Il parait que dans ces moments-là, on doit rester fier, impassible, donner l’impression que le monde qui nous entoure nous est indifférent. Il parait qu’on ne doit pas pleurer, qu’on doit rendre à l’autre toute la douleur qu’il nous a fait ressentir et se relever, souplement, comme si de rien n’était. Qu’on doit donner l’impression que tout va bien. Même si c’est faux. Habituellement, cette comédie, c’est toute ta vie. Mais pas cette fois-ci. Non cette fois-ci, t’as le cœur qui te fait mal Rafael. Et tu n’as jamais eus aussi mal de ta vie. Même pas sous le rire cruel des autres gosses, même pas sous le regard de pitié des plus vieux, même pas quand t’as appris que tu étais différent. C’est comme tomber dans un gouffre, se noyer, ne plus réussir à respirer. Et Il est là, ton doux héros, te blessant, encore et encore, inconsciemment. “ Je suis désolé Raf'. Je t’aime, mais j’y arrive plus. „ T’as la gorge sèche, les poings serrés. C’est un cauchemar. La réalité, ça ne peut pas être ça. Parce que lui, c’est ton amour, c’est Camel et il t’appartient. Il t’appartiendra toujours. C’était sa promesse.
Tu l’as rencontré il y a de ça déjà un peu plus de 3 ans. Il était dans ta classe, assis, au fond, prêt du chauffage, l’air impassible. Et Lorsque tu étais victime de moquerie, lorsque tu faisais une crise en classe sans raison, c’était l’un des seul à ne pas rire, à ne pas se foutre de toi. Puis un jour tu as craqué, touché le fond, t’en pouvais plus de ce traitement. Alors il c’est levé, il a gueulait. Si fort que tu en as eus peur. Parce que lui aussi, il avait atteint ses limites. Il t’a accompagné dehors, t’as aidé à te calmer. Et c’est lorsqu’il t’a soufflé quelques mots que tout à commencer entre vous. “ Laisse tomber Rafael, ils sont juste con. T’es mieux qu’eux, crois-moi. „ Il a d’abord commencé par te faire la bise le matin, malgré ton anxiété à cette approche. Puis petit à petit, ton doux héros, il c’est fait une place dans ta vie. T’aidant peu à peu à accepter sa présence. L’amour. C’est ça qui faisait bondir ton cœur à son approche. La première fois qu’il t’a embrassé, tu as ressenti toute une palette de sentiment. Comme un feu d’artifice au creux de l’estomac, comme l’impression de flotter. Et c’était si doux. Si merveilleux. Tu as toujours aimé ses baisers, car tu le sais aujourd’hui encore : Sa tendresse, elle aussi t’appartient. “ T’es comme une drogue raf'. Tu le sais ça ? „
Pourtant, la chose qui vous a réunis, c’est aussi celle qui va vous séparer. Tu ne t’en rends pas toujours compte mais il n’y a pas que ton quotidien que ta maladie détruit. Il y avait aussi le sien. Et c’est dur d’être amoureux d’un garçon qui vit dans un autre monde et qui ne parle pas autant que les autres. Faire la conversation pour deux, supporter les moqueries, supporter tes crises, tes visites incessante à la clinique, ton comportement parfois violent, parfois étrange, supporter ta jalousie, ta peur de le perdre, ta peur du monde, ta peur tout court, supporter ta solitude, ton monde isolé, accepté de vivre dans une bulle, de ne plus avoir tant de liberté, supporter d’avoir peur de l’avenir. T’accepter toi, ta maladie et cet amour instable, beaucoup trop instable. Alors votre bonheur, votre amour, votre histoire, ta raison de vivre. Tout a volé en éclat. “ Je suis désolé Rafael. Je t’aime, mais j’y arrive plus. „ Le cœur qui s’arrête de battre, l’impression de ne pas être à sa place, le rouge aux joues, l’envie de disparaitre. Tes larmes, incessantes et traitresses. “ C’est fini, j’arrête tout. „

Le temps a passé depuis. De l’eau a coulé sous les ponts. Pourtant, tu ne l’oublies pas. Et lui non plus. Malgré tout, ton doux héros, Il a tenue sa promesse, il est resté au prêt de toi et à continuer à te protéger. T’as bien essayé de vivre d’autres histoires mais rien n’est aussi beau que ce que tu as vécu avec lui. Et tu le sais, lui aussi peine à trouver son bonheur. T’as envie d’y croire Rafael, de croire qu’il peut te revenir, que l’amour, ça peut aller au dessus des différences et de la maladie. Et tu sais quoi ? Peux être que lui aussi à envie d’y croire.