► OOH LA LA PARIS.
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ooh la la paris, réouverture. 02/11/14.
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 LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)

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Victor Trompette
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Victor Trompette
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MessageSujet: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptyVen 25 Oct - 10:18


On nous virerait, tu crois ? Nous deux à l’allure de clodos, parce deux parfaits clodos ? On nous dégagerait des toilettes publiques qu’on monopolise pour se faire la toilette, un peu ? Je crois oui. Leurs vessies sont sacrées, à ces fieffés de parisiens dorés.
Je soupire.
Long soupir que la vie.
- Ça va là-dedans ?
Oui oui, ça va. Je monte la garde, moi. Au cas où une vessie aurait envie d’interrompre le shampooing sans shampooing que l’Ondine se fait dans le lavabo. Je monte la garde, moi. Ça me va très mal. Si une madame venait pour aller aux toilettes, je lui tiendrais la porte comme un gentil garçon. Félix, il ...
Félix, il est plus là.
En revenant vers chez nous, là sous terre, on passe un peu près de la sortie du métro, elle ouvre à Paris. Et là, on y voit un bout de ciel rose. C'est huit heures du matin, qu'il est ? L'information passe mal dans mon cœur. Huit heures, huit heures, huit heures, la nuit est loin. La fin est loin.
Le ciel, je le photographie avec mes yeux pour mieux rêver de sa beauté cette nuit. Le ciel, il est chargé de coton rose, il est chantilly. Ça donne envie de le croquer, mais alors il ne resterait plus rien au dessus de nous, rien que du vide. Y en a assez du vide. Vide dans mon ventre, vide dans mon cœur, vide dans ma tête. Et vide dans le ciel en plus ? Bon. J'ai l'habitude de plus manger de toute façon. Toi aussi, hein ?
J'ai une main dans celle d'Ondine. Toujours, quoiqu'il arrive. Elle est froide, sa main, elle est froide, Ondine. Je suis sûr qu'elle a plus de sang dans le corps. Elle ne rougit plus quand je lui dis des gentillesses, elle n'a plus de bleus sur les bras quand elle titube de faim et se cogne contre les murs.
Ma belle Ondine déchue.
Alors aucun de nous deux, de Félix ou moi, aura réussi à t'offrir ce que tu méritais, mérites.
L'Himalaya, les 4000 îles, la Tour Eiffel.
Juste une vie trop longue, comme la muraille de Chine.
Je me rappelle d'Ondine quand je l'ai rencontrée. Une princesse. Ça lui allait pas trop. Maintenant, elle a peut-être les mains sales et la peau qui colle, elle a sûrement perdu son charme de magazine, mais elle fait moins figée, comme fille. C'est pas une humaine, de toute façon, Ondine. C'est une étoilée filante, parce qu'Ondine, elle tombe, elle tombe. Et elle brille. Quoiqu'elle a perdu de ses couleurs, récemment. Elle a de plus en plus des airs de fantôme, je peux voir au travers de ses yeux, parfois.
Félix a été un cancer pour elle. Broyant son cœur pour commencer, et puis il est allé détruire tout le reste.
Et moi, alors ?
Moi, j'ai rien fait pour l'arrêter. Moi je l'ai tirée vers l'obscurité. J'ai fait d'elle ce qu'elle aujourd'hui, ce beau zombie.
- Tu m'dis si j'te fais mal.
Car l'entreprise est compliquée. Quelle idée d'avoir autant de cheveux. Je fouille dans les mèches mouillées pour trouver l'origine du mal, y fourre les pics métalliques d'une brosse à cheveux qui traînait par là - vestige de l'ancienne vie d'Ondine. Ça me prend cent ans de dénouer un cheveu, de ne pas arracher la tête d'Ondine, qui va assez mal comme ça.
Et je souris.
Et je souris plus.
- Pourquoi on part pas, Ondine ? On a jamais vu ... les galets de Normandie et la neige dans les Alpes. Qu'est-ce qu'on fout là ?
Dis-moi.
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MessageSujet: Re: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptyVen 25 Oct - 18:27

ondine sans ses beaux rêves de joies serait un tableau triste. un horrible tableau effrayant la société qui l'a créée. cette société. ondine serait devenu un monstre qui cri les cauchemars en traumatisant les bébés parisiens condamnés à l’irraison et au mal-être. heureusement qu’ondine a encore ses rêves, alors qu’elle à l’impression de se faire peu à peu abandonner et que le ciel est prêt à lui tomber dessus et à l’écraser impitoyablement en lui hurlant ces mots qu’elle a tellement maudits. « va t’en, j’ai pas d’argent, pas pour toi, sale gosse. » et frustrée elle continuait de rêver de fleurs et de prairies, la belle ondine. belle à l’intérieur. parce qu’à l’extérieur, ça devenait une toute autre question. ses chevilles maigres et la pâleur de sa peau, était-ce beau ? son visage restait intact, à force de sourire comme une dingue à s’en donner des crampes. mais bon, il faut bien avouer que ses joues devenaient moches, à se creuser de faim, parce qu’après tout, sa richesse dépendait de la bonne volonté de notre ingrat monde. mais ondine s’en foutait, ou faisait semblant de s’en foutre, c’était à voir… personne ne savait, même pas elle. et puis des fois, elle se posait la question, se battait avec les voix dans sa tête, finissait par mettre fin au discours des démons, sans n’avoir eu aucune réponse. ondine se consolait par les détails minutieux et magnifique d’ici bas. les détails que ceux qui prennent la grosse tête et vous regarde d’en haut, ne voyaient pas, les pauvres. ils devaient souffrir, se disait elle souvent. ah ondine. elle est folle, elle voit pas qu’elle souffre et elle cherche à guérir les souffrances des autres. c’est rare les gens comme ça, franchement c’est pas une qualité. ça devient l’absence de l’entretien de soit.

et la chute.

shampooing. sans shampooing certes, mais c’est comme un lavage de cerveau. ça l’est même. la grande chance d’extirper toutes les méchantes mochetés qu’elle avait entendue dans la rue, dans le métro. les parisiens. oh, les parisiens. on les maudit pas tous, heureusement que dieu fait des exceptions. de toute façon, exception ou pas, ondine aimait tout le monde, même ceux qui lui crachaient sur ses petits doigts dépourvus de chairs. ils sont malades, c’est pas leur faute. la tolérance est naïve, avec ondine. mais on ne peut rien y faire, on change pas ondine. on peut même pas. ondine est dans les cieux, entourées d’anges et de voix si suaves. là-bas, les anges, par l’intermédiaire des lèvres de la petite, hurlent aux démons. lâchez-la, lâchez-la ! et dans la rue, elle crie comme ça, quand ça va pas, quand elle se perd, quand elle est seule, les démons viennent dire « bonjour » avec leurs sourires maléfiques, et la dirige dans les pensées obscures. lavage de cerveau, vite, ça devient indispensable. indispensable et urgent. et théotime enlève les nœuds, les fourches de l’agonie délicieuse avec un défunt peigne. « Tu m'dis si j'te fais mal » il était clair que ça devait faire mal, de jeter à la poubelle tous ces mots sales et de les revoir passer, comme ça, sous vos yeux. mais c’était bien beau de se moquer. ondine, elle se moquait des mots sales, maintenant. théotime la soignait. elle était entourée de héros, la chance. qu’est-ce qu’elle serait, sans son time ? ah oui. une princesse hypocrite. elle aurait sûrement oubliée toutes les folles beautés des rêves, l’éducation malade, mais tellement gracieuse qu’elle avait reçue dehors. elle serait en dysfonctionnement avec la nature. mais, elle mangerait à sa faim. elle aurait toutes les débilités technologiques. toutes les splendides robes qu’elle adulait. et elle n’aurait pas connu l’amour. son sourire béat retrace terriblement les traits de son visage qui reprennent leur splendeur. théotime est là, il attrape sa main, elle s’agrippe. elle va pas le laisser partir. jamais plus. « Pourquoi on part pas, Ondine ? On a jamais vu ... les galets de Normandie et la neige dans les Alpes. Qu'est-ce qu'on fout là ? » les questions sans réponses n’existaient pas. les réponses sans questions non plus. c’est logiquement bête. félix. ils attendaient son retour, pour partir, découvrir. ou bien ? peut-être que la réponse était trop tranchante et que le simple nom « félix » rouvrait de ces plaies qui n’avaient pas encore cicatrisées. faire du mal. ondine ne voulait pas faire du mal. encore moins à time. « je ne sais pas… on est bien ici, non ? » sa voix se rouillait, à certain moment. quand elle disait une chose, pour en cacher une autre. c’était pas un mensonge, pas du tout. elle était bien là, avec théotime et félix. félix n’est plus là, félix est parti, laissant les beaux souvenirs derrière lui, et jetant dans les flammes le cœur de la pauvre fleur qui tente maintenant de se reconstruire. le métro, trop de souvenirs qu’elle refusait de fuir. c’était devenu une mode de partir ? tout abandonner et ne plus revenir ? « je veux pas qu’on parte. on va pas faire comme… comme lui, hein ? il y a des gens ici qui sont pas comme les autres. on va pas abandonner paris et ses fleurs. » il aurait dû comprendre que depuis le temps, elle était tombée amoureuse. amoureuse de paris. paris du haut, paris du bas. paris de gauche, paris de droite. elle aimait bien l’aventure, mais quitter paris ? elle ne connaissait que cette ville aux lumières étranges, pour y avoir vécu toute sa vie. des couronnes en or jusqu’aux souliers percés. « et si félix revenait, et s’il nous trouvait pas ? » elle ne pouvait pas omettre félix. s’il était là, lui, il aurait persuadé toute la joyeuse bande. il pouvait faire ce qu’il voulait de qui il voulait avec sa voix chatoyante qui vous pénètre au plus profond et qui vous fait croire que peu importe où, vous êtes en sécurité, avec lui. sauf qu’il n’est pas là. six mois, faut bien y croire ondine. faut pas que ça parte avec le lavage de cerveau. c’était difficile de compter. d’admettre. mais voilà, c’est la vérité qui te crie du bout de sa langue ensanglantée et tu pourras pas te boucher les oreilles plus longtemps. « qu’est-ce que tu fais quand tu t’en vas ? » elle aimerait bien savoir ce qui méritait de l’abandonner dans le trou noir, à sa propre merci. parce que t’es jamais indépendant, même pas quand tout t’abandonne. tu dépens de toi.  du côté crasseux et du côté gracieux de ton cerveau. et quand le côté crasseux distance le côté gracieux…

bah tu dégringoles.
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Victor Trompette
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MessageSujet: Re: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptyVen 25 Oct - 21:24

Parce que Félix n'est plus là et qu'il me faut quelqu'un pour me dire qu'on a quelques minuscules raisons d'être ici. À respirer l'air du métro. Il me faut un mini-héros, pas besoin de cape et de lycra moulant, juste de jolis mots pour entretenir mes rêves. Tu peux, Ondine, toi, dépoussiérer mes rêves, non ? À la façon de Félix ?
Allez, un petit effort.
- je ne sais pas… on est bien ici, non ?
Oui, oui, on est biens, là. À (ne pas) vivre de notre musique, à écrire sur le vide du ventre. Oui berce-moi Ondine.
- je veux pas qu’on parte. on va pas faire comme… comme lui, hein ? il y a des gens ici qui sont pas comme les autres. on va pas abandonner paris et ses fleurs.
Elle me fait sourire, Ondine, et je m'en veux de ne lui arracher que des grimaces en lui arrachant les cheveux. Elle me fait sourire, Ondine, ça lui va bien ce rôle de Félix, elle y joue bien, à faire Félix. C'est même plus joli. Pudique et timide, pas trop avancé. Mais authentique, hein.
Mais ça va pas les sourires. C'est 1-0 en ma faveur, un sourire pour moi, zéro pour elle, ça ne me plaît pas, on devrait avoir autant de sourires l'un que l'autre.
Ondine ne sourit plus, de toute façon.
En tous cas ça n'atteint plus ses yeux. C'est comme quand elle parle : sa voix est morte. En fait, elle continue de vivre, mais comme un automate.
- et si félix revenait, et s’il nous trouvait pas ?
Mon sourire se casse. Et si, et si, et alors, ça lui ferait une belle leçon. De voir que son monde, NOUS, on vit aussi pour d'autres choses. Pour nous. Pour l'un, pour l'autre.
Allez, je me concentre un peu sur les cheveux pour chasser Félix qui galope déjà partout dans mon crâne, de droite à gauche, de gauche à droite, il chante, Félix, dans ma tête.
Il me manque encore plus, quand il fait ça.
- qu’est-ce que tu fais quand tu t’en vas ?
Elle a remarqué, évidemment, pourquoi tu sautes, toi, le cœur ? Elle allait bien finir par m'en parler. Quelle perle, cette fille, de ne pas me cracher des méchancetés à la figure, de m'épargner une ou deux jérémiades, de ne pas me décrire ce que ça fait d'être là, paumé dans la nuit du métro. Quelle mignonne.
Quel pauvre ange.
Qu'est-ce que je t'ai fait, Ondine de Bonnaventure.
Je choisis tout bien mes mots en agressant ses cheveux du peigne, en cassant au passage une des dents de l'antiquité.
- Je ... m'échappe. Faut bien, parce que, je, j'étouffe, ici. Depuis longtemps, depuis toujours. Mais depuis qu'il y a plus Félix, c'est ... Chaque fissure dans l'mur me le rappelle. J'ai l'impression qu'il est mort mais non. Alors j'vais voir ... ailleurs. D'autres gens. Des filles aussi. Je regarde les gens vivre parce que j'ai un peu oublié à quoi ça ressemblait. On va pas s'le cacher, nous deux ... on a des dégaines de fantômes, t'es pas d'accord ? Alors la nuit je m'évade et j'essaie de m'donner un air de quelqu'un d'autre ... Ça fait du bien. Pas d'être quelqu'un d'autre, parce que ça, ça s'invente pas, j'suis pas magicien. Mais de savoir qu'aux yeux de ces gens que j'croise, j'ai pas l'air de ce que je suis vraiment, autant dire rien. Ouais ça fait du bien. Et puis au moins là où je vais, y a toujours d'la lumière. Un lampadaire, une ampoule. Ici, on voit rien la nuit et j'ai ... peur. Félix, il faisait la lumière, même la nuit.
Et je m'arrête là.
Mais je voudrais lui souffler tant d'autres mots, à mon ange déchu d'Ondine. Lui chuchoter pardon, excuse-moi, j'suis désolé. Lui dire qu'à l'aimer puissamment comme je l'aime, je pensais pas que si un jour on venait à égarer Félix, je pourrais pas la sauver.
J'en ai même rêvé, du départ de Félix.
Pas vrai, conscience ?
J'avais les images dans ma tête. Félix qui débarrasse le plancher. Ondine qui pleure. Moi, Théo, qui la réconforte. Et l'embrasse, la récupère ! Ondine pour moi tout seul.
Bah.
Si j'avais su, j'aurais engueulé ces images dans ma tête, je leur aurais dit, cassez-vous, vous méritez pas d'avoir de la place dans mes pensées. Je leur aurais ri au nez, aussi, et beuglé comme un bébé : Félix plus Ondine égal cœuuur-eeeeeuh.
Allez, je suis venu à bout de la mèche qui repose contre les tympans d'Ondine. J'y passe les dents du peigne une fois, deux fois, trois fois, avec les yeux qui brillent de satisfaction. Tu la sens toi aussi Ondine, cette douceur quand le peigne caresse ?
Ondine.
Je voudrais faire un éventail de tes cheveux sur mon oreiller, les exposer là et les compter, tous, un à un. Ça me prendrait toute une vie, et alors ?
J'entame une deuxième mèche. Sur ces mots-là :
- Mais t'as peur quand ... quand j'm'en vais ?
La question à mille francs. Je sens la réponse arriver aussi vite et méchamment qu'une aérolithe. Non. Non, Théo, tu me fais pas me sentir protégée. T'es qu'un sac d'os, tu sais pas te battre, t'as rien dans le ventre, littéralement.
Peuchère de toi.
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MessageSujet: Re: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptySam 26 Oct - 0:15

théotime. ondine pouvait rester à parler de lui pendant des heures sans s’arrêter. sans même se soucier de respirer, comme l’artiste rêveur qui veut peindre sa muse dans tous les cœurs meurtris, tentant vaguement l’offre misérable d’une petite lueur de vie. elle mourrait asphyxiée, dépourvue d’oxygène tellement qu’elle aurait peur de s’arrêter, souffler, et ne plus savoir où recommencer. c’est parler de lui qui la faisait sourire comme ces clowns à qui l’on mettait du rouge à lèvres jusqu’aux tempes pour faire croire qu’il demeurait dans la joie. et le masque tombait. et la vérité régnait. ondine perdait sa flamme à petit feu, aussi attristant qu’il puisse être de le dire. c’est le vent de la solitude qui soufflait violemment les étincelles de l’amour. et elles disparaissaient, doucement, s’accrochant malgré elles à un atome d’espoir. ces étincelles. vous savez, on les retrouvait des ses yeux quand on lui balançait quelques euros, quelques centimes. quand elle mangeait, quand elle riait, quand elle risquait de tomber et que sa manière terrifiante de s’accrocher aux piliers de la foi l’emmenait à divaguer dans son rêve d’amour exquis. on connaît tous ondine, on connaît tous les étincelles. elles étaient là, tout le temps, avant. c’est le naufrage maintenant. on veut pas laisser ondine couler, mais elle s’enfonce sans s’en rendre compte, alors on dit qu’on y peut plus rien, que c’est une condamnée. condamnée à la joie, ça ouais. l’inexistante ondine révoltée, elle vous aurait craché à la figure. elle aurait crié, frappé, hurlé, cogné, blessé, heurté. mais non. elle n’existe pas, c’est bien de rêver. on peut pas transformer la vie. c’est pas tout beau tout rose. c’est comme ça, on peut rien y faire. faut qu’on la secoue. vite. avant que ce ne soit trop tard. faut pas que ça devienne moche, la vie, l’amour, le métro, théotime. faut même pas que l’idée absurde du retour aux sources maudites ne lui effleure l’esprit. trop de choses à faire vite, ondine est malade et ça peut paraître fou, mais les mots et l’esprit de théotime, c’est son bloc opératoire. on lâche pas comme ça, une intervention, pour aller, voir. voir ailleurs. pourtant c’est ce qu’il fait le théotime. il laisse les soldats tuer l’otage, en oubliant d’appuyer sur « pause » avant de passer à autre chose. et quand il revient, l’otage a été fusillé. fusillé de partout, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus le reconnaître. les battements de cœurs se font rares. jusqu’à disparaître. faut pas qu’ils disparaissent. sinon, c’est la fin.

la fin d’ondine.

« Je ... m'échappe. Faut bien, parce que, je, j'étouffe, ici. Depuis longtemps, depuis toujours. Mais depuis qu'il y a plus Félix, c'est ... Chaque fissure dans l'mur me le rappelle. J'ai l'impression qu'il est mort mais non. Alors j'vais voir ... ailleurs. D'autres gens. Des filles aussi. Je regarde les gens vivre parce que j'ai un peu oublié à quoi ça ressemblait. On va pas s'le cacher, nous deux ... on a des dégaines de fantômes, t'es pas d'accord ? Alors la nuit je m'évade et j'essaie de m'donner un air de quelqu'un d'autre ... Ça fait du bien. Pas d'être quelqu'un d'autre, parce que ça, ça s'invente pas, j'suis pas magicien. Mais de savoir qu'aux yeux de ces gens que j'croise, j'ai pas l'air de ce que je suis vraiment, autant dire rien. Ouais ça fait du bien. Et puis au moins là où je vais, y a toujours d'la lumière. Un lampadaire, une ampoule. Ici, on voit rien la nuit et j'ai ... peur. Félix, il faisait la lumière, même la nuit. »

félix. du début à la fin. c’était lui qui foutait le trouble. parce que les trois mousquetaires ne sont plus des mousquetaires quand ils ne sont que deux. ils sont les vestiges. les vestiges d’un passé glorieux voilé des sentiments que l’on croyait indestructibles mais semblent avoir brutalement disparus, comme si félix les avait emporté avec lui. l’idiote, trop entêtée à penser à félix, elle ne capte que plusieurs particulièrement longues et lourdes secondes plus tard. ah, c’est ce qu’il faisait quand il partait, il s’évadait. il avait le droit, la nécessité même. d’abandonner ondine dans le trou qui demeurait, avec ou sans lumière, noir. pour s’évader. aller voir des filles. d’autres gens. changer aux yeux du monde. frustrée. elle était frustrée. au point d’en avoir cette boule à la gorge et cette douleur incommensurable au cœur. il était pas bien avec elle, il allait voir d’autres gens. espèce d’idiote, c’est maintenant que tu comprends. ça arrive comme un boulet de canon, une flèche de guerrier, et percute la poitrine déjà vide de la pauvre fille, détruisant tout sur son passage. les beaux sentiments, et les magnifiques sourires. ondine devient moche sans son sourire. elle arrive plus à respirer. comme une asthmatique sur un terrain allergique. allergique au manque d’amour, voilà ce que ça lui faisait. elle manquait de tomber violemment et de s’allonger inerte sur le sol. mais elle n’osait rien dire, de peur de se dévoiler. encore. de se faire blesser. encore. elle aurait aimer entre autre chose, la ondine. comment t’as pu croire qu’on t’aimait, hein ?. il donnait les doubles explications. pourquoi il la laissait. pourquoi félix l’a laissée. elle était lassante, à aimer tout le monde, à parler de fleurs et de papillons, à insulter personne et à s’imaginer vivre une vie d’une perfection mensongère. voilà le résultat, ondine. tu fais pitié. elle ne se donna la peine et la douleur de répondre. les larmes salées jouaient se rôle, et elle se cachait, pour pas qu’il la voit, sans ses couleurs. « mais t’as peur quand … quand j’m’en vais ? » elle aimerait lui crier à quel point, oui, elle avait peur, elle était terrifiée par la pénombre, persuadée qu’à n’importe quel moment, les démons viendraient hurler leurs délices et qu’elle se laisserait envahir par l’anamour de la solitude. l’abandon. mais elle calmait pulsions et émotions, comme elle pouvait. elle aimait pas faire du mal. et voir quelqu’un qui a mal, ça fait toujours du mal. mal, mal, mal. ce mot est horrible, bon pour la poubelle, aurait-elle dit, il y a six mois de cela. « oui … », c’est un murmure qui se mêle dans un souffle, dans ce souffle là même qui tentait il y a quelques minutes d’étouffer les sanglots. ondine pleure de rêves brisés, et ça va se faire voir. « j’ai peur du noir. j’ai peur du bruit. j’ai peur de l’inconnu. j’ai peur du vide, de la solitude. j’ai peur que tu me laisses là … que tu reviennes plus. » c’était amer et c’était vrai. c’était comme un poème aux anaphores douces et épineuses. comme une chanson qu’on crie pour se libérer du poids des vérités que l’on gardait pour soit et qui nous détruisait intérieurement. l’hémorragie interne pouvait se boucher maintenant. et vite. avant que le sang n’afflux vers le cerveau et que la folie ne submerge totalement l’esprit déjà assez bancal dans son raisonnement illogique. « je t’aime fort, moi. » moi. parce que tu crois que ça lui suffit ton amour à toi, pauvre fille. elle le savait pertinemment, que son amour pour lui devenait minuscule et ridicule quand l’amour des autres entrait en piste. mais tant pis. elle aimait théotime. elle l’aimait trop, c’était trop tard pour rebrousser chemin. peut-être l’aimait elle autant qu’elle aimait félix, au final ? peut-être pas. on ne compare pas félix à théotime. pas théotime à félix. sinon, on devenait fou. « peut-être que t’en as marre des fleurs, des papillons, du beau ciel bleu, des arbres splendides, des nuages et des changements de saisons. peut-être que t’en as marre d’ondine. peut-être que c’est moi qui vous fais fuir. » les derniers mots se fondent. trop lourds pour la bouche de la peuchère. et ils entrent, dans son corps, sans autorisation. et comme le cœur avait déjà été broyé, ils détruisaient la cage thoracique.

ondine mourrait.
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MessageSujet: Re: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptySam 26 Oct - 21:31

Ce nœud-là résiste, il m'en veut. Et en même temps c'est jouissif. De le détruire de quelques coups de peigne, d'avoir cette force, cette possibilité, moi qui ne pourrais pas défendre Ondine des malfrats qui trainent au métro la nuit, après le bar.
J'aimerais que dans la vie, tous les problèmes aient une tête de nœud dans les cheveux. À notre naissance, on nous armerait d'un peigne et d'un savon démêlant pour les cas extrêmes. Toute notre vie, on affronterait des nœuds.
Elle serait drôle, la vie. Drôle et simple.
Acharné à ma tâche, j'en oublie Ondine, comment c'est possible ça, comme c'est laid Théo. Alors forcément quand elle parle, Ondine, je comprends pas. Je comprends pas son oui, il sort d'où celui-là ?
Oh, de « mais t’as peur quand j’m’en vais ».
Mais non, mais non, tu n'as pas peur, Ondine, si ?
- J’ai peur du noir. j’ai peur du bruit. j’ai peur de l’inconnu. j’ai peur du vide, de la solitude. j’ai peur que tu me laisses là … que tu reviennes plus.
Si.
Elle pleure ? Tu pleures, Ondine ? Caché dans tes cheveux, je suis aveugle à ta détresse. Moi, je pleure. De me savoir capable de te faire du mal, un peu. C'est mon âme qui larmoie, mon cœur qui saigne.
- Je t’aime fort, moi.
J'étouffe un rire amer dans entre ses omoplates, elle en sent peut-être le souffle mais elle ne dit rien en tous cas. Non elle ne rit rien et puis elle dit :
- Peut-être que t’en as marre des fleurs, des papillons, du beau ciel bleu, des arbres splendides, des nuages et des changements de saisons. peut-être que t’en as marre d’ondine. peut-être que c’est moi qui vous fais fuir.
Coup de poing dans mon pauvre cœur et j'arrête de respirer trois secondes. Une boule de quelque chose, un truc gonflé de vie se faufile en moi, ça part du ventre, ça prend le chemin de la gorge mais ça passe par le cœur entre les deux, et ça sort de moi sous forme de mot.
Rendu face à elle, mon Ondine, abandonnant mon œuvre un moment. Et mes deux mains sales sur ses deux joues autrefois vermeilles. Je vous jure, elle était toute rose de vie l'Ondine.
- Mais non Ondine, dis plus jamais ça steuplaît, tu ... T'embellis c'que j'appelle vulgair'ment « ma vie », et mon vieux cœur fatigué. Avec Félix parti, j'serai depuis longtemps un cadavre jeté à la fosse commune si t'étais pas là.
Si, si, si.
Si j'avais pas dû porter de lunettes à mes quatre ans, personne me les aurait cassé et alors j'aurais pas connu Félix.
Si les parents de Félix étaient pas morts quand il était petit, il m'aurait pas défendu contre les agresseurs de lunettes.
Si on trainait pas dans les brocantes, tout le temps, toujours, on aurait pas acheté la guitare en 92, on aurait pas commencé la musique.
Si on s'était pas essayés à la musique, on serait pas montés ici.
Et si y avait pas eu ces filles, aussi, qu'on voulait impressionner avec nos prouesses musicales parisiennes.
Si on était pas venus à Paris, alors on aurait bossé là, en bas, à Azur, on se serait trouvé une bonne fille de la campagne et basta.
Mais si on était pas venus à Paris, on aurait pas connu Ondine.
Et si on avait pas connu Ondine, est-ce que Félix m'aurait laissé là sous les rails du métro ?
Si on avait pas connu Ondine. Et puis le métro aussi. On aurait pas entr'aperçu le bonheur.
Vois comme elle serait laide ma vie avec des si.
Je récupère mes mains. Et, la voix qui tremble, de larmes, de souvenirs, d'émotion, de pardon.
- J'te laisserai plus la nuit. Ou alors, tu viendras avec moi ! Dans les nuits fauves et les grands soirs. Y a pas d'espoir là-bas. C'est beau d'voir qu'on est pas les seuls à voir la vie en noir et blanc.
Ondine elle voyait la vie rose. Rouge, bleue, jaune. Toujours, un peu, mais moins, avec des yeux un peu plus morts. Allons bon Ondine. Ondine, dans son berceau, on aurait dû l'équiper d'un détecteur à déchets. Elle nous aurait, m'aurait évité soigneusement le jour où je l'ai pêchée sur les bords du métro parisien. Elle aurait dit, merci mais non merci, et elle aurait séché ses larmes d'une main.
Mais je pouvais pas savoir, moi, je pouvais pas savoir.
Et maintenant j'ai envie de pleurer en me tenant devant tant de gâchis.
Ta mèche, ta mèche Ondine, la toute douce, je joue avec. Nerveusement. Je  détruis mon travail, on dirait. Mais tu me chiffonnes, ton je t'aime, ça ne va pas, mon cœur a plongé au lieu de sauter de joie, en l'entendant.
FORT.
C'est un adverbe de trop, à la mauvaise place.
Ou alors à la bonne.
C'est un adverbe qui me donne le doute.
Et ça me brûle le cœur là, ça me brûle la bouche.
- Mais rassure-moi tu ... tu sais qu'j'uis amoureux d'toi ?
Un « je t'aime » raté. Déchéance du « je t'aime ». Adieu romantisme.
Mais elle sait, non ?
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MessageSujet: Re: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptyLun 28 Oct - 13:04

trop tard, ondine était morte sur son lit d’hôpital, le cœur dans la main espérant que les bons anges viendraient le remplacer, le changer complètement et jeter celui là à la poubelle. dans les déchets non-recyclables. elle avait essayé de lui remettre des couleurs, de le peindre de champs de fleurs et d’amour rêveur, mais ondine avait perdu ses ailes et ses pouvoirs angéliques. une vaurienne qu’elle est, les voix d’avant ont raison maintenant, crachez-lui sur la main, qu’une larme ne pointera pas le bout de son nez, les sentiments sont tous allés. et théotime, c’est trop tard il ne voit pas ? il ne peut que se remettre à croire en certaines forces divines et à hurler aux anges de faire vite sur la route, sinon elle partirai pour toujours. « mais non ondine, dis plus jamais ça steuplaît, tu ... t'embellis c'que j'appelle vulgair'ment « ma vie », et mon vieux cœur fatigué. avec Félix parti, j'serai depuis longtemps un cadavre jeté à la fosse commune si t'étais pas là. » il pouvait ranger ses électrochocs désormais médiocres, l’amour s’en moque, il y a même pas d’amour, tiens. les belles choses qu’on croyait illimitées devenais invisibilité et les démons tentateur, fauteur, fêtait leur victoire dans le corps quasi sans vie de la fleur fanée. Il y a plus d’effet théotime, t’as cru que ça suffisait, tes petits mots pudiques qui cachaient les choses vraies ? elle aurait aimé ondine, que lui dises juste pardon, désolé et pleins d’autres mots simples qui guérissent les maux. et les cœurs. alors elle disait rien, toujours rien, rien que rien. c’était pas plus beau que le silence, pas plus beau que les larmes qui coulent, pas plus beau non plus que ce lavage de cerveau qu’on interrompait en plein milieu, face à un nœud trop coriace, un nœud trop noué. « j'te laisserai plus la nuit» secousse. ondine et tous les organes qui lui restent reçoivent une de ces violentes secousses de joie, d’une petite phrase inachevée dont on ne redoute même plus la chute « ou alors, tu viendras avec moi ! Dans les nuits fauves et les grands soirs. Y a pas d'espoir là-bas. c'est beau d'voir qu'on est pas les seuls à voir la vie en noir et blanc. mais rassure-moi tu ... tu sais qu'j'uis amoureux d'toi ? » perforée ondine, percée, déchirée. la vie ici perdait son sens, à croire qu’ils s’étaient vraiment égarés sans félix et que la justice devenait injuste, la logique illogique. et puis les raisons, sans raison. t’as échoué, dehors là-bas, ils voient toujours la vie fade et sans couleur, tu sers à rien. pas de chances, bientôt se sont ses poumons qui vont la lâcher et tous les autres suivront la danse, n’est-ce pas organes ? on vous voit venir, les morceaux qui restent et qui cherchent à tomber à la renverse, avec ondine. allez vous caler dans vos petits coins de corps parce que c’est vraiment pas le moment. « tu veux m’emmener la nuit, voir des choses en blanc et noir ? » en noir et blanc, qu’il a dit ondine, tu connais même pas l’expression… « tu trouves ça beau ? » alors qu’elle, elle cherchait désespérément à s’embellir de couleur, lui, s’habillait de pâleur, des peurs, des malheurs. ça non, elle préférait rester dans le métro auquel elle s’était forcément habituée, amourachée.

amoureux de toi. « non, je ne sais pas. je crois que oui… mais, en fait… je comprends pas. » de quoi il parlait ? l’amour agrandissait sa définition avec ondine. être amoureux, c’était les gens, les fleurs vives, les oiseaux de cristal, les papillons du calme. amoureuse de tout, il aurait dû savoir depuis fort longtemps que cette question était totalement déplacée. à en faire pleurer de plus belle ondine qui se perdait des ses réflexions émerveillées. « amoureux de moi comme… je comprends rien. » amoureux de moi, comme je suis amoureuse de félix ? ça serait dommage. mais félix est parti, ondine.
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Victor Trompette
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MessageSujet: Re: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptyMar 29 Oct - 11:34

Boum boum badaboum, plaf, c'est le bruit de mon cœur qui tombe. Je le sens, là, dans le fin-fond de mon ventre. Il a fait une belle chute et maintenant c'est à peine s'il sait comment faire pour battre, encore.
Ondine ne sait pas. Me suis grillé tout seul.
Je rougis.
C'est pas comme ça que je voulais dire « je t'aime ».
- Non, je ne sais pas. je crois que oui… mais, en fait… je comprends pas.
Ondine perdue. Allons bon, comme ça, ça peut être amoureux les Théotime ? Oui, oui, les Théotime c'est pas juste ceux qui t'arrachent des quais du métro pour te montrer le vrai métro en te proposant de t'y installer avec lui et son pote musicien. Les Théotime ça tombe amoureux même plus facilement que tous les autres. Et moi, ce Théotime-là, celui d'Azur, je me suis abandonné d'amour pour toi.
J'ai même pas compris, sur le moment, moi non plus, tu vois.
- Amoureux de moi comme… je comprends rien.
Mon Ondine mon Ondine qui ne peut pas s'imaginer que son grand abruti de Théotime l'aime, comme elle aime Félix le disparu. Caresse sur sa joue du bout de mes doigts, mais juste le temps pour une étoile filante de mourir, car sinon elle va se méprendre l'Ondine.
Je ne te drague pas pourtant.
- J'croyais que ça crevait les yeux. Que c'était entré dans l'dictionnaire des vérités générales. T'sais ... la Terre qui tourne autour du Soleil, faut vivre pour manger ... nan, manger pour vivre. Tu vois quoi. Je pensais pas que ... J'aurais dû m'taire.
La honte, je chuchote.
Et je rougis, mal à l'aise, bon, je suis amoureux. De toi, toi toi toi, Ondine.
Allez, faire taire le silence sous des mots.
- Pourquoi tu crois que j't'ai amenée chez nous ? Égoïsme. C'était pas d'la charité. Je t'ai adorée dès la première mini-seconde, j't'ai trouvée ... sublime. Dans ta façon élégante de tenter de sourire au malheur. J'm'en remets pas, chaque fois que j'te vois c'est la même histoire. Mon cœur qui se met à galoper et mes yeux qui pétillent.


Dix coups de l'horloge du métro, dix heures. Théotime Puech fait le compte : deux heures avant de ne pas manger au déjeuner, dix heures avant l'heure du concert de la soirée avec Félix, douze heures avant la nuit. L'abandon, enfin. Presque personne sur les quais du métro, mais la pleureuse, on la remarquerait même au milieu de l'affluence parisienne de sept heures du matin, par exemple. Les cheveux bruns, les yeux doux, la robe colorée de fleurs, les larmes salées sur les joues carmines. C'est la grâce immortelle devant les yeux de Théotime, ses yeux perdus, éperdus. Ses yeux d'amour emplis. Il voudrait courir, voler jusqu'à elle, lui déclarer son ardeur déjà amoureuse. Mais on pourrait si facilement effrayer un oisillon égaré. Il se mouve jusqu'à elle doucement alors, le petit Théo, rendu beau par son amour neuf.
- Viens, il dit, en tendant une main noire du métro.
Elle l'attrape la main, comme une bouée de sauvetage. Même pas peur la môme.
- C'est quoi ton nom ?
- Ondine.
Évidemment. Ondine, future reine des métros.

- J'suis désolé je ... Je sais que y a LUI. Ça m'enrageait au début, persuadé que j't'aimais mieux que lui. Et puis j'ai compris que j'suis pas le genre de garçon qu'on aime de toute façon. Et c'est pas grave.
Un sourire mouillé et un baiser sur le joue pour toi. Non je ne veux pas plus Ondine. Continue simplement d'exister. Et de ne pas voir mon amour, ça ira mieux.
Retour à mon poste, cet assassin de cheveux de peigne en main. Bruits de cheveux qui résistent sous ma poigne. Et mes mots qui continuent, au point où on en est.
- Ça m'arrive parfois, quand j'pars la nuit, de vouloir continuer le voyage. De tailler la route, comme Félix. D'aller revoir la mer qui m'a vu grandir et dev'nir ce que j'ai arrêté d'être en arrivant ici. Mais j'pourrais pas supporter de plus voir ton visage à chaque fois que j'tourne les yeux. Je ...
M'enfonce.
Me tais, donc.
Tout a été dit de toute façon. Ce n'est plus qu'approfondissement désormais. Pour qu'elle comprenne, puisqu'elle ne comprenait pas. Tout a été dit Ondine, ma muse et ma nymphe, et maintenant tu vas vouloir que je m'en aille. Tu dois en avoir marre qu'on t'aime n'importe comment.
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MessageSujet: Re: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptyMer 30 Oct - 0:33

Ondine se débattait maintenant avec les voix dans sa tête, avec les ténèbres, les maudites âmes terrestres, rien de plus. peut-être que c’est juste une note d’espoir, juste un j’en ai pas marre de toi, mais voilà, il y a des fois… ou alors, c’était bien plus et bien pire qu’un sourire, bien mieux qu’une lyre. aucune de ces supposition n'étaient meilleure que l’autre, pas de quoi se rassurer. panique, c’est la seule option, après pleurer, suffit d’céder et puis espérer que ton cœur s’éprenne de pitié et revienne se fourrer là où les mots l’ont chassé. « j'croyais que ça crevait les yeux. que c'était entré dans l'dictionnaire des vérités générales. t'sais ... la terre qui tourne autour du soleil, faut vivre pour manger ... nan, manger pour vivre. tu vois quoi. je pensais pas que ... j'aurais dû m'taire. » c’était ça qui était pas bien avec théotime. il commençait, il vous charmait avec ses mots, et puis il s’arrêtait brusquement comme ça, vous jetant dans l’obscurité de la vérité, dans l’inquiétude et la solitude silencieuse des sentiments rudes. il laissait comme ça, ondine remettre toute sa belle existence en question, elle pouvait pas y échapper, ça y est. les points d’interrogations se moquent à lui déchiqueter le cerveau, elle ferme les yeux, elle les entend rigoler de sarcasme égoïste, de rêves tristement dépeins et de l’artiste à qui on arrache sa plume. ça suffit. elle prend une grande bouffée d’air, et l’air même se brise. elle sent un peu un truc battre dans sa poitrine, c’est quoi ça ? ah. son cœur, il est revenu. il pouvait attendre deux ou trois secondes, ou minutes, pourquoi pas ? ça allait encore le bousculer, il allait encore vouloir fuir, courir, partir. décidemment. « pourquoi tu crois que j't'ai amenée chez nous ? égoïsme. c’était pas d'la charité. je t'ai adorée dès la première mini-seconde, j't'ai trouvée ... sublime. dans ta façon élégante de tenter de sourire au malheur. j'm'en remets pas, chaque fois que j'te vois c'est la même histoire. Mon cœur qui se met à galoper et mes yeux qui pétillent. » c’est plus doux. on dirait qu’elle attendait que ça, ondine, pour s’apaiser. elle savait pas trop ce que ça voulait dire en même temps, mais ça mettait l’feu à son cœur, à son corps, à son âme. alors elle aimait ça. elle voudrait bien se retourner, le prendre dans ses bras et lui supplier de la fermer un peu, parce que ça en réveillait des choses qui auraient mieux faites de rester endormies au fin fond d’un souvenir caché. mais elle disait rien, timide et effrayée par la simple idée de gâcher le moment avec ces phrases auxquelles on ne répond pas. qui mérite même pas une réponse. elle sent bien qu’il recommence son petit lavage de cerveau, avant qu’un parisien ne vienne réclamer ce qui lui vient de droit. et puis il continue de parler comme ça, les péripéties amoureuses, les belles paroles et ondine manquait de tomber. chaque fois, chaque mot. « … mais j'pourrais pas supporter de plus voir ton visage à chaque fois que j'tourne les yeux. je… » et puis il recommence à s’arrêter en plein milieu. elle rigole doucement, d’avoir prévu ça, mais très vite, son sourire s’efface. questions, questions, questions.

félix, c’est le premier amour, en s’en débarrasse pas comme ça, du jour au lendemain. non, on y rêve avec courage, 24 heures sur 24. on le voit partout, on devient fou, on hallucine, on s’en va jusqu’à mourir, on sait pas trop pourquoi mais partout où il va on le suit. pourtant ça meurt, hein, l’amour ça meurt quand on l’entretien pas, quand il y a pas trop de réciprocités, quand ça se mêle à l’amitié et que ça la détruit. alors ondine était « amoureuse » de félix, pour pas avoir à réfléchir à ce qu’elle pouvait être d’autre. et puis il était parti, de toute façon. l’espoir reculait avec le temps. théotime caresse sa joue de ses lèvres asséchées, d’une caresse presque pudique, qui fait rêver, encore rêver, le temps d’une seconde. et puis il se sépare de sa joue creusée. ses doigts s’emmêlent, la pauvre, encore plus perdue qu’elle ne l’était déjà. elle poussa la tête, pour qu’il lâche un peu ses cheveux, remettais en jeu le lavage de cerveau, parce qu’elle voulait pas tout oublier comme ça, et si ces beaux mots partaient eux aussi ? elle s’est retournée, elle l’a regardé, elle s’est noyée dans ses yeux et puis comme elle savait pas trop quoi faire, elle s’est approchée, a collé maladroitement ses lèvres contre les siennes. quelques secondes o bien quelques minutes, demandez aux anges. et puis sur le coup, elle voulait pas trop fermer ses yeux, mais ça l’a prit comme ça, elle s’en est allée. « pardon. » qu’est-ce que t’as encore fais, ondine ? elle lui tourne le dos, les cheveux mouillés, serre sa main contre sa poitrine pour voir si petit cœur a tenu. il est là. ouf. « je suis désolée time. c’était… c’était pour… pour voir. si c’est pareil qu’avec félix. pardon. » elle avait même pas le courage de se retourner, même pas d’être en face de lui, même pour fixer le sol, ce sol.

c’est trop lourd. faudrait songer maintenant à changer de sujet et espérer que ça passe, même si on sait pertinemment que ça passera pas. elle se décide à le regarder, à voir dans quel état ils sont. « des dégaines de fantômes » ? nan, c’était autre chose. « j’ai assez de sous maintenant, pour que tu me prennes sur ton dos – si tu peux... – et qu’on aille s’acheter un p’tit pot de nutella,  qu’on puisse sortir enfin d’un magasin comme des innocents. » avec quelque chose en main.
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MessageSujet: Re: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptyMer 30 Oct - 21:36

Ondine son cœur s'arrête de battre, je le sais bêtement parce que c'en sont les battements qui rythment ma vie. Et mon cœur à moi. Si il s'arrête, ce cœur d'Ondine, je meurs.
Regardez-moi, je suffoque.
Et puis je rattrape mon souffle. Le cœur d'Ondine bat évidemment, il galope pour Félix, toujours, à jamais si ça se trouve.
Peuchère, peuchère de moi.
...
Deux caresses sur ma bouche soudain. Deux lèvres. Celles d'Ondine. Mon cœur s'envole, moi je décolle et j'emmène Ondine avec moi pour qu'on ne se sépare surtout, surtout pas. Quelle chasteté dans ce baiser, je voudrais l'entraîner plus loin, y mettre quelques miettes d'amour car il me semble qu'il n'est là que pour combler la crevasse que « je t'aime » a creusé entre nos deux corps fantomatiques.
Quel désespoir, quel chute, quel abandon, quel vide.
- Pardon.
Effarée mon Ondine. Moi je touche ses lèvres, puis les miennes. Brûlantes toutes les quatre, brûlantes de ce nouveau contact avec l'autre, qu'elles viennent à peine de quitter. Je touche nos lèvres comme si j'y croyais pas encore. C'était peut-être une vision. Du future, ou une vision de désir. Mais rien de réel. Je voudrais lui dire à Ondine, « mais on s'est embrassés ? »
Mais Ondine elle me tourne le dos.
Mur de béton entre nous deux.
- Je suis désolée time. c’était… c’était pour… pour voir. pardon.
Mon regard court sur le sol qu'elle doit fixer, court sur le ciment froid de l'hiver précoce, il court, il court, et il va chercher le sien, mais elle le fuit, alors il revient vers moi.
Tu m'intoxiques.
Il faudrait que je m'en aille mais ce serait pire question respiration. Tout ce bien et ce mal que tu fais à mon corps. Et moi aussi je m'y mets, tu vois.
Elle revient, Ondine, vers moi. Tourne seulement sa tête mouillée mais je suis déjà content qu'elle veuille bien me regarder dans les yeux. Car c'est ma faute, c'est ma faute. Et quand elle parle Ondine, on dirait que c'est de la sienne.
- J’ai assez de sous maintenant, pour que tu me prennes sur ton dos – si tu peux... – et qu’on aille s’acheter un p’tit pot de nutella,  qu’on puisse sortir enfin d’un magasin comme des innocents.
Oui que c'est bien de chasser l'embarras avec des mots de tous les jours. Faire des choses de tous les jours aussi, acheter du nutella, dit-elle. Quoique c'est faramineux pour nous ici bas. Alors c'est un oui pour moi. Minuscule, le oui, un oui d'oisillon honteux d'avoir mangé tous les insectes que maman a ramené sans en laisser pour les frères et sœurs.
Ou un oisillon honteux d'aimer l'amoureuse de son meilleur ami. Cette fée fragile d'Ondine, ce presque fantôme à cause dudit amoureux/meilleur ami.
Foutoir, foutoir.
Dehors, neuf coups d'horloges. Neuf heures.
C'est bon de voir Paris. C'est bizarre de voir Paris. Un trucmuche a changé entre Ondine et moi, c'est invisible comme un atome parce que vraiment minuscule, mais c'est là, j'en sens l'odeur affreuse. Et pourtant Paris est toujours la même. Polluée, bondée, agitée, la métropole dans toute sa normalité.
Mais le monde a changé. Enfin Paris t'entends pas le bruits de nos coeurs, à Ondine et moi, nos coeurs désaccordés ? T'entends pas l'embarras ?
T'es nulle Paris. Tu me déçois. Mais surtout je me déçois.
Sur mon dos, Ondine, comme une plume d'oiseau. Ses bras autour de mon cou comme un collier, son cœur contre mes omoplates, mes mains soutenant ses cuisses. Et plus personne n'est surpris de nous voir maintenant, nous, les deux pauvres, les trois moins un, disparu. À croire que Paris s'est habitué à nous, ou alors il ne nous voit même plus.
Transparents Ondine et Théo. Avec le fantôme de Félix dans nos têtes.
Ils ont décoré le pot de Nutella avec des trucs de Noël. Alors c'est noël bientôt. C'est joli à savoir. Surtout dingue de voir que tout le monde s'habille pour Noël, même le Nutella, mais pas nous, non, jamais nous.
Elle paye, Ondine. L'épicier nous guette mochement. Il nous a vus tant de fois entrer et sortir sans rien acheter, et pourtant les poches pleins de trésors. Que maintenant il doute de nous. Ràs aujourd'hui, pas de pillage discret, rien que nos deux âmes perdues m'sieur.
Merci et au revoir.
Le bruit de la rue à nouveau. Je voudrais qu'on le fuit mais pas retourner au métro non plus, il faut le temps à notre palace de se nettoyer de notre joli, ou laid, tout dépend du point de vue, baiser. Notre joli-moche baiser.
Dans la rue, cette fois, je la tiens par la main, un peu comme d'habitude. C'est bien, les habitudes. Ça ramène l'équilibre. Elle aussi me tient fort la main, alors je ne sais pas lequel de nous deux mène l'autre au canal d'Amélie, là où sa mère lui fit jeter son poisson rouge. Canal Saint Martin. Et plus par habitude (toujours, l'habitude) que par espoir, je le cherche des yeux, le poisson.
Non, il est pas là.
Je sais pas où il est mais il aurait eu une chouette de vie ici, c'est presque calme, presque hors de Paris, ça m'apaise presque. Presque, presque, presque. Tout près du bord de l'eau, près à tomber, je cherche les poissons pour aller les embêter. Et tout près du bord de l'eau, prêt à parler, je dis à mon Ondine :
- C'est pas grave.
Avec le sourire mal brossé.
Quoi, c'est pas grave ? Qu'est-ce qu'il y a de léger dans toute cette histoire ? C'est pas grave d'habiter le métro ? Que Félix soit parti ? Que Paris soit peuplé de cons aveugles à beaucoup de choses ? Qu'il y ait la guerre dans pleins de pays, que la France soit en crise, que les tours du world trade center aient fondu sous des avions suicidaires ? Que nous ayons eu un baiser ?
Quoi, quoi, Théo ?
Je me trouve chiant, je vais me noyer dans le canal saint martin et ce sera une triste fin à une triste existence.
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MessageSujet: Re: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptySam 2 Nov - 22:48

fiévreuse de péchés et malmenée par sa conscience elle s’est accrochée de trahisons aux lèvres de time, pauvre victime. ondine, on peut dire qu’elle est masochiste, à vouloir se refaire du mal de cette étreinte égoïste qui des rêves cachés imprime les rimes de ces cœurs qui s’abîment. elle devrait se faire tuer par l’état pour cet amour tellement incommensurable qu’elle ressent pour son théotime, pour avoir dévier, « par égoïsme » dit-il, les rails de son destin, mais le côté tragique, c’est que malgré l’imposition envahissante de cet amour qui devient destructeur, il y a l’amour du premier amour, l’amour de félix, qu’est même pas comparable à l’amour qu’elle a pour théotime. avant c’était clair toutes ces questions d’amour, c’était pas la même catégorie. amour. amour. amour. y en a pas un peu marre de ce mot qui se transforme doucement en torture alors que dans le passé proche, il ne propageait qu’amnésie idyllique ? il faudrait qu’il reprenne son vrai sens, parce que ça devient vraiment n’importe quoi, surtout quand le passé, le présent et le futur tentent de se mêler dans votre cerveau alors que vous vous étiez promis de ne vivre que l’instant « présent ». mais, on peut pas fuir ces voix dans la tête, faudrait qu’ondine finisse par se faire une raison et puis s’opposer à tous ces démons enfouis qui habitent dans une petite parcelle sombre de son cerveau. plongée dans ses pensées autodestructrices, elle revient sur terre au moment de payer, enfonce sa main dans sa poche et sort les multiples pièces, l’esprit un peu ailleurs, parce qu’ailleurs c’est plus beau qu’ici maintenant. il lui arrive même souvent de se demander si elle aurait pas mieux fait de retourner chez elle, là serait en couple avec un de ces beaux gosses hypocrites, aurait sa juliette à ses côtés pour voir le monde autrement. elle soupire, ça lui arrivait jamais de soupirer comme ça, comme de découragement un peu, les yeux rivés sur le sol qu’elle ne voit même pas alors que l’épicier se met à compter les centimes et les euros, avec son mauvais œil.

dans la rue, il lui tient la main, elle, elle lui sert la main, de peur qu’un vent violent ne la souffle et l’emmène errer infiniment dans les ténèbres. elle aimait bien être sur son dos, ça lui donnait en même temps que l’impression d’avoir une sorte « d’emprise » sur lui, celle d’être en sécurité et qu’à n’importe quel moment il serait apte à la défendre, en plus, la main sur ses cuisses… et puis, faut bien avouer que ça la dispensait de marquer les rues du coin de ses pas lourds et légers. le canal saint martin, lui à l’air d’être bien heureux, c’est bien de regarder un canal comme ça, ondine elle est peut-être folle, mais ça la libère des vérités de la terre, de ce baiser qui n’aurait (peut-être) pas dû exister, de l’idée qu’en ce moment on la recherche sûrement encore, de penser que félix reviendra plus et puis ça l’aide un peu à éviter de penser que théotime est amoureux d’elle.

alors elle s’assoit près du bord, comme les bouddhistes le font pour méditer, elle a peur de dire un mot, peur d’écouter ses pulsions, après tout, il n’y a que pulsions lionnes qui dans la conversations malmène les actions auparavant saines. « c’est pas grave. » faux, il avait absolument tout faux, c’était quasiment absurde qu’elle soit assise là, à remettre en question qui elle aime plus, qui elle aime moins. à remettre en question tout le sens qu’elle donnait à cette existence naïvement amoureuse de tout. ou peut-être que c’était réellement pas grave, qu’on devait faire semblant de ne pas voir les vérités, comme elle savait si bien le faire avant. on pouvait voir son âme déçu sortir hésitant de ce fourreau humanoïde dépourvu d’espoir, comme une lumière aveuglante qui fuyait les ténèbres ayant pris possession du corps de la pauvre fille. elle souffla un bon coup, souffrait d’avoir froid sous les tissus trop fins de sa robe veuve. « tu as sûrement raison, c’est pas… grave. » on l’entend à peine, c’est fou comme la résonnance de sa voix se montre vierge et pudique, comme si elle cachait timidement un petit secret enfoui, un secret qu’elle voulait même pas s’avouer, un secret à elle-même, le secret qui remettait en question le départ de son âme. « c’est pas grave, je vais changer… je vais plus être aussi… ondine. et puis le monde sera plus heureux, quelque chose me dit que… le problème... est… en moi. » égarée encore, franchement elle est déjà partie la « ondine » dont on parle, le soucis maintenant c’est de la faire revenir à sa place, parce que ondine sans ondine c’est vraiment plus ondine… ça fait peur, ça fait fuir. c’est sûrement pas de la ondine pâle et sans lueur d’espoir que s’est épris le théotime. franchement, il y a le doute un peu partout, c’est le pire des ennemis. elle change pas de position, assise là à regarder le lac sans craindre de tomber, à parler à son héros avec cette peur de le regarder, à recevoir les mots sans vraiment les recevoir, comme un esprit sans état d’esprit. « si j’arrêtais un peu d’être cette ondine là, peut-être que ce truc bizarre… la douleur ou un truc comme ça, j’suis sûre qu’il s’en ira. quand t’as pas de sentiments, t’as pas… mal, t’es pas d’accord ? » elle ferme les yeux pas longtemps, les ouvre, croit renaître sous une nouvelle perception de la vie mais se décourage très vite en se rendant compte qu’elle a toujours ce poids omniprésent qui veut qu’elle se soucis du bien être des autres, non pas du sien. ce poids qui lui hurle qu’elle est entrain d’échouer, pauvre égoïste. « pardon time, j’devais pas dire tout ça… c’est trop, moche et pas… beau. je suis désolée, mais t’es le seul que j’ai maintenant pour ça que je m’abats sur toi, j’aurais pas dû penser à toutes ces choses, j’aurais pas dû t’embras… » pause. « je pense… je pense que… j’ai froid. »
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MessageSujet: Re: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptyDim 3 Nov - 21:07

- Tu as sûrement raison, c’est pas… grave.
Qu'elle dit pour me faire plaisir.
Bien sûr qu'elle pense le contraire de moi. C'est écrit partout sur son visage, "C'EST GRAVE, C'EST GRAVE", autour de ses yeux évanouis, de sa bouche qui tombe, sur ses joues prématurément creusées de vieillesse. C'est grave, elle se dit, et elle a raison, c'est grave d'aimer quelqu'un aussi fort.
- C’est pas grave, je vais changer… je vais plus être aussi… ondine. et puis le monde sera plus heureux, quelque chose me dit que… le problème... est… en moi.
Je ne réponds pas, plus, je m'enfoncerais, on me retrouverait six pieds sous terre mais pas enterré, plutôt vivant, juste écrasé par le poids de ma connerie, des mots que j'aligne les uns derrière les autres sans me dire : « tais-toi Théo ».
Mais Ondine ne devrait pas changer.
C'est moi qui devrait prendre le chemin du temps à l'envers et dé-dire le je t'aime qui a tout cassé.
- Si j’arrêtais un peu d’être cette ondine là, peut-être que ce truc bizarre… la douleur ou un truc comme ça, j’suis sûre qu’il s’en ira. quand t’as pas de sentiments, t’as pas… mal, t’es pas d’accord ? (Elle ferme les yeux.) Pardon time, j’devais pas dire tout ça… c’est trop, moche et pas… beau. je suis désolée, mais t’es le seul que j’ai maintenant, j’aurais pas dû penser à toutes ces choses, j’aurais pas dû t’embras…
Je baisse mes yeux sur mes genoux, ils sont mieux là plutôt que posés sur le visage démoli d'Ondine. Putain c'est les attentats du onze septembre sur son visage, c'est à pleurer.
Mes genoux sont blanchis à l'air de novembre, mais même ça c'est plus beau.
-  Je pense… je pense que… j’ai froid.
Moi j'ai un énorme pull dans lequel j'étouffe, alors ça tombe bien cette histoire.
Je le passe au dessus de ma tête, et l'aide à le mettre. C'est un pull de Félix, enfin, le pull de tout le monde au départ, mais c'était seulement Félix qui le portait. Je le repérais au blanc sale de la laine, dans le métro, on le voyait bien, avec ça.
On le voyait bien, parce qu'il brillait, en fait.
Je la regarde, Ondine, dans le pull de Félix elle a l'air tristement à sa place, mais elle a pas l'air ahuri-heureux, heureux-ahuri quand elle avait avec elle Félix en personne. Ondine maintenant, elle a les yeux énormes de vide, ça me tue. Je ne peux plus rien faire pour elle, il lui faut quelque chose, une potion magique, un médecin du cœur-amoureux, il faut la réparer et la remettre dans le bon sens.
Je ne peux pas l'aider, elle ne veut même pas de mon amour.
Et qui lui en voudrait.
« Tu es la beauté qu'on agresse », il dit, Higelin, dans une de ses chansons. Pour l'agresser, on l'a agressée, ta beauté. À coups de hache, à coup d'amour, de hache-amour.
Y a une fusée, soudain, une fusée dans mon crâne, une étoile filante d'idée, sauf que l'idée est pas morte, l'idée est parfaite.
- Viens, j't'emmène quelque part.
Un endroit qui appartient au passé du passé, c'est un fossile que je déterre là. Six mois au moins, ouais, bien six mois.
Félix et moi debout sur le toit du monde, lui fumant, moi criant.
Six mois c'est ça. Le jour où je lui ai dit que j'aimais Ondine. Et aujourd'hui, jour où j'ai dit à Ondine que je l'aimais. Tout ça colle bien ensemble, comme des pièces de puzzle.
Alors nous voilà à nouveau claudiquer à travers Paris, qu'on connaît par corps, qui ne connaît par cœur. Nous, deux fantômes appuyés l'un contre l'autre pour pas se ramasser. Manquerait plus qu'on se casse vraiment la gueule, à plat sur le bitume.
Je préfère nos chutes métaphoriques.
Coup d'oeil vers le bas, vers Ondine, qui avance comme une automate, pas du tout comme une Ondine. C'est fini les regards vers là-haut, le soleil le jour et les étoiles la nuit. Elle me ressemblait avant, Ondine, à toujours regarder les jolies choses, et les oiseaux, et les gens, et les lampadaires. Elle me ressemble toujours, depuis que je suis devenu un fantôme.
On s'accorde.
Mon Ondine ...
Parfois j'aimerais te croquer, je suis sûr que tu as encore un peu le goût du bonheur. Honnêtement je sais plus trop quoi faire pour le ressentir, je le cherche partout mais je ne le trouve même plus dans tes yeux. Je me suis dit qu'il avait dû disparaitre, pour de bon, pour toujours. Mais j'ai demandé aux gens, quand même, pour la certitude. Dans la rue : « Excusez-moi, vous avez pas vu le bonheur, par hasard ? » On m'a regardé comme si j'étais fou.
Je suis pas fou, je sais juste plus quoi faire.
Alors aux grands maux les grands remèdes, et voilà qu'on arrive à L'Immeuble.
Ce fut une putain de thérapie pour moi.
J'ai lâché les mots comme ça, littéralement, les mots, sans les verbes et les adverbes qui font les phrases. Rien que des mots. C'était bon, c'était vivifiant, j'en suis sorti vivant, de ce voyage à l'immeuble.
En haut on voit le soleil, ça chauffe et surtout ça colore le visage en noir et blanc, blanc et noir dit-elle, d'Ondine.
Moi je m'assois sur le bord de l'immeuble, le ciel sous les pieds, en vieil habitué, j'ai même plus peur du vide sous mes talons, au contraire, ça me donne envie de mourir de rire.
- Ici tu peux dire tout c'que tu veux, personne t'entend, tu peux crier jusqu'à la lune, te vider l'âme qui pèse trop lourd.
J'ai repris Ses mots, et ça sonne malgré tout tellement vrai.
Quoique je me la figure pas crier sur le bord du ciel, Ondine, mais moi non plus j'y croyais pas, et pourtant, j'ai crié, j'ai crié.
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MessageSujet: Re: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptyDim 24 Nov - 12:54

Quand elle l’enfile, ce pull, elle fait attention pour pas que ses ridicules os craquent et tombent en morceau emportant le dernier atome d’espoir avec eux. C’était ça l’effet d’un départ, l’effet du départ de félix. C’est drôle comme cette chaleur presque soudaine lui donnait l’impression que félix est dans ce pull, donc elle se secouait un peu, voir s’il sort. Mais il ne sortait pas, il fallait se contenter de Théotime, c’était déjà bien, au moins, elle n’était pas seule. Elle aurait préféré qu’il la prenne dans ses bras, comme ils font dans les bons films qu’elle avait la chance de pouvoir regarder avant c’était une meilleure chaleur, une chaleur Théomissime dont on est jamais rassasié, mais il lui a déposé le pull sur ses vilaines hanches comme s’il voulait plus d’elle, comme si elle voulait même pas la prendre dans ses bras. Tant pis. Il n’y avait plus rien qui pouvait l’atteindre qu’elle croyait fort. Alors elle regarde dans les yeux de Time, ils brillent, quelle chance. Ils ont encore cette force au fond d’eux, la force de la Ondine veuve avant d’être elle-même défunte déesse. Elle le regarde longtemps, elle pense aussi qu’elle aimerait bien en avoir, un peu de cette force qu’elle distribuait sur son passage, avant. Les habitués du métro la regarde encore plus bizarrement, avec forcément moins de mépris. A croire qu’elle était leur rayon de soleil, qu’elle leur garantissait la meilleure journée du monde, chaque jour. Mais maintenant, ses simples yeux morts-vides demeuraient leur pire cauchemar. Elle en veut même plus de leur argent, des fois, elle réussit à croire qu’elle serait mieux chez elle, mais se rétracte tout d’suite en se rendant compte du rien du tout blessant. Rien. Rien du tout. Pas d’affiches, de signaux, d’au secours et d’SOS. Elle était là sans l’être, rien qu’elle ne changeait dans le quotidien de personne. Insignifiante insignifiance. « Viens, j't'emmène quelque part. » Non. Elle est fatiguée, elle peut pas bouger, elle a pas envie. Non Théotime, il y a plus d’espoir, tu devrais la laisser mourir là et partir à la recherche de félix, c’est mieux. Mille fois mieux. Elle ose pas lui dire ça, elle a honte de cette impression d’amour forcé, elle a honte quand elle croit qu’il fait semblant de l’aimer gros, pour pas qu’elle se laisse mourir. Elle est certaine, que maintenant, personne ne peut l’aimer, même pas Juliette. Elle doit être moche, avec ses dernières robes funèbres déchirées, ses ballerines veuves percées. Par contre, ses cheveux, ils doivent être bien eux. Démêlés de peine par l’amour des doigts de son presque sien. Alors derrière une mer montante brune elle cache ce tableau démonté. Les morceaux manquent, comme un puzzle, ils ont disparu. On les a jetés et l’éboueur est parti loin avec. L’éboueur. On le retrouvera jamais, ni lui, ni le morceau du puzzle, c’est désolant. Tant d’amour gaspillé auparavant, on aurait dû penser à économiser l’amour, à jouer aux avares, mais finir bien, comme la Fourmi de Lafontaine. Elle le suit de ses mouvements robotiques, persuadée qu’il n’y a plus rien qui puisse réveiller la Ondine de ce fourreau effrayant et puis quand il se tourne pour voir si elle est encore là, elle tente quand même de sourire, mais elle y arrive pas, alors elle baisse la tête et regarde ses pieds avancer contre leur gré, dirigés par les pas du dernier qu’il lui reste.

Ils arrivent, elle y serait pas arrivée toute seule. A force de marcher comme ces jouets de garçons qu’elle cachait dans sa chambre, elle finissait essoufflée. Effrayée de se sentir comme sur le ciel, la Ondine enfermée dans ce cadavre regardait le soleil, les yeux à demi-clos. « Ici tu peux dire tout c'que tu veux, personne t'entend, tu peux crier jusqu'à la lune, te vider l'âme qui pèse trop lourd. » Peur, peur, peur. Peur de tomber, peur de se faire griller les yeux, peur qu’il soit trop tard, peur de se casser la voix, peur qu’il ait tord, peur que ça marche pas.  Son monde maintenant se laisse diriger par la peur, et elle s’en va divaguer dans ses pensées, rêve d’un monde sans peur et sourit presque. Depuis longtemps qu’elle ne sourit pas, Ondine. Ondine, elle-même. Peut-être qu’elle se réveille maintenant, et qu’elle se bat pour rayonner, comme avant. « Je peux pas. » Elle recule, trop proche du vide, et si elle sautait ? et si elle tombait ? et si elle mourrait ?

et si. et si.

Elle revient sur ses pas, regarde les gens en bas, c’est horrible, c’est affreux. Et Théotime, il a pas l’air d’en avoir peur, bien au contraire. Il devrait, ça n’a rien de beauté, de joie, ni de thérapeutique comme il peut y croire. Suicide, suicide, suicide. Une mort provoquée, une libération forcée. Peut-être qu’elle devait se lancer, mettre fin au cauchemar. Peut-être que si elle s’en allait, alors Félix reviendrait, Time sera content. Félix aussi. Donc, elle aussi. « J’ai peur. En plus… J’ai… J’ai pas assez de… de voix ? » Elle sait plus ce qu’elle dit. Meurt Ondine, qu’on en finisse. Elle s’éloigne de Théotime, et s’arrête sur le bord de l’immeuble, les pieds joints. Prends une grande inspiration. Puis elle hésite, les deux guerres mondiales réunies se battent dans sa tête, mais si elle réfléchie trop…

Elle va tomber.



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Victor Trompette
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MessageSujet: Re: LES MAGNIFIQUES. (ONDINE)   LES MAGNIFIQUES. (ONDINE) EmptyDim 29 Déc - 21:21

Un nuage passe dans les yeux-ciel d'Ondine. Des yeux-ciel oui, j'y croyais pas la première fois que je les ai regardés. Y avait toutes ces étoiles et ces comètes, moi j'y croyais tout simplement pas. Pourtant tout est là. Les poussières étoilées et tout. Et même le soleil.
Dans ce ciel-là, alors, un nuage vient interrompre la beauté du regard de l'Ondine, il lui coupe la parole. Ce nuage a la forme de la peur. Énorme, sombre.
- Je peux pas.
Mes épaules pleurent.
- J’ai peur. En plus… J’ai… J’ai pas assez de… de voix ?
Pendant un moment, un temps mort, elle me fait peur, Ondine, avec ses grands yeux célestes, ses cheveux encore un peu mouillés et sa détresse surtout, sa détresse partout. Et puis je l'aime, à nouveau, je l'aime, Ondine, et je veux l'aider.
Ondine.
Six lettres, deux syllabes, un soupir.
Une tornade.
Ondine, la fée, la fleur, l'ange, la grande. Ondine, le must. La rosée sur l'herbe, la lumière sur la tour eiffel, l'étoile du sapin de Noël, Ondine, elle est comme une belle chanson de Daft Punk, elle est rare, Ondine, elle vaut bien la peine de se grandir pour aller lui cueillir les étoiles.
J'aimerais le dire au monde, moi, qu'Ondine c'est tout ça, le trésor au pied de l'arc-en-ciel. J'aimerais leur dire pour qu'enfin ils la voient ; et l'aident d'un regard qui lui ferait comprendre à quel point elle est belle. Moi je parle pas assez fort pour ça, les gens, ils sont bien trop grands, trop hauts, trop loin pour que j'arrive à les toucher avec mes mots ! Alors, en attendant, y a que moi, c'est tout, qui sais, pour le trésor et l'arc-en-ciel et tout ça. Tout le monde devrait le savoir. Et le crier sur tous les toits du monde. Pour qu'Ondine elle se sache belle et qu'elle aille bien.
Oh, cette histoire de trésor, Félix, il a bien dû la comprendre, aussi, mais là où il est, ça doit pas trop lui servir.
- Bon, j'te montre, d'accord ?
Caresse sur la joue.
Tant qu'on arrête les baisers avec leurs lames.
Je mange les centimètres qui me séparent du bord, le bord, mes pas l'embrassent, le bord, j'y suis. Le bord du ciel. Je vois tout ici, je suis roi. Tout Paris. Ses malheurs, ses amours, ses réussites, ses failles, ses folies. Je me sens maître du monde pendant deux secondes chrono et puis je m'arrête direct, je fais le Théotime, sinon, j'y arriverais jamais, à hurler mes tripes.
- EH OH ! ON EST LÀ ! Vous nous voyez, vous nous entendez ? Bah non, bien sûr ! On est du métro nous, on a pas la fibre parisienne, hein ! On est que du métro, on est que le métro, on fait que partie du décor ! On n'a pas droit aux regards, exactement comme les grands affiches de maquillage ! ... Ondine et Théo, mégots d'clopes humains, plus-que-fantômes, débris de défaites, apaches, canards boiteux, même pas des ébauches de victoires ! Vous voyez toujours pas ? R'gardez à vos pieds, on est là, on s'y traîne, on essaye de vivre, vous nous voyez pas, vraiment ?! Mais si ... Ouvrez les yeux ...
Le souffle proteste et je m'arrête, les mots s'en sont allés de toute façon, ils volent dans le nouveau ciel ça y est, ciel bleu pétard, ciel d'un nouveau jour.
Le cœur vide de toute rage, je m'assois au bord de l'immeuble, comme vous vous asseyez le soir sur votre canapé, pour regarder la télé. Un nuage passe par là, s'arrête sous mes jambes, s'improvise repose-pieds. Là je suis sûr de pas me ramasser dix mètres en bas, j'ai le nuage qui assure mes arrières.
Sourire. Mots qui reviennent.
- Ondine tu ... tu peux pas tomber, tu comprends ? T'es déjà ... Tain, t'es déjà tombée. T'étais là, tu vois, regarde, lève les yeux ... Là, avec les étoiles ! T'étais la plus belle ! Mais t'es tombée, d'accord ? Maint'nant t'as plus rien à perdre. T'as p'têtre même quelque chose à gagner ... J'te jure, ce bord de ciel, c'est thérapeutique ...
À côté de moi, le pot de nutella acquiesce. C'est Ondine qui a dû le poser là.
Il est mignon, lui, tout peinturluré pour Noël. Nous, on a pas besoin de se déguiser, c'est ça notre chance. Notre allure de fantôme est permanente, limite à nous coller à l'épiderme. et le fantôme, moi je peux vous dire que ça gratte, surtout la nuit, le matin j'ai des griffures.
- Et puis si tu veux pas crier, chuchote ... Après tout le malheur c'est pas censé faire de bruit ! J'écout'rai, moi. Mais il faut surtout pas qu'tu deviennes un cimetière de mots non-dits.
Non elle tombera pas Ondine, elle racle déjà le bitume. Par contre elle pourrait s'envoler. On est là, à un mètre du ciel. Je suis sûr qu'il lui reste de la force dans les ailes. Ondine, là, il suffirait qu'elle se mette à penser à une jolie chose, une chose, et la voilà qui décollerait !
Ça je veux pas. Elle peut crier, pleurer, murmurer, retomber, oui, mais pas s'envoler. Pas m'abandonner.
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