La raison pour laquelle j'ai choisi d'aller au square ? On y fait souvent des rencontres, plus ou moins agréables, parfois qui terminent sur un lit, un sofa, une piscine...ou en amitié, ou peu de fois en amour. Les rencontres dans les squares, c'est comme sur les quais de gare. Tu regarde l'heure défiler quand tu es seule, tu attends, impatient de connaître ton futur. Quand va-t'elle descendre du train, par quel wagon, va-t'elle vraiment venir, quand le fera t'elle ? Puis elle ne vient pas, t'es bourrée, il est six heures du matin, tu rencontres une jolie fille qui la remplacera le temps d'une heure, tu t'en vas. Un cercle vicieux. Les parcs, c'est pareil, les filles célibataires en moins, les gosses en plus. Fallait bien un équilibre à cela.

En voyant Lou, j'ai senti comme une sensation étrange, mêlée d'envie et d'adrénaline. Je savais que cette fille allait être une sorte de défi, avant d'être dans mon lit le temps d'une nuit, ou plus. Il est vrai que dans ses yeux, personne n'a jamais réussi à savoir réellement son orientation sexuelle, pas même elle.Mais plus je la fréquentais, plus je le savais. Elle est bisexuelle, et qui plus est, pour moi. On est pas si différentes l'une de l'autre.

- Bah, surement un peu la même chose que toi, je pense...et, te demander si t'avais du feu ? *sourit*

Cette meuf elle est bizarre, je sais pas je la trouve vraiment sympa, mais bon je ne veux pas m'aventurer plus sur ce que je pense d'elle, oui je n'assume pas mon désir envers une personne du même sexe que moi est pourtant le désir est bien là présent. Seulement je ne peux m'empêcher de la fixer, alors je me concentre sur mon dessin lui passant rapidement le briquet qu'elle vient de me demander.

Tenez, madame.

Je souris, non je ne veux pas marquer de la distance, je veux juste rigoler un peu. Je craque, impossible de rester plus longtemps dans mon dessin, cette meuf me perturbe trop. Je la plonge mon regard dans le sien, j'arrive plus à en sortir, je ressens des trucs carrément étranges, trucs que j'avais déjà ressenti face à Lumen, mais pas aussi fort, pas aussi intense. Deak n'était pas Lumen, pour la blonde je n'assumais pas et je m'en sortais très bien alors que pour Deak c'était tout à fait autre chose. Peut-être parce qu'en fait je me sens vulnérable face à elle ..

Et si la vérité n'était pas celle que je pensais ? Et si mes relations ne durent qu'une nuit reflètent en réalité un simple désir d'être aimée ? Et si je me pose toutes ces questions rien qu'en la regardant ça voulait dire que j'avais eu un coup de foudre, au point de vouloir en savoir plus sur elle, sur ce qu'elle est ? Je ne sais pas réellement, j'ai surement peur de le savoir, du moins de me l'avouer tant que je n'ai aucune vraie indication de sa part, sur ce qui concerne ce qu'elle voudrait avoir de moi, une simple amitié, une expérience, une véritable histoire. Je sais que je ne pourrais pas me satisfaire d'une simple amitié la concernant. Je sais que je n'aurai pas peur de vivre une histoire avec elle. Toutes les indications me poussent vers cette vérité, je préfère attendre un peu, ne brusquons pas les choses, laissons les arriver.

Je récupère son briquet en souriant, j'allume ma cigarette tout en la regardant du coin de l'oeil, avant de la regarder droit dans les yeux. Je jette un coup sur son dessin, qu'elle arrête brusquement, reposant son regard dans le mien. Je lui tend son briquet sans un mot puis m'installe près d'elle, sans la lâcher. Elle a un aimant sur moi, je pense. Non, ce ne peut être cela.

- Euh, tu dessines quoi de beau ? *sourit*

Crétine, voilà ce que je suis en fait. J'aurai directement dû l'embrasser, mais j'ai pas osé. Ce n'est vraiment pas de moi, cela m'étonne, alors que j'ai toujours tout ce que je veux, et que je fais toujours ce que je veux faire. Elle a vraiment un truc que les autres n'ont jamais eu, un truc bien plus fort, bien mieux, bien personnel, bien Lou.

Et comment on fait quand la personne que l'on désire le plus au monde s'assoit à côté de vous et que vous, vous n'avez qu'une envie c'est de l'embrasser mais que vous ne pouvez pas parce que vous ne vous trouvez pas « normale » d'aimer une personne du même sexe que vous, qu'en gros vous ne vous assumez pas quoi, hein, comment on fait ? J'aurais tellement voulu qu'on me donne la réponse à cette question qui me tiraillais l'esprit.

Je savais pas comment on faisait pour montrer à une personne qu'on l'aime, j'avais jamais été douée pour ça. Oui parce que Deak c'était bien plus que du désir, genre avoir le cœur qui manque de se décrocher quand elle pose son regard sur moi ou bien qu'elle s'assoit à mes côtes ben c'est pas que du désir. Je ne voulais absolument pas la faire subir la même chose qu'à Adrian, non ça c'était juste impossible. Je détestait faire souffrir les gens, c'était d'ailleurs pour ça que depuis trois ans j'avais changer de numéro de téléphone, pour qu'il m'oublie et que je ne reste dans sa mémoire qu'un vague souvenir.

Elle se penchait à côté de moi pour voir ce que je dessinais et me demandant ce que c'etait.
Tu vois les deux gosses là bas sur le manège, ben j’essaie de les dessiner, mais c'est dur, il bouge. Lui dis-je en rigolant.

Deak s’approchait toujours plus et moi je me crispais, pas parce que je ne voulais pas qu'elle se rapproche non, parce que sinon je lui aurais sauté dessus depuis longtemps, mais le fait de me dire que je pouvais la rendre malheureuse et que nous étions dans un lieu public me l'empêchait -j'ai ris en écrivant ça-.

Elle prit son appareil et captura dans sa boîte noire l'instant où ces deux enfants riais aux éclats dans le carrousel face à nous. Une fois la photo prise elle me tendit l'appareil. Elle me collait un peu plus à chaque fois et était arrivée au stade de poser sa tête sur mon épaule. J'essayais de me calmer faire comme si de rien été, respirer profondément, tout va bien. Voilà je m'étais un peu calmée.

Je regardais Deak « C'est génial merci beaucoup. » lui dis-je en souriant puis je repris « Ca ne te dérange pas ? » d'un côté j'avais drôlement peur, peur d'être trop faible pour résister a mon envie, peur que mes sentiments se confirment et peur de la faire souffrir surtout. Mais d'un autre côté j'avais cette envie qui me pousser a aller vers elle.

Mais elle m'aidez vraiment pas en fait, elle me dévorait du regard et je ne savais absolument pas quoi faire, pire quand sa main se posa sur la mienne, elle s'excusa d'une chose qu'elle n'avait pas encore faite, j'avais beau être naïve je savais bien la tournure que cette sortie au square de Batignoles allé prendre. Elle posa doucement ses lèvres sur les miennes. C'était pas plus mal au final, elle brisait la glace en quelques sorte. Perdant le contrôle de moi même je prolongeais le baiser et posais ma main sur sa joue.