“It's been a long time

since I came around.„

Cela faisait maintenant plus d'une semaine que j'avais retrouvé Alcide. Cela faisait maintenant une semaine que je ne lui avais pas adressé la parole et que je travaillais comme un fou pour l'éviter. Je faisais comme Aaron, je fuyais comme un être stupide face au militaire. Je devais me reprendre en main et alors que je marchais dans la rue Tolbiac pour rentrer chez moi après ma garde à la Pitié-Salpêtrière, je sortis mon téléphone portable pour lui écrire un texto. Nous étions dimanche et j'allais lui rendre cette visite pour déballer ses cartons. Je le lui avais promis et je me devais de tenir parole.

J'arrive dans une heure pour déballer tous tes cartons.

Une simple phrase expliquant clairement mes attentions et qui l'informais que dans une heure - qu'il le veuille ou non - je serais chez Alcide en train de faire ce que nous avions décidé tous les deux sur cette terrasse d'un café. Je rentrais alors chez moi, je pris une douche assez rapidement et repartis presque aussitôt avec la veste du militaire dans mes mains. Il fallait bien que je la lui rende un jour ou l'autre même si j'aurais apprécié de la garder encore un peu. Je fermais donc la porte derrière moi pour me rendre à la première station de métro qui me mènerait jusqu'au 16ème arrondissement. J'adorais le métro parisien. Je trouvais que ce moyen de transport avait un charme fou et que c'était ce qui faisait de Paris, Paris.

Assis dans un coin du wagon, j'observais la ville. La nuit commençait déjà à tomber et la Tour Eiffel était illuminée. Autour de moi, rien n'avait d'importance, je fixais simplement ce monument jusqu'à ce qu'il disparaisse pour ensuite qu'il réapparaisse à nouveau lorsque nous sortions de la station. Je restais ainsi un bon quart d'heure avant de me rendre compte que j'étais finalement bientôt arrivé à destination. Je me levais donc de mon siège pour me préparer à sortir dès que le métro serait arrêté. Vous connaissez tous la folie parisienne qui veut que à peine arrêter toutes les portes s'ouvrent. Je faisais parti de ces parisiens même si le métro restait un endroit où j'aimais me rendre pour réfléchir et m'isoler. Veste en main, je sortis rapidement de la station pour me retrouver non loin de l'avenue Foch que j'apercevais déjà au loin. A pied, je commençais par traverser la route pour m'y rendre et être du bon côté de la route. Je commençais à chercher le 13 de l'avenue et je le trouvais finalement après quelques minutes de recherche. Je levais un instant les yeux pour admirer l'immeuble que je n'avais pas vu depuis un moment déjà. Alcide avait emménagé peu de temps avant qu'il ne parte pour l'Afghanistan et je l'avais en quelque sorte aider à trouver l'appartement dans lequel il était aujourd'hui. Cela faisait longtemps que je n'étais pas venu par ici mais maintenant que j'y étais, je ne pouvais faire demi-tour. J'appuyais donc sur l'interrupteur et une voix masculine retentit au travers. « Alcide, c'est moi... C'est Cassandre. » Un peu plus et je faisais comme j'avais l'habitude de le faire avant que nous nous quittions, avant qu'il ne se rappelle plus de moi. Le simple "c'est moi" était ce que je ne cessais de lui répéter lorsque nous étions ensemble et que je me rendais chez lui ou que je lui téléphonais.

La porte s'ouvrit et je pénétrais enfin dans l'immeuble pour me rendre à l'étage qu'il fallait. Assez rapidement, je me retrouvais derrière sa porte. Je pris une grande inspiration et je terminais par sonner. La visage d'Alcide apparut et un énorme sourire vint se loger sur mon visage en même temps que je le dévisageais. Après quelques secondes de silence et de contemplation, je pris enfin la parole. « Tiens, c'est pour toi. » Lui dis-je en lui tendant sa veste que je n'avais pas oublier. « Comme promis, je te la ramène même si ça a mis plus longtemps que prévu. » Je lui souris et terminais par me rapprocher de lui pour lui faire la bise en signe de salutation. Mon cœur faisait de bon dans ma poitrine. J'avais toujours aussi peur d'être à ses côtés, de faire un mauvais pas et qu'il se rende compte que nous n'étions pas que des amis, que nous avions vécu bien que cela avant qu'il ne parte pour l'Afghanistan. Mais, comme toujours, je lui faisais le plus beau des sourires pour cacher mon appréhension et cette peur que je ressentais à chaque fois que je le retrouvais. Sa perte de mémoire de m'aider pas. Tout aurait été si simple s'il se souvenait de tout. Même si Alcide m'aurait détesté, j'aurais préféré qu'il ne perde pas sa mémoire et qu'il se souvienne de tout ce que nous avions vécu jusqu'à notre violente dispute d'avant son départ. « Tu me fais entrer ou on va se regarder dans le blanc des yeux toute la soirée dans l'encadrure de ta porte d'entrée ? Je te signale que je suis là pour déballer tes cartons et non pas pour te rendre simplement cette veste... » Je riais légèrement et je retirais à mon tour le manteau que je portais pour me retrouver en tee-shirt devant lui.

Étalé de tout son long sur son lit, Alcide se réveilla en sursaut sous les détonations bruyantes de son réveil dont l'heure affichait "18h00" du soir. Il avait complètement oublié de le couper et le maudissait du regard. En bonne marmotte qu'il était, des réveils dans ce genre là, il s'en passerait bien! Des frissons l'assaillirent, l'extirpant de son cocon de chaleur tandis qu'il remarquait le drap au sol, et lui nu comme un vers, les poils hérissés comme des 'i'. Quelle idée d'ouvrir la fenêtre aussi?! Décidément, cette soirée commençait mal, et on pouvait déjà sentir le militaire ronchonner comme un cochon. C'est décidé, il ne bougerait pas du lit! Sa soirée de la veille l'avait bien cassé. Mais alors qu'il persistait à jouer les marmottes, son portable se mit à vibrer. « J'arrive dans une heure pour déballer tous tes cartons » de Cassandre. Ce fut comme une décharge électrique! Alcide voulut s'extirper de ses draps mais dans la précipitation, il se prit les pieds dans son oreiller (oui, son oreiller s'était bizarrement retrouvé à ses pieds) et tomba à la renverse, rencontrant le sol de plein fouet. « Aie » Ça lui apprendra tiens! Grommelant contre l'oiseau de mauvaise augure qui tournait au-dessus de sa tête, il se hâta avec un engouement non feint jusqu'à la douche, bien décidé à recevoir Cassandre comme il se doit. Chaque jour, il avait attendu avec impatience le message de l'infirmier, et chaque soir, en jetant un coup d'œil sur son portable, il en était ressorti déçu, craignant que ce dernier ait laissé tomber l'idée de venir lui filer un coup de pattes pour le déballage de ses cartons. Alors imaginez le maintenant...C'était une vraie pile électrique, ou plutôt un ouragan, cherchant par quoi commencer...Douche? Petit Déjeuner? Ou ranger son appartement? Il opta pour le premier choix et fonça sous la douche, savourant la chaleur de l'eau contre sa peau. Les yeux fermés, Alcide repensa au jeune homme, à son sourire diaboliquement irrésistible, à son regard captivant, à ses lèvres qui ne demandaient qu'à être croquées...Il se mordit la lèvre, noyé dans un bain de désir dont il ne pouvait en ressortir que frustré. Il tourna brusquement le levier et opta pour une douche glacée, ça lui remettra les idées en place. « Merde » Si seulement ça pouvait être simple...Ses pensées dérivèrent vers la fois où il était tombé sur Fleur et Cassandre...Cette fois-là où le blondinet avait limite pété un câble. Il ne comprenait toujours pas. Enfin, il avait bien des doutes, mais il n'osait pas en parler au concerné, il craignait de se ramasser un vent monumental. Après tout, il se faisait peut-être des idées? Il n'aimait pas le voir dans un tel état, chamboulé et triste, ça lui brisait le cœur. La culpabilité l'avait frappé de plein fouet lorsqu'il avait constaté qu'il s'était souvenu de Fleur, mais pas de Cassandre...Pourquoi? Les questions le tiraillaient de toute part! Pourquoi se souvenait-il d'elle et pas de l'infirmier? C'était une question à laquelle il n'avait jamais trouvé de réponse. Après sa douche rafraichissante, il opta pour un simple jeans délavé et un marcel blanc, laissant ses épaules et ses pieds dénudés. GRMRLMRLRMRL! Ah, ça, c'était son estomac qui criait famine! Comme chaque matin, Alcide se concocta deux tartines au Nutella, dégustant cette saveur particulière avec une gourmandise puérile. DING DONG. Déjà? Le militaire bondit de sa chaise pour aller ouvrir à Cassandre, à la limite de l'excitation à l'idée de le revoir. Il devrait sérieusement se calmer [...] « Alcide c'est moi, Cassandre... » ; « C'est bon, rentre! » répondit-il à l'interphone en ouvrant déjà sa porte d'entrée pour accueillir chaleureusement le beau blond. Lorsque celui-ci arriva enfin, il ne put s'empêcher de frémir. L'infirmier lui faisait toujours autant d'effet. Ce dernier rompit leur échange visuel en lui rendant sa veste. « Tiens c'est pour toi! Comme promis, je te la rends même si ça a mis plus longtemps que prévu! » Alcide récupéra son bien sans perdre du regard son vis-à-vis. « T'inquiètes, j'en ai d'autres de toute façon! J'espère qu'elle t'a tenu chaud? » Il ne s'était même pas rendu compte qu'il était resté sur le seuil de la porte, à contempler son ami. Quelle tête dans les nuages celui-là! D'ailleurs, Cassandre, ne manqua pas de lui faire la remarque. « Tu me fais entrer ou on va se regarder dans le blanc des yeux toute la soirée dans l'encadrure de ta porte d'entrée ? Je te signale que je suis là pour déballer tes cartons et non pas pour te rendre simplement cette veste... » Des rougeurs s'immiscèrent sur ses pommettes et, gêné, il se recula vivement de l'entrée, l'invitant à entrer.[n] « Ah euh oui, rentre et fais comme chez toi! File moi ta veste que je la mette au porte-manteau! »[/b] Sa veste en main, il chercha du regard son porte-manteau avant de se prendre un vent magistral. Il n'avait pas de porte-manteau. [...] « Euh...Je crois que je n'en ai pas en réalité... » Comme se rendre ridicule en une leçon. « Bon, le fauteuil sera très bien... » Aussitôt dit, aussitôt fait. Il déposa la veste de Cassandre sur le fauteuil, se traitant mentalement d'idiot. « Tu veux quelque chose à boire? À manger? » ajouta-t-il pour faire diversion, ni vu ni connu. « J'allais justement me faire un café... » Il se dirigea vers la cuisine pour se préparer sa petite boisson chaude du matin, pour le réveiller...Bien qu'il le soit déjà complètement depuis le message de Cassandre.

Immobil devant l'entrée d'Alcide. Je le contemplais de tout son être. Je savais que je n'aurais pas dû venir, que je n'aurais pas dû lui prendre cette veste car je savais pertinemment que le revoir à nouveau me tenterait plus que tout. Je devais résister. Je devais être son ami et non son petit-ami comme il l'ignorait jusque là. Je voulais qu'il continue de vivre dans cette illusion que j'avais créé malgré les réticences d'Aaron à ce sujet. Lui voulait que je ne lui cache rien, que je lui avoue enfin la vérité. Mais c'était bien trop difficile à faire, je ne voulais pas le perdre encore une fois. Je lui tendis donc sa veste, me débarrassant de son odeur, d'une partie de lui même si j'aurais préféré la garder éternellement pour moi. « T'inquiètes, j'en ai d'autres de toute façon ! J'espère qu'elle t'a tenu chaud ? » J'acquiesçais d'une signe de tête, lui souriant en même temps pour lui montrer toute ma gratitude.
« Heureusement que t'étais là. Sinon, je serais mort congelé dans les rues de Paris et ça n'aurait certainement pas été très esthétique dans cette ville de bourge. » Lui répondis-je avec une certaine ironie. Je préférais en rire que de me demander comment j'allais agir avec, que de me dire qu'il fallait que je résiste à ses lèvres, à son regard sur moi et à cette envie presque automatique de lui sauter dessus. Tout aurait été si simple si nous nous étions pas engueulé avant son départ...

Finalement, le militaire me laissa entrer après que je lui fasse une petite remarque à ce sujet. Il avait l'air gêné que je sois obligé d'insister pour entrer chez lui. Je fis donc mes premiers second pas dans son appartement. J'observais le salon sur lequel je tombais directement, pendant qu'Alcide se débattait avec mon manteau pour le poser sur un porte-manteau, apparemment, inexistant. Je rigolais légèrement. Comment pouvait-il être aussi mignon, aussi craquant et charmant en même temps ? Je luttais de tout mon être pour rester à ma place et ne pas dépasser les limites que je m'étais donné avec lui depuis son retour à Paris. « Tu sais au moins ce qu'il te reste à acheter maintenant... » Continuais-je dans la lancée. Je le taquinais et je m'en amusais. Je reprenais alors mon observation du salon. Je l'avais déjà visité même si à l'époque où je l'avais fait, aucun meuble ni aucun cartons ne trainaient dans les parages. L'appartement était entièrement vide la dernière fois que j'étais venu ici. Aujourd'hui, je découvrais d'une autre manière ce logement que j'avais conseillé à mon petit-ami qui n'était que mon ami maintenant.
« Tu veux quelque chose à boire ? À manger ? J'allais justement me faire un café... » Je me retournais vers Alcide pour terminer par le suivre jusque dans la cuisine. Je m'installais sur l'une des chaises et je déposais mon regard sur le jeune homme.
« Je veux bien un café...également. » Lui répondis-je tandis qu'une tout autre pensée accompagnée cette phrase : « Je veux bien un café si un bel homme comme toi me le prépare ». Cette pensée expliquait bien pourquoi j'avais légèrement bégayé avant de prononcer le "également" qui était sorti de ma bouche. Je soupirais légèrement pendant que le militaire préparait notre délicieux nectar caféine. Mes yeux continuèrent d'observer la pièce, jusqu'à ce qu'il se focalise sur le dos d'Alcide. Plus les secondes passées et plus ce regard descendait le long de sa colonne vertébrale pour se retrouver au niveau de ses fesses. Le jeune Rodriguez me tournait le dos et je n'avais pas pu résisté à cette partie de son corps qu'il m'offrait sur un plateau d'argent.

Je me levais brusquement, surprenant probablement mon ex, et je quittais la pièce. L'excitation que je ressentais subitement devait partir, s'envoler, disparaître et ne plus revenir. C'était sans nulle doute le meilleur moyen pour y arriver car je me voyais mal rester assis à le regarder faire alors que la seule dont j'avais réellement envie était de me coller à lui, de sentir son corps contre le mien et d'embrasser chaque parcelle de peau nu qu'il me donnait avec son débardeur. Je devais à tout prix reprendre mes esprits. Je m'exilais donc dans le salon, jetant mes yeux un instant vers l'extérieur avant de revenir vers les cartons. Je commençais à les ouvrir. Le premier n'était pas très intéressant pour ce que je voulais en faire. Je le déposais donc à mes pieds. Cependant, le deuxième attira mon attention. Toutes ses photos étaient dedans ainsi que quelques babioles auxquelles Alcide devait tenir. J'attrapais le premier cadre photo et je le découvrais avec sa sœur. Je souris avant de le déposer sur le canapé. Je commençais à fouiller dedans, à chercher un quelconque cliché de nous deux qui pourrait lui mettre la puce à l'oreille. Ce que je finis par trouver. Une photo de nous deux, sur le lieu de notre première rencontre. Je me souvenais très bien de ce cliché. Nous étions assis sur l'un des bancs du jardin des tuileries et Alcide déposait un baiser sur ma joue tandis que je souriais face à l'objectif. Cette photo était magnifique. Je la fixais un moment, ne remarquant pas alors que le militaire revenait vers moi avec mon café. Pris par surprise et en panique, je glissais la photo en question dans la poche arrière de mon jean et j'attrapais la boisson chaude qu'il me tendait. « Tiens, regarde ce que je viens de trouver... Une photo de toi et ta sœur. » Je lui donnais le cadre et lui souris. Je bus finalement une gorgée de ce délicieux café.

« Heureusement que t'étais là. Sinon, je serais mort congelé dans les rues de Paris et ça n'aurait certainement pas été très esthétique dans cette ville de bourge. » Alcide rigola légèrement en imaginant la scène. Il est vrai qu'il aurait sans doute fait l'objet d'une animation certaine s'il s'était transformé en glaçon. « Tu sais au moins ce qu'il te reste à acheter maintenant... » Il avait bien de la chance d'être aussi mignon, sans quoi il lui aurait assener une petite tape mécontente. Eh oui, dans sa grande maladresse, Alcide avait complètement oublié qu'il n'avait pas de porte-manteau. D'ailleurs, il n'y avait pas grand chose dans son appartement si ce n'est les meubles nécessaires. « Merci de me le faire remarquer » dit-il dans un petit sarcasme. Le porte-manteau n'était pas une priorité, mais il devrait l'ajouter sur sa liste de cadeaux de noël s'il ne voulait pas refaire la même scène avec d'autres invités. Tête en l'air comme il était, son quotidien était souvent parsemé de petites étincelles. Le militaire remarquait bien que Cassandre le taquinait, et il appréciait cette facette de lui, ça le rendait encore plus attirant. « Je reviens! Mets-toi à ton aise! » Il se hâta dans la cuisine, foulant le sol à pieds nus pour se retrouver devant sa machine à café, son petit luxe parmi ses nombreux petits péchés. Il savourait l'odeur âcre, essayant de faire abstraction de la présence de l'infirmier qui le troublait plus qu'il ne l'aurait pensé. Heureusement qu'il ne l'avait pas près de lui, il aurait tout bonnement incapable de se concentrer. Certes, il n'y a pas besoin de grand chose pour faire du café, mais le connaissant, il aurait, par exemple, fait tomber sa tasse de thé par terre, pire, sur lui ou sur cassandre. Bref, ne parlons pas de malheur!

Il entendit Cassandre quitter brusquement la pièce, manquant de faire tomber sa cuillère non pas dans la tasse et mais au sol. Il jeta un furtif coup d'œil derrière lui pour confirmer ses pensées. Qu'est-ce qui s'était passé? Les sourcils froncés, Alcide espérait que son invité de marque ne se soit pas éclipsé incognito, il le prendrait mal. Il n'avait pas encore entendu de porte claquer, c'était plutôt bon signe? Tout en s'emparant du plateau sur lequel reposaient deux tasses fumantes, un pot avec du sucre et une petite bouteille de lait, le tout accompagné de petits biscuits, le brésilien rejoignit Cassandre dans le salon. Ce dernier avait déjà commencer à déballer un carton et lui tendait une photo de Georgia. « Tiens, regarde ce que je viens de trouver...Une photo de toi et ta sœur » Il prit la photo en main et découvrit le visage rayonnant de sa cadette. C'était la première personne chez qui il avait été après son retour d'Afghanistan, la seule qui avait réussi à le soutenir, à le rassurer. « Georgia vient tout juste de partir pour 6 mois en Australie en Allemagne. » Elle avait toujours été passionnée par les langues et, après avoir approfondi le français, l'anglais et l'espagnol, voilà qu'elle s'attaquait à l'allemand. Quant à Alcide, il se contentait de l'anglais, l'espagnol et le français. Il s'installa en face de Cassandre après avoir déposé le plateau sur la petite table en verre. « Je ne sais pas si tu aimes ton café avec du sucre et du lait, j'ai préféré que tu assaisonnes à ta manière. » Lui ne manqua pas de mettre deux sucres dans son café avec un soupçon de lait, et trempa son biscuit dans la délicieuse substance brûlante. Il s'attaqua à un carton qui lui faisait face. « Bon...C'est parti! J'espère qu'on ne découvrira pas des choses compromettantes » ajouta-t-il pour plaisanter.

J'avais préféré fuir la cuisine. Comme Aaron, je fuyais alors que je lui avais pourtant dis qu'il n'aurait jamais dû agir de la sorte avec moi. Cependant, je me réconfortais dans le sens où la situation actuelle avec Alcide n'était pas la même que celle que j'avais vécu avec le neurologue. Je n'avais pas totalement tord, n'est-ce pas ? Alors que je retournais dans le salon pour ne pas céder à la tentation du corps du militaire, je me dirigeais vers ces cartons pour finir par en déballer un. Je trouvais quelques photos dont l'une était un cliché de nous deux ensemble dans un passé pas aussi lointain que je ne me l'imaginais. Je souriais bêtement face à cette photo que je n'avais même pas chez moi puisque ce fut avec l'appareil de mon ex que je l'avais pris. En cette seconde qui s'écoulait lentement, je me revoyais dans ses bras, partageant une soirée à deux comme nous aimions le faire avant que tout ne dégénère. Révélation inattendue et dispute violente. Voilà à quoi je pensais lorsque je me remémorais le plus souvent Alcide et notre relation. Je me souvenais du plus tragique et du plus dramatique. Pourquoi ? Sans doute parce que ce fut la fin d'une histoire que je chérissais depuis son début.

Surpris par l'arrivée de mon ex dans le salon, je cachais rapidement ma trouvaille pour me concentrer sur le café qu'il apportait et la photo de sa sœur et lui que je venais de trouver dans le carton que j'avais choisi. Je n'arrivais pas à savoir ce qu'il avait, ni même s'il avait aperçu ce que j'admirais avec ce fameux sourire pathétique. J'espérais simplement qu'aucune pensée, ni aucun doute ne lui vienne à l'esprit. Le mieux serait qu'il n'est rien vu et j'avais la nette impression que c'était ce qu'il se produisait. J'en étais soulagé. « Merci. » Lui dis-je alors en mettant simplement un sucre dans ma boisson chaude. Je tournais quelques secondes avec la cuillère et bus sans attendre une gorgée de ce délicieux nectar caféiné.
« Bon...C'est parti! J'espère qu'on ne découvrira pas des choses compromettantes. » Je riais légèrement tout en déposant ma tasse sur le plateau avant de retourner fouiller dans le carton que j'avais. Si seulement Alcide savait ce que je mijotais, je pense qu'il ne me pardonnerait pas de me jouer de lui et de lui mentir ainsi. Mais avais-je le choix ? Aaron me dirait que oui.

Je sortis alors différentes photos et babioles auxquelles le jeune Rodriguez devait tenir. J'en reconnaissais quelques unes dont un objet en particulier que je lui avais offert par simple envie de lui faire plaisir et de lui faire comprendre que je l'aimais plus que tout. C'était un objet inutile et pourtant, il l'avait gardé même après notre dernière dispute. Un simple bracelet. Il avait gardé ce simple bracelet tout comme je l'avais fais pour le mien qui était rangé dans une boite de ma table de nuit. Je le déposais à mes côtés, ne faisant alors aucune remarque sur cet objet. Je passais à la suite et je rigolais en tombant sur ces fausses lunettes de vue. « Je ne pensais pas que tu les avais gardé. » Lui dis-je alors que je me les mettais sur le nez. « Elles me vont bien ? » Lui demandais-je finalement avant de me lever pour me regarder dans le premier miroir que je trouvais. Je fis une légère grimace. Moi avec des lunettes, ce n'était pas très concluant. Je retournais donc prêt d'Alcide et m'asseyais entre mon carton et le brésilien. Je retirais les lunettes et les plaçais alors délicatement sur le nez du militaire, me mordillant la lèvre inférieur lorsque mon doigt entra en contact avec la peau de son visage. « C'est beaucoup mieux comme ça. » Avouais-je finalement. Cela lui donnait un petit côté sexy que m'avait toujours fais craquer. Je lui souris. « Bon, continuons... On a encore beaucoup de boulot. »

Accroc au café, Alcide ne se priva pas d'une petite gorgée bien remplie avant de ramener un carton près de lui. Avec sa mémoire de poisson, il ne se rappelait même plus ce qu'il avait mis dedans, sans doute des babioles en tout genre. Il arracha le scotch et le laissa croupir au sol avant d'ouvrir le carton, et comme il s'y attendait, c'était le vrai bordel dedans. Il n'avait aucun doute sur le coupable, ce n'était nul autre que lui, Alcide, alias le grand bordélique du ciel. Doué de flemme et des lendemains, il remettait toujours à plus tard ce qu'il pouvait faire aujourd'hui, et le « grand ménage » se languissait de sa flemmardise. Fort heureusement pour lui, son appartement était pratiquement vide, il n'avait pas encore subi les déboires de notre jeune militaire, partisan du moindre effort. Enfin, particulièrement quand on parlait de rangement, courses, cuisine. Bref, des trucs de femme. Macho? Lui? Un petit peu, mais chut!

Il se stoppa dans son avancée en remarquant d'un œil critique la trouvaille de Cassandre. Ce qui semblait être un vrai bracelet suscita des étincelles de curiosité chez lui, et il s'en empara délicatement, avec un intérêt puéril, comme s'il s'agissait d'un bric à brac que l'on venait de trouver dans la mer, ou au beau milieu des bois, un objet qui semblait futile mais qui éveillait pourtant la convoitise. Pourquoi avait-il gardé ce « bête » bracelet? Ce bête bracelet qu'il trouvait attrayant et qu'il enfila autour de son poignet, l'air de rien. Sympa se dit-il. Un bruit l'extirpa de ses pensées, le délicieux rire de son ami, amusé par sa découverte. Quand Alcide constata qu'il ne s'agissait que d'une simple paire de lunettes, fausses à priori puisqu'il n'avait en rien la vue altérée, il soupçonna des moments de pure folie avec cet objet plus que suspicieux.

« Tu as presque l'air intelligent comme ça!» Un sourire moqueur et amusé étira ses lèvres tandis qu'il admirait sur toutes les coutures le blondinet avec sa paire de lunettes. Il lui trouva un côté « British » qui accentua son charme naturel. Dommage qu'il les ait ôtées aussi vite, il le laissait sur sa faim sur le coup. Ou pas/ Il ne put que plonger dans les iris océans de l'infirmier lorsque ce dernier s'était mis en tête de lui mettre les lunettes sur le nez. Des frissons le parcoururent alors qu'il s'imprégnait du contact de son vis-à-vis. Diable! Cassandre le rendait mou et sensible comme une guimauve. Il se leva pour aller à son tour s'observer dans le miroir. Il n'était pas si mal avec des lunettes, mais il détestait la sensation bizarre d'avoir quelque chose sur le nez, ça le gênait. « Je suis pas si mal avec des lunettes! Je devrais en porter plus souvent...Le côté British, ça plaît toujours... » plaisanta-t-il en rigolant.

« Allez hop! Au travail! » Il retourna à son carton sans avoir pensé à enlever ses lunettes. C'est qu'il était plutôt distrait le petit Alcide. Il tomba sur un tee-shirt qui, à première vue, ne lui appartenait pas. « On dirait qu'un inconnu s'est incrusté dans mes cartons » [En réalité, c'est le tee-shirt de Cassandre mais ça, il ne le sait pas fu fu] Il le déposa à côté de lui et replongea dans ses affaires, tombant sur des bricoles inintéressantes. Une poussée de joie l'envahit lorsqu'il récupéra son harmonica. « Moi qui croyais l'avoir égaré! » Assailli par une bouffée de chaleur, il se mit à jouer un petit air de musique, rien que pour goûter à nouveau à la saveur de son précieux. Il avait l'impression que ça faisait une éternité qu'il n'y avait plus joué. « Il pète toujours la forme à ce que je vois. Tu joues un instrument toi? » ajouta-t-il en tripotant distraitement son harmonica, le regard posé sur le concerné.