« Comment tu t'appelles ? »Bachir eut sept ans. Shatzy offrit à tout le monde un dîner dans un restaurant chinois. A la table à côté d'eux il y avait une petite famille : père, mère, et un garçon, petit. Le garçon s'appelait Adelin. La mère s'était mise en tête de lui apprendre à se servir des baguettes. Elle parlait avec un accent un peu nasal.
- Prends la baguette dans ta petite main... comme ça... d'abord une, chéri, prends-la bien, tu vois ? Tu dois la serrer comme ça entre le pouce et le majeur, pas comme ça, regarde... Adelin, regarde maman, tu dois la tenir comme ça, voilà, c'est bien, maintenant serre un peu, non, pas si fort, tu dois juste la prendre... Adelin, regarde maman, entre le pouce et le majeur, tu vois, comme ça, non, c'est lequel le majeur Adelin ? C'est celui-là le majeur, chéri...
- Pourquoi tu le laisses pas tranquille ? -, dit alors son mari. Il le dit sans lever les yeux d'une soupe de d'abalone et germes de soja. L'épouse continue comme si personne n'avait rien dit.
- Adelin regarde-moi, regarde maman, assieds-toi bien, et prends la baguette, allez, comme ça, voilà, tu vois que c'est simple, il y a des millions d'enfants en Chine, tu ne voudrais tout de même pas qu'ils fassent à chaque fois autant d'histoires... maintenant prends l'autre, ADELIN, assieds-toi droit, vas-y, regarde comment fait maman, et ensuite l'autre, donne ta petite main, allez...
- Si tu le laissais tranquille.
- Je lui apprends...
- Tu ne vois pas qu'il a faim ?
- Il mangera quand il saura.
- Quand il saura tout sera froid.
- MISÈRE DE DIEU, JE SUIS SA MÈRE, JE PEUX...
- Ne crie pas.
- Je suis sa mère et j'ai parfaitement le droit de lui apprendre quelque chose, étant donné que son père a évidemment mieux à faire qu'éduquer son fils unique, qui...
- Mange avec ta fourchette, Adelin.
- IL N'EN EST ABSOLUMENT PAS QUESTION. Adelin, chéri, écoute maman, maintenant on va montrer à papa qu'on peut manger aussi bien qu'un mignon, splendide petit garçon chinois...
Adelin commença à pleurer.
- Tu l'as fait pleurer.
- JE NE L'AI PAS FAIT PLEURER.
- Et il fait quoi alors ?
- Adelin, ce n'est pas nécessaire de pleurer, tu es grand maintenant, tu ne dois pas pleurer, prends cette baguette, vas-y, donne ta petite main, DONNE-MOI CETTE MAIN, voilà, c'est bien, doucement, tu dois la tenir doucement, Adelin, tout le monde nous regarde, arrête de pleurer et prends-moi cette foutue baguette...
- Ne dis pas de gros mots.
- JE N'AI PAS DIT DE GROS MOTS.
Adelin se mit à pleurer plus fort.
- ADELIN, Adelin tu vas bientôt te prendre une claque, tu sais que maman est patiente mais tout a une limite, ADELIN, PRENDS CETTE BAGUETTE OU ON SE LÈVE DE TABLE ET ON RENTRE IMMÉDIATEMENT A LA MAISON, et tu sais que je ne plaisante pas, allons, d'abord une baguette, ensuite l'autre, courage, entre le pouce et l'index, pas l'index, LE MAJEUR, serre maintenant, comme ça c'est bien, tu vois que tu es capable, continue, maintenant tu prends l'autre, l'autre baguette, chéri, AVEC L'AUTRE MAIN PUTAIN... tu l'as prends avec L'AUTRE MAIN et tu la mets dans CETTE MAIN-CI, tu as compris ? C'est pas compliqué, et arrête de pleurer, qu'est-ce que t'as à pleurer ?
Tu veux devenir grand, oui ? Ou tu préfères rester un idiot de gamin ?
« Adelin. Et toi ? »Il y a la lumière, tout autour la lumière, la lumière du soir. Le soleil te prends le côté, quand c’est comme ça, c’est une manière plus douce, les ombres se couchent démesurément, c’est une manière qui a en elle quelque chose d’affectueux – ce qui explique peut-être comment il se fait qu’en général il est plus facile de se croire bon, le soir.
Et pourtant, bien qu’indéniablement elle soit merveilleuse, la lumière du soir, il y a quelque chose qui réussit à être encore plus beau que la lumière du soir, et c’est précisément quand, par d’incompréhensible jeux de courants, caprices des vents, bizarreries du ciel, impertinences réciproques de nuées non conformes et circonstances fortuites par dizaines, une vraie collection de hasards et d’absurdités – quand, dans cette lumière unique qu’est la lumière du soir, inopinément, il pleut. Il y a le soleil, le soleil du soir, et il pleut. Ça, c’est le summum. Et il n’existe aucun homme, fût-il rongé par la douleur ou à bout d’angoisse, qui, devant une absurdité de ce genre, ne sente pas se retourner quelque part en lui une irrépressible envie de rire. Il ne rira peut-être pas, ou pas vraiment, mais si le monde était un zeste plus clément, il pourrait rire. Parce que c’est comme un gag colossal et universel, parfait et irrésistible. A ne pas y croire. Même l’eau, celle qui te tombe sur la tête, en minuscules gouttes prises de biais par le soleil bas sur l’horizon, ne ressemble pas à de la vraie eau. Ca ne serait pas étonnant si en la goûtant on s’apercevait qu’elle est sucrée. C’est dire. En tout cas, de l’eau pas réglementaire. Une générale et en même temps spectaculaire exception à la règle, un pied de nez magistral à toute logique. Une émotion. Au point que parmi toutes les choses qui finissent par donner une justification à l’habitude, sans cela ridicule, de vivre, figure certainement celle-ci, au-dessus même des plus limpides, des plus propres : être là, quand, dans cette lumière unique qu’est la lumière du soir, inopinément, il pleut. Au moins une fois, être là. Il la regarde d'en-dessous, lui il aime aller sous l'eau. Là-dessous c'est pas pareil. Il n'y a pas de bruit, tu ne peux pas faire de bruit, même si tu veux, tu ne peux pas le faire, c'est sans bruit, là-dessous. Moi j'aime aller sous l'eau : tu bouges lentement, de toute façon, tu ne peux pas faire des gestes brusques, ou je ne sais pas, des gestes rapies, tu dois bouger lentement, tout le monde est obligé de bouger lentement. Tu ne peux pas te faire mal, personne ne peut t'envoyer ces grandes claques stupides dans le dos, ou des choses dans ce genre, c'est un bel endroit. Surtout, c'est l'endroit idéal pour parler, vous savez ? J'aime vraiment ça, parler parler là-dessous, c'est l'endroit idéal et... tu peux parler, c'est fantastique comme on parle là-dessous Dommage seulement qu'il n'y ait jamais... il n'y a jamais personne, à part toi, je veux dire, ça serait un endroit fantastique, mais il n'y a presque jamais personne, à qui parler, d'habitude, tu n'y trouves jamais personne. C'est dommage, vous ne croyez pas ? Il aime être sous l'eau, Adelin, c'est la dernière fois qu'il y nage, car demain il s'en va, il part loin, il va retrouver les dragons, très loin d'ici, il pourrait pleurer, il ne le fait pas, Bachir sera là, il est toujours là lui, il le prendra sous le bras et il l'emmènera, ils partiront loin - il y a des moments où le chemin il faut le prendre. Adelin dans ce dernier instant sous l'eau, il n'est ni triste ni heureux, il a les vagues sous-marines qui roule sous son dos et les couleurs océanes dans le coeur, des petites bulles d'air dans la tête et des comètes dans les yeux. Il soupire et son souffle comme de la chantilly ou de la Badoit s'élève à la surface comme la bouteille rouge des incendies, il rit sous l'eau, quand il voit ça, il manque d'air et il remonte. Demain, il ne sera plus là.
« Bachir. »Bachir et Adelin ils sont arrivés à Paris. Ca fait longtemps maintenant, ça fait 10 ans. Ils ne savent plus pourquoi ils sont partis, et si Bachir n'a jamais été enraciné en France, Adelin il ne l'est plus lui non plus, il n'y a plus la mer. Les petites bulles de son nom pétillent moins, Champagne n'est pas Paris. Le Havre, c'était autre chose, c'était le cadavre éventré noir d'un vieux bâteau sur un ciel rouge et une mer bleu sombre, et son papa dessus qui le soigne, c'était les autres ouvriers en salopette et casquettes carrées qui le laissaient courir sur le pont, encore même à 30 ans. Ils étaient vieux et fatigués là-bas. Ici aussi, ils sont fatigués, mais eux ils le seront pour toujours, pendant qu'au Havre on l'a
été pour toujours. A Paris quand il fait gris, il fait nuit, et quand il fait moins trois, il fait froid.
- Salut.
- Salut -, dit Bachir.
- Qu'est-ce que vous prenez ?
- Deux cheeseburgers et deux jus d'oranges.
- Frites ?
- Non merci.
- Avec les frites c'est le même prix.
- Ca ira, merci.
- Cheesebuger, boisson et frites, c'est la formule n°3 -, fit la serveuse en désignant une photo derrière elle.
- Jolie photo, mais on n'aime pas les frites.
- Vous pouvez prendre un double cheeseburgers, formule n°5, il n'y a pas de frites et c'est le même prix.
- Le même prix que quoi ?
- Qu'un cheeseburger plus jus d'orange.
- Un double cheeseburger coûte le même prix qu'un cheeseburger simple ?
- Oui, si vous prenez la formule n°5.
- Incroyable.
- Formule N°5.
- Non. On veut un seule cheeseburger. Un chacun. Pas de double cheeseburger.
- Comme vous voulez, mais vous gaspillez votre argent.
- Ca ira merci.
- Deux cheeseburgers et deux jus d'orange, alors.
- Parfait.
- Dessert ?
- Tu veux un gâteau, Adelin ?
- Oui.
- Alors ajoutez un gâteau, merci.
- Cette semaine, pour chaque dessert commandé il y a un deuxième offert.
- Je n'aime pas les desserts, je n'en veux pas.
- Moi je
dois vous le donner.
- Comment ça ?
- C'est l'offre de la semaine.
- J'ai bien compris.
- Donc je
dois vous le donner.
- Mais qu'est-ce que ça veut dire, vous
devez me le donner, j'en veux pas moi, j'aime pas ça, je ne veux pas devenir gros comme Tina Turner, je ne veux pas mettre des caleçons XXL, qu'est-ce que je dois faire, attendre la semaine prochaine pour manger juste un cheeseburger ?
- Vous n'êtes pas obligé de le manger. Vous prenez le dessert et vous ne le mangez pas.
- Et je le prends pour quoi faire ?
- Vous pouvez le jeter.
- LE JETER ? Je ne jettre rien moi, vous n'avez qu'à le jeter vous-même, tiens faites donc ça, vous le prenez et vous le jetez, okay ?
- Je ne peux pas, je serais renvoyée.
- Bon dieu...
- Ils sont très sévères ici.
- D'accord, okay, on laisse tomber, donnez-moi ce gâteau.
- Du sirop ?
- Pas de sirop.
- C'est gratis.
- JE SAIS QUE C'EST GRATIS MAIS J'EN VEUX PAS, OKAY ?
Bachir, il a des rides aux coins des yeux, et les lèvres qui tombent. Adelin le regarde du coin de l'oeil, il est beau son Bachir, il est plombier, et parfois il l'aide. Bachir, il a une gueule d'ouvrier, buriné par le soleil d'un Sud. Il l'aime son Bachir.
- Comme vous voulez.
- Pas de sirop.
- Crème ?
- Crème ?
- Il y a de la crème, si vous voulez.
- Mais puisque je ne veux pas de
gâteau comment bon dieu pouvez-vous imaginer que je voudrais DE LA CRÈME ?
- Je ne sais pas.
- Moi je sais : pas de crème.
- Pour le jeune homme non plus ?
- Pour le jeune homme non plus.
- D'accord. Deux cheeseburgers, deux jus d'orange, un gâteau sans rien. Ca c'est pour vous -, ajoute-t-elle, poussant vers Bachir deux choses enveloppées dans du papier transparents.
- Bon dieu c'est quoi ça ?
- Chewing-gum, c'est offert, dedans il y a une boule de sucre, si la boule est rouge vous gagnez vingt chewing-gums de plus, si elle est bleue vous gagnez une formule n°6, gratis. Si la boule est blanche, vous la mangez et ça s'arrête là. De toute façon le règlement est marqué sur le papier.
- Excusez-moi un instant.
- Oui ?
- Excusez-moi, hein...
- Oui.
- Mettons une chose absurde, que je le prenne, ce foutu chewing-gum, d'accord ?
- Oui.
- Mettons une chose encore plus absurde, que je le mâche pendant un quart d'heure et après je trouve une boule bleue à l'intérieur.
- Oui.
- Alors il faudra que je vous l'apporte, toute pleine de salive, et que je vous le pose là, et vous me donneriez une formule n°6 bien grasse, bien chaude, bien frite ?
- Gratis.
- Et à votre avis, je mangerais ça quand ?
- Tout de suite, je pense.
- Moi ce que je veux c'est une cheeseburger et un jus d'orange, vous pouvez comprendre ça ? Je n'ai aucune idée ce que je pourrais bien faire de trois bouts de poulet frit plus une moyenne frites plus un épi de maïs beurré plus un moyen Coca. JE N'AI AUCUNE BON DIEU D'IDÉE DE CE QUE JE POURRAIS BIEN EN FAIRE.
- En général, les gens le mangent.
- Qui ? Qui le mange ? Marlon Brando, Elvis Presley, King Kong ?
- Les gens.
-
Les gens ?- Oui, les gens.
- Ecoutez, vous voulez bien me rendre un service ?
- Bien sûr.
- Vous me reprenez ces chewing-gums.
- Je ne peux pas.
- Vous les prenez pour le prochain obèse qui passe, d'accord ?
- Je ne peux pas, vraiment.
- Bon dieu...
- Vous regrettez.
- Vraiment.
- Donnez-moi ces chewing-gums.
- Ils ne sont pas mal, ils sont à la papaye.
-
Papaye ?- Le fruit exotique.
- Papaye.
- Ca marche bien cette année.
- Okay, okay.
- Ca suffira comme ça ?
- Oui mon chou, ça suffira comme ça.
Ils payèrent et s'installèrent à la table. Accroché au plafond, il y avait un écran télé réglé sur la chaîne
FoodTV. Il posait des questions. Si tu savais la réponse, tu l'écrivais à l'endroit prévu sur la serviette en papier et tu allais la remettre à la caisse. Tu gagnais une formule n°2. La question du moment était : qui marqua le premier but de la finale du Championnat du Monde 1966 ?
1. Jeoffroy Hurst.
2. Bobby Charlton.
3. Helmut Haller.
- Numéro trois -, murmura Adelin.
- Te risque pas à ça -, siffla Bachir, et il ouvrit la boîte de son cheeseburger. A l'intérieur du couvercle apparut une étiquette d'un rouge fluorescent. Dessus était écrit : FÉLICITATIONS ! VOUS AVEZ GAGNÉ UN AUTRE HAMBURGER ! Et en plus petit : portez immédiatement ce coupon à la caisse, vous recevrez un hamburger gratis et une boisson à moitié prix ! Il y avait aussi une autre phrase, écrite de travers, mais Bachir ne la lut pas. Il referma avec calme la boîte en plastique, laissant le cheeseburger à l'intérieur.
- On s'en va -, dit-il.
- Mais j'ai même pas commencé... -, dit Adelin.
- On commencera une autre fois.
Ils se levèrent, en laissant tout là, et ils allèrent vers la porte. Ils furent interceptés par une sorte de clown, sauf qu'il avait sur la tête la casquette du fast-food.
- Ballon offert, monsieur.
- Prends le ballon, Adelin.
Sur le ballon c'était écrit MOI JE MANGE DES HAMBURGERS.
- Si vous l'accrochez à votre porte vous pourrez participez au concours DIMBURGER, le burger du dimanche.
- Accroche-le à la porte, Adelin.
- Chaque dimanche on tire au sort une maison qui a le ballon bien visible et un camion vient décharger devant la porte 500 cheesebaconburgers.
- N'oublie pas de laisser la place dans l'allée devant la porte, Adelin.
- Il y aussi un congélateur de 300 litres en offre spéciale. Pour conserver les 500 cheeseburgers.
- Evidemment.
- Si vous prenez celui de 500 litres, on vous offre aussi un micro-ondes avec.
- Splendide.
- Si vous en avez déjà un vous pouvez prendre un sèche-cheveux professionnel à quatre vitesses.
- Au cas où je voudrais faire un shampooing aux 500 cheesebaconburgers ?
- Pardon ?
- Ou me faire un shampooing avec le ketchup.
- Excusez-moi ?
- Il parait que ça rend les cheveux brillants.
- Quoi, le ketchup ?
- Oui, vous n'avez jamais essayé ?
- Non.
- Essayez. La sauce béarnaise n'est pas mal non plus.
- C'est vrai ?
- Ca enlève les pellicules.
- Des pellicules, dieu merci, je n'en ai pas.
- Vous allez certainement en avoir si vous continuez à manger de la sauce béarnaise.
- Mais moi j'en mange pas.
- Oui, mais vous vous lavez les cheveux avec.
- Moi ?
- Bien sûr ça se voit au sèche-cheveux.
- Quel sèche-cheveux ?
- Celui que vous avez accroché à la porte.
- Mais je l'ai pas accroché à la porte moi.
- Réfléchissez bien, c'était quand le micro-onde à quatre vitesses s'est envolé.
- Envolé d'où ?
- Du congélateur.
- Du congélateur ?
- Dimanche vous ne vous souvenez pas ?
- C'est une plaisanterie ?
- J'ai la tête de quelqu'un qui plaisante ?
- Non.
- Bonne réponse. Vous avez gagné 500 litres de ballons, qui vous seront livrés sous la forme de cheeseburgers, à un autre jour, salut.
- Je ne comprends pas.
- Pas grave. À un autre jour, d'accord ?
- Le ballon.
- Prends le ballon, Adelin.
- Tu en veux un rouge ou tu en veux un bleu ?
- Cet homme est aveugle.
- Oh excusez-moi.
- Pas grave. Ca arrive.
- Le ballon c'est vous qui le prenez ?
- Non, Adelin va le prendre. Il est aveugle, pas idiot.
- Je vous donne un rouge ou un bleu ?
- En couleur vomi, y a pas ?
- Non.
- Bizarre.
- Sulement rouge et bleu.
- Va pour rouge.
- Voilà.
- Prends le ballon rouge, Adelin.
- Tiens, le voilà.
- Dis merci, Adelin.
- Merci.
- De rien.
- On a autre chose à se dire ?
- Pardon ?
- Apparemment non. Au revoir.
- Bonne chance pour dimance !
- Et crève.
Ils sortirent du fast-food. Il y avait un air limpide et froid, d'hiver propre.
- Planète de merde -, dit doucement Bachir. Adelin restait là, au milieu du trottoir, immobile, un ballon rouge à la main. Dessus était écrit MOI JE MANGE DES HAMBURGERS.
- J'ai faim -, dit-il.
« D'accord. »