► OOH LA LA PARIS.
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ooh la la paris, réouverture. 02/11/14.
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 sos princesse en détresse - mon preu chevalier !

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MessageSujet: sos princesse en détresse - mon preu chevalier !   sos princesse en détresse - mon preu chevalier ! EmptySam 1 Oct - 18:30


Une PRN (traduction pour les non fashion-addicts : petite robe noire). Un perfecto en cuir beige. Des chaussures beige au talon doré. Mes cheveux délicatement relevés en un chignon négligé. Pour tout bijou, mon alliance, que je ne pouvais me résoudre à enlever. Il était vingt heure trente. Je sortais. Une petite pochette à la main, je dévalai les escaliers du vingt-six rue du renard. Arrêt sur image. Les intérressés, ceux qui suivent l'histoire s'interrogent. Fini l'exil, fini le mutisme prolongé, fini les jérémiades. Enfin pour une soirée du moins. Décision imposé par quelque jeune homme indémontable et sûr de lui. Jeune homme qui, deux jours plus tôt, avait réussi à me sortir de ma torpeur pour aller boire un verre avec lui. Jeune homme qui m'avait offert son temps. Le offert est souligné. Pour Aaron, le temps est bel et bien de l'argent. Et ce soir là, j'avais bien l'intention de ne plus lui en faire perdre. Le meilleur ami de mon mari est escort-boy. Il accompagne les plus belles femmes (traduction : les plus riches) à leurs galas de charité, à leurs soirées très VIP. Il leur tient le bras le temps d'une soirée, bavarde avec leur entourage, prétend des tas de choses. Tel un charmeur de serpent, il mène à la baguette tout son monde, hommes et femmes sont à ses pieds. Il est jeune il est beau, il a la vie devant lui, il vend du rêve. Il est lui-même un rêve. Et de temps en temps, au terme de la soirée, il lui arrive de se taper une cliente. Bien entendu il ne fait ça qu'avec les moins laides. Rien d'étonnant à ce que ce Don Juan soit le meilleur ami de Léandre. Ces deux là ont quasiment les mêmes goûts en mantière de femmes. Il n'avait d'ailleurs pas eu peur de le faire remarquer à notre rencontre. Elle avait eu lieu assez tôt, dès les prémices de ma relation avec Léandre. Il le taquinait, le rpévenant de se dépêcher où il pourrait bien me dérober. Je riais à chaque fois. Leur amitié était touchante, belle. Aaron a toujours le mot pour rire. Léandre sait chosiir ses amis. Play. Mes talons claquaient sur les pavés du marais tandis que je hélai un taxi. J'avais des goûts de luxe ce soir. En témoignait le rendez-vous que j'avais pris avec Aaron. Au moulin rouge s'il-vous-plait ! Le taxi démarra sur les chapeaux de roue. Les lumières défilaient au dehors. Je regardais les arrondissements se dessiner sous mes yeux. Ce soir je serais heureuse. Ce soir j'allais oublier un peu mes problèmes en la compagnie d'un garçon charmant. Certes, il me rappelait Léandre, mais je tâcherais de faire avec, sans trop y penser. Le neuvième se dessainait. Puis le dix-huitième. Je souris. La voiture s'arrêta devant le célèbre théâtre de french-cancan et je descendis. Je donnai même un peu plus au taxi. Au milieu des habitués, des groupes de séminaires, des japonais, j'apperçu l'éternel chapeau de mon compagnon de soirée. Comme toujours très classe dans son costard bleu nuit, il étincelait. Je remarquai plusieurs regards tournés vers lui je surpris quelques gloussements. Je m'approchai. Ce soir, c'est moi qui était avec lui. Allez savoir pourquoi, je ressentis une certaine fierté. Sautillant, allègre, je le rejoins. Bonsoir beau brun, j'espère que tu aimes les paillettes. Le show promettait d'être grandiose, comme chaque tableau du moulin. Bientôt nous entrerions. Bientôt nous allions nous asseoir. Bientôt, la soirée allait commencer. Bientôt et pour quelques heures, mes soucis allaient s'envoler.
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MessageSujet: Re: sos princesse en détresse - mon preu chevalier !   sos princesse en détresse - mon preu chevalier ! EmptyLun 24 Oct - 17:53


Un dernier coup d’œil à mon reflet dans le miroir et je sortis de mon appartement, fin prêt pour mon rendez-vous de ce soir. Un peu particulier puisque ma cliente était une amie à moi - plus particulièrement, la femme de mon meilleur ami. J’avais été un peu étonné qu’elle loue à nouveau mes services en tant qu’Escort pour la soirée - une fois, pas de problème mais deux, je commençais à me poser des questions. Il y avait tellement d’autres occasions pour nous de nous voir, en dehors de mon travail. J’étais certes très occupé avec mon externat à l’hôpital mais j’aurais toujours pris le temps pour ne serait-ce qu’un coup de téléphone en soirée. Me vint alors la pensée que je ne l’avais pas fait. Je n’avais pas pris de ses nouvelles dernièrement. Et je me sentis un peu coupable.
Alors j’allais me rattraper ce soir et être là pour elle. Pas en tant qu’Escort mais en tant qu’ami. Elisa allait passer une soirée de rêve et tout ce dont elle se souviendrait de ce moment serait qu’il avait été tout bonnement incroyable. Après tout, je n’étais pas un des meilleurs Escort de la boîte pour rien, pas vrai ?

Dénigrant l’ascenseur, je dévalai les escaliers en sifflotant. En général, j’évitais ce genre d’efforts avant un rendez-vous mais pour cette fois je pouvais faire une exception. Restait tout de même le pourquoi d’un tel rendez-vous. Il m’était certes déjà arrivé de devoir tenir compagnie - et peut-être plus - à des femmes mariées mais elle était la femme de mon meilleur ami. Léandre était-il seulement au courant qu’elle m’avait « acheté » pour la soirée ? Tout ça restait un mystère entier pour moi. Peut-être qu’une fois avec elle, j’aurai toutes les réponses à mes questions.
Dans le métro, j’interceptai plusieurs regards appréciateurs et je souris intérieurement. J’avais une nouvelle fois bien choisi mon costume - couleur bleu nuit, comme pour l’accorder avec la couleur de mes yeux. Et en prime, mon éternel chapeau - ce soir, il était blanc, de la même teinte que celle de ma chemise. Je portais toujours un chapeau pour mon travail - et même quelquefois en dehors. C’était comme ma marque de fabrique et j’avais bien une vingtaine de chapeaux chez moi, les couleurs variant selon les costumes que je m’achetais. Il n’y avait sûrement qu’à l’hôpital que je ne portais rien sur la tête mais à l’hôpital j’étais quelqu’un d’autre. Le Aaron futur médecin était très différent du Aaron Escort. Et Aaron était différent de Noah. En fait, j’avais l’impression d’avoir plusieurs vies en une seule, plusieurs personnalités qui se partageaient un seul corps. Et je n’étais pas capable de dire laquelle de ses personnalités était vraiment moi.

Rejetant ces pensées dérangeantes et mornes, je me hâtai de sortir de la bouche de métro pour rejoindre le cabaret de Paris par excellence - le Moulin Rouge. Là non plus, je ne comprenais pas tellement pourquoi Elisa m’emmenait dans un tel endroit. Sûrement mon côté anglais qui ne se faisait pas à ce genre de show. Mais j’allais lui faire plaisir. C’était sa soirée.
Je n’eus pas à l’attendre longtemps. Je la vis arriver, sautillante et un sourire d’ange sur les lèvres. Elle était plus que sublime dans sa jolie petite robe noire - comme à son habitude.

« Bonsoir, jolie Princesse, la saluai-je en retour en déposant un baiser sur sa tempe. »

Je ne me rappelais que trop bien les premiers temps où elle et Léandre avaient commencé à se fréquenter. J’avais passé des mois à taquiner mon meilleur ami en le menaçant de lui piquer sa dulcinée s’il ne se dépêchait pas d’officialiser tout ça. Je n’avais pourtant jamais vraiment eu de vues sur Elisa. Elle était une belle femme, touchante et douce - le parfait petit bout de femme qu’on rêverait d’avoir. Mais je me connaissais. Je n’étais qu’un inconstant et ma vie n’était qu’un mensonge tissé de toute part. je respectais trop cette fille-là pour lui imposer mes mascarades, mon travail. Je supposais qu’elle avait fait le bon choix en épousant Léandre. Même si je l’avais voulu, je ne me serais jamais imposé entre eux.

« Seulement si c’est toi qui les portes, la taquinai-je à sa remarque sur les paillettes, juste avant qu’on ne rentre à l’intérieur du cabaret. »

À notre table - bien placée par rapport à la scène du Moulin Rouge, je tirai sa chaise pour qu’elle prenne place, tel un parfait gentleman avant de m’asseoir à mon tour. Je jetai un regard alentour. Le décor était riche, paraissant hors de prix, luxueux. Des femmes dansaient à moitié nue dans un décor de rêve, c’était assez étrange en y repensant.

« Alors ma toute Belle, et si tu m’expliquais ce que tout ça veut dire ? demandai-je finalement après un petit silence. Les rendez-vous, ta petite mine, le cabaret. Pas que je ne sois pas heureux de te voir, au contraire, seulement pourquoi ne pas avoir amené Léandre ? Et surtout pourquoi demander Aaron l’Escort et non pas Aaron l’ami ? »

Je scrutai son visage de poupée de porcelaine à la recherche de réponses seulement n’obtins qu’un peu plus de questions. Tout ça ne me tranquillisait pas, loin de là.
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MessageSujet: Re: sos princesse en détresse - mon preu chevalier !   sos princesse en détresse - mon preu chevalier ! EmptyMer 2 Nov - 21:48


Reve. Paillettes, chants, danses et champagne. Ca avait le mérite de se différencier des musiques déprimantes, du squattage de canapé, du bouillon, qui étaient mes seules occupations ces derniers soirs. Certaines grandes nouvelles sont plus sympathiques que d'autres. Je pensais n'en entendre que de ce type. Je me trompais. Ce soir, je profitais donc de l'atmosphère festive que m'offrait cette sortie. J'ai toujours aimé le moulin rouge. C'est un endroit magique, coupé des réalités. Un endroit, symbole de Paris et pourtant si universel. Danseuses venues des quatre coins de la planète et spectateurs de passage dans la ville lumière. Que du beau monde. En parlant de beau monde... Le placeur nous avait trouvé une table à Aaron et moi. Bonne table, belle vue, la chance. Il nous y accompagna puis repartit placer d'autres clients. Aaron prenait son rôle de prince très au sérieux, il tira ma chaise pour que je m'assoie, ce que je fis, puis il alla à son tour se placer en face de moi. Il avait ébouriffé ses cheveux en enlevant son chapeau, je le trouvais chou. Par moments, de brefs instants qui s'évanouissaient aussi vite qu'ils étaient arrivés, il me semblait voir Léandre quand je le regardais. Certains diront que c'est normal. C'est son meilleur ami après tout, pas étonnant que je pense à Léandre en voyant Aaron. Moi je préférais ne pas y penser. Je me contentais de chasser Léandre de mon esprit avant de fondre en larmes devant le gratin des touristes japonais. Aaron n'était pas tranquille. Etait-ce le fait d'être avec moi qui le dérangeait ? J'eu bien vite ma réponse. Ah, bien sûr. Être avec moi ne l'ennuyait pas plus que ça mais il voulait comprendre. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Ces temps-ci, je ne pouvais voir personne sans fournir une raison. Ma petite mine. J'avais pourtant tout fait pour la cacher celle-là. Pas assez de make-up sûrement, ou bien trop au contraire. Il faudrait que je m'y prenne mieux la prochaine fois. « T'es... pas au courant ? J'ai pas emmené Léandre parce que après ce qu'il m'a dit je pense pas que ça aurait été approprié. » Aaron ne savait rien. Ou alors il cachait bien son jeu. Mais j'optai plutôt pour la première solution. Plutôt difficile d'annoncer à son meilleur ami, coureur de ces dames, qu'on a trompé sa femme avec le frère de celle-ci. J'étais restée très évasive, ne dévoilant rien de l'histoire. J'espérais secrètement qu'il laisse tomber, qu'il n'aille pas plus loin. C'était à Léandre de lui annoncer. C'était son meilleur ami après tout. Et puis je n'avais pas envie de me plaindre. Même si j'en avais les raisons. Je déteste me plaindre. Oui j'avais des problèmes, oui j'étais triste, mais pas besoin d'en faire étalage sur la place publique. Doux espoir. Tu rêve ma petite. S'il ne savait rien, il n'allait certainement pas lâcher l'affaire. « Et ne te méprend pas, je suis ici avec Aaron l'ami et j'en suis ravie. Mais je te paierai comme Aaron l'escort parce que je te fait perdre une soirée de travail et ça me met un peu mal à l'aise... » Sourire timide. Aaron travaillait en soirée et la nuit. Ce qui voulait dire que lorsque je lui proposais un dîner, je lui faisais perdre une soirée de travail. Et à la longue, je trouvais ça moyen. Ce soir j'avais donc décidé de le rémunérer. Sorte de compensation. C'était peut-être débile. Sûrement même. Mais ça me réconfortait. Un serveur passait à côté de notre table, je l'interceptai et lui demandai deux verres de champagnes. J'avais des envies de princesse ce soir. Envie d'être belle et d'être bien. Envie d'être dans un conte de fée plutôt que dans une tragédie grecque. Envie d'oublier. Tout ce dont j'avais besoin était là: une belle robe, un beau cadre, du champagne, de la musique et un ami de charmante compagnie. Je m'adossai sur mon siège et tournai la tête vers la scène, vers le show.

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MessageSujet: Re: sos princesse en détresse - mon preu chevalier !   sos princesse en détresse - mon preu chevalier ! EmptyJeu 3 Nov - 20:30


Depuis que j’avais commencé de travailler en tant qu’Escort, j’avais appris comment me comporter en toutes circonstances. Mes manières de lord anglais plaisaient beaucoup aux femmes d’âge mûr, mon accent « so british » faisait craquer les jolies demoiselles en fleur. C’était un peu grâce à mon charme typiquement anglais que j’avais réussi à être un Escort très demandé, faisant ainsi les choux gras de ma patronne qui m’avait évidemment à la bonne. Et si j’avais bien appris quelque chose de ces années de travail, c’était bien qu’on ne devait en aucun cas faire remarquer à une dame qu’elle a mauvaise mine - surtout lorsque celle-ci avait tout fait pour le dissimuler. Il était très déplacé de la part d’un homme de noter les défauts d’une femme et surtout de le lui en faire part. Pourtant, je n’avais pu m’empêcher de m’inquiéter à la vue de cette mine sombre.
Ce n’était pas habituel pour moi de voir Elisa avec un air si triste sur son visage d’ordinaire si pimpant et souriant. Alors ça m’avait interpelé. Ça m’avait inquiété. Et ses réponses évasives et son regard quelque peu fuyant ne me rassuraient en rien. Qu’est-ce qu’elle me cachait ? Pourquoi ne parlait-elle pas ? Et si Elisa avait des soucis, pourquoi Léandre ne m’avait pas demandé conseil ou ne m’en avait-il pas touché mot ? Fronçant les sourcils, je me demandais si je n’avais pas été trop absent de leur vie à tous les deux ces derniers temps. J’avais été tellement accaparé par mes études et mon travail que je m’étais un peu coupé du monde et surtout de ceux que je considérais comme étant mes amis les plus chers.

Ne pas savoir quoi ? Qu’aurais-je dû savoir ? Non, je ne savais pas. Quoique ce soit, je ne savais rien et j’avais l’impression d’avoir raté un ou deux épisodes d’une série télévisée. Tout ce que je savais c’était que je devais savoir quelque chose - que je ne savais pas. Et Elisa ne semblait pas vraiment d’accord pour m’en parler d’elle-même. Tout dans son attitude montrait ses difficultés à parler de « ça ». Seulement qu’étais-je censé faire ? Insister ? Laisser faire et accepter le fait que mon amie ne veuille pas me parler ? Pourtant, je remarquais bien qu’elle n’était pas bien. Que ses sourires sonnaient étrangement faux et que son maquillage n’arrivait pas à cacher les vagues de tristesse qui avaient envahi son regard. Quoique « ça » puisse être, c’était quelque chose de grave. Quelque chose qui était en train de la consumer de l’intérieur. Et rien ni personne n’arriverait à me faire croire que je me faisais des idées.
Pas même elle, Elisa, cette femme d’habitude si joyeuse et si forte. Pas alors qu’elle préférait changer de sujet, me parler de mon travail et de ma rémunération pour notre sortie de ce soir. Un peu étonné, je ne pensais même pas à lui dire que je n’avais pas besoin qu’elle me paye pour notre rendez-vous. Que j’étais très heureux de passer cette soirée en sa compagnie parce qu’elle n’était pas seulement la femme de mon meilleur ami mais aussi une amie très précieuse à mes yeux. Et je leur en voulais un peu à tous les deux de ne pas m’avoir tenu au courant si l’un d’entre eux avait des soucis. L’un d’eux était-il malade ? Plus j’y réfléchissais et plus je trouvais des raisons de m’inquiéter un peu plus.

« Elisa, ma Princesse, commençai-je doucement en posant ma main sur l’une des siennes alors qu’elle se tournait vers la scène. Explique-moi. Je vois bien que ça ne va pas, que tu te caches derrière ton maquillage et tes sourires forcés. »

Je louchai sur les deux coupes de champagne que l’un des serveurs avait apporté quelques minutes auparavant à la demande de mon amie. Ça ne lui ressemblait pas tellement ; ça ne ressemblait pas à la Elisa que j’avais appris à connaître. Qu’essayait-elle de faire ? D’oublier ? De s’enivrer pour ne plus penser à rien ?

« Oublie que je suis le meilleur ami de Léandre, ce soir je ne suis que ton ami. Simplement ton ami. Je suis là pour toi, prêt à t’écouter autant qu’il faudra. Seulement, parle-moi… S’il te plait. »

Je n’avais jamais eu pourtant à me plaindre de ma position par rapport à Léandre. Je ne m’étais jamais senti tiraillé entre eux deux pour la simple et bonne raison qu’il formait un couple parfait à mes yeux. Ils étaient si bien assortis, comme deux parties d’un même ensemble. Ils formaient un tout. Seulement ce soir était la première fois où je regretterais presque d’être le meilleur ami de Léandre. Parce qu’Elisa avait besoin de quelqu’un, d’aide, de moi. Et je n’étais à ses yeux que le meilleur ami de son mari. Alors comment se confier au meilleur ami de son époux quand le dit-époux semblait avoir commis une erreur quelque part ?
Je n’aillais pourtant pas donner raison à Léandre s’il avait fauté ! J’avais beau l’adorer et me sentir proche de lui comme aucun autre, j’étais encore assez objectif et réfléchi pour ne pas me laisser aveugler par mon amitié pour lui et soutenir sa femme si c’était ce que je devais faire. Qu’avait fait encore ce grand crétin ? Elisa était la femme parfaite, bon sang ! Tout homme ayant un minimum de bon sens le remarquerait et ferait tout ce qui est humainement possible de faire pour garder une telle perle. Alors pourquoi était-il en train de tout foutre en l’air pour une raison que j’ignorais ? Et si c’était grave ce qu’il avait à sa tendre et chère épouse, comment étais-je censé réagir la prochaine fois que je le reverrai ?

« Qu’est-ce que Léandre a fait, Lili ? osai-je prudemment. Il… t’a fait du mal ? »
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MessageSujet: Re: sos princesse en détresse - mon preu chevalier !   sos princesse en détresse - mon preu chevalier ! EmptySam 5 Nov - 9:02


Le show. Courbettes, arabesques et french cancan. Piano, percussions et violons. Magique. Entraînant. Mais pas assez. Je tentai vainement de suivre le spectacle, de l'apprécier, d'en admirer les couleurs et les performances. J'échouai misérablement. Il avait suffit qu'Aaron pose une question. Pourtant j'essayais. J'essayais désespérément de ne pas y penser. Princesse. J'adorais qu'il m'appelle comme ça. Léandre m'avait appelée ange, coeur, amour, rarement princesse. Princesse. J'avais parfaitement conscience que cet homme était un acteur né, qu'il susurrait des "princesse" tous les soirs à qui voulait l'entendre, à qui payait le prix. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il y avait quelque chose de différent dans sa façon de me le dire à moi. Mon côté fleur bleue encore une fois. Cette manie de me dire qu'un ami proche ne pouvait me mentir, ne pouvait me balader. Mon romantisme me perdra. J'avais bien été baladée par mon mari et mon frère... Je trésaillai au contact de sa main sur la mienne. Il était sérieux. Son "princesse" n'était pas celui de toutes ces femmes. C'était le mien. Je le gardai précieusement au fond de ma mémoire car il me réconfortait. De misérable idiote crédule et aveugle je passais à la créature altière et aimée. Parfois, il suffit d'un mot pour apaiser une femme. La chaleur de sa main me fit sentir à quel point la mienne était froide. J'étais gelée. Gelée de l'intérieur. Je replaçai une mèche de cheveux derrière mon oreille à sa remarque. Etais-je si transparente que ça ? Avait-il réellement tant de facilité à lire en moi ? J'aurais pu porter une pancarte "dépressive, cédez le passage" autour du cou, j'aurais certainement récolté les mêmes attentions. Je forçai un énième sourire. Je ne me convainquais pas moi-même. Ses grands yeux bleus plongés dans les miens, me scrutant. Heureusement nos boissons arrivaient. Mauvaise réponse une fois de plus. Cela ne semblait pas du tout le convaincre. Ah oui c'est vrai, j'oubliais, je n'aime pas le champagne. Au moins un de nous deux s'en souvenait. J'attrapai ma coupe et avalai une grande gorgée du liquide doré. Une grimace m'échappa tandis que je sentais les bulles pétiller sur ma langue et l'amereté alcoolisée glisser dans ma gorge. Je fixais mon verre. Peut-être que c'est ce que j'aurais du faire. Me saouler et oublier. Me perdre dans un tourbillon d'images floues et de fausse légèreté, de bonheur feint. Aaron me rappela à la réalité. J'avais du mal à faire ce qu'il me demandait. Comment prétendre qu'il était simplement un de mes amis alors que chacun de ses sourires gênés me rappelait Léandre ? Dur. D'un autre côté, j'avais grandement besoin de cet ami qu'il se proposait d'être. « Je... Je sais pas Aaron. » Je baissai les yeux vers la table, soudainement piquée d'un vif intérêt pour ma serviette. Mes yeux se baladaient sur ses contours, ses coutures, plus pour s'occuper qu'autre chose, plus pour éviter son regard à lui. Pourquoi gâcher cette belle soirée si bien commencée en ressassant cette histoire ? Avait-il vraiment besoin de savoir ? Oui. Très certainement. Mais je me sentais affreusement égoïste. J'avais l'impression de lui avoir forcé la main. Il n'allait sûrement pas apprécier. Et de ce fait, je risquais fort d'être la cause d'embrouilles entre les deux meilleurs amis. Je ne souhaitait à personne de perdre ou ne serait-ce que se disputer avec son meilleur ami. Pas même à Léandre qui m'avait fait mal. Je m'imaginais sans Grayson et je n'aimais pas ça. Répondre au mal par le mal n'avait jamais été un de mes crédos et ne le serait jamais.
Aaron était perplexe. Désarroi et incompréhension. Un homme inquiet à une table de cabaret. Il devait se faire tant de films dans sa tête. Mais j'aurais fait la même chose. Aaron, meilleur ami de Léandre. Je n'étais au fond que sa belle-amie. Ce mot n'existe pas, tant pis. Mais lui voulait que je le voie autrement. « Qu’est-ce que Léandre a fait, Lili ? Il… t’a fait du mal ? » J'aurais du me taire dès le début. "Après ce que Léandre m'a dit...". Mais quelle idiote. Une larme roula sur ma joue. Je me penchai vers Aaron, prenant sa main pour me donner du courage. L'entendre prononcer le nom de Léandre avait été un déclic. Le mode apitoiement sur soi-même était enclenché. Le mode tristesse. Et si Aaron devait supporter mes pleurs ou ma mauvaise mine, il devait savoir pourquoi. J'aurais préféré que Léandre lui annonce lui-même mais visiblement il n'avait pas jugé utile de le faire jusqu'à présent. Je pris donc les devants. « Il... Aaron, je ne sais pas comment... il m'a... il couche avec... avec mon frère. » Ma phrase ponctuée de sanglots silencieux. Ma phrase si dure à prononcer à voix haute. Une deuxième larme s'était échappée. Je les essuyait d'un revers de main et termina ma coupe de champagne. Décidément je n'aimais pas ça.
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MessageSujet: Re: sos princesse en détresse - mon preu chevalier !   sos princesse en détresse - mon preu chevalier ! EmptyDim 6 Nov - 15:24


Ça y était. La bombe était lâchée. J’avais voulu savoir, j’avais voulu comprendre ; je savais maintenant, je comprenais. Je comprenais pourquoi Elisa semblait si triste, si abattue. Et la nouvelle m’avait juste coupé le souffle.

J’avais pourtant insisté pour savoir parce que regarder mon amie s’enfoncer dans sa tristesse me faisait mal et que j’étais là, ce soir, avec elle pour lui faire passer une soirée de rêve. Mais elle agissait tellement de façon étrange et inhabituelle que j’éprouvais la seule envie de savoir ce qui n’allait pas et de la consoler. De la réconforter. D’effacer toute cette douleur de ses traits fins pour revoir à nouveau son visage si souriant, si heureux.
Et maintenant que j’étais au courant, je n’étais pas sûr de savoir comment réagir à cette nouvelle. C’était comme si toutes mes croyances sur mon meilleur ami s’évaporaient comme un feu de paille. Comme si tout ce en quoi j’avais pu croire avec lui n’avait été qu’illusions. J’avais pensé qu’il n’était pas ce genre de personnes ; j’avais pensé qu’il était celui qu’il fallait à Elisa. J’avais cru qu’ils étaient le couple parfait et le plus solide que je n’avais jamais vu. Le plus heureux et le plus amoureux. J’avais pensé que s’il avait un souci, des problèmes, il serait venu m’en parlé. Il m’aurait téléphoné, aurait débarqué chez moi, m’aurait dit : « Aaron, j’ai besoin de ton aide ». Mais non. Rien. Il ne m’avait rien dit, ne m’avait pas parlé de ça - depuis quand était-il attiré par les hommes ? Il m’avait caché ce genre de choses alors que j’étais censé être son meilleur ami. Oui, censé, parce que je n’avais pas pensé qu’il puisse me dissimuler ce genre de choses. Pas à moi, pas à son meilleur ami - qui était bisexuel et ne s’en cachait pas.

J’étais partagé entre la colère et l’indignation, entre l’envie de me ruer chez Léandre pour lui refaire le portrait et le besoin urgent de m’occuper d’Elisa. Car elle était celle qui avait besoin d’aide, d’être réconfortée. Elle était celle à qui je devais accorder de l’importance à cette minute. Pas Léandre. Mon meilleur ami ne méritait pas que je me fasse du souci pour lui. Pas après ce qu’il venait de faire. J’avais tant peiné à construire ma relation avec lui, j’avais eu tant de mal à lui faire confiance - peut-être parce qu’on se ressemblait trop - et là, il venait de tout gâcher. Je n’étais pas sûr de pouvoir comprendre ses actes même s’il avait la meilleure explication du monde. Je n’étais pas un modèle de vertu, je n’étais pas un exemple, mais jamais je n’aurais pu faire une chose pareille à quelqu’un comme Elisa. Pas alors qu’elle s’était livrée corps et âme dans leur relation.
Il couchait avec son beau-frère. Il couchait avec le frère de sa femme. Le frère d’Elisa. Que lui était-il passé par la tête, bon sang ? Comment avait-il pu ne serait-ce qu’être attiré par son beau-frère ? Avait-il des sentiments pour lui ou était-ce seulement une relation d’ordre sexuel ? Pensait-il à quitter Elisa ou allait-il laisser pourrir cette situation, leur mariage ? Et Lili, qu’en pensait-elle ? Que pensait-elle faire maintenant qu’elle savait ? Avait-elle demandé le divorce ? Beaucoup de questions, peu de réponses - comme d’habitude.

Je me sentais si mal pour elle ; je me sentais tellement en colère contre lui. Es-ce que ça voulait dire que j’allais devoir choisir un côté ? Être pour l’un et contre l’autre ?

« Oh mon Elisa, m’exclamai-je tout en rapprochant ma chaise de la sienne pour la prendre dans mes bras. Je… Je ne savais pas… Je suis désolé… Tu ne méritais pas ça. Il n’aurait jamais dû. »

Oubliant jusqu’à l’existence des danseuses et de la musique de cabaret, je la berçai doucement, passant une main légère dans ses boucles blondes. Que pouvais-je dire ? Les mots ne suffiraient pas pour effacer l’humiliation, la douleur de ce que lui avait fait subir Léandre. Il n’y avait rien que je puisse faire pour tout arranger come d’un coup de baguette magique. Même si son mari lui revenait, plus amoureux que jamais, cela ne changerait rien au fait qu’elle devait désormais faire face à cette honte poisseuse de se savoir cocu avec un homme qui plus est - qui était également son frère. Tout devait s’effondrer autour d’elle. Son mariage, sa famille. Son amour. Elle se retrouvait sans rien. Rien que ses yeux pour pleurer - ce qu’elle avait dû faire, des jours durant.

« Je suis là, je ne te laisserai pas… tentai-je de la rassurer avant de m’écarter, de prendre son visage entre mes mains pour plonger mon regard azur dans le sien toujours embué de larmes. Tu m’as compris ? Je suis là. Tu peux compter sur moi, je vais pas te lâcher. Et je te jure sur ma vie que tout va s’arranger. Ça prendra sans doute du temps, et ce sera difficile. Mais tout s’arrangera, je te le promets. »

Je déposai un baiser sur le bout de son nez rougi, lui souris avec tendresse. J’allais aider Lili, coûte que coûte. Et tant pis si ça me coûtait mon meilleur ami. Mais elle avait besoin de quelqu’un sur qui se reposer ; elle avait besoin d’un pilier pour se remettre, pour se relever. Alors j’allais être là, pour elle. Pour qu’elle comprenne que, malgré les apparences, elle n’était pas seule. Qu’il lui restait quelqu’un sur qui elle pouvait compter partout et tout le temps. Moi. Je savais que mon syndrome de Super-Héros allait me perdre un jour mais je ne pouvais pas la laisser seule. Pas maintenant. Pas après tout ça.

« Demande-moi tout ce que tu veux, Lili, et je le ferai. N’importe quoi. N’importe où et n’importe quand. Je vais être là. Pour toi. »
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