Il avait dit à Félix le jour de leur départ : non, tu n'emmèneras pas le costume de Yoda. Félix avait exigé des explications - c'était pourtant pas compliqué : ça allait les charger inutilement, et ils allaient certainement pas se servir de ça à Paris.
Certainement pas.

Il avait dit à Félix la semaine dernière : non, on ira pas à la fête de la musique cette année. Félix avait exigé des explications - cette fois, c'était pas si évident que ça. Ça grisait Théo, la fête de la musique. Tous ces musiciens. Et eux, obligés de faire leur musique dans le métro.

Il a dit à Félix hier, en passant, avant de sortir pour aller nul part : demain soir on va à la fête de la musique, à condition que tu me prêtes le costume de Yoda.
Félix a pas cherché à comprendre. Il cherche plus. Les excentricités de Théotime Puech, il est habitué. Trois fois l'an, Time fait une requête bizarre. Félix accepte, ça le fait marrer.

Ouais. Théotime en Yoda sur la place de la Bastille, ça le fait marrer.
- Sexy tu es ce soir, il lui dit.
Ouais. Sexy il est ce soir.

Lilith t’harcèle sur ton téléphone – elle doit même être en bas de ton immeuble à cet instant, bien décidée à te faire traverser tout Paris pour te changer les idées : ma pauvre, tu as fini tes épreuves et donc peu d’excuse pour l’éviter. Et puis si on l’écoute, tu vas te changer les idées et bien t’amuser ce soir : Kyhan, Leho et toute la clique ne doivent pas être bien loin. Tu te faufiles jusqu’à la porte de façon à ce que tes parents ne se rendent pas compte que tu es sur le point de faire le mur. Lilith est drôlement motivée ce soir, à moins que ce ne soit son éternel côté weird ou un peu d’alcool dans son sang qui fait qu’elle te traîne comme une gosse. Tu ne bronches pas et la laisse faire. « Tu comptes m’emmener où comme ça ? » T’es déjà à bout de souffle.

Place de la Bastille. Vous venez tout juste d’arriver et il y a du peuple. Sans demander ton avis, sans même prendre le temps de te prévenir, Lilith plaque ses mains sur tes joues et t’embrasse à pleine bouche. Wow. Tu clignes des yeux et remarque la silhouette de Basile dans le dos de la blonde qui vient d’assister à cet horrible spectacle, impuissant. Merde.

Une clope dans une main, l'appareil photo dans l'autre, ce soir j'comptais bien prendre des photos de cet événement qui fête la musique et annonce l'été. Je finis ma clope et j'vais chercher une bière à la buvette. Je commence à prendre quelques clichés, quand soudainement je passe devant un stand de barbe à papa. Attiré par l'odeur, je m'en approche sans me demander ce qu'un tel stand fabrique au milieu de la fête de la musique. Soudainement, le téléphone du propriétaire se met à sonner. Quoi? J'arrive tout de suite! Le mec m'explique qu'il a une urgence et qu'il me laisse le stand en son absence avant de se barrer en courant, me laissant planté là. Je mets quelques secondes à réaliser, clignant bêtement des yeux. Je fixe ce petit chariot à roulette, puis hausse les épaules, et me dit que ça peut être marrant. Alors je range mon appareil photo, et me glisse derrière le stand. Des gosses s'approchent avec des petites pièces, et les premiers essais sont un peux laborieux, mais ils finissent par repartir avec les barbes à papa de leurs rêves. Ça me rend heureux, j'ai l'impression d'être leur héros d'un soir. Je suis quelqu'un qui s'ennuie très rapidement, et les clients se font de plus en plus rares. Alors je me mets à crier histoire de les attirer. « Allez venez elles sont pas chères mes barbes à papa! Il y en a pour tout le monde et vous obtenez des réductions sur les achats groupés, alors on hésite pas! »

Tu hallucines un peu plus à chaque mot qui franchit ses lèvres. « Bleu, veux-tu l’épouser ? » Oh putain, c’est qu’elle n’est pas qu’un peu imbibée la Lilith : une véritable éponge à alcool ce soir. Épouser un poisson, qui plus est le piranha avec lequel elle communique dieu sait comment ? Tu ne sais pas de quelle façon t’y prendre pour ne pas les vexer. « heu… félicitation ? » Tu tournes vivement la tête : Leho. Sauf qu’il ne semble pas être vraiment là pour te filer un coup de main et te sortir de ce merdier. Pas mal torché dans le genre, lui aussi. Et puis il s’avère que monsieur est en drôle de compagnie ce soir. Un stand de barbe à papa… Tu retournes soudainement en enfance. « c’est mon amoureux. il s’appelle bob, un blond me la filé » Ouais, bah t’es mal barrée ce soir, mais tu ris. Chose promise, chose due, ils te font toujours autant rire, bien que tu sentes les explications venir tôt ou tard avec Basile. Tu te mords la lèvres. « ouai, bon en échange d’mon jean, d’accord. » Éclair de génie. En fait, l’arrivée de ce stand et de Leho est juste parfaite. Tu profites du fait qu’il s’exhibe devant vous – t’as un peu tourné la tête d’ailleurs – et qu’il vous explique le pourquoi du comment, afin de t’extirper de la conversation, et surtout, de l’étrange demande en mariage de Nounou via Lilith. Tu attrapes le stand, dieu merci cette chose est montée sur roulettes, et le pousses du mieux que tu peux en direction de… Tu ne sais pas où Basile a pu s’échapper. Le connaissant, monsieur doit ruminer quelque part. Bon, t’es aussi épaisse qu’une planche à pain, alors diriger l’enfin n’est pas chose facile. Pas moyen de courir, tu ne peux qu’accélérer le pas pour imposer une certaine distance entre toi et Leho, qui à priori n’a toujours pas remarqué ton emprunt.

Tu remarques soudainement sa tignasse brune. La sienne. Celle dans laquelle tu aimerais glisser tes doigts. « Basile Tiersen ! » Essoufflée, tu arrives enfin à son niveau. « Je sais. Il n’y a pas d’excuse, les explications sont toujours nulles, mais faites moi confiance d’accord ? En guise de… bonne foi, je t’offre une barbe à papa ? » Tu le supplies du regard. Vous n’avez pas une dispute conne maintenant, pas après quelques petites semaines de tranquillité depuis votre grand déballage au sujet de ton frère.

Cigarette dans une main, Alix dans l'autre, elle déambule au milieu de la foule, tire de temps en temps une taffe et rejette la fumée vers le visage de son fiancé, pour l'emmerder. Il déteste le tabac que fume Jo' et elle le sait. Mais ce n'est qu'un juste retour des choses, lui fume vingt quatre heures sur vingt quatre un horrible tabac à rouler, toujours à côté d'elle. Toutes leurs fringues sont imprégnées de l'odeur de ce tabac, peu importe combien de fois elle les lave. Elle a fini par abandonner et se venge gentiment en lui soufflant au visage sa fumée de cigarette. La musique, l'ambiance, la main chaude d'Alix dans la sienne, ses lèvres qui parfois viennent embrasser le haut de sa tête, tout cela la transporte. Elle adore la musique, elle aime l'atmosphère qui règne lors d'un concert. Alors quand, sur scène, un groupe s'avance pour entamer son set, elle entraîne Alix dans son sillage pour se rapprocher au plus près. Les yeux fermés, elle laisse la musique monter en elle, tandis qu'Alix pose son menton sur sa tête. Elle a toujours détesté être petite, mais depuis Alix, elle apprécie la tendresse avec laquelle il se sert de son crâne comme d'un coussin, tout en entourant sa taille de ses bras. Je suis sûr que tu rêverais de chanter comme eux. Elle hoche doucement la tête, et Alix rit un peu. Alors vas-y. Elle tourne la tête pour le regarder, pour voir s'il est sérieux ou non. Son sourire lui prouve que oui. Elle ne peut s'empêcher de rire à son tour. D'accord. Mais je veux une barbe à papa, quand je reviens. Elle désigne du doigt un type en calbar à côté d'un stand de barbe à papa. Le sourire d'Alix s'élargit encore, il vient de voir le stand partir tout seul, ou presque. Sans son propriétaire, en tout cas. Il se retourne vers Joséphine, qui est en train d'ôter sa veste. Elle lui tend et se hisse sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Une chanson de prédilection ? Il réfléchit quelques instants, puis affiche un grand sourire moqueur. Silencieux, il sort de sa poche son téléphone, fait quelques clics dessus, puis branche ses écouteurs et tend une oreillette à Joséphine. Elle écoute attentivement, et il lui faut moins d'une minute pour déceler la connerie. Elle se mord la lèvre puis regarde Alix. Vraiment ? D'accord. Je t'emprunte ça. Elle prend le téléphone de la main d'Alix et fend la foule, jusqu'à atteindre la scène. Après quelques manipulations, elle réussit à débrancher les instruments des musiciens, sur scène, pour brancher le portable d'Alix aux amplis. Puis elle monte sur scène et récupère le micro sans un regard pour le pauvre chanteur. Elle l'expédie en dehors de la scène et lui fait signe de lancer la musique. Sans aucune honte, elle entame dans la joie et la bonne humeur le 'morceau' que lui a imposé Alix, manquant d'exploser de rire à chaque instant. Elle prie pour que personne d'autres qu'elle et son fiancé ne comprenne les paroles. Elle achève enfin l'étrange chanson et quitte la scène, récupère le portable, adresse un signe de main aux musiciens qu'elle a viré et rejoint Alix, qui se tord de rire avec une barbe à papa à la main. I dit it, so give it to me ! Il ne peut que reconnaître qu'elle est allée jusqu'au bout et lui tend la sucrerie tout en l'attrapant par la taille. Son rire résonne encore dans les oreilles de Joséphine lorsqu'elle entreprend d'attaquer le nuage de sucre.
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Elle crève la dalle Fauve. Suffit de voir comment l'animal prend plaisir à ouvrir la gueule dés que quelque chose passe à côté d'elle. Ça doit faire plusieurs jours que la bête n'a plus rien mangé. Par manque de temps mais surtout d'argent. Mon porte feuille vide hurle lui aussi à la famine. Sauf qu'aujourd'hui, Fauve n'en peut plus. Tellement que j'ai l'impression qu'elle va finir par me manger dans mon sommeil. Alors, décidé à mettre fin à son agonie je dévale les rues les Paname sur ma trottinette. J'supplie les bouchers de m'offrir quelques kilos de leur viande. Seulement deux ou trois kilos, c'est pas grand chose, non ? Pourtant, ils me rient au nez, comme ça, comme si j'étais qu'un simple gars un peu trop naïf. La vie est chère mon petit ! Et il se marre. Ses dents jaunes s'affichent et laissent même s'échapper quelques gouttes de salive. J'ai envie de lui répondre que ce n'est qu'un pauvre connard mais j'me retiens. Trop occupé à courir après cette foutue bouffe. Les rues défilent tandis que je manque de foncer dans une vieille de plein fouet. Je peux l'entendre hurler, de sa voix brisée. Un sourire se dessine sur mes lèvres, mi moqueur, mi satisfait. J'accélère un peu plus la cadence, mon pied droit tape sur le goudron pour faire avancer un peu plus vite le tas de féraille. Je ne sais absolument pas depuis combien de temps je roule comme un attardé mais la musique termine par faire vibrer mes tympans. Toujours paniqué à l'idée de retrouver Fauve morte de faim je me dirige dans la foule, désespéré. J'peux voir Vadim, je lui fais un sourire et continue ma route. Je balaye du regard la foule, croise un type à poil. Il pourrait être un bon repas mais trop graisseux. Dépité, je relève les yeux et croise enfin l'une des plus belle cuisse. Le genre de jambonneau que l'on croquerait à pleine dent. Un sourire carnassier prend place sur mes lèvres alors que je me dirige vers la scène. Mon cœur rate un battement lorsque ce morceau de chair fraîche quitte la scène. Comme un prédateur ayant perdu sa proie, l'adrénaline monte. Je sautille comme un pauvre con à la recherche de cette fameuse fille jusqu'à tourner innocemment le regard et la croiser à nouveau. Un soupir de soulagement quitte mes poumons à la vue de cette dernière. J'étais à deux doigts de monter sur scène pour demander à la foule de la rechercher. A deux petits doigts. Mais elle est là. A quelques mètres. C'est d'un pas rapide que je me dirige en sa direction, sourire aux lèvres. Regard angélique, on me donnerait presque le bon dieu sans confession. Sauf que la seconde d'après ma main se pose sur sa cuisse, soulevant au passage légèrement sa jupe. Sur le moment, j'me rends même pas compte que je puisse passer pour un gros pervers. « Oh mon dieu. » Je marque une pause, plante mon regard dans le sien. « J't'ai remarqué toute à l'heure. Fin surtout ta cuisse là … on la mangerait bien. Fin pas moi. » J'me mords la lèvre, mes mots s'embourbent mais je continue, dans la même optique. « J'ai un alligator qui crève de faim. J'ai pas le fric pour acheter de la viande. J'ai pensé qu'tu pourrais me donner un morceau de ta cuisse. Mais t'inquiètes pas hein, j'peux couper ça proprement. J'ai de bons couteaux chez moi. T'y verras que du feu. Un morceau de cuisse, dans une vie, c'est quoi ? C'est rien. J'en ai vraiment besoin. » Suite à ça je me mets à genoux pour mieux la supplier et lui faire les yeux doux. Bien décidé à ne pas en rester là.

Léonie l'a abandonné. Il traine sa carcasse malheureuse au milieu des gens ivres, d'alcool ou de bonheur. Léonie l'a abandonné physiquement et Bleuenn symboliquement.

Une fille. Putain.

C'est la fin du monde. Il se sent Saez. Il se sent surtout un peu mort.
Il faut qu'il récupère Léonie et qu'il s'en aille. Qu'il rentre, noie son malheur dans des copies de bac.

- Basile Tiersen !
C'est la petite voix de Bleuenn qui l'appelle. La petite Bleuenn sur un stand à barbe-à-papa - mais ça ne l'étonne que trop peu. Bleuenn est là. Bleuenn l'a cherché. Il voit la folle blonde plus loin derrière eux. Il la regarde le plus méchamment qu'il peut.
Avec l'air de dire tu me prendras pas Bleuenn.

Il coupe la parole à Bleuenn avec un baiser. Le plus osé, le plus passionné, le moins basilien depuis qu'ils ont commencé ce genre de pratique - s'embrasser.
Ce gros baiser, qui surprend un peu la pauvre Blue, c'est une façon de marquer son territoire.
Propriété de Basile.

Il se sert une barbe-à-papa, il partage avec elle, il l'entraine avec lui sévèrement. Même avec ses élèves, il est pas aussi autoritaire. Sous sa direction, ils slaloment entre les stands, les scènes. Il y a trop de bruit et trop de gêne pour qu'ils parlent.

Puis, prise de conscience. Retour à l'état Basile.
Il glisse à l'oreille de celle qu'il appelle son amoureuse :
- Je suis désolée, tu ... veux peut-être retourner avec tes amis. En fait. C'est ce qui était prévu.
Oh oh.
- Je veux pas faire le macho.

C’est toujours plus charmant que les animaux qui s’urinent ou se montent dessus en public. « Je suis désolée, tu … veux peut-être retourner avec tes amis. En fait. C’est ce qui était prévu. Je veux pas faire le macho. » Tu poses ton index sur ses lèvres. Tu es sur le point de le rassurer, de lui dire qu’il n’a aucun souci à se faire et que malgré le risque, tu n’es pas prête de partir, surtout dans les bras de Lilith. Tu aurais aussi rajouté que tu pouvais rester un peu, autant de temps qu’il souhaiterait s’il le fallait, parce que de toute façon, tu préfères attendre que Lilith et Nounou oublient cette étrange demande en mariage. Mais il faut croire que la soirée n’est pas prête d’être tranquille. Voilà Leho qui revient à la charge… en très petite tenue. D’ailleurs, tu te serais bien passé de ce genre de détails. Tu tournes vivement la tête écoutant d’une oreille distraite ce qu’il a vous dire. « j’me présente, franck et elle là, c’est anna. on est en couple depuis plusieurs mois, fin’ bref, récemment, on a voulu tenté les plans à trois. et un peu timidement, bleu à répondu par la positive. elle voulait avoir plus d’expériences pour son copain… ça doit être toi, non ? » Vient-il vraiment de mettre ta petite personne dans le concept d’un plan à trois pour avoir plus d’expérience sexuelle ? De toute façon, de l’expérience, tu n’en as même pas, ce serait carrément tordu de ta part d’accepter ce genre de proposition… En attendant, tu as littéralement changé de couleur. Si bien que tu ne sais plus où te mettre. What’s the fuck est l’expression la plus adéquate pour décrire la situation. « bon, on a à peine fait les préliminaires qu’elle c’est barré –avec mon stand d’ailleurs-. donc vous êtes sympas, mais je veux plus être mêlé à ça. les voleuses, ce n’est pas mon truc. tiens ta copine en place hein. » Rouge de honte, tu manques de t’étouffer avec toutes ces conneries. Leho, cela méritera vengeance même si je suis votre bizut et que tu dois avoir un sacré coup dans le nez là. Tu ne sais pas quoi dire pour ta défense. Tu croises les doigts pour que Basile ne tombe pas dans le piège. Puis tu les regardes s’éloigner avec un regard noir. Apeurée, tu fais face à Basile. « C’est pas vrai tout ça… Le truc du plan à trois, de l’expérience… » Toi qui voulais une (grande) histoire plutôt paisible, ça commence bien. Au moins, tu sais que ce n’est pas eux qui vous balanceront à ta famille ou à l’administration du lycée. Tu glisses ta main dans la sienne, et attrapes un bout de barbe à papa, avec la seconde, que tu ingurgites rapidement. Le sucre est la réponse à tout.
Massive sugar rush.

Avec tout ça, tu crains de devoir rentrer chez toi, sans avoir pu profiter des festivités alors que tu l’avais à peine retrouvé. Retour à la case départ. Soupire.

la fête de la musique. t'étais censée sortir avec quelques collègues qui étaient également tes amis. quelque chose entre trois, quatre personnes. pas plus. juste histoire de sortir, de profiter. de se changer les idées. mais ils avaient annulés aux derniers moments. tous. sans exceptions. et tu te retrouvais seule. parce que comme eux, tu n'avais pas de rendez-vous avec un fiancé, un petit copain, ou autres. ils t'avaient abandonné pour ceux qui faisaient battre leur coeur, et tu pouvais le comprendre. même si en attendant, tu te retrouvais seule. parce que toi, t'avais pas de petit copain, ou de potentiel fiancé. mais ce n'était pas en restant enfermé chez toi à faire les maquettes pour la prochaine collection printemps/été 2013 que tu trouverais quoi que ce soit. alors t'avais décidé d'enfiler une jupe noire, peut-être légèrement plus courte que ce que tu mettais d'habitude; accompagné d'un t-shirt blanc, légèrement trop grand, légèrement transparent. une fois prête, tu sors. direction place de la bastille. t'y vas à pieds, t'aimes bien marcher. et puis, ça te fait faire du sport. bordel, y'a du monde. pas très loin de toi, tu peux remarquer leho et lilith. tu les connais pas vraiment, tu sais juste que ce sont de très bons amis à kyhan. et c'est plus fort que toi, tu le cherches du regard, en espérant le voir. tu cherches kyhan. mais il n'est pas là. du moins, tu ne le vois pas. tu ne devrais même pas essayer de le trouver, tu devais simplement essayer de penser moins souvent à lui, ça finirait par te porter préjudice tout ça. parce que tu pensais plus souvent à lui que lui ne pensait à toi, et ce n'était pas bien. m'enfin. tu t'avances un peu, tu regardes des musiciens jouer sur une scène. du rock. t'aimes bien le rock.

La fête de la musique. J'suis pas particulièrement attirée par la musique en elle-même. J'aime juste l'idée de ne pas m'ennuyer à bosser. Les chiens sont endormis. En plus. Deuxième chance. Alors autant en profiter pour sortir un peu, voir ce que ça donne une fête chez les êtres humains normaux. Dans ma famille, c'était presque une tradition de sortir pour la fête de la musique. On écoutait les groupes de jeunes qui veulent se lancer, on prenait une barbe à papa et on prenait l'air. Rien de bien intéressant. Rien de bien différent des autres badauds dans l'assemblée. Je sors de chez moi et arrive dans le centre ville. Soupire. Les gens s'y rendent comme moi. Les enfants courent. Certains trébuchent et tombent. Les parents accourent comme pour les sauver de leur propre maladresse. J'allume une clope. Tire. Avance. Depuis que Théo à dormir à la maison j'dois bien avoué que j'ai pas mis le pieds dehors. Surtout pas au Skate Parc. Ni au métro. Nulle part. Ses lèvres restent posées contre les miennes. Avouons quand même que c'est troublant. J'avance. Mes boots pèsent lourds sur mes jambes. Un short. Un t-shirt noir. Mon perfecto favoris. J'avance. J'crois que j'arrive au milieu des hostilités. Les gens sont groupés et observent un groupe. J'vais voir un vendeur à la sauvette. Demande quelque chose à bouffer. Un truc un tant soi peu agréable. Des chichis. Une grosse dose. Je me retourne vers le reste de la foule. Observe de loin. J'vois un crétin déguisé en Yoda. De dos. Fronce les sourcils. J'savais pas que les gens devaient se déguiser pour la fête de la musique. Faut dire que ça fait pas mal de temps que j'y suis pas allée... En espérant que la pimbêche soit pas là... Sinon ça sera folklo.

Elle rit, Joséphine. Elle rit avec Alix, elle rit d'Alix, tout en attrapant entre deux doigts des lambeaux de barbe à papa. Elle adore être ici, avec son fiancé, baignée de musique, de bonheur. Elle est heureuse, comme ça, tout simplement. Rien ne pourra gâcher la joie qu'elle éprouve en ce moment. Rien ni personne. Sauf peut-être... une main baladeuse qui soulève sa jupe. Une main froide, qui n'est pas celle d'Alix, puisqu'il les a dans les poches. Son visage se fige. Qui est le connard qui ose venir troubler son bonheur ? Elle se retourne, furieuse, pour découvrir un type à l'air paumé, le visage rouge et luisant de sueur. Oh mon dieu. Son regard croise celui de Joséphine. Elle hésite un instant à lui envoyer son poing au visage, mais elle préfère attendre. Il s'est peut-être planté de personne et va s'excuser dans un instant, avant de s'en aller. Ouais, c'est certain. J't'ai remarqué toute à l'heure. Fin surtout ta cuisse là … on la mangerait bien. Fin pas moi. Elle n'en revient pas. Il est con ou quoi ? J'ai un alligator qui crève de faim. J'ai pas le fric pour acheter de la viande. J'ai pensé qu'tu pourrais me donner un morceau de ta cuisse. Mais t'inquiètes pas hein, j'peux couper ça proprement. J'ai de bons couteaux chez moi. T'y verras que du feu. Un morceau de cuisse, dans une vie, c'est quoi ? C'est rien. J'en ai vraiment besoin. Et il en rajoute, en plus. Dans son dos, elle entend Alix qui semble s'étouffer devant la connerie du tatoué à genoux devant elle. Elle arrive pas à savoir si oui ou non son mec se marre, ou s'il est juste sous le choc. Dans le doute, elle écrase le pied d'Alix. Elle reporte son attention sur le type devant elle. Elle a pas l'intention de lui filer un morceau de cuisse. Elle en a besoin de ses cuisses. Alix, il les adores, ses cuisses. Il les trouve dodues à souhait, belles à mourir, à se damner. Alors elle va les garder, ses cuisses de dinde ! C'hors de question que j'te file un bout de cuisse. J'les garde pour le débile derrière moi. Trouve quelqu'un d'autre. Elle tourne la tête, regarde autour d'elle pour trouver un autre morceau de viande fraîche pour la remplacer. Puis son regard tombe sur une blonde, avec le stand de barbe à papa qu'elle avait d'abord vu avec le type en calbar. Peu importe. Regarde la fille là-bas. La blonde avec la coupe de Dora l'exploratrice. Celle avec le stand de barbe à papa ! Le tatoué n'a pas l'air convaincu par son choix, alors elle commence doucement à reculer. Puis elle fini par attraper la main d'Alix et part en courant, comme une dingue. Au s'couuuurs ! Y a un pervers armé d'un croco' là-bas ! Elle slalome entre les gens, Alix dans son sillage. Lorsqu'elle s'arrête enfin, essoufflée, elle a atteint les limites de la place de la Bastille, entourée de voiture. Elle se tourne vers son fiancé. Faut que je fasse pipi... Donne moi deux minutes, je reviens. Il n'écoute pas vraiment, un peu trop largué, un peu trop perdu dans les événements et la course qu'ils viennent de faire. Elle le quitte alors, vient se caler entre deux voitures et enlève sa culotte, le temps de faire sa petite affaire et de se relever, regardant autour d'elle pour vérifier que personne ne l'a vue faire. Elle renfile sa culotte et rejoint Alix, qui reprend encore son souffle. Tadaaam ! Il lui tapote la tête, à bout de souffle. T'as perdu ta barbe à papa, Jo'... Elle regarde sa main, vide. T'as raison. On va en chercher une autre. Elle l'entraîne à la recherche de la blonde et de son stand de de barbe à papa.

Le souffle coupé par cette course effrénée et la recherche de viande, je fixe cette fille. Comme si c'était une déesse. Ma dernière chance sur cette planète. Pourtant, y en a des tas d'autres autour de moi. Mais j'sais pas, mon cerveau fait une fixette sur elle. Il veut pas déconnecter. Il veut ses cuisses, à elle, et à personne d'autre. Je ne fais qu'exécuter ses désirs. La coke doit pas y être pour rien, aussi. C'est secondaire. Mes paumes se collent devant mon visage, pour l'implorer. Ça fait rire le mec derrière elle. Puis la blonde s'en fout, que Fauve crève de faim ou pas. Pas de cœur, pas de cœur. Pauvre bestiole. C'hors de question que j'te file un bout de cuisse. J'les garde pour le débile derrière moi. Trouve quelqu'un d'autre. Je jette un léger regard derrière elle, rapide, détaché. Je cligne des yeux, pour chercher pitié et clémence. « Allez, fais pas la radine. » J'ai horreur des gens qui ne savent pas aider leur prochain. Je suis son prochain, et elle me laisse dans la galère, mademoiselle belle cuisse. Obsédé par sa personne, je suis son regard, innocemment. Regarde la fille là-bas. La blonde avec la coupe de Dora l'exploratrice. Celle avec le stand de barbe à papa ! ça me fout encore plus la haine. Je lui réponds d'ailleurs d'un geste négatif de la tête. J'ai pas envie qu'elle m'oblige à y aller par la force. J'imagine déjà Fauve croquer à pleine dents dans sa chair. C'est jouissif. Mon cœur s'emballe à cette idée. Encore plus lorsque la blonde me file entre les doigts. Alors, j'me relève, pour commencer à courir, tout en hurlant. Mythique. « J'VAIS TE FOUTRE 30 MILLIONS D'AMIS SUR LE DOS. » Ouais, ils rigolent pas eux, avec la maltraitance animale. Elle va finir en taule, mademoiselle belle cuisse. Trop rapide et bien plus lucide que moi, sa silhouette disparaît dans la foule, en même temps que ma volonté de la suivre. Je crache quelques insultes entre mes lèvres, à la recherche d'une solution. J'vais pas la laisser partir comme ça, oh non. Fauve a faim. Cette idée résonne dans ma tête, une nouvelle fois. Alors, décidé à mettre fin à cette course je me dirige sur la scène où des gens m'aident à grimper sur les planches. Le chanteur est là, prêt à entamer sa chanson lorsque je lui arrache le micro. Je le pousse légèrement et m'avance vers le public. « J'suis là pour deux minutes. J'ai besoin de votre aide les gars. » Je marque une pause, pointe du doigt l'endroit où j'ai vu disparaître la jeune fille. « J'suis à la recherche d'une fille. J'sais pas grand chose d'elle mis à part qu'elle est blonde, pas solidaire et avec de belles cuisses. Ah oui, elle est en jupe aussi ! » Je marque une pause, ouvre à nouveau les lèvres, pour m'apprêter à continuer, dans la même optique de la retrouver. Seulement voilà, un poing s'abat violemment sur mon visage. Ma vue devient soudainement floue mais j'ai même pas le temps de répliquer que mon corps quitte la scène. J'ai tellement mal à la mâchoire que je parviens même pas à hurler à l'injustice. Furieux et désespéré je me dirige alors vers la première personne que je connais. Nausicaa, elle est là. Les lèvres recouvertes de sang, je la fixe, j'ai ce sourire qu'elle déteste tant. Pourtant, pour une fois, j'ai pas envie de me foutre de sa gueule ou là chercher. « Oh putain Nausi ! » Je marque une pause, le temps de cracher ce fichu sang par terre. « C'est tous des malades ici. Une blonde avec des cuisses à mourir s'est barrée en gueulant que j'étais un pervers. Puis l'autre connard là, sur scène, il m'a foutu son poing dans la gueule. » Moi ? Une balance ? À peine. « J'comprends vraiment pas. Ils sont tarés. J'vais aller me plaindre au Maire. » et moi, j'suis totalement innocent.

Cela faisait un petit moment que la fête avait commencé, mais je n'avais pas pu passer avant. Pourquoi ? J'étais au téléphone avec ma mère, en train de débattre au sujet de l'entreprise familiale. Bref. Il était 21h30 : j'avais donc une demi-heure de retard. Manque de pot, moi qui n'étais jamais en retard, mais il y avait une première à tout. Lorsque je fus sur place, la première chose qui me vint à l'esprit fut que je devais aller voir un groupe de rock, ordinairement, je n'étais pas une grande fan de rock n' roll, mais la musique que j'entendais me donner envie de me rapprocher.

J'avançais et écouter un morceau, puis deux, trois, quatre... J'appréciais la musique, c'était quelque chose qui me berceait et me donner envie d'en jouer. Je chantonnais et fredonnais l'air, doucement pendant que les personnes sur scènes étaient en train de le jouer. Je ne m'étais pas rendu compte qu'à côté de moi, il y avait quelqu'un d'aussi... près ? Nous étions presque collés, il faut dire qu'il y avait pas mal de monde. En me retournant, je bousculais cette personne. « Je suis vraiment désolée. » Je ne connaissais pas cette personne, mais je n'avais pas envie de rester seule et vue qu'elle avait aussi l'air seule, j'entamais la discussion. « Je suis Dolce-Vita et vous ? » J'avançais la main, afin que l'on se sert la main, un sourire apparut sur mon visage lorsque la personne avança sa main pour prendre la mienne.

Elle sourit. Elle presse sa main. Elle le rassure. elle s'apprête à sortir de jolis mots, de jolis phrases gentilles, peut-être pas un je t'aime, c'est ni l'endroit ni le moment. Mais un truc. Rassurant.

Et là, ça devient n'importe quoi.

Il y a la folle blonde qui revient. Elle est accompagnée d'un grand mec, brun, pour le coup, il serait presque poussé à croire qu'un jour, il a eu ce garçon dans sa classe de maths. Mais quand il venait en cours, il s'habillait. C'est pas son cas. Là, tout de suite. Il porte rien que ce dont Dame Nature l'a doté.

C'est charmant.

Le brun s'en fiche. Il commence à baragouiner.
- j’me présente, franck et elle là, c’est anna. on est en couple depuis plusieurs mois, fin’ bref, récemment, on a voulu tenté les plans à trois. et un peu timidement, bleu à répondu par la positive. elle voulait avoir plus d’expériences pour son copain… ça doit être toi, non ?
Ça pourrait l'énerver. Ça devrait l'énerver. Sa Bleu. Sa Bleuenn d'amour. Ça devrait le mettre hors de lui qu'un inconnu ose essayer de pervertir Bleuenn comme ça. Cette petite fleur délicate. Ça devrait l'énerver, donc.

Mais non, le Basile, tout ce qu'il trouve à faire, c'est rougir.

Y a pas à dire, avec Bleuenn, ils forment actuellement un couple très accordé. Deux tomates rouges.

- bon, on a à peine fait les préliminaires qu’elle c’est barré –avec mon stand d’ailleurs-. donc vous êtes sympas, mais je veux plus être mêlé à ça. les voleuses, ce n’est pas mon truc. tiens ta copine en place hein.

Quoi ?
Il enchaîne les mots incompréhensibles. Et puis il s'en va, et c'est tant mieux. Il s'en va pour laisser les deux amoureux assez confus.

- C’est pas vrai tout ça… Le truc du plan à trois, de l’expérience…
Il ouvre de grands yeux.
- B-b-bien sur ... Évidemment ... (Et ce bégaiement.)
Il imaginait même pas un instant que ça puisse être vrai.

Et si c'était vrai ?
Il n'est plus puceau. Ça fait huit ans. Une jolie fille a pris sa virginité. Mais cette fille, depuis Bleuenn, elle n'existe plus. Mais Bleuenn ? C'est pas parce que lui, à son âge, était encore puceau pour quelques mois, qu'elle aussi. Elle est plus libérée que lui. Oh, Dieu.

- T'es vierge Bleuenn ?
Oh, Dieu, bis.
Expression épouvantée. Rire nerveux réprimé.
- Oh. Je suis dé-so-lé.

J'suis un peu à l'ouest ce soir. Je regarde les gens sans réellement tout comprendre. Ils se bousculent. Ils ont l'air de s'éclater. Moi j'ai les oreilles qui saignent et pour me consoler j'fais monter mon taux de glycémie. Avec mes chichis je mate les gros crétins qui s'éclatent. Qui dansent et qui se marrent comme des cons. J'memmerde un peu. Une bonne baston ça me ferait bien marrer. J'vois Slim débarquer. Il va encore se foutre de ma gueule. Dire que j'bouffe comme une vache et que j'devrais prendre soin de mon cul. Ouais. Il est un gros connard des fois. La lèvre en sang. Il m'explique toutes les péripéties qui viennent de lui arriver. J'me marre intérieurement. Le pauvre. Il a une vie tellement difficile. C'est ça de s'en prendre à des filles avec de la dignité. Il finit ses gémissements et je hausse les sourcils. Parle avec la bouche pleine. « Écoute, on essaie pas de baiser en sortant des phrases du genre: "Hey mademoiselle, t'as des cuisses a me faire monter la saucisse !". C'est normal qu'elle t'ai foutu un poing dans la gueule... Et pour l'autre mec, t'as du le chercher. J'suis sûre que t'as encore fait une grosse connerie ! » . J'avale et souris presque naturellement en m'approchant. Passe un doigt sur ses lèvres écorchées. Soupire. Il a du encore dire une grosse connerie comme on en connaît tous. Slim sait pas se comporter avec une meuf. C'est pour ça qu'il passe son temps à se foutre de ma gueule comme un gros connard. Personnellement ça me dérange pas. J'en ai rien à foutre. Je sais que je suis une salope. Je sais aussi qu'on me déteste. Alors autant le dire en face. J'enlève le sang. L'essuie sur mon t-shirt. J'prend un chichi. Le lui tend. Un chichi, ça ressemble vachement à un phallus quand même. « Tu veux un chichi pour te remonter le moral ? Perso ça marche à tout les coups... Et oublie le truc de te plaindre au maire, tu vas passer pour une balance et pour un connard... Tu me diras ça changera pas de d'habitude. Si tu veux pécho... J'peux faire une exception ce soir... ». Un large sourire. Faux.

Alors toi qui t’attendais à passer une soirée cool et drôle avec les deux autres, tu te retrouves embarrassée comme lors d’un premier rendez-vous. Finalement, tu aurais peut-être mieux fait d’écouter tes parents et de rester chez toi à… traîner, zapper la télé, traîner, regarder ton plafond avec de la musique dans ta chambre – après tout, c’est la journée – et puis optionnellement finir, ou feindre, de réviser ton oral de français pour la bonne conscience de tes parents : « regardez notre fille, un exemple ». Ouais, pour l’exemple, on passera certains détails de sa petite vie, surtout les plus récents. « B-b-bien sur … Évidemment … » Tu retrouves le premier Basile que tu as vraiment pris le temps de connaître. Celui qui bégaie, qui rougit d’un claquement de doigts. Celui qui a juste le minimum d’expérience pour les têtes à têtes avec les filles.

À ce jour, tu ne sais encore pas laquelle de ses facettes tu préfères, à savoir : la timidité, la colère (bien que blessante en ce qui te concerne, il est saisissant dans ce rôle) ou bien l’intrépidité. « T’es vierge Bleuenn ? » Tu cesses de respirer quelques secondes. Le temps qu’il te faut pour changer de couleur : tu deviens livide. C’était le sujet le plus inattendu de la soirée. Toi qui pensais que vous alliez oublier l’intervention de Leho et reprendre votre chemin au milieu de la foule.
Tu baisses la tête et soupires. Une nouvelle fois, ce n’est pas le moment. « Oh. Je suis dé-so-lé. » Tu te redresses vivement. Désolé de ? C’est mauvais signe d’être encore vierge, de nos jours, à dix sept ans et quelques semaines ? Ou bien tout simplement de l’embarrasser un peu avec cette question, maintenant ? Sur le coup, tu ne sais plus quoi penser. En prime, le groupe le plus proche de vous se met à jouer une chanson triste.
« C’est… un problème ? » Et avant même de lui laisser le temps de répondre, tu entrelaces tes doigts aux siens et l’entraînes à l’écart. Encore. Et comme si cela ne suffisait pas assez, tu t’apprêtes à te confier au creux de son oreille. Hissée sur la pointe des pieds et appuyée sur son épaule. « C’est compliqué. Je suis pas de ceux qui attendent le mariage, mais… Je voulais pas faire ça avec n’importe qui, comme celui qui me laissera tomber le lendemain. Tu vois ? » Avec confidence, vient enfin le tutoiement. Tu fais ça avec naturel. Tu ne t’en es même pas rendue compte si cela se trouve et tu repasseras certainement au vouvoiement en temps voulu. Tu lui refais face avec une grimace, parce que la suite est supposée être un sujet tabou entre vous. « Et puis, il y aura toujours l’ombre de l’affaire James pour aider. » Ceux qui refuse de t'approcher, parce que tu es la sœur d'un type malade qui a commis un homicide il y a moins de dix ans. Ta génération s'en souvient, malheureusement.

Sans lui lâcher la main, tu t’approches de ses lèvres. « Alors partez pas, juste à cause de ça. » Et même si tu es convaincue qu’il ne te laissera pas tomber comme bien d’autres – parce qu’on ne peut plus différent, justement – tu l’embrasses, tu reprends exactement là où il s’était arrêté. Ce n’est ni Basilien, encore moins Bleuennien. Mais il faut ce qu’il faut pour lui montrer que tu n’es pas aussi fragile que cela et qu’il n’est pas obligé de te préserver de tout.

Pourquoi j'suis allé vers Nausicaa en fait ? Je suis désespéré à ce point ? Faut croire. Ouais non, elle a beau se foutre de ma gueule, au moins, elle m'écoute. Ou du moins, elle fait semblant. Mais elle fait ça vachement bien, cette petite tête blonde. J'en oublie presque la douleur à la mâchoire et toutes ces conneries que je me suis chopé ce soir. Puis Fauve qui crève de faim. La vérité, c'est que je suis trop occupé à l'écouter et la fixer de mes grands yeux rouges. Son doigt se pose sur mes lèvres pour y effacer cette détestable goutte de sang alors qu'un large sourire se dessine sur mon visage. Finalement, elle est peut-être pas aussi conne que les autres le disent. Fin si, ça reste Nausi, et Nausi ça ressemble à nausée. Pas pour rien. « Arrête j'voulais pas baiser, pour une fois. J'ai un gosse à nourrir moi, tu sais. » Elle en sait rien mais on s'en fout, elle avait qu'à savoir. La science infuse, tu connais pas ? Je baisse les yeux, le temps de retrouver légèrement mon calme. Mais c'est juste impossible. Les battements de mon cœur sont trop rapides. Mon cerveau tourne à plein régime aussi. J'ai le mal du monde, faut croire. C'est pas le moment de faire un bad pourtant. Alors, je relève la tête et fait face au chichi que me tend boucle d'or. J'hésite quelques secondes à le prendre, j'm'imagine déjà en train de crever parce que ce truc est empoisonné. On est pas dans blanche neige, mec. Une grimace prend place sur mon visage ensanglanté. Juste histoire d'abuser de mon dégoût. « Plutôt crever, j'fais pas encore dans la zoophilie. » C'est bas. Très bas. Seulement voilà, c'est pas avec mes neurones grillés que je risque d'exceller dans la répartie, ce soir. Elle se contentera de ça. Comme je me contente de sa présence. « Me dis pas que t'es en manque à ce point ? » Je marque une pause, plante mes dents dans le chichi. Et je continue, toujours la bouche pleine. « Fin ça m'étonne pas des masses tu me diras. J'peux essayer de te trouver un sourd et aveugle s'tu veux. » Nausicaa et Slim, tout en finesse.