Sujet: souviens-toi... ou pas (leïa) Dim 27 Oct - 14:11
souviens-toi
Il ouvrit les yeux, poussa un grognement rauque avant que son petit chien ne se jette sur lui pour lui lécher le bout du nez. Putain dégage. Déclara d'une voix tordue son maître. Mais Bernard ne lâcha pas l'affaire. Thomas dû le pousser d'un revers de bras et se leva, attrapant un débardeur au passage. Antoine dormait encore à cette heure-là, un lundi. Il essayait donc de ne pas faire de bruit, mais difficile lorsqu'on a un mal de crâne pas possible. Trop peu dormi, il avait bu trop de bière hier, allez savoir pourquoi c'était poker improvisé avec Joan, Antoine et Vadim. Fumette en cachette de son frère dans les chiottes et tout le tintouin habituel. Il soupira, donna un coup de pied dans le paquet de croquette pour chien qui tomba dans la gamelle à côté et créa un montagne de croquette. Espérons que Bernard saurait s'arrêter avec la faim, sinon c'était l'indigestion assurée. Tant pis, qu'il crève. Café, café ! Plus de café ! Et merde. Thomas poussa un juron et fouilla dans les placard, faute de café y aurait-il d'autres denrées susceptibles de lui remplir l'estomac ? Mais non, rien, nada ! Enervé au plus haut point, Thomas s'empara du stylo-feutre qui était accroché sur l'ardoise du frigo. "VA ACHETER DE LA BOUFFE ENCULÉ !" Marqua-t-il en gros. Aller, pas le temps de s'appesantir là-dessus. Thomas alla dans la salle de bain et se prit une bonne douche histoire de se réconforter. Il ferma les yeux, essaya d'arrêter ses pensées les plus sombre. Peine perdue par contre. Il soupira longuement, sortir de la baignoire et s'observa dans le miroir. Teint livide, maigre comme un ado.. il n'y avait que ses tatouages qu'il aimait chez lui. Il passa la main sur son bras le plus tatoué et puis commença à se préparé. Il sortit vêtu d'un jean très simple et d'un débardeur blanc tout aussi simple. Il enfila ses pieds dans de vieilles converses et attrapa sa veste en cuir ainsi que son bonnet. (photo) Il allait sortir de la pièce quand constata que ce petit déjeuner loupé lui avait fait gagné pas mal de temps. Il fit un moue satisfaite et se posa sur le canapé, sortie de sa poche tout ce dont il avait besoin. Cigarette, feuille slim, weed. Il étala le tout sur la table basse et commença à préparé quand enfin, Antoine émergea. J'te préviens, dis à ton chien que j'vais le buter s'il continue de me lécher la gueule le matin. Déclara le colocataire d'une voix fatiguée. Et j'te préviens que j'vais te buter si y a pas de café ce soir. Antoine fronça les sourcils, sans trop savoir ce que voulait dire Thom par-là. Ce dernier indiqua du regard le frigo pour qu'il lise le petit mot doux laisser à son attention. Trop aimable Commenta-t-il avant de se poser comme une masse sur une chaise de la table, croiser les bras et s'engouffrer le visage dedans. Thomas leva les yeux au ciel et finit de tasser le joint qu'il mit sur une oreille. Il attrapa ses clés, embrassa son chien et sortie de l'appartement en criant un "à ce soir" qui fit sursauter Antoine.
Il fuma sur le trajet du métro, ça lui vida l'esprit. Parfois il avait l'impression que ce n'était que psycho-somatique, qu'en réalité c'était l'habitude mais que les effets bénéfiques qu'il cherchait dans la weed avaient disparu depuis le temps. Mais franchement, à 7h du matin, il n'avait pas envie d'y réfléchir davantage. Il jeta le joint tout descendant les marches qui mènerait au métro. Une fois assit dans ce dernier il fit comme d'habitude, il mit les écouteurs, marmonnait les paroles des chansons qu'il écoutait et surtout, oui surtout il évitait de penser à ce qui s'était passé, il y a plus d'un an. Même si ça revenait, par flash. La sonnerie stridente du métro. Il se leva d'un bon et sortit. Une fois à l'air libre il regarda à nouveau sa montre, il était toujours en avance, bien en avance même. Il regarda autour de lui, ajusta son bonnet et repéra un café, juste en face. Pourquoi pas, ça rattraperait le déjeuner manqué. Il enfonça ses doigts tatoués dans sa poche pour en sortir un peu de monnaie. Ca ferait l'affaire. Il partit à grand pas dans ledit café. Il fit la queue, le nez par terre, les écouteur enfoncé dans ses oreilles prêts à lui exploser les tympans. Quand enfin se fut son tour il fit tomber les écouteurs et releva le menton. Un ca... il se tut en plein milieu de sa commande et eut quelques secondes de blocage. Cette fille lui disait quelque chose, oh oui, elle lui disait plus que quelque chose. Il la regarda de haut en bas ferma les yeux une seconde. Ca revenait, par flash dans sa tête. Lui, bouteille à la main entrain de l'accoster, la chambre d'hotel, la nuit, les billets déposé sur la table de nuit... Il avala sa salive. Ah oui, c'était donc vrai... Thomas baissa immédiatement les yeux, espérant de tout coeur qu'elle ne se souvenait pas de lui. Après tout, si c'était une prostituée elle ne se souvenait sans doute pas de tous ses clients, si ? Un... un café. Double. Oui voilà, double-café et.. euh, c'est tout. Décidément honteux et mal à l'aise, Thomas n'arrivait pas très bien à garder son calme. Il sortit sa monnaie qu'il garda au creux de sa main avant de demander, toujours le regard baissé. C'est combien ? Il partit dans un rire nerveux, se revoyant désormais parfaitement lui poser la même question, quelques semaines auparavant. Le café ! C'est combien pour le café ? Se sentit-il obligé de préciser. Ridicule !
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Sujet: Re: souviens-toi... ou pas (leïa) Dim 27 Oct - 19:44
Assise face à mon thé aux fruits rouges, je me frottais les yeux. Cinq heures du matin. Je n'avais dormi que trois heures cette nuit. Je soupira légèrement avant de lever les yeux vers la fenêtre juste en face de moi. La lumière des lampadaires me fit plisser les yeux et grogner quelque peu. Je détestais totalement ce que devenait ma vie et le dire n'était qu'un euphémisme. Comment pouvais-je en être là à l'heure actuelle ? Fraîchement diplômée d'un doctorat – avec deux ans d'avance – j'étais une simple serveuse dans un café potable et prostituée de temps à autre, lorsque j'avais envie de m'éclater, de prendre du bon temps sans faire connaissance, du moins pas plus que ça. Mes tarifs étaient plutôt élevés quand je n'avais envie de rien. Comme certaine de mes 'collègues' me le disaient si bien, je suis une pute de luxe et prend la peine de trier mes clients sur le volet. Une sale gueule, une haleine un peu trop désagréable et je les envoyais chez ma voisine qui avait besoin de ces billets orangés et verts pour nourrir ses trois gamins. J'avais tout pour être heureuse et pourtant, je continuais de m'enfoncer droit dans un mur invisible mais pourtant plutôt résistant. Me levant, je tira légèrement sur mon short de pyjama et posa ma tasse dans le lavabo. Lena aurait bien le temps de la nettoyer demain, au réveil. J'enviais ma petite sœur, comme jamais. Elle avait la médecine, elle allait toujours en cours et adorait ça. Elle était l'exemple de la famille pendant que j'étais la déchéance même de ce qui nous restait de famille. Plus aucune nouvelle de notre oncle, rien de la part de nos cousins et je n'avais plus aucun contact avec Chris. Mon meilleur ami me manquait terriblement mais il préférait sa cambrousse australienne à la vue que nous avions. Soupirant, je me dirigea vers ma chambre et troqua mon pyjama contre un jeans slim, un haut en lin blanc et une paire de louboutin. J'arrivais à rester debout toute la journée sur mes échasses et cela intriguait toujours mon patron. Un blazer noir sur l'épaule et je me dirigeais vers les transports en commun. J'adorais prendre le métro, on y faisait toujours de drôle de rencontre, mais jamais rien de désagréable. C'était sûrement sur ce point que je me différenciais des parisiens de naissance, j'adorais ce rush pour chopper le métro et se rendre au boulot. Je me souvenais encore de la première fois où Lena et moi avions pris le métro pour rejoindre l'appartement de notre oncle. Nous étions restées bouche bée face à tous ces gens, courant à travers la gare pour sauter du train au métro. Nous avions tellement ris et, personnellement, je le faisais encore. Assise dans le métro, j'écoutais ma musique, je tentais de me détendre tout en me maquillant légèrement. J'avais toujours quelques traces de la nuit dernière, chose qui facilitait mon maquillage. Un coup de brosse à cheveux et j'étais éblouissante, comme toujours. Aujourd'hui, je commençais à six heures. Il fallait préparer les pancakes, les muffins et les petits pains avant que les clients débarquent à six heures trente. Je soupira légèrement. Je n'étais pas une femme du matin mais bien plus de la nuit. Musique sur les oreilles, je remonta rapidement à la surface, ayant pris l'habitude de sortir plutôt rapidement pour éviter l'attente aux portes battantes. C'était bien quelque chose que je détestais plus que tout, attendre.
Placée derrière mon comptoir, j'adressais un énième sourire à ces parisiens trop pressés, à ces parisiens irritants et surexcités. Un muffin par ci, un café par là. J'enchaînais les commandes et me retenais de jeter le contenu de son gobelet à ce jeune homme insupportable. Les insultes sortaient de la bouche du jeune homme à une vitesse phénoménale. J'étais une incompétente, une feignasse et je devais retourner dans mon pays. Mon accent australien ne faisait pas de l'effet à tout le monde. Encaissant la coquette somme de trois euros quarante, je releva la tête avec un large sourire en direction du nouveau client qui bloqua au milieu de sa phrase. Je fronça les sourcils avant de tendre l'oreille pour écouter sa commande. Alors que je demandais un double-café à ma collègue, je regarda le jeune homme un peu plus longtemps et souris en le reconnaissant. Je préférais ne rien dire, ne rien lancer puisque mes activités nocturnes étaient secrètes. « C'est combien ? » Son rire me laissa perplexe. J'ouvris la bouche avant de la refermer, voyant qu'il avait autre chose. « Le café ! C'est combien pour le café ? » J'arqua un sourcil avant d'attraper sa commande et de lui tendre. « Deux soixante quinze s'il vous plait » Je n'avais aucune envie de lui faire une remarque un peu plus douteuse, quoi que. Il semblait tellement mal à l'aise que cela en serait presque drôle. « Votre visage me dit quelque chose mais je n'arrive pas à vous situer... » dis-je au jeune homme dont je ne connaissais pas le prénom. C'était sûrement ça le mieux dans le plus vieux métier du monde : on ne savait rien de l'autre, pas d'attaches, pas de sentiments, juste du plaisir. Encaissant sa commande, je lui adressa un léger sourire et fis semblant d'avoir une illumination. « Mais si ! Vous êtes professeur dans un lycée ou collège non ? » J'avais fréquenté quelques lycées et collèges pour mes nombreux stages au cours de mon cursus scolaire. Je devais l'avoir vu là. Ou alors quelqu'un lui ressemblait pas mal à Paris...
Spoiler:
c'est ripouuuu ! Pour le coup du prof, ça lui permettrait de croire qu'elle se souvient pas, qu'elle le confond avec un autre ou je sais pas quoi. Bref, j'me rattraperais
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Sujet: Re: souviens-toi... ou pas (leïa) Dim 27 Oct - 21:16
souviens-toi
Gros blanc. Les deux jeunes gens se regardèrent un moment avant que Thomas ne plante son regard par terre, histoire d'éviter celui de la serveuse. Elle semblait plus détendue que lui, ça c'était une certitude. Etait-ce parce qu'elle se fichait comme de l'an 40 de croiser un client, que ce n'était qu'une question d'habitude pour elle ou bien était-ce parce qu'elle ne le reconnaissait pas ? Prions pour la deuxième solution. Car l'air de rien, le racolage c'est interdit par la loi. Non pas que Thomas était du genre à respecter la loi, pas toute mais en ce qui concerne les prostituées, disons qu'il ne s'était jamais posé la question... car c'est immoral, dégoûtant et qu'il était désormais pratiquement sûr d'avoir contracté une MST dégueulasse ou pire le SIDA. A cette pensée il grimaça, espérant que de nos jours, même les putes avaient des notions d'hygiène et de la jugeote. Deux soixante quinze s'il vous plait. Thomas releva la tête furtivement. Hein, quoi ? Ah oui, le café ! Deux soixante-quinze. Il regarda rapidement sa monnaie et calcula tout aussi vite avant de déposer la ferraille sur le comptoir. Il récupéra son café et attendit qu'on lui rende la monnaie, cette fois en fixant la vitrine. Et merde, voilà que ça lui donnait faim. Il voulait un donuts maintenant. Mais commander à nouveau équivalait à passer plein de temps avec Tata Trottoir et donc, il y aurait plus de chance qu'elle le reconnaisse. Mieux valait s'enfuir incognito, quitte à voler le goûter d'un sixième une fois arrivée au collège. Votre visage me dit quelque chose mais je n'arrive pas à vous situer... Thomas se raidit -pas complètement non plus, évitons les jeux de mots vaseux- et redressa son regard clair sur la serveuse. Il haussait les sourcils pour paraître le plus étonné possible. Ah non, non, ne me situe pas ! Surtout pas. J'ai un visage assez commun. Excuse la plus débile du monde que le psychopathe utilise toujours dans les films quand le héros le reconnais. Surtout qu'un visage commun, on ne pouvait pas dire que Thomas en avait un. Son long visage aux grands yeux clair et aux traits saillants, le teint cadavérique et des cernes pas possible, un bonnet de pseudo-wesh mode hivernale... Non, pas super commun. Quoi qu'il en soit, l'excuse tomba à plat, la serveuse semblait encore réfléchir à où elle pouvait bien l'avoir vu et... révélation. Thomas ferma momentanément les yeux s'attendant à l'inévitable "Mais oui, le pervers de l'autre jour complètement défoncé, c'était toi !" Et histoire d'empêcher cela, Thomas ne trouva rien de mieux que de l'interrompre avant qu'elle n'ait eu le temps de parler. J'veux un donuts !! S'écria-t-il. Mais trop tard, elle disait déjà... Mais si ! Vous êtes professeur dans un lycée ou collège non ? Le visage de Thomas se détendit. Aaah bah ça va. Si elle se souvenait seulement de lui dans le contexte scolaire, ça allait ! Plus calme, Thomas rectifia : En fait j'suis surveillant, dans un collège. Oui, comment le confondre avec un professeur ? Il avait la gueule de l'emploi ? Certainement pas ! Lui il était un pion, il était copain avec ces petites terreurs de quatorze ans et les aidait dans la mesure du possible à faire leur devoir... ou bien allait chopper les corriger dans la salle des professeurs, rien de plus. Enfin bref, le coeur de Thomas se calmait enfin jusqu'à ce que... Oh non. Il grimaça. Pitié, me dites pas que vous êtes la mère d'un des gosses du collège... Rien qu'à l'idée d'avoir culbuté la mère de l'un de ces adorables mini-racailles tout en payant pour cela... Déjà qu'en règle générale l'idée qu'il ait pu faire ça dégoûtait de lui même mais si en plus elle s'avérait être la mère d'un gamin du collège, il se sentirait mal chaque jour de sa vie. C'était un coup à faire un gaffe devant l'enfant. Mieux vaudrait le faire renvoyer... ou bien démissionner. Oui, c'était bien ça démissionner. S'enfuir loin de ce collège, loin de ce café aussi. Bon sang, s'il y avait bien une raison dans les 36 milles raisons d'arrêter la fumette qui en valait la peine c'était celle-là. Sans la drogue jamais il ne se serait retrouvé dans cette situation bien peu confortable. Et soudain, Thomas se rendit compte de ce qu'il avait dit... tout haut. Ah merde, pour l'instant elle ne se souvenait pas VRAIMENT de lui mais s'il continuait à agir aussi étrangement... Alors il se rattrapa avec un sourire gêné : J'veux dire... vous êtes bien trop jeune pour être la maman d'un de ces gamins. Alors, pitié, me dites pas que vous êtes dix ans plus vieille que vous en avez l'air. Haha.. Oh voilà et maintenant on dirait qu'il draguait la prostitué qu'il s'était tapé il y a deux semaines. Magnifique. Merci pour la leçon de moral Dieu, là il avait comprit. Pour coucher, tu ne paieras point. C'était l'un des dix commandements ou quoi ? Parce que ça ressemblait drôlement à de l'acharnement divin tout ça. Quelles étaient les probabilités qu'il recroise cette fille un jour, hein ? Thomas souffla discrètement pour se donner du courage de finir cette conversation, regardant la monnaie qui lui restait. Et le donuts, ça sera combien ? Reprit-il. Allez, on ne se disperse pas. Restons concentré et efficace !
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Sujet: Re: souviens-toi... ou pas (leïa) Ven 8 Nov - 0:48
Tomber nez à nez avec un de mes client n'était pas chose courante. Pour tout dire, j'avais toujours eu la chance de ne jamais tomber sur un des nombreux hommes avec qui je finissais. Était-ce la chance du débutant ou autre, je n'en savais rien. Cependant, le jeune homme était le premier et il ne fallait surtout pas que je montre mon malaise. Je préférais aisément faire comme si de rien n'était et jouer avec. Je n'étais pas assez stupide pour feinter un malaise ou bien une surabondance de personne dans le café pour qu'une de mes collègue vienne s'occuper du jeune homme. Je ne savais rien de lui, sauf qu'il était tatoué, était plutôt doué au lit et avait le coude léger, pour être gentille. « J'ai un visage assez commun » Je souris légèrement et haussa les épaules. Il n'avait pas envie qu'on le reconnaisse, que je creuse plus loin. En tout cas, il n'avait pas assez bu pour oublier tout ce qui c'était passé ce soir là. Il avait du se réveiller avec un mal de crâne à s'éclater la cervelle contre le mur mais c'est tout. « Ca doit être ça » Lançais-je au jeune tatoué qui semblait être absorbé par la vitrine de pâtisserie. Il fallait l'avouer, elles étaient toutes plus appétissantes les unes que les autres mais tout de même. Enfin, il semblait plus mal à l'aise qu'autre chose et j'avais grandement envie de jouer avec cela. J'étais quelque peu sadique sur les bords, je devais bien l'admettre. J'avais l'impression de jouer avec un animal, avec un insecte. J'étais toute excitée à l'idée de le faire tourner en bourrique. C'était bien quelque chose qui ne me ressemblait guère mais j'avais tellement changé ces derniers temps. Regardant le jeune homme, je fis semblant de réfléchir. Je l'avais déjà vu de loin, quelque part. Un collège ou un lycée lors de mes stages. Alors que j'ouvrais la bouche pour émettre cette hypothèse, le jeune homme me demanda un donuts. Je ris légèrement avant d'acquiescer et d'émettre mon hypothèse qui s'avéra être plus ou moins exacte. Un surveillant. Sûrement. Il pouvait me raconter n'importe quoi, je ne pouvais pas le vérifier. Attrapant la pince pour le donuts, je le glissa dans un sachet et lui adressa un large sourire. Enfin, jusqu'à ce qu'il me regarde, à moitié horrifié, et fasse froncer les sourcils. « Pitié, me dites pas que vous êtes la mère d'un des gosses du collège... » Je ris et secoua légèrement la tête de droite à gauche, comme pour me moquer de lui ! Ce n'était pas franchement très glorieux pour moi. Ressemblais-je vraiment à une femme de trente cinq ans ? Voire plus. Il se rattrapa rapidement, chose qui m'étira un rictus. « Vous croyez vraiment que ce corps de rêve a mis au monde un enfant ? » Lançais-je bien sûr de moi. C'était plutôt présomptueux et mal placée de ma part mais bon. Toutes les mères ne ressemblaient pas à de gros tons et encore heureux ! Sinon c'était clair et net que je n'aurais jamais d'enfants. Déjà que je n'avais plus franchement la fibre maternelle mais si je devais renoncer à mes formes pour un bambin... Rien que d'y penser, mon estomac se retournait presque. « J'ai fais quelques stages pour valider mes études. Je suis professeur d'anglais, enfin, je faisais des stages pour devenir prof d'anglais mais j'ai préféré continuer mes études plutôt que de me coltiner des élèves qui se foutent de tout à longueur de journée » Et voilà que je commençais doucement à raconter ma vie à ce jeune homme qui se fichait bien de savoir que j'avais un doctorat en littérature anglaise. Et encore plus que ma spécialité était ce bon vieux Shakespeare ! Tendant le sachet au jeune homme, j'effleurai légèrement sa main. Il n'avait pas besoin de cela pour être déstabilisé mais je devais avouer que ça m'amusait pas mal. « Deux euros vingt s'il vous plait » glissais-je avec un léger sourire en coin. J'allais vraiment pouvoir m'amuser avec lui. Attendant la monnaie, j'entendis des bruits de talons arriver et glissa les yeux vers la droite ; ma collègue arrivait. Était-ce pour me dire d'aller plus ou pour m'aider ? Je fronça les sourcils et attendis d'en savoir plus, main tendue vers le jeune homme. « Je ne sais pas ce que tu as fais au patron mais il m'envoie te remplacer. Tu dois prendre ta pause » Je la regarde et fronce les sourcils à nouveau. Prendre ma pause alors que je viens seulement de commencer. Je sens les pièces plutôt fraîches tomber dans la paume de ma main. J'encaisse rapidement le jeune homme et lui adresse un léger sourire. « Vous avez cinq minutes ? Vous me devez bien une cigarette ou un bout de donuts pour m'avoir confondu avec la mère d'un de vos élève » J'étais littéralement entrain de le forcer à passer un peu plus de temps avec moi. Il risquait de fuir, je le savais bien...