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 Paradis artificiel. Ϟ JERICHO

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MessageSujet: Paradis artificiel. Ϟ JERICHO   Paradis artificiel. Ϟ JERICHO EmptyMar 24 Jan - 2:24

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Ça fait une heure, une putain d'heure que j'tourne dans mon appartement comme un lion en cage. J'me ronge les ongles. Mon regard balaye du regard la pièce dévastée. J'étais pourtant persuadé qu'il me restait une dose de paradis quelque part dans cet appartement. Mais merde, impossible de mettre la main dessus. J'vais crever, ouais, j'ai l'impression de mourir sans ma drogue. Fuck, j'ai même plus un cachet pour calmer le manque. Un somnifère m'aurait aidé mais j'ai rien, quedal, niet. J'suis en train de tomber dingue entre ses quatre murs. J'ai même pas un rond pour payer un dealer. Fuck, again. C'est un peu comme si, à chacun de mes pas je m'enfonçais dans du sable mouvant. J'galère tellement à respirer. Putain, j'vais crever. Pris d'une vague de panique, j'quitte mon appartement sans prendre la peine de fermer la porte derrière moi. Mon cerveau, complètement torturé par le manque ne pense que drogue. A sa petite dose de cocaïne qui pourra lui faire retrouver raison. Je n'sens même pas le froid de cette nuit d'hivers caresser ma peau. J'suis complètement hermétique à la vie. Possédé par ce vide qui se creuse dans ma poitrine. Chacun de mes gestes me font souffrir. J'ai juste l'impression que coule dans mes veines de l'acide sulfurique. Douleur. Atroce. Mon p'tit paradis me referme ses portes. C'est complètement désarmé que j'parviens à me trainer jusqu'au Moulin rouge. Une rue environnante est toujours pleine de dealers. C'ma dernière chance. La nuit parisienne, pour une rare fois, m'effraie. J'me sens si petit, si faible, si naze. J'vais crever. Merde, j'ai mal, partout. C'est soudain, qu'au loin se dessine une silhouette. Sans chercher à comprendre quoi que ce soit j'me fous à courir comme un dératé en direction de cette image vague. J'parviens par miracle à pas lui foncer dedans. Il me faut peu de temps pour reconnaître le jeune homme qui me fait face. Mes yeux rougis par le manque plongent dans les siens. J'arrive même pas à m'souvenir de son prénom. Y a juste son visage qui me revient, comme ça, en pleine gueule. Et, d'après les souvenirs incertains de mon esprit, j'suis tombé sur la bonne personne. 'Fin faut-il encore qu'il accepte de faire crédit. C'est complètement tremblant que j'me décidé à prendre la parole.

    « T'aurais pas une dose ? But …  » Fuck, accent anglais de merde. Anglais de merde. J'm'efforce alors de continuer sur la langue française pour pas qu'ce type pense que j'me foute de lui. « Pas d'fric. »


J'suis incapable de lâcher son regard. J'ai envie d'lui dire que j'suis capable de tout pour avoir cette dose maintenant, tout de suite. C'est drôle hein ? Comme un inconnu peut soudainement devenir votre dernière chance, votre dernier espoir. Parce que ouais, en un rien de temps, par un simple regard croisé, j'ai posé tous mes espoirs sur ce type. J'le vois un peu comme cette lumière en pleine nuit, cette dernière lueur. C'fou ce que le faiblesse peut rendre con. S'il refuse de m'avancer cette drogue, j'vais disparaître, mourir dans ma douleur, j'en suis sûr. J'ai presque envie de me foutre à genoux pour le supplier. J'me rends même plus compte à quel point j'peux être pitoyable. Puis, j'm'en balance. Il en a du en voir des tas, de types comme moi, complètement désespéré. Ça en fera qu'un de plus sur qui se marrer. J'ai juste envie de retrouver ma paix intérieure. Allez, mec, j'suis capable de n'importe quoi. Même tuer, t'entends ? N'importe quoi.

Et c'est là qu'tu sens à nouveau le froid caresser ta peau. Ce putain de moment où tu t'rends compte de ce que t'es. Un pauvre misérable complètement esclave d'une simple poudre. Chaque jour tu t'dis que tu t'en sortiras mais c'est faux. Tellement faux qu't'as pris l'habitude d'être bercé de rêves. Un peu comme maintenant. Et ce rêve, il est là. Devant toi. Plus grand et plus fort. Ce type. Tu parviens même plus à lâcher son regard, dans l'espoir d'pouvoir lire dans ses yeux sa réaction future. Sauf qu'encore une fois tu t'rates. Tu verras quedal. T'es bien trop loin pour ça. T'es juste emporté dans une putain de tornade. Celle du vide abyssal.
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