jolie kapi, kapi fleurie,
kapi meurtrie la nuit.
moi je repense à lui, enfin surtout à nous sous les ponts de paris. c'était triste et joli, maintenant c'est triste est parti. il m'a jeté par dessus bord et j'me suis noyée dans la seine, fin de l'histoire. alors ce soir comme tous les soirs je m'arrache un peu plus le cœur pour qu'il me quitte enfin, parce que son nom est gravé trop fort là, à l'intérieur alors le seul moyen de l'oublier c'est de tout jeter. s'arracher le cœur en écoutant des musiques d'amour (enfoiré de saez) et puis aussi surtout s'arracher les poumons, de toute façon si ils sont trop pourris papa maman pourront en acheter d'autres s'ils veulent vraiment me garder en vie, vu l'argent qu'on a ça posera pas de problème.
jamais de problèmes d'argent,
encore des problèmes de cœur.

badaboum.
- pardon, j'ai pas fait exprès.
je ne t'en veux pas. qu'est-ce que tu fais là ? les gens de notre âge la nuit, en général ils ne vagabondent jamais seuls, toujours en bande. à rire, boire, chanter, gueuler, boire encore, fumer et pas que des clopes. et on s'en fout du badaboum, le pas fait exprès il était plutôt mignon. (de toute façon tout est mignon pour kapi)
- c'est pas grave.
j'ai beau dire que l'apparence ne compte pas que c'est- il est canon le p'tit (grand) blond. on dirait un peu le petit prince, seule sur son étoile là haut.
- t'aurais pas du feu sinon ?
et le feu c'est la rose, sauf que le feu du briquet est plutôt jaune que rouge. (c'est moche les flammes de briquet) et puis le feu ça brûle et la rose ça pique et
- oui mais il est vieux alors il galère un peu, tiens.
moi j'aime bien les vieux briquets, les zippos de papa. celui là doit valoir une fortune d'ailleurs, mais je m'en fous un peu. d'ailleurs demain j'irais le donner à un clodo en passant.
- c'est quoi ton prénom ?
p'tit prince. son nom c'est p'tit prince.

Cool. Elle a du feu.
Elle a les joues un peu grisées par le froid, aussi.
Sa peau c'est de la porcelaine. Sa peau elle reflète la lumière des astres. Fillette lune.
Le vieux Zippo entre les mains, tu plisses les lèvres, la clope pincée entre ces dernières. Un puis deux coups et voilà la flamme qui jaillit. Petite étincelle qui entame sa valse et qui attaque le bout de ta cigarette.
"Merci" murmures-tu avec une esquisse de sourire sur ta bouche. La fillette lune elle devrait pas être seule, là.
Parce que Paris c'est dangereux pour ceux qui ne sont pas de la planète terre.
"C'est quoi ton prénom ?" qu'elle te demande. Un briquet en échange d'un morceau d'identité.
"Amédée. Mais c'est moche, donc appelle-moi Amé... et toi ?" poursuis-tu en croisant son regard. Un regard ciel.
Décidément, cette fille, elle est lunaire.

il est beau le p'tit prince, même en se détruisant les poumons.
- aïe putain.
salope de cigarette qui m'brûle les doigts (c'est la beauté du petit prince qui me met dans cet état là ?) il a l'air tout fragile, j'aurais peur de le briser en le bousculant, même avec mon poids de plume. ses cheveux ils sont tous beaux, tout comme la forme de son visage et la façon dont il se tient et sa démarche et même sa voix est belle et ses doigts aussi sont beaux, mais j'vois pas ses yeux.
- amédée. mais c'est moche, donc appelle-moi amé... et toi?
amédée. amé. c'est beau, amé. amé, aimé, aimer, amour.
- kapi. enfin, capucine mais c'est trop fleur. les fleurs ça pousse pas trop à paris, c'est nul.
amé le petit prince, amé dans la nuit, amé éclairé par l'astre lunaire, amé qui se détruit.
- pourquoi tu fumes tout seul dehors à cette heure là ? t'as pas des potes ? tu vas voir quelqu'un ? ta copine ?
et t'habites où ? t'as quel âge ? tu fais quoi dans la vie ? t'aimes les pâquerettes ?
- scuse, je pose trop de question.

Elle se brûle les doigts la frêle poupée.
"Fais gaffe" que tu lui dis entre deux bouffés de goudron. Faut pas qu'elle s'abîme la fillette lune.
Ses cheveux d'argent affrontent courageusement le vent, tout comme ses os que ce dernier semble emporter. Paris, morbide.
Tu ris doucement aux mots de Kapi, la fleur.
Kapi, ta fleur.
Kapi, la lune.
Kapi, la poupée.
"pourquoi tu fumes tout seul dehors à cette heure là ? t'as pas des potes ? tu vas voir quelqu'un ? ta copine ?"
Waouh. Tu manques ton inspiration et te met à tousser. Un peu trop fort.
"Calme la fleur, calme". Ses questions elles te font sourire tandis que tu fais courir tes doigts entre tes mèches claires.
Les yeux vers le bitume sale, tu lâches "si je suis là, c'est juste que j'aime bien la nuit, c'est joli"
C'est trop poétique ce que t'a bafouillé alors tu t'empresses de rajouter " tu vois Batman ? Et bah je suis pareil"

- fais gaffe.
oui oups, pardon.
- je suis trop maladroite c'est de naissance.
l'autre fois, j'ai même fait un trou dans un des tableaux de maman parce que j'ai trébuché, elle s'est fâchée toute rouge et moi je me suis sentie vraiment honteuse, je rigole pas avec les tableaux. idiote et maladroite. alors on en rallume une autre, juste histoire de bien raccourcir ses jours.
le petit prince recrache ses poumons.
- fais gaffe.
c'est vrai quoi fais gaffe, à tousser si fort on dirait que tes poumons vont exploser. salope de cigarette va, tu l'abîme un peu trop le petit prince.
- calme la fleur, calme.
- j'vois pas à quelle fleur tu parles. je ne suis pas une fleur je t'ai dit, c'est pour ça qu'on m'appelle kapi. une fleur c'est gentil et doux, c'est aimable, généreux, adorable et t'as l'interdiction de dire que je suis tout ça parce que c'est dégueulasse et que je suis pas généreuse d'accord ? je suis pas gentille et douce et tout le patatra. je suis pas une fleur, je suis kapi. et je suis parfaitement calme parce que les étoiles ne brillent plus et-
mais si les étoiles brillent regardes, elles brillent putain. c'est ton amour qui ne brille plus, ferme ta gueule kapi. ferme ta gueule et continue ton chemin.
- si je suis là, c'est juste que j'aime la nuit, c'est joli. tu vois batman ? et bah je suis pareil.
oui la nuit c'est joli mais c'est un peu triste à paris.
- nan batman il est moche.
et batman sauve le monde, batman ne se détruit pas les poumons à coups de cigarette.
- moi aussi j'aime bien la nuit.
mais la nuit il fait froid et mon corps tremble, tremble, tremble.
mais est-ce que c'est vraiment à cause du froid ?

Tu tousses un peu.
Tu craches toute la grisaille qui se trouve en toi.
Alors, une fois que tes poumons se sont remit à leurs places, tu bredouilles "promis". Avant de sourire, un petit sourire en coin imperceptible. Discret. Lorsqu'elle râle.
C'est pas une fleur. "pas douce, pas généreuse " qu'elle scande la poupée.
Mais tu t'en fout toi  t'aimes bien les fleurs. Du moins les fleurs que tu croises comme ça la nuit. Les fleurs lune.  
"Batman il est pas moche, il est baleze" que tu rétorques. Toi, t'es pas baleze. T'es pas beau.
Toi, t'es juste humain, Nadar.
"Moi aussi j'aime bien la nuit" alors comme ça, elle est aussi de l'ombre. Mais une fleur c'est fragile, le froid la fait trembler.
Pauvre petite poupée.
T'es pas baleze mais t'essayes d'être un peu gentil. Bonne action du soir.
" j'ai pas de veste donc oublies le coup du gars romantique, mais tu veux que je te raccompagne chez toi ? Au chaud?" Lâches-tu, désinvolte.

- promis. qu'il dit,
les promesses j'aime pas trop ça à moins qu'elles soient bien tenues,
dis petit prince ? tu tiendras ta promesse ?
(fais-le pour moi)
puis il sourit le bêta. s'il croit que je l'ai pas vu il s'fout le doigt dans l'œil mais alors bien profond le con. (oups, pardon) eh il est beau ton sourire cache-le pas.
- batman il est pas moche, il est balèze.
- nan batman est moche et toi t'es beau. batman je l'aime pas.
(toi je t'aime bien) mais c'est un secret.
- j'ai pas de veste donc oublies le coup du gars romantique, mais tu veux que je te raccompagne chez toi ? au chaud ?
de toute façon je préfère les bras aux vestes et puis les gars romantiques ça me fait (rêver) vomir alors on s'en fout, de toute façon on s'en fout toujours de tôt non ?
(non)
- non. j'veux pas rentrer chez moi.
et puis j'sais pas si c'est le froid qui me donne des frissons.
eh petit prince, à l'intérieur ça fait boum boum. pourquoi ça fait boum boum dis ?

"Batman est moche et toi t'es beau. Batman, je l'aime pas"
Boum.
Touché.
Coulé.
La petite fleur elle t'a lancé un compliment. Un truc un peu doux qui se glisse entre deux mots.
Tu veux lui répondre et lui balancer un truc dans l'genre. Lui dire qu'elle est jolie, comme une lune. Mais c'est trop dur. Alors tu souris, encore et toujours. Comme un imbécile.
Et puis même qu'elle veut pas rentrer.
Elle aime le froid et la voûte étoilée.
Toi, t'aime juste ses yeux et ta clope.
"Bah on fait quoi alors ? Il caille un peu " Sous le tissu de ta chemise, ta peau s'hérisse. Paris, pôle nord.
Alors tu avances un peu, la petite lune au bras. Pour te réchauffer. Affronter tout ça.

il sourit encore.
imbécile heureux.
qu'il est beau son sourire, j'ai envie de l'embrasser. envie de quoi ? non non j'ai pas dit ça. (c'est pas moi, c'est pas vrai) mais c'est vrai qu'il est beau son sourire, comme les étoiles. ça brille.
ça brille comme dans mon cœur,
j'ai des étoiles dans ma cage thoracique,
boumboum.
- bah on fait quoi alors ? il caille un peu.
bah on s'aime sous la lune c'est bien ça non ?
j'ai les joues toutes rouges alors qu'il fait tout froid,
pitié qu'il ne le voit pas.
boumboum.
il s'avance le petit prince, eh qu'est-ce que tu fous ?
boumboUM.
il fait un peu moins froid dans ses bras.
bouMBOUM.
je crois que
boUMBOUM.
aïe, ça bat trop fort la dedans.
BOUMBOUM.
merde, ta gueule toi il va finir par t'entendre.
merde, j'ai très envie de pleurer.
merde, c'est ce qu'il aurait fait.
merde. il n'est plus là.
merde, mon cœur bat pour le petit prince.
(les maux remplacent les mots)

elle tient ton bras.
Pour être sur que tu partes pas.
Je partirais pas, promis jolie fleur.
Mais tu as froid. Ça pétrifie tes os. Glace ton souffle.
Alors tu attrapes sa main et tu te mets à courir. Et à rire. Fort.
Création de chaleur. Mini volcan.
Tu as bien d'autres idées pour te réchauffer, avec la petite lune. Mais c'est pour les grands.
Pour les hommes.
Ceux qui savent comment ça fonctionne une femme.
Viens on va chez moi se cacher sous ma couette. Peu importe qui on est. Juste pour apprendre la vie.
Au lieu de ça, tu t'arrêtes, essoufflé. Vos souffles se chevauchent.
Courir.
Courir après les étoiles.
Courir après le réel.
Courir pour vivre.

courir.
courir au lycée j'aime pas ça, c'est triste et ça fait cracher les poumons.
courir au lycée c'est courir pour quoi ?
courir au lycée c'est mourir dans le froid, c'est crever de silence.
mais courir avec amé c'est courir après la folie,
courir avec les petits prince c'est monter jusqu'aux étoiles pour atteindre la lune, s'y installer confortablement dans les bras d'amé et compter les astres (et pas les moutons)
courir avec amé c'est très joli, il a un joli rire amé,
courir avec amé avoir le rouge aux joues
(ne me vois pas)
mais il s'arrête le petit prince, il a l'air tout fatigué.
( tu l'es aussi, ça c'est à cause de cette vilaine cigarette qui t'a brûlé le cœur en même temps que tes poumons)
ma main serre la sienne tout doucement,
eh pars pas amé.
(promets-le moi)

Faut souffler. Apaiser tes poumons.
Aie. Ça brûle c'te merde.
Courir en fait, c'est vraiment pas pour toi.
La petite lune, elle est un peu plus grise. C'est sûrement l'effort.
"Putain, la dernière fois que j'ai couru comme ça, c'était pour les cours.. j'ai oublié à quel point c'était naze de courir" Faut que tu râles, c'est naturel chez toi.
Dis, jolie poupée, tu veux pas me prendre dans tes bras ? Juste pour que j'ai moins froid.
Au lieu de ça, elle tient ta main. C'est doux.
Alors, tu emmêles vos doigts, juste pour éviter que ça cède. Faut pas que vous vous lâchiez.
"Bon, on fait quoi maintenant la fleur ?"
Elle va encore grogner. Oui, ça grogne les fleurs. Surtout celle qui veulent pas être gentille.

amé il est tout essoufflé aussi tiens,
pétasses de cigarettes.
- putain la dernière fois que j'ai couru comme ça, c'était pour les cours.. j'ai oublié à quel point c'était naze de courir.
je ris, oups c'est pas le moment ? mais moi ça me fait vraiment rire parce que les garçons ils sont toujours ronchons, ils râlent toujours comme ça. moi ça me fait vraiment rire.
- courir avec le lycée c'est naze mais avec toi c'est rigolo.
rigolo ? kapi t'es plus une gamine.
- drôle. c'est drôle.
c'est bien ce qu'il me reproche les gens au lycée, de dire rigolo ou bobo, moi j'aime bien pourtant.
le petit prince entremêle nos doigts, alors tu partiras pas ?
- bon on fait quoi maintenant petite fleur ?
boum, coup de poing sur l'épaule. (de toute façon c'est sûr qu'il ne sent rien)
- premièrement je ne suis pas une fleur et deuxièmement mh... comme t'es un petit prince tu dois me faire visiter les étoiles.
et je souris. c'est beau de sourire de temps en temps,
avec amé sous les étoiles j'ai l'impression d'être redevenue mini kapi.

bing. Elle te tape l'épaule.
C'est gentil une fille qui frappe.
Elles frappent parce qu'elles savent qu'elles ne font pas mal.
Elles feront jamais mal.
Non. Elle fait bing pour te faire comprendre que c'est pas une fleur.
C'est. Pas. Une. Fleur. Pigé?
Oui mais c'est marrant.
Kapi c'est pas une fleur. C'est ta fleur.Une fleur qui se fout du temps et du vent.
"M'en fiche... Les étoiles ? C'est pas la porte à côté hein.."
C'est vrai, tu as pas le ticket direct pour la lune et ses copines.
Alors vous avancez. Pont. Échelle.  Et vous voilà sur un toit.
Au plus près de la voûte.

- m'en fiche..
il s'en fiche, tant mieux. c'est mieux quand on s'en carre, comme moi.
- les étoiles ? c'est pas la porte à côté hein.
non non c'est juste là devant moi, t'as raison.
et pourtant on y va quand même, et puis pouf on se retrouve sur le toit,
les toits moi j'aime beaucoup ça. je me mets debout et je déploie les bras, puis avec le vent on dirait presque un oiseau. sur les toits je me sens oiseau et ça fait tout bizarre au coeur, et avec amé c'est encore plus...
j'ai pas les mots.
- j'aimerais dormir ici ce soir, j'veux pas rentrer chez moi.
et puis aussi j'aimerais que tu restes pour que je puisse me blottir dans tes bras,
mais c'est un secret. (encore)
dis, tu m'en veux pas ?

Tes pieds commencent à lâcher le sol.
Merde, tu t'envoles. Tu planes.
C'est Kapi qui te fait ça ? Qui se substitue à ta paire d'ailes ?
Les toits c'est marrant. Tu peux y jouer le tyran parisien. C'est vrai quoi, tu les piétines tous.
"j'aimerais dormir ici ce soir, j'veux pas rentrer chez moi. " Ici ? Couchée contre les étoiles ?
Les cheveux bousculés par le vent, tu plisses les yeux sur l'horizon.
"Fait trop froid, on risquerait de te retrouver congelée" ironises-tu. Tu veux qu'on aille se glisser au chaud dans mes quelques mètres qui me servent d'appartement ?
Mais faut pas que tu désespères, perd pas espoir. Promis, juré qu'on la vivra notre putain d'belle histoire.

- fait trop froid, on risquerait de te retrouver congelée.
ça me fait sourire. de toute façon, je suis un glaçon. souvent on dit que je suis un flocon à cause de mes cheveux. tiens d'ailleurs,
- c'est parce que j'ai les cheveux blancs que tu dis ça ?
du coup, je baisse un peu les bras puis je m'assois les pieds dans le vide, ça fait tout drôle.
- je ne rentrerai pas chez moi.
c'est trop gris à la maison, et y'a trop de silence. moi je veux voir ton sourire encore et encore.
dis d'ailleurs, est-ce que je ne suis pas en train de rêver ?
- j'ai très peur de me réveiller.
dans mon lit et loin de toi, loin de tes étoiles dans tes yeux.
- on dort où ce soir ?
on ? idiote.
- enfin euh. pardon.
oublie oublie, j'ai envie de tomber dans le vide,
boum envolée.

"c'est parce que j'ai les cheveux blancs que tu dis ça ? " Non, Kapi, je dis pas ça pour ça.
Parce que vos couleurs je les vois pas.
Que du gris. Partout.
Noir. Gris. Blanc.
Ma palette se résume à ça.
Alors, tu bredouilles : "Non, juste parce que j'aimerais pas te retrouver figée dans la glace.. t'es pas un animal préhistorique"
Elle met ses pieds dans le vide, la poupée. Elle a peur de rien.
Pas peur de tomber.
Pas peur de s'envoler.
"on dort où ce soir ?" On ? Elle vous fout dans le même panier. Cool, toi t'aimes bien être dans le même sac que la fleur. Au plus près d'elle.
"Perso, je compte pas dormir dehors donc, si tu n'as nul part où aller, y a mon pieux" Élégant, Amé. Très élégant.

- non, c'est parce que j'aimerais pas te retrouver figée dans la glace.. t'es pas un animal préhistorique.
non je ne suis pas un animal préhistorique. je suis une fleur. mais une rose alors, bien rouge comme celle du petit prince. je suis ta rose.
- on dit que je suis un flocon. de neige. je ne suis pas figée dans la glace je suis la glace.
je suis froide et méchante compris ?
(non) de toute façon on le sait tous que je ne le suis pas.
je suis la petite kapi, celle que l'on taquine et qu'on bouscule, celle qu'on prend en sac à patate sur l'épaule. je suis la gamine, l'enfantine, la gosse de paris.
- perso, je compte pas dormir dehors donc, si t'as nul part où aller, y'à mon pieux.
c'est drôle.
c'est drôle parce qu'il me fait rire, c'est drôle parce que les étoiles brillent et parce que mon cœur fait boumboum vraiment trop fort, c'est drôle parce que j'ai tout oublié, la vie les pleurs les soucis papa maman l'enfoiré les nuits trop froides et les chansons tristes
c'est drôle parce que je me sens tomber et pourtant je suis debout.
je tombe à moureuse.
- ton pieux c'est bien aussi, c'est mieux que le mien et plus confortable que le toit.
alors je me retourne vers lui et puis je le regarde, parce qu'il est beau et c'est beau de regarder les gens beaux et il a dit pieux et il a un air de voyou tout mignon et gentil,
et moi je suis ridicule.

Elle veut venir à chez toi.
Avec toi.
Une fille veut venir chez toi.
Une fille que t'apprécie en plus. Putain.
Aimer, tu connais, un peu. Mais tu connais pas les tourbillons des cheveux blancs de Kapi. Ses lèvres un peu trop grises et ses yeux qui dévorent le monde.
Tes doigts serrant toujours les siens, tu la tires. Tu l’entraînes. Viens ma Kapi, viens avant que tu changes d'avis.
C'est comme si vous vous téléportiez. Un, deux, trois, vous êtes chez toi.
En face de la porte en bois. A deux doigts du ciel.