« Ferme-là » ta voix siffle, violente à s’en couper le souffle tendit que tu poses un regard voilé sur ton ancien ami. Tu serres entre tes doigts frêles la bouteille d’alcool, retenant un léger gémissement. Tu ne sens même pas tes larmes couler Juno, t’es si pitoyable. Comme un vulgaire môme qu’on aurait abandonné. Voilà une semaine qu’on a mit en terre Amelia et t’es déjà plus que l’ombre de toi-même. Il s’agenouille en face de toi, passant sa main dans tes cheveux. Un geste doux, si doux. Comme ceux qu’il avait à l’encontre d’Amelia, comme ceux qui l’ont tué. Alors tu le repousses, amer et désabusé. « C’est de ta faute. » Tu souffles, serres la mâchoire et fermes les yeux, te collant un peu plus contre le mur. « Tu l’as tué. » c’est comme un murmure à travers tes lèvres, un constat qui te fais suffoquer. Sans Cheshire, sans cette putain de France, elle serait encore là. Sans l’amour, sans la peine, la douleur, elle serait encore là. Tu sanglotes tendit qu’il se relève, enserrant entre ses doigts ton poignet comme imperméable à tes accusations. Mais tu le sais toi, tu le sais à quel point son cœur saigne. Tu le sais à quel point il est perdu. Et ça te dégoute qu’il puisse tenir debout malgré l’absence de ta sœur. C’est comme un aveu à tes yeux. Comme s’il accepte le fait d’avoir poussé Amelia à se tuer. Il te relève et tu te laisses faire, si fragile. Ses bras enserrent ton corps, t’attirant à lui et l’espace d’un instant tu t’abandonnes à son contacte, les paupières closes. C’est si vide sans elle, si vide. Il te murmure à l’oreille un tas de paroles réconfortante, te murmures l’espoir et le courage. Ta main libre serre doucement son haut tendit qu’un sanglot t’arrache à nouveau. Pitoyable, si pitoyable. « J’le sais que tout est de ma faute Juno, j’le sais. Si tu savais comme je regrette. » Tu sens sa voix qui déraille, comme s’il allait se perdre dans un sanglot lui aussi. Seulement tu t’en fous, c’est de sa faute qu’il dit. Connard de Cheshire, putain de meurtrier. Tu t’agites tendis qu’il te retient, ne voulant pas te laisser partir. Tu le sens qu’il a peur Juno, tu le sens mais tu fais mine de ne rien voir, soudainement aveugle. Tu enserres la bouteille entre tes doigts. Crever, c’est tout ce qu’il mérite. Alors tu le frappe, sens la bouteille qui éclate et réalises ton geste trop tard, stupéfait. Ton monde éclate en morceau. Le réconfort de Cheshire s’envole, sa chaleur aussi. Il s’éloigne de toi comme si tu avais la peste et serre les doigts, sa main collé à sa joue. « Putain. Pauvre con, salopard. Va crever Juno, va crever. J’voulais t’aider mais je crois que tu ne le mérites pas. Restes-là à te pourrir la santé si ça t’enchante. Moi j’vais faire en sorte de continuer à vivre sans elle. » La porte claque, tu te laisses à nouveau glisser contre le mur et pleures. Tu sens ton cœur qui remonte au bord de tes lèvres. Pitoyable Juno. C’est tout ce que t’es devenu.