où est-ce que je suis, déjà ?
j'ai complétement oublié.

je connais pas cet appartement.
je connais pas ces gens non plus.

et puis je sens ma tête qui tourne. peut être que j'ai trop bu de verres. c'est le combientième déjà ? j'ai arrêté de les compter au bout d'un moment. j'ai l'impression que le plafond danse au dessus de moi. ou alors est-ce le sol ? peut être les deux, tiens. je ris. c'est rigolo comme idée. et j'ai chaud. il y a trop de gens ici.

alors je sors.
j'm'en vais.
j'en ai assez vu.

je titube jusqu'en bas de l'immeuble. j'enlève mes chaussures. mes pieds respirent. moi aussi, quand j'ouvre la porte et que j’atterris dans la rue. ah ce que ça fait du bien. ce silence, cet air frais. je sors mon paquet de cigarettes et m'en allume une. puis je regarde le ciel. et je souris.

c'est beau,
paris,
la nuit.

je me mets en route.
vers où ? je sais pas trop.
je suis juste mes pieds.
peut être qu'ils me ramèneront à la maison.
qui sait.

mais c'est trop silencieux.
j'aime plus trop ça d'un coup.
alors je me mets à crier.

héééééé, paris !

je ris. j'ai l'air d'une gamine.
ou d'une adulte un peu trop bourrée.

il y a quelqu'un ?

comme si paris allait me répondre, tiens.

Je me suis un peu laissé aller, j'pense. À l'heure qu'il est, c'est plutôt naturel, j'pense. c'la nuit, c'est Paris, j'avais des sous, j'en ai plus. Pourquoi ? Parce que bière, voila pourquoi. Prendre des bières à Paris c'est rendre un riche totalement clodo et bon... Déjà que je suis plutôt pauvre, on peu pas trop faire pire, j'pense... Au moins je souris oui. Je ris, je m'amuse, je chante aussi. Tout seul avec mes petits écouteurs dans mes oreilles et mon vieux téléphone à l'écran explosé.
Comment c'est arrivé ? Quelqu'un l'a fait tombé, j'pense... Et j'ai ris à gorge déployé parce que lors des soirées de ce genre, le matériel; j'm'en fous...
Tout ce qui compte c'est la centième clope coincée entre mes lèvres et ce grand sourire sur le visage de tout le monde que j'croise. Enfin, y'a pas trop de gens non plus, mais parfois y'en a et ils sont toujours très heureux... et ça me plait. Le bonheur de tout le monde me plait.
Il y a des voix aussi. Des voix qui sont heureuse ou en tout cas qui sonne fort et résonne aussi frot dans mes oreilles. Une belle voix qui plus est... Une voix de femmes...

−il y a quelqu'un ?»
J'ai envie de répondre comme si c'était un appel téléphone avec un genre de Dieu que j'vois pas. Oui ! C'est ça en fait, le dieu de ma beuverie du soir...

−hello ? Tu viens de quelle galaxie, visiteur ?
Je ris un peu fort, amusé de mes idées un peu débile. J'ai changé d'idée, visiblement, c'est pas un dieu, c'est un extraterrestre sortie avec ses potes !

Spoiler:

je suis heureuse.
j'ai l'alcool heureux.
pour ne pas changer.

j'étais à cette soirée et maintenant, je suis dans la rue.
clope au bec, je regarde le ciel. je regarde paris.

paris est belle.
je suis amoureuse de paris.

mais j'ai mal aux pieds.
pourquoi j'ai mis des talons moi déjà ?
je secoue la tête.

avant d'avoir une idée, de rire et de me mettre à crier.
comme si j'étais seule. seule dans paris.

puis finalement, j'm'asseois par terre. sur le trottoir, en fait. parce que j'ai vraiment mal aux pieds hein. et le temps que j'enlève mes chaussures, quelqu'un me réponds.

hello ? tu viens de quelle galaxie, visiteur ?

je ris un peu fort et je pose mes chaussures à côté de moi. je tire sur ma cigarette avant de regarder autour de moi. mais je ne vois personne. serait-ce le fruit de ma beuverie ?

boh, pourquoi pas.

j'viens de.. euh.. de la galaxie derrière la grande ourse !

je raconte n'importe quoi. merci la tequila.
je ris encore, avant d'ajouter.

et toi, tu viens d'où ?

Spoiler:

Tien. J’avais pas remarqué que l’extraterrestre était une femme en fait. La voix est belle et aussi enjouée que la mienne. Elle participe à mon jeu et c’est bien suffisant pour que mon sourire ne s’agrandisse encore et encore. Si ça continue, il va se fendre jusqu’au ciel… Se serait bien ma veine tien. Déjà que j’ai l’air d’un idiot, autant ne pas mourir en idiot en me fendant la tronche de bonheur !
Pourtant je ris encore. Elle est pas trop loin la fille, mais je la vois pas encore. Mes pas s’activent un peu et prenne une direction, imaginant que c’est par là qu’elle est la grande ours…
Un pas, quatre encore et c’est tout.
−De si loin ? T’es pas v’nu à pied j’espère, sinon faut prendre un taxis pour rentré han… Je t’aiderai si t’as pas de sous.

Nouveau rire, je prend un air un peu fier de moi même si, je pense, elle peut pas me voir encore. À des années lumières et pourtant tout proche l’un de l’autre.
−De Paris, juste ici… C’pas très très exotique comme toi, mais c’pas si mal en été !