Sache que je comprends ton choix, de faire preuve de prudence, ainsi que de méfiance pour ta première fois. Une fois n'est pas coutume, mais n'ayant pas cours de la journée, j'en avais profité pour faire un grand ménage de printemps. Chose qui était tellement rare qu'elle méritait d'être notée sur le calendrier. Bien qu'il ait fait plutôt beau temps jusqu'à maintenant, en fin de soirée, ce n'était plus la même histoire. C'est l'orage que j'entendis gronder en premier, avant de m'apercevoir qu'il pleuvait à torrent. Je m'empressais d'aller boucler toutes les fenêtres de l'étage. Je n'étais déjà pas rassurée par le tonnerre, inutile d'ajouter une inondation à tout ça. C'est à ce moment-là que j'entendis résonner sans interruption aucune ma pauvre sonnette. Je descendais en trombe, me demandant ce qu'il pouvait bien se passer, et j'ouvrais la porte en toute hâte. « Qu'est-ce que t'as fait cette pauvre sonnette pour que tu t'acharnes sur elle à ce point ? » demandais-je, alors que Gautier se trouvait sur le pas de ma porte. « Je m'apprêtais à aller chez un pote, et il s'est mis à pleuvoir. Ta maison était la solution la plus proche pour moi » s'expliquait-il. « Ah d'accord. Je ne suis qu'un choix par défaut, donc tu peux repartir » répondis-je, en lui indiquant le chemin de la sortie. Je faisais ma fausse vexée, comme souvent et me dirigeais vers la cuisine voir ce que je pourrais trouver dans le frigo parce que j'avais une petite faim. Gautier arriva derrière moi et me prit par la taille. « Je rigole, tu sais que tu seras toujours mon premier choix babe » me chuchota-t-il à l'oreille. Ce contact fit que mon cœur rata un battement et mon corps se raidit. D'habitude, être dans ses bras était ce que j'aimais le plus au monde, et l'endroit où je me sentais le mieux. Sauf que depuis l'accident du baiser, j'étais gênée et je ne savais plus sur quel pied danser. « Qu'est-ce qui se passe Fran' ? C'est à cause de l'autre soir ? Tu veux qu'on en parle ? » s'enquit-il. « Non, surtout pas ! J'avais un peu trop bu, j'ai déconné, fin de l'histoire » déclarais-je. Clore le débat était la seule chose dont j'avais envie parce que je ne saurais pas m'expliquer sur ce sujet. Cela faisait un moment déjà que je rêvais d'embrasser Gautier, et l'alcool avait eu raison de mes dernières réticences. Sauf que totalement clean, je n'étais pas encore prête à assumer, bien qu'il soit le seul en qui j'ai une confiance aveugle. « T'es chiante quand t'es comme ça putain ! » s'exclamait-il en se reculant, puis en s'éloignant dans une autre pièce. « Tu veux mater un film ? » me questionna-t-il, depuis le salon. Je ne pris même pas la peine de répondre, j'étais encore restée bloquée sur le sujet précédent. « Bon, je me barre chez moi si je te dérange » ajouta-t-il. Je sentais qu'il commençait à perdre patience, je le connaissais bien depuis quatre ans. Il faut dire que je lui en faisait voir de toutes les couleurs aussi. Je le laissais mariner encore un peu et me dirigea vers lui. C'est là que je passais mes bras autour de son cou, pour lui faire un câlin. « Pardon... C'est moi, je sais pas ce que j'ai aujourd'hui » me défendis-je, en déposant un baiser dans son cou. « Mais reste s'il te plaît » conclus-je. En fait, je savais très bien ce que j'avais. Je ne supportais plus de voir toutes ces filles défiler dans son lit et profiter de lui, alors que je n'étais même pas foutue d'assumer un baiser. De là à affronter mes sentiments en plus, il y a encore un fossé que je ne suis pas prête de passer. Je me détestais profondément pour ça.

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