c’est tout noir.
tout le temps.
les premières semaines, celles après que je sois revenu à la maison, maman m’a inscrit à un groupe de soutien. un truc pour adolescent qui doivent faire face à leur nouvel handicape.
quelle connerie.
j’ai jamais réussir à parler. je me suis juste présenté.
“Maxandre Lafayette. Je suis aveugle depuis un accident de voiture.”
j’ai jamais rien dit de plus. parce qu’il n’y a rien à dire de plus.
je suis aveugle.
je vois plus rien. rien. même pas les jolies filles. même pas les buildings moches de paris. même plus les coucher de soleil et les étoiles.
quand j’étais en colère avant, je me défoulais, y avait toujours un moyen, comme frapper sur quelqu’un, dans un mur, aller courir : bouger. mais maintenant je peux rien faire si ce n’est rester allonger dans mon lit et me taper la tête contre un mur. (je le fais plus parce que la dernière fois ma mère m’a menacé de me réinscrire à un groupe de soutien).
alors je joue du piano. mais ça fait pas évacuer la colère, ça l’endore juste. la colère est toujours là, tout au fond, dans mes tripes, dans mon ventre, dans mon sang, je la sens partout, tout le temps et contre tout le monde.
en colère.
contre le noir.
contre les gens ; ceux qui voient et qui croient comprendre. ceux qui ne me voient pas. puis ceux qui s’en foutent.

j’aurais préféré voir la vie en rose.