Vole vole mon amour, puisque le nôtre est trop lourd.
Puisque rien ne te soulage, vole à ton dernier voyage.

Beaucoup m'avaient dit qu'ils auraient aimé être à ma place. Être une digne héritière des Lauwrence. J'avais toujours acquiescé d'un signe de tête humble mais je leur aurai donné ma place avec plaisir. Oui, parfois j'aurai aimé être une fille comme les autres. Pas la fille d'un membre du parlement Britannique et d'une éditrice de renom. Je m'étais toujours sentie comme un oiseau en cage qui chantait quand on lui demandait de le faire, qui fermait son clapet quand il le fallait. Un petit oiseau enfermé, oppressé par les traditions familiales et leurs obligations. J'avais besoin d'un break, d'un vrai. Et pas seulement m'évader quelques jours à Oxford ou Liverpool avec des amis, j'avais besoin d'être seule loin de ce monde où tout n'est qu'apparence.

Out of the darkness and into the sun but I won't forget
all the ones that I love. I'll take a risk, take a chance,
Make a change and breakaway.

J'ai beau me plaindre de mes origines parfois, de toutes ces traditions bidons qu'on impose aux familles de la "haute", mais elles m'ont rendus parfaitement heureuse depuis ma naissance. Je suis fille unique. La fille à papa et maman chouchoutée à souhait. Celle qui dès l'âge de quatre ans avait déjà de la haute couture sur le dos. Et bien que les emplois respectifs de mes parents soient prenant, ils ont toujours trouvé du temps pour moi. Maman partage ses passions avec moi et me regarde toujours avec cet air si fière lorsqu'elle assiste à mes cours de violon et de danse classique. Je paris qu'elle aurait été une musicienne de talent si elle ne s'était pas mariée avec mon père. Chez les Lauwrence les mâles étaient toujours mis en avant, les femmes se devaient d'être discrète au bras de leurs maris. Il avait donc été hors de question que ma mère soit en haut de l'affiche. Papa a toujours été intentionné, succombant à chaque désirs de "sa princesse" comme il aime m'appeler. Ils étaient heureux, nous étions heureux et rien que pour ça, j'étais la plus chanceuse au monde.

A dix huit ans, j'ai quitté ma province bien décidé
a empoigné la vie. Le coeur léger et le bagage mince
J'étais certain de conquérir Paris.

Au cours de ma courte existence, j'avais demandé des millions de choses futiles à mon père. "Papa, je veux un poney", "Papa, je veux cette robe", "Papa, je veux partir en vacances à New-York", "Papa, je veux la maison à moi toute seule pour fêter mes 18 ans" ... Bref, Papa par-ci, papa par-là. L'été dernier quand je lui annonçais que je voulais étudier au conservatoire de musique de Paris pendant 1 an, il fit tout pour que cela arrive -bien que je voyais pertinemment que lui et maman étaient inquiets-. Nous fûmes plusieurs aller-retour Londres-Paris afin de me trouver un bel appartement, de connaitre les endroits clé et aussi pour visiter bien sur. Je n'avais vu Paris qu'en photo jusqu'ici, maintenant ce nom devenait réel. J'étais tombée amoureuse de cette ambiance, du doux parfum du pain chaud le matin, le style des françaises ... J'avais hâte de me dire Parisienne, enfin, Parisienne d'adoption. Londres resterait toujours la ville chère à mon cœur. Mais à Paris je ne serais plus la petite Amanda Victoria Laurwence fille de ... Non. Je serai simplement Amanda -ou Mandie comme mes amis m'appellent- une jeune violoniste pleine de rêves.

S'il vous plaît laissez-moi poursuivre mon rêve d'enfant.
Non je ne veux pas aller dans ce monde de grands

Voilà donc comment je suis arrivée à Paris début septembre. Le besoin de respirer, celui de l'indépendance, le besoin de me prouver que je n'étais pas que la petite fille artificielle fabriquée de toutes mains afin de frôler la perfection. Cette année, je n'aurai plus ce cher précepteur sur le dos. Cette fouine qui vérifie que mes devoirs soient faits, que mes leçons soient assimilées. Mes parents m'avaient bourré le crâne avec une culture impressionnante. Ainsi, en plus de ma langue maternelle, je parlais Français, Italien et Espagnol quasiment couramment. J'avais été forcée de lire les œuvres majeures de la littérature, de connaitre les grands noms du monde artistique ... Toutes ces choses jugées classiques par les jeunes de mon âge. Mais entre-nous, cela me plaisait. Mon éducation avait surement forgé mon caractère un peu en marge des jeunes de maintenant. J'étais plus du genre à visiter des musées, assister à des pièces de théâtres ou même à quelques opéras plutôt que de passer ma soirée dans une boite de nuit. N'allez pas croire que je n'ai jamais fait la fête ... Je le fais juste avec modération.

You're the new classic.