Une lettre, écrite par une femme pour elle-même.

Je me suis toujours dit que l’espoir faisait partie intégrante de la vie, que sans ça, des gens comme vous et moi ne s’amuserait pas à donner de leur temps dans des associations pour aider des inconnus, des femmes n’iraient pas dans des pays dangereux pour soigner des enfants ou encore, personne ne pourrait réellement sourire par plaisir. Et puis je n’ai jamais été réellement confronté au malheur et au désespoir, ma famille n’était pas riche mais on s’en sortait, mes parents ont toujours été géniaux et mes frères n’étaient pas pires que d’autre… Je ne manquais de rien, alors je pensais que c’était un peu comme ça pour tout le monde, pas parfait, mais assez bien pour continuer de sourire avec sincérité. Puis j’ai grandit et là, j’ai enchainé les merdes… Je suis d’abord tombé amoureuse d’un type qui au final, n’était qu’un idiot qui adorait me tromper à droite et à gauche, j’ai vus des gens souffrir, j’ai vus ma famille souffrir, mes parents mourir, mes amis pleurer… Je me suis rendu compte que finalement, le monde était ce que l’on méritait ; cet à dire, pas grand-chose. Je me suis alors dit que Paris serait mon Eldorado, j'avais toujours rêvé de cette ville enchanteresse, et y faire mes études semblait une bonne idée. Je me suis donc rapidement tourné vers la médecine en me disant que j’allais sauver des vies tout en changeant d'air, ma mère m’a même poussé à aller en Afrique pour jouer les docteurs sans frontières… C’était censé m’aider à voir que l’espoir était toujours là, mais ce que j’ai surtout retenue c’est que des gamins mourraient de faim dans un pays pas si lointain, qu’ils étaient pour la plupart des orphelins de la guerre et que certains, pas plus âgés que mes frères, portaient des armes en jouant au ballon. Je suis trop empathique, mon psy n’arrête pas de me le dire et c’est lui aussi qui m’a dit d’écrire cette lettre pour dire tout ce que j’ai à dire, mais même si ça me tue de toujours vouloir ressentir ce que les gens ressentent, j’arrive pas à m’arrêter. Quand je vois sur le journal qu’une ado’ s’est fait violé et torturé, je me dis constamment « Qu’est-ce qu’elle a ressentit? Est-ce qu’elle a appelé ses parents ? Est-ce qu’elle suppliait son bourreau ? », Des trucs horribles que j’arrive pas à m’enlever du crâne… Et plus le temps passe, plus ça me bouffe.

Je déteste l’empathie, alors j’essaie de me montrer froide, distante avec tout, mais j’ai l’impression que ça fait qu’empirer les choses… La preuve, ça fait deux ans que j’ai pas eut la moindre relation sérieuse, je vis seule, je ne vois pratiquement plus mes amis depuis plusieurs mois et j’arrête pas de penser que me suicider serait surement la meilleur solution. Je suis venue à Paris pour devenir chirurgien cardiaque, pour sauver des vies, cependant, j’ai fait que tomber en dépression, loin de tout ceux que j’aimais, j’ai tout abandonné en pensant que je serais mieux ici… C’est loin d’être le cas. Ça me gonfle tellement d’avoir autant changé, c’est vrai quoi, avant j’étais drôle, spontanée, je souriais tout le temps, maintenant, je tire la tronche tout les jours, je me mets à pleurer sans raison et tout les matins, quand je prends le métro, j’hésite à sauter sur les rails et a attendre la fin… Paris était mon Utopie, mon rêve, aujourd’hui, je déteste cette ville, je déteste ses habitants, je déteste mon psy et tous ses cachets qu’il me dit de prendre et que je ne prends pas d’ailleurs, je déteste vraiment tout mais je peux juste pas partir. Je suis étudiante en médecine, j'ai même pas les moyens de m'acheter une vrai baguette, alors retourner à Lyon et trouver un nouvelle appart', un nouveau job, c'est juste impossible ... Je suis prisonnière de Paris, la dame de fer me tient en joue et je crois que bientôt, je lui demanderais de tirer…. Et vous savez le pire dans tout ça ? De chez moi je ne vois même pas la tour Eifel… vdm.