A monster. You and your friends, all of you. Pretty monsters. It’s a stage all girls go through. If you’re lucky you get through it without doing any permanent damage to yourself or anyone else. Hautaine. Détestable. Méprisante. Garce. Manipulatrice. T'es le diable incarné Côme, tu transpires la méprise, tes talons claquent dans le couloir et le monde s'arrête de tourner durant quelques instants, chaque élève retenant son souffle, priant pour ne pas être ton souffre douleur de la journée. Tu ne respectes personne d'autre que toi même, tu penses que tes camarades de classe sont tes sous-fifres. Tu t'auto-déclares chef sous prétexte que tu portes des habits de créateurs, tu ne vois même pas derrière tes vitres teintées que personne ne t'envie Côme, t'es finie, ton époque est révolue, et j'en suis la première ravie. Alice venait de signer son arrêt de mort. Sans même prendre la peine de lui répondre, Côme claqua des dents, tourna des talons avant de rire machiavéliquement. Cette fille avait raison, cette inconnue avait touché dans le mille, comme si Côme l'ignorait! Elle n'était pas de ces pimbêches qui prétendaient être des anges. Elle était mauvaise et adorait ça. Elle régnait sur son joli petit monde comme une princesse sur son royaume. On verra laquelle de nous deux est finie murmura-t-elle avant de quitter le couloir. Mais cette Alice avait tord sur un point : l'époque Joly ne serait jamais révolue. Ses parents détenaient la moitié de la ville, elle pouvait faire licencier ceux de cette fille en un claquement de doigts. Et elle comptait bien le faire. Rira bien qui rira la dernière. Deux semaines plus tard, Alice quittait la capitale. Elle avait voulu jouer les héros et elle s'en était brûlée les ailes.

La lune trop pâle caresse l'opale
de tes yeux blasés. Princesse de la rue soit la bienvenue dans mon coeur brisé. Côme il faut que tu viennes à l'hôpital. C'est Alec, il a été dans un acc- Côme sentit ses forces la quitter, le téléphone échappa de sa main droite et vient s'écraser sur le sol dans un bruit sourd. L'air ne pouvait plus rentrer par sa bouche, elle suffoquait, se sentant tomber mais aucun membre ne daignait répondre aux appels de son cerveau pour la rattraper. Sa tête claqua contre le carrelage froid de la cuisine ; sonnée, elle ne pouvait se relever et pleura toutes les larmes de son corps pendant des heures avant que Tom ne la trouve et la porte jusque l'hôpital. Alec était le frère de Côme, adoptif certes, mais ce n’est pas le partage de sang qui fait une famille. Son arrivée chez les Joly fut compliquée, tumultueuse, Côme n’acceptant pas l’idée de ne plus être au centre de toutes les attentions. Cependant, c’est une enfant très intelligente et elle comprit rapidement que d’où Alec venait, ce n’était point bisounoursland, et qu’il méritait un accueil plus chaleureux. Quelques mois plus tard, elle le prit sous son aile pour ne plus jamais le lâcher. Ils avaient alors huit ans. Les années passèrent et rien ne pouvait les décimer, c'était à la vie à la mort. Mais il ne pouvait pas être mort. Pas maintenant. Pas encore. Ce n'était pas l'heure, son temps sur terre n'était pas fini, il venait à peine de souffler ses dix-huit bougies. Côme... S'entortillant les doigts, le regard fixé sur le sol, la voix de son amie résonnait dans ses oreilles mais elle ne pouvait relever la tête. Parce que ça voudrait dire écouter ce qu'elle avait à dire, et elle savait exactement ce que Sasha devait lui dire : tu dois entrer Côme, tu dois aller voir comment il va. Et elle ne pouvait s'y résigner. Voila une heure que Tom, Sasha et elle attendaient dans ce couloir aux couleurs suicidaires, blanc comme l'espoir, la vie, la mariage qu'ils disent; alors pourquoi tous les couloirs de la mort sont-ils peints de cette couleur ? N'abandonne pas Côme, tu ne sais pas ce qu'il s'est passé, je suis sûr qu'il va s'en remettre parfaitement, il faut juste que- Que quoi Sasha? Que je rentre dans cette chambre et que j'identifie le corps de la seule personne qui ait toujours été là pour moi? Parce que je ne peux pas, je ne peux pas entrer et le voir allonger sur cette table, je ne peux p... Tremblante de sanglots, Côme s'écroula dans les bras de Tom sans finir sa phrase. Une infirmière s'approcha d'eux et leur annonça que le corps avait été identifié. Son coeur loupa un battement, jusqu'à ce qu'elle termine sa phrase: ce n'était pas Alec dans cette morgue, mais le conducteur de la voiture qui avait renversé son frère et son pauvre scooter. Lui-même se trouvait à l'étage d'en dessous, aux soins intensifs. Elle crut mourir d'un arrêt cardiaque tant la nouvelle la remplit de joie, mais le bonheur ne fut que de courte durée. Alec avait été gravement blessé, et même s'il était stable après l'opération lourde qu'il avait subi, il était dans le coma et seul lui pouvait trouver la force de se réveiller. Un jour. Dieu savait quand. Il ouvrit les yeux trois mois plus tard, alors que Côme passait encore une après-midi à prier un Dieu en lequel elle n'avait jamais cru. Tu feras gaffe le panda, t'as ton mascara qui a coulé. Et aussi simplement que ça, son petit cecet était de retour.

You find yourself at my door,just like all those times before. You wear your best apology, but I was there to watch you leave. This is the last time I’m asking you this, put my name on the top of your list. This is the last time I’m asking you why, you break my heart in the blink of an eye. Puis-je au moins savoir où ? Mais la réelle question était pourquoi ? Pourquoi partir maintenant, après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, ou plutôt tout ce à quoi ils avaient survécu. Un petit frère dans le coma, une mère folle alliée, un avortement, des familles de dingues. Et voila qu'il décidait de quitter le pays maintenant, comme on décide de se faire une frange chez le coiffeur, sur un coup de tête. Au Canada, je pars rejoindre mon frère. Mais tu détestes ton frère!, aurait-elle voulu hurler. À la place, elle rassembla ses affaires, repositionna son sac sur son épaule et quitta simplement la pièce. Sans regarder derrière elle. L'envie la démangeait de le frapper, l'embrasser, lui cracher à la figure. Mais elle resta de marbre, peu à son habitude. Pour la première fois de sa vie, Côme venait de se faire briser le coeur. Et elle avait mal, si mal qu'elle aurait voulu se l'arracher de la poitrine et l'enfermer dans un bocal, où personne ne pourrait plus jamais l'atteindre. Tom et Côme, c'est une histoire qui remontait à l'âge de glace. Beaucoup de haine, pendant des années, puis il commença à jouer au football américain avec Alec, ce même-Alec qui termina dans un accident de voiture et faillit y laisser sa peau. Ce jour-là, c'est Tom qui la trouva dans la cuisine, impuissante. Elle a beau être une bitch de première, Côme n'en reste pas mois une amie loyale, pour le peu qu'elle compte. Pendant les trois mois d'enfer qu'elle vécu, il resta à son chevet et lui tint compagnie tous les jours, même lorsqu'elle lui demandait de ficher le camp. Pendant ces quelques semaines, il découvrit une fille drôle à en mourir, forte, et irrésistiblement éblouissante. Leur histoire dura quatre ans: quatre années de galère, de crêpages de chignon, d'amour. On dit "qui aime bien, châtie bien.", ces deux là étaient âme-soeurs. On ne comptait plus leurs engueulades en public et leurs rabibochages sur les bancs du Jardin des Tuileries, ils étaient mythiques. Roméo et Juliette du vingt-et-unième siècle. Et ce soir, sorti de nulle part, il était venu toquer à sa porte et lui annoncer qu'il quittait la ville. La vieille, ils avaient encore eu un désaccord, comme ils en avaient souvent, Côme n'aurait simplement jamais pensé se séparer sur oui ou non mélanger le ketchup et la moutarde sur un hot-dog. Elle couru jusque chez elle, passa son immeuble et continua de courir, sans but. Maintenant qu'il était parti, elle n'avait nulle part où aller, personne chez qui débarquer au milieu de la nuit en pleurs, personne sur qui compter dans les bons comme les mauvais moments. Depuis quelques mois, Alec sortait avec cette espèce de pimbêche qui rappelait à Côme beaucoup trop elle-même. Elle n'était pas sûr d'approuver cette relation mais il avait vingt-trois ans, c'était un grand garçon, et comme il lui avait si bien fait comprendre, elle n'avait pas son mot à dire. À bout de souffle, elle s'écroula sur une pelouse et y passa la nuit, se repassant en boucle la soirée dans sa tête, cherchant où elle avait merdé. À l'aube, elle se tira jusque chez Tom et se cacha derrière un petit buisson, où elle le regarda mettre ses valises dans son coffre et quitter la ville, la quitter elle, sans y réfléchir à deux fois.