En attendant patiemment à la terrasse de ce café en tirant nerveusement sur la cigarette que je venais d'allumer pour passer le temps, je ne pus m'empêcher de penser que j'avais dû être complètement à côté de mes pompes lorsque ce matin je m'étais enfin décidé à envoyer un texto à Teddy. Je pense qu'inconsciemment j'étais persuadé qu'elle ne me répondrait pas mais que j'aurais tout de même tenté de faire ma BA de la journée. Ou alors la culpabilité s'était emparée de moi et je ne supportais plus le mutisme que je lui avais infligé depuis quelques semaines. Infligé est bien grand mot, mais disons que malgré ce que j'essayais de faire paraître couper soudainement les ponts avec Teddy était plus facile à dire qu'à faire et cette rupture amicale me pesait.

J'avais l'habitude de la voir très souvent, et quand on ait avec les personnes que l'on aime bien, on ne s'imagine pas à quel point ne plus les fréquenter est difficile. Je ne pouvais m'en vouloir qu'à moi-même au fond, car elle n'y était strictement pour rien la pauvre. Elle n'a rien vu venir du tout. Notre relation était déjà assez complexe à la base, mais là elle avait atteint son paroxysme et tout cela par ma faute. On était ami, ça c'est sûr, mais un peu plus que aussi. Disons que quand elle n'avait pas de copain et moi pas de copine, il nous arrivait souvent de passer la nuit ensemble, sans vraie raison, sans aucun sentiment, juste parce qu'on avait eu envie. Et cette amitié fonctionnait plutôt bien, je trouve. Pas de sentiment, que du sexe, le rêve de tout jeune sur terre non ? Mais voilà, l'histoire c'est un peu compliquée de mon côté quand Léo a voulu me faire admettre ma bisexualité. Je me suis remis en question et je me suis vite rendu compte que je l'aimais. Sans vraiment réfléchir au pourquoi du comment j'ai arrêté de voir Teddy, je n'étais pas prêt à lui avouer mes sentiments pour un homme et au lieu d'essayer quand même de lui parler j'ai filtré ses appels et n'ai pas répondu à ses texto. C’était con, je le savais mais je n’avais pas réussis à agir autrement. Résultat des courses cela faisait deux semaines que je sortais avec Léo, bien que personne ne soit au courant et Teddy me manquait. Mais comment aurai-je pu lui dire que non, on ne pouvait pas coucher ensemble sans lui avouer que je sortais avec un mec. Plus le temps passait et plus je trouvais ce mutisme ridicule. Ce matin je m’étais donc décidé de demander à Teddy de prendre un café avec moi dans l’après-midi. Je m’attendais à ce qu’elle m’ignore incroyablement mais elle était plus intelligente que moi.

Je l’attendais donc, mort de peur, appréhendant sa réaction. Il était tout à fait normal qu’elle m’en veuille mais j’espérais pouvoir m’expliquer. J’espérais réussir à lui dire. Ce serait bien que je commence à assumer parfaitement le fait d’être bi… Mais ce n’était pas si simple. En la voyant arriver je sentis ma gorge se nouer. « Teddy, ça faisait longtemps que je voulais t’appeler mais… Excuse-moi… »

Soirée champagne hier soir. Un peu comme tous les soirs depuis un an. Pourquoi depuis un an ? Parce que c'était à partir de là que j'étais devenue célèbre. Que le duo que j'avais écris, était sorti dans les baques et qu'il avait cartonné. J'avais surement été aidée par le chanteur méga connu qui avait voulu gagner un max de tunes avec.. Mais ou était le problème ? Je vivais de mon art. A la base certes j'étais revenue à Paris pour être au calme et me faire oublier. C'était sans compter les paparazzis français qui sont toujours et encore à mes trousses à chaque mouvement que je peux faire. C'est affligeant. Je ne peux pas sortir sans que cela soit relaté sur le net ou plus tard sur la une d'une magasin. Être célèbre offrait de grands avantages mais pour avoir une vie privée c'était le chaos total.

Donc hier, j'avais un énième gala ou des stars étaient invités. On déroule un tapis rouge et on appelle plus grands journaux du monde pour y être. On s'amuse à poser et on entre pour manger.. regarder les autres avec des prix.. Etc etc.. Parfois cela avait quelques d'ennuyeux, ou de pompeux... C'était assez long et fatiguant, et les enchaîner n'aider à me les faire aimer plus. Enfin bref, ce matin mon réveil fut assez long, et dure. Je fus réveiller par la vibration de mon portable qui se trouvait juste sous mon oreiller. Tiens Lucas. Cela faisait un moment que je ne l'avais pas vu et là il voulait me voir. Aujourd'hui était un jour sans gala, ans interview, je répondais ok et on se donna rendez vous à un café.

Je n'étais pas trop en retard. J'étais partie en avance sachant qu'il faudrait que je sème un peu les photographes pour ne pas faire une fois encore un scandale. J'avais à la vue de la presse un faux petit ami. Aaron était juste un ami mais il jouait à merveille le petit ami dévoué.. Devant les caméras, pour éviter qu'on me prête cette stupide relation avec la chanteur qui m'a lancé ! Je ne le supporte pas je ne vois pas comment j'aurais pu sortir avec.

J'eus bien raison de partir plutôt. En bas de mon immeuble.. Qu'est ce que je trouve.. Cinq photographes. Putain et dire que je dois m'y rendre à pieds. Je sens que cette course va me faire perdre les kilo en trop dû au excès d'hier soir... Je n'avais cas passé pas les voies souterraines du métro parisien. Il y avait toujours du monde à cette heure et j'étais sûre de les semer. Je voulais éviter d'infliger ça à Lucas. Le pauvre, finir en première page, qui dit qu'il est probablement mon nouveau petit ami et que le pauvre n'a pas de chance de m'avoir parce que je les enchaîne c'est pas cool. Personne n'aimerait.

Le métro fut une bonne solution, en moins de deux je n’eus qu'à ressortir par ou j'étais arrivée et il n'y avait plus personne dernière moi à crier mon nom. J'arrivais un peu à bourre du coup à terrasse du café ou Lucas m'attendait. Une cigarette à la main.. il commença par s'excuser de ne pas m'avoir appeler avant. Je m'assis un peu essouffler en soupirant d'aise lorsque je pus reprendre mon souffle.

- Piouf ! Hey poulet ! t'as pas à t'excuser.. tu te serais pris un tas de refus, j'arrête pas en ce moment.. alors comment tu vas ? Par contre excuse moi du retard, cinq photographes à virer.. avant tu vois quoi .

Je lui fis un clin d'oeil et lorsque le serveur arriva pour qu'on commande à boire je pris une bière.. Oui oui je sais c'est loin d'être distinguer.. Mais j'avais envie que de ça.. Je regardais mon ami et j'avais l'impression qu'il y avait un truc qui le travailler. On couchait peut-être ensemble, mais il restait mon ami et je me souciais quand même un peu de lui... J'essayais de rester proche de mes amis, ceux qui ne sont pas célèbres ou quoi. Pour éviter de perdre la réalité. La célébrité peut s'arrêter à n'importe quel moment. Je ne veux pas me retrouver seule, ni rien, et je tiens à eux aussi..

- C'est moi ou y'a un truc qui te travaille ?

« Piouf ! Hey poulet ! T’as pas à t'excuser... tu te serais pris un tas de refus, j'arrête pas en ce moment... Alors comment tu vas ? Par contre excuse-moi du retard, cinq photographes à virer... Avant tu vois quoi. »

Je ne pus m’empêcher de sourire. Je la connaissais par cœur et sa répartie me faisait toujours rire. J’ai commencé à la connaître au début de sa carrière musicale, j’étais donc pas mal habitué à ce que sa célébrité la rattrape. Ça même faillit rendre notre amitié totalement impossible au début, j’avais abandonné l’idée de pouvoir vivre un jour uniquement de ma musique et elle tout lui était tombé dessus comme ça, d’un coup. J’étais jaloux de son succès et en même déçu de mon échec. Elle était douée, et elle méritait largement ce qui lui arrivait mais subir sa nouvelle notoriété n’avait pas été une chose si facile. Il n’empêche que Teddy était une fille bien et qu’elle n’a jamais renié son ancienne vie ; nous sommes restés amis. La musique était un terrain d’entente important et il nous arrivait régulièrement de jouer ensemble. Notre complicité a été d’une part avantagée par une minime collaboration musicale, mais ce n’était pas toujours évident de faire partie de la vie de la nouvelle star parisienne. Depuis quelques temps nous avait été impossible de se voir seul à seul sans être bombardés de photo par des journalistes de presse à scandale. Ce genre de situation n’était agréable pour personne et je refusais de voir un jour ma tête dans un magazine avec pour sous-titre « le nouvel amour de Teddy ». Ce serait ridicule. Ridicule mais hilarant, ridicule mais embêtant pour nous deux.

« Oula, ravi que tu m’ai trouvé une place dans ton emplois du temps de ministre » dis-je sur le ton de la plaisanterie.

La revoir après ces quelques semaines me faisait énormément plaisir. Vu son indifférence presque totale à mes excuses pourtant méritées, j’en étais venu à me demander si elle avait remarqué mon changement d’attitude à son égard. Peut-être pas au fond, car elle avait d’autres chats à fouetter qu’un ami avec qui elle passait quelques nuits de temps à autres. Et pour dire la vérité je ne m’étais réveillé que depuis un jour ou deux. En temps normal on ne se voyait pas très souvent à cause de nos emplois du temps respectifs mais on allait obligatoirement se croiser dans une soirée ou autre dans les semaines à venir et je préférais être honnête avec elle maintenant. Après tout avant d’être mon plan cul elle avait été mon amie.

« C'est moi ou y'a un truc qui te travaille ? » me demanda t’elle après avoir commandé une bière. J’en demandais également une au serveur et hésitais à répondre à la question de Teddy.

« On s’est pas trop vu ces dernières semaines et je crois que beaucoup de choses ont changées. Enfin rien de grave t’inquiète pas ! »