torture mentalement Dolareen. Il lui fait du mal, peut-être malgré lui. Mais merde, qu'est-ce qu'elle l'aime! Elle a su qu'elle souffrirait le jour même où ils se sont rencontrés, au moment même ou elle a croisé son regard...Mais elle savait également qu'elle l'aimerait beaucoup trop pour lui en vouloir une seule seconde. Pourtant, ce type est malade, complètement cinglé. Mais l'amour ne rend-il pas aveugle? Ou alors c'est juste cette part de folie en lui qu'elle adore. Ce monde qu'il lui offre, totalement différent. Avec cet homme, Dolareen n'est pas atteinte du sida. Elle est juste...elle. Il la sauve d'elle même, de ce qui la condamne a mort. C'est pour cela qu'il n'est pas au courant pour sa maladie. C'est son secret et jamais la jeune femme n'osera lui dire, de peur qu'il la laisse tomber ou alors qu'il la traite différemment. Ne plus paraître invincible a ses yeux lui briserait le coeur et elle perdrait sûrement la tête sans lui.
Ouais. Définitivement. Dolareen ne serait plus rien qu'une coquille vide, sans âme, sans but. Il fut finalement si facile pour la jeune femme de le suivre, de se droguer. Il fut si facile de s'enfoncer à pieds joints dans les ténèbres. Il fut même trop facile de devenir aussi folle que lui. Folle de lui.


Et finalement toutes les craintes de Dolareen furent vérifiées, le jour où Skeleton partit, la laissant derrière. Il l'a repoussée, l'a abandonnée. La seule trace qu'elle garda de lui fut son prénom, changé presque naturellement. Fasciné par sa chevelure noir, il l'avait rebaptisée "Blackbird". Ce surnom lui avait tellement collé a la peau qu'aujourd'hui, elle ne supporte plus qu'on l'appelle autrement. Dolareen n'est plus, point. Blackbird a pris toute la place et a fait d'elle une autre femme. Quelqu'un d'un peu plus fort, sûrement, mais quelqu'un de dangereux également. Quelqu'un d'aveugle, de dépendant à une seule et même personne. Mais bizarrement, la jeune femme brisée ne regretta pas une seule seconde les choix qu'elle avait fait. Elle ne regrettait absolument pas de l'aimer, ne regrettait pas d'avoir ignoré les regards et les remarques. Elle ne regrettait pas d'avoir envoyé chier ceux qui avaient essayé de la séparer de celui qu'elle considère comme l'amour de sa vie. Elle ne regrettait pas d'avoir souri lorsque ses parents, lassés de la voir malade et faible, l'avaient foutue dehors. Blackbird ne regrette pas d'avoir été utilisée et détruite. Mais elle n'en a pas fini. Non, pas encore.


Aujourd'hui, Blackbird a 24 ans. Elle vient d'arriver à Paris. Cela fait douze long mois qu'elle a été séparée de Skeleton. Un an qu'il l'as larguée, comme ça, la laissant ne devenir qu'une simple entité, sans but réel dans la vie. Après son départ, Blackbird avait pris sa vie en main. Bien sûr, elle était toujours malade, toujours faible, toujours beaucoup trop maigre au point qu'on la croit anorexique. Bien sûr, elle était toujours fatiguée, mais elle avait tout de même trouvé du travail. Elle avait survécu en attendant impatiemment le jour où elle pourrait enfin partir. Où elle pourrait enfin le retrouver, comme elle l'avait promis. Oui, l'enfer l'a totalement submergée, l'as avalée toute entière par la faute de Skeleton, de son amour pour lui. Il faut croire que le chaos la rend heureuse. Oui assurément. C'est en souffrant par sa faute qu'elle se sent bien.

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