on l'appelle sol. sol comme un bout du soleil mais pas tout à fait. sol comme la fin de tournesol. mais encore une fois, on a que la moitié. et c'est vrai que solweig, elle est un peu comme ça. un contraste. elle est que la moitié des choses. alors vous pouvez très bien l'appeler par son nom de famille, celui de sa mère, ou par son diminutif, elle s'en fiche. même son deuxième prénom, louise, si ça vous chante. elle secouera la main, agacée, l'air de dire, continue tu m'intéresses. mais il ne faut jamais l'appeler solweig, la p'tite weirn. parce que ça lui rappelle des mauvais souvenirs. des mauvaises choses. une autre vie qu'elle a vécu y'a longtemps. elle a vingt-deux ans mais elle a arrêté de compter. elle ne sait même plus quand elle est née. un quinze, peut-être, un jour après cette foutue saint-valentin qui lui donne la nausée. elle a ouvert les yeux sur cette connerie qu'est le monde à bordeaux. puis elle s'est faite avoir en beauté avec sa mère alors elle s'est barrée. c'est comme ça qu'elle se retrouve à gambader dans paris nuit. elle a vingt-trois ans. aucune vie. simplement des histoires sans lendemain. elle se dit qu'elle est célibataire mais elle l'est pas. elle est paumée. désœuvrée. désabusée. seule. abandonnée. elle vit dans un appartement paumé de paname. pas trop moche. plutôt bien décoré, papa et maman ont pensé à tout payer. elle est riche. gagne trop. le jette par les fenêtres parce qu'elle aime bien payer des conneries. acheteuse compulsive. son manque de sentiment se solde par ce vide de biens. son appartement est rempli à bloc. mais c'est pas assez. y'a trop d'air pour respirer. elle a bien pensé à prendre un petit-ami. ou même une. bisexuelle, la princesse, elle se fiche bien de qui c'est tant que le vide est comblé. mais un amour, comme un chien, faut s'en occuper. et elle n'a pas le temps. elle en a juste assez pour apprendre. étudiante en lettres classiques. elle rêve d'écrire. d'écrire aujourd'hui et demain. de lire hier sur le papier. et puis, de toute façon, sol, c'est une grande gueule. on aimerait lui dire, tu t'laisses aller. parce qu'avec sa drogue discrètement glissée dans sa boîte à gant et son déhanchement séduisant au beau milieu d'une foule de jeunes gens, y'a de quoi se poser des questions. puis on lui dit, t'es jolie, tu ressembles à holland roden (bigbadwolf pour l'avatar), tu mériterais mieux que de rester là à attendre que l'argent de ton père te tende les bras. mais elle s'en fiche. elle veut juste se laisser porter par le courant. et foutre le bordel avec sa classe d'aristo.