« Je bois toutes les nuits, mais tous les whiskies pour moi ont le même goût et tous les bateaux portent ton drapeau, je ne sais plus où aller tu es partout. je suis malade, complètement malade. je verse mon sang dans ton corps et je suis comme un oiseau mort quand toi tu dors. je suis malade, parfaitement malade. »

Depuis qu'il avait reçu le dernier SMS de Jéricho lui annonçant qu'il fallait qu'ils discutent de certaines choses, l'estomac de Julian s'était serré, son cœur tambourinait à tout rompre dans sa poitrine et le stress faisait trembler chacun de ses membres. Il ne pouvait malheureusement rien faire d'autre que d'attendre, attendre que son amant le rejoigne chez lui. Pour passer le temps et pour éviter de trop y penser, Julian avait opté pour une activité qui, non seulement, lui permettrait de remettre de l'ordre dans la comptabilité de sa boutique mais qui, aussi, lui donnerait l'occasion de se replonger entièrement dans ses propres affaires. Après son séjour à l'hôpital, c'était criblées de factures qu'il avait retrouvé sa boîte aux lettres. La plupart ne lui était pas directement adressées mais toutes étaient relatives à sa société. Il y avait énormément de retard dans ses paiements, sinon les ordres permanents qui partaient généralement au début de chaque mois, seuls. Et Julian savait qu'il en aurait pour plusieurs heures à trier ce qui était important et ce qui pouvait attendre. En training, parce qu'il avait décidé de trainer à la maison toute la journée, il prit place sur le sofa dans son salon (rappelons tout de même qu'il s'agit d'un studio et que donc, le salon fait office de salle à manger aussi) et avait étalé sur la table basse toute la paperasse qu'il s'apprêtait à trier. Malheureusement, même si son esprit se focalisait sur les paiements en retard et sur tous les chiffres qui s'alignaient devant lui, son cœur n'arrêtait pas de penser à Jéricho, à leur relation plutôt étrange et à ce qu'ils avaient traversé. Si un jour on lui avait dit qu'il serait capable d'éprouver à l'égard de ce dernier de l'affection plutôt que de l'aversion, Julian n'y aurait jamais cru. Jéricho était le genre d'homme qu'il n'aimait pas, le genre d'homme en qui on ne peut pas vraiment avoir confiance et avec qui on ne cherche pas à construire quelque chose de stable. Sa relation avec Ella en était une preuve suffisante, preuve que les sentiments qu'il éprouvait aujourd'hui, pour celui qu'il avait toujours considéré comme étant un rival dans sa course à Cheshire, n'étaient pas saints. Pourtant, ils étaient là, ils étaient bien là. Et Julian se détestait de pouvoir être tombé amoureux de Jéricho. Malheureusement pour lui, l'adage qui disait "le cœur a ses raisons que la raison ignore" était, dans ce cas précis, justifié. Alors il attendait, dans le stress ! Les récents évènements faisaient qu'aujourd'hui, Julian doutait énormément du potentiel que pouvait avoir sa relation avec Jéricho. S'ils avaient bien essayé de construire quelque chose, il fallait avouer que la crise que lui avait faite, la veille, Julian avait bien ébranlé le peu de sentiments qu'ils pouvaient partager. C'était cependant assez compliqué de gérer une relation dont nous-même ignorions les raisons. Julian était en terrain inconnu et pourtant, lorsque Jéricho était avec lui, il se sentait étrangement transporté et rien que pour ce feu qui brûlait en lui à chaque fois que les mains de Jer' se posaient sur lui, il était prêt à prendre le risque de tout perdre. Il avait droit à ce bonheur, il le méritait ! Et puis, la porte d'entrée claqua et ce fut le début de quelque chose d'incroyable.

Il n'a pas le temps de le voir que son coeur s'emballe déjà. Tambourinant à tout rompre contre sa poitrine, Julian se redresse sur ses jambes. Jéricho est là, il s'approche, sans un bruit, en silence. Et brusquement, c'est l'oppression. Un seul SMS qui a invité le doute à s'installer dans leur "relation" déjà bancale et qui, à présent, donne à Julian cette curieuse impression de fin qui ne semble pas vouloir s'estomper. L'expression neutre, Jéricho se rapproche encore. « Ne pose aucune question. » le ton employé est tout aussi neutre et dénué de tous sentiments que le reste. La situation est insupportable et pourtant, Julian y survit. Il le regarde, ne dit rien, se tait et pourtant, il aurait tant de chose à lui dire, tant de question à lui poser. Il se tait et son coeur s'emballe. Il a l'impression que celui-ci est devenu tellement bruyant qu'on n'entend plus que lui. Le silence s'impose une nouvelle fois et puis, Jéricho se rapproche encore. Julian sent alors le sol glisser sous ses pieds, ses jambes trembler et ses membres se crisper lorsque les mains de Jéricho se posent sur sa taille. Il l'enlace, il l'attire et immédiatement, ses lèvres se plaquent contre les siennes. Un baiser auquel Julian ne s'attendait pas, un vrai baiser. Un échange, un partage ! Cette impression de fin s'estompe enfin et laisse place à cette douce saveur d'un commencement, d'un début. Julian le prolonge, enlaçant alors la taille de son amant qui, brusquement et sans même qu'il ne le devine, vient de devenir son petit-ami exclusif. Une relation qui prend enfin forme, qui se concrétise. Tremblant, Julian laisse Jéricho se retirer doucement et puis... « Il n’y plus que toi et moi. Rien que tous les deux. » Les yeux dans les yeux, Julian ne parvient pas tout de suite à comprendre le sens de cette phrase, hésitant entre sourire ou s'inquiéter. Le visage figé dans une expression grave, Jéricho continue, esquissant un léger sourire. « J’ai quitté Ella… Je ne regrette rien parce que… J’ai besoin de toi, que je t’aime et ça n’aurait jamais marché si je restais avec elle » Le coeur de Julian se loge au bord de ses yeux, son sang ne fait qu'un tour et vient frapper douloureusement ses temps. Bruit assourdissant, insupportable. Il ferme les yeux, les rouvre et sent la main de Jéricho se loger doucement sur sa joue, le caressant avec une tendresse dont il ignorait jusqu'à présent la saveur. « Je ne veux pas te faire revivre le fait de rester dans l’ombre. » Une attention, une volonté, Julian est touché. Esquissant un sourire, il se sent tout de même obligé de garder les pieds sur terre. Il n'autorise dès lors pas son coeur à s'emballer outre mesure, cherchant avant tout à rester raisonnable. Le ton neutre, il ravale difficilement et murmure. « Jé.. Jéricho... tu es sûr ? » Il hésite, il cherche ses mots. Il ne sait pas quoi dire, il ne sait pas quoi faire. Lui qui n'a jamais vécu que dans l'attente d'un geste d'un homme dont il était éperdument amoureux voyait aujourd'hui un autre homme faire ce que jamais personne n'avait fait pour lui. Une preuve d'une affection sincère et profonde, une preuve d'amour. Le coeur au bord des lèvres, il lui sourit. « Je ne veux pas que tu le regrettes... » Et pourquoi n'arrive-t-il pas à accueillir simplement cette nouvelle avec légèreté et joie ? Simplement parce qu'aujourd'hui, Julian est conscient que Jéricho a pris une décision qui changera considérablement le cours de sa vie, de leur vie et qu'il est parfois des choix que l'on ne devrait jamais prendre à la léger....

Tu es dans cette longue rue à sens unique dont tu ne vois pas la fin. Tu vois devant toi, tu sais ce qui t’attends si tu avances tout droit. Puis à un moment, tu vois une autre rue. Tu peux tourner à gauche, le hic c’est que ce chemin t’est totalement inconnu et que le béton fait place à une route digne d’un parcours de moto cross. Tu hésites. Soit tu continues dans cette rue sachant sur quoi tu vas tomber ou alors tu prends un autre tournant. Et là, sans savoir pourquoi, tu bifurque dans cette rue à gauche. Oui c’est risqué, tumultueux, tu es quasiment certain que tu rencontreras un jour un obstacle trop difficile à franchir et tu te casseras la gueule. Et alors ? Tu t’en tape parce que c’est ce putain de risque qui te donnes ton oxygène, petite dose d’adrénaline et tu planes. T’aimes ça, t’aimes ne pas savoir où tu vas. Te perdre, tomber, te relever. Tu dois être maso au fond. Tu as aussi cette noirceur en toi. Tu l'as toujours eu. Pourtant tu tentes encore de la cacher. Ouais, tu aimes autant souffrir que faire souffrir. Tu pousses à bout. Tu tests constamment les limites, autant les tiennes que celles des autres. Co*nard. Ouais t'es un con*ard. Mais le pire c'est que ça te fais jubiler. Tu touches quelque chose du bout des doigts, tu l'attrape pour le jeter dès qu'il ne t'amuse plus. La souffrance, tu ignore autant le tienne que celle des autres. Peu importe, elle fait partie de la vie et tu l'as bien intégré. Mais au milieu de tout ça. Il y a Julian. Il te fais perdre les pédales bordel. Il fait tomber le masque et voit au plus profond de toi. Il écarte la noirceur et laisse apparaître cette lumière, faisant tomber ce masque. Il sait que tu es capable du meilleur comme du pire. Tu perds totalement pied quand tu es avec lui. Tu oublie le reste et tu ne vois que lui. Bordel t'es fou Jéricho. Tu viens de laisser tomber Ella, tu viens de la briser parce que tu es raide dingue d'un type à qui tu as tabassé la gueule quelques jours plutôt. Tu t'es encore fait avoir par ton coeur on dirait.

« Jé.. Jéricho... tu es sûr ? » Sa voix me ramène à la brusque vérité. Mon regard vient s'encrer dans le sien. Fuck, j'suis sûr Julian ! J'ai jamais été aussi sûr de moi que à cet instant. Je te veux. Ferme-là et arrête de douter pour une fois. Mais mes mots restent coincé dans ma gorge. Ils refusent de sortir. Alors j'essaye de lui faire comprendre par un sourire, par un regard, par un baiser. Mes lèvres viennent chercher les siennes. Elles se posent avec un douceur infinie. Et je l'embrasse avec passion. Mon coeur s'emballe une nouvelle fois. Mes mains deviennent moite, mon estomac se noue et ma gorge se serre encore un peu plus. Je donnerai n'importe quoi pour ce contacte avec ses lèvres. Le temps se fige l'espace d'un instant. Je vendrai mon âme pour qu'il ne s'arrête jamais. J'ignore mes poumons qui me réclament de l'oxygène. Mes lèvres refusent de quitter les siennes. J'emmerde la terre entière à ce moment là. J'emmerde la vie. Il est là, il est avec moi et je reste me semble tellement futile. Puis je me détache enfin de lui, reprenant ma respiration. Ma main se pose délicatement sur sa joue, que je caresse. Mes yeux se fondent dans les siens. « Je t'aime » J'ai ce besoin insatiable de lui. Plus il me donne et plus je réclame encore. Je dois être un éternel insatisfait. Ma main vient prendre la sienne et j'entrelace mes doigts aux siens. Je l'entraîne dans la chambre. Mon corps vient se coller au sien, cherchant la chaleur agréable qui en émane. De nouveau, je viens l'embrasser avec plus de fougue et je me laisse tomber sur le lit, l'entraînant dans ma chute. « On va se laisser une chance. On l'a mérite toi et moi. Oublions les autres et soyons égoïstes, on le mérite Julian » Mes mains se glisse sous son tee-shirt. Je me mord la lèvre inférieur. Mon corps entier le réclame, je me presse un peu plus contre lui et commence à déboutonner son jeans. « Fais-moi l'amour »