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ooh la la paris, réouverture. 02/11/14.

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 Séraphine ~ La classe à l'Écossaise

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MessageSujet: Séraphine ~ La classe à l'Écossaise   Séraphine ~ La classe à l'Écossaise EmptyDim 9 Juin - 16:11

SÉRAPHINE ERYN MISTAKEN


Nom complet ▲ Séraphine Eryn Mistaken Lieu de naissance ▲ Édimbourg, Écosse Âge ▲ 23 ans Nationalité ▲ Écossaise ; citoyenne du Royaume-Uni Diplômes, études ▲ Titulaire d'un master spécialité biochimie et biologie moléculaire. Doctorante dans le même domaine. Métier ▲ Vacataire à l'UPMC dès la rentrée prochaine Statut matrimonial ▲ En couple Orientation sexuelle ▲ Bisexuelle Situation financière ▲ Chaotique Idole(s) de vie ▲ Margaret Thatcher. Elle l'exècre pour ses choix politiques au détriment de l'intégrité humaine, pour sa scotophobie, et l'admire en même temps, pour avoir su s'imposer en tant que femme dans un milieu exclusivement masculin. Nombre d'amis facebook ▲ Aucun. Séraphine n'est sur aucun réseau social Moyen de déplacement ▲ Tramway, métro & rer. RATP quoi. Voiture, parfois. Groupe ▲ Aucune idée, je me conforte à l'avis de ces chers admins ♥ Avatar ▲ Talulah Riley Crédits ▲ Tumblr & ma bouille

dix points sur ton personnage

premier point ▲ Séraphine est pyrophobe. Elle a peur du feu, de près ou de loin, que ce soit la flamme d'une bougie ou d'un feu de cheminée. Du coup, chez elle, pas de gazinière ou de poêle à bois. Induction et four électrique sont de rigueur.
deuxième point ▲ Les langues, c'est pas son truc. Elle a appris le français à l'école puis à l'université, mais ne s'est jamais démarquée par ce biais. Elle parle donc un français correct (avec toutefois un accent qui ne trompe personne), et ce principalement grâce aux années passées en France. Sa langue natale est l'anglais écossais, c'est-à-dire une variation de l'anglais qui se caractérise par de nombreux termes spécifiques et un accent bien particulier. Elle a quelques base en gaélique d'Écosse, mais rien de vraiment significatif.
troisième point ▲ Née dans une famille de catholiques traditionnalistes et intégristes, elle a vécu une enfance et une adolescence parsemée de messes, de confessions, et parfois de fugues. Aujourd'hui, elle refuse catégoriquement de mettre le plus petit ongle manucuré dans une église, et fait partie des rares étrangers vivant à Paris à ne jamais être entré dans la Cathédrale de Notre Dame.
quatrième point ▲ Écossaise chauvine, elle n'aime pas spécialement les anglais, encore moins qu'on l'assimile à eux, faute à laquelle elle fait souvent face depuis qu'elle vit en France. Il faut aussi savoir qu'elle est indépendantiste et, si on la lance sur le sujet, vous expliquera longuement pourquoi sa nation doit redevenir indépendante.
cinquième point ▲ Peu sociable, elle a peu d'amis. C'est aussi ce qu'il fait qu'elle ne fréquente pas vraiment les réseaux sociaux. Elle est adepte du courrier et correspond avec ses amis restés sur les îles. Professionnellement, elle correspond beaucoup par e-mail. Elle aime tout particulièrement le papier et si l'outil informatique a peu de secrets pour elle, préfère le confort du papier d'une bibliothèque à la facilité des ressources numérisées.
sixième point ▲ Elle vit dans la banlieue parisienne avec son conjoint, Nioclàs (ou Nicholas). Ils sont arrivés en France il y a environ deux ans, entraînés par une proposition professionnelle faite à ce dernier et séduits par le prix plus abordable des universités françaises. C'est un jeune couple comme il en existe des dizaines, à cela près qu'ils sont d'une passion débordante, dans tous les sens du terme. Leurs voisins sont habitués par leurs disputes bruyantes, qui ont une nette tendance à s'expatrier dans le couloir de la résidence, autant qu'à leurs ébats qui peuvent, eux aussi, être source de dérangeant décibels.
septième point ▲ Jeune fille ambitieuse et studieuse, Séraphine a étudié à Cambridge avant d'arriver à Paris. Elle a été très impliquée dans ses études et est très impliquée dans ses recherches pour sa thèse de doctorat. Elle qui voulait à la base devenir laborantine s'est découvert un goût tout particulier pour la recherche en travaillant sur son mémoire de master, et envisage désormais de travailler au CNRS ou au CERN.
huitième point ▲ Séraphine est une personne silencieuse et peu bavarde. Elle est souvent accrochée à son BlackBerry, occupée à échanger des textos (ou des sextos) avec son conjoint, et ne parle que très très rarement pour ne rien dire. Toutefois, il est déconseillé de tenter de mettre à mal sa patience (par ailleurs très limitée) ; elle se met vite en colère et a la fâcheuse tendance de ne jamais lâcher le morceau. C'est dans ces situations où elle peut finir par jurer comme un charretier et en perdre son français, par ailleurs, alors qu'elle a pris l'habitude de parler dans un langage correct, parfois soutenu.
neuvième point ▲ Elle ne roule pas sur l'or, son conjoint non plus. C'est la raison pour laquelle ils vivent en banlieue. Depuis qu'ils vivent ensemble, le cumul de petits boulots en tout genre a été le lot quotidien, malgré les bourses universitaires décrochées, en raison des frais très élevés au Royaume-uni. La situation se stabilise peu à peu, depuis que Nioclàs a obtenu son emploi à Paris, et devrait continuer à se tasser étant donné qu'elle a d'ores et déjà un contrat garanti avec l'université pour intervenir dans les cours des licences dès la rentrée suivante.
dixième point ▲ Si étrange que cela puisse paraître, elle attache une importance toute particulière à son physique. Loin de surveiller son poids – d'autant plus que son compagnon lui rappelle régulièrement qu'elle reste un peu trop maigre – elle prend grand soin de ses cheveux – de belles boucles d'ébènes – de ses ongles – french manucure or nothing – et de sa tenue. Des considérations parfois superficielles, mais auxquelles elle tient tout particulièrement.



l'heureux propriétaire

prénom ▲ Je le donne pas à n'importe qui èé pseudo ▲ Méli, Raph... âge ▲ 24 ans. Bientôt. pays ▲ France. Peut changer. j'ai connu ollp grâce à .. ▲ Beaucoup de volonté. Trouver un forum city qui nous corresponde, c'est pas toujours simple xD suis-je un ex-membre, un dc, ou un petit nouveau? ▲ 100 % pur newbie l'type de lien que je préfère ▲ l'inhabituel. Après, j'aime tout. ma chanson du moment ▲ Do or Die, 30 Seconds to Mars ma fréquence de connexion ▲ tous les jours, en général. Peut varier. et mon super mot d'la fin .. ▲ Pouf \o/ recenser son avatar ▲
Code:
<span class="pris">TALULAH RILEY</span> ▲ Séraphine E. Mistaken



Dernière édition par Séraphine E. Mistaken le Dim 9 Juin - 16:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Séraphine ~ La classe à l'Écossaise   Séraphine ~ La classe à l'Écossaise EmptyDim 9 Juin - 16:13

L'HISTOIRE DE MA VIE



« Forgive me, Father, for I have sinned... »
Du haut de ses trois ans, la petite fille aux cheveux bouclés est assise dans le confessionnal. Elle parle à peine, et ne fait que répéter la formule qu'on lui a soufflé de dire. Maman a dit qu'elle devait parler de son vol de gâteaux, trois jours plus tôt, sur la table de la cuisine, pour que le Père Maxwell puisse l'absoudre. Elle n'avait aucune idée de ce que ce mot voulait dire, mais, enfant obéissante, expliquait docilement ce qu'elle avait fait, avec ses mots simples. Maman avait fait des gâteaux : des cookies. L'odeur du bon chocolat avait attiré Séraphine hors de sa chambre, à l'heure où elle et son frère auraient du encore être au lit, en train de faire la sieste. Ah ça, la gourmandise, un péché qui collerait à la peau de cette Écossaise tout au long de sa vie. Sans un bruit, elle était passée dans le couloir. Maman était dans le salon de lecture. Papa au travail. Elle n'avait eu qu'à se glisser dans la cuisine pour arriver à proximité de l'objet de sa convoitise.
Haute comme trois pommes, Boucles d'Ébène avait du se hisser sur la pointe des pieds pour accéder aux douceurs de Maman Ours. Ses petits doigts potelés avaient cherché, sur la table, à tâtons, avant de tout faire tomber dans un geste maladroit. Ni une, ni deux : Séraphine avait attrapé autant de cookies qu'elle le pouvait ; puis elle avait filé aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient, pour se réfugier dans sa chambre et dévorer le fruit de son larcin.
Il n'avait pas fallu longtemps à Maman pour retrouver la responsable de tout ceci et la faire sortir de la chambre. Papa était rentré à ce moment-là. Et il l'avait punie très fort, même qu'Erwan s'était réveillé et avait hurlé de ses pleins poumons, du haut de ses deux ans. Elle avait eu très très mal aux fesses après. Mais ça, elle ne le dit pas au Père Maxwell. Maman a bien dit qu'elle devait dire ce qu'elle avait fait de mal, pour avoir le pardon du Seigneur.
Elle sort du confessionnal, manque de tomber à cause de l'équilibre encore précaire sur ses deux jambes, et rejoint sa famille en trottinant. On lui rappelle d'un ton sec qu'il faut bien se tenir dans la cathédrale. C'est la maison de Dieu et il faut faire preuve de respect.
Une notion qui, année après année, aura bien du mal à faire son chemin dans l'esprit de l'Édimbourgeoise.



« Hush, Seraphine ! Stop it ! »
Mais Séraphine ne s'arrête pas. La petite fille docile n'aura pas longtemps fait parler d'elle. Elle a laissé place à une fillette au mauvais caractère, qui a décidé de tenir tête à ses parents. Sa mère tente de la raisonner, de la réprimander, rien n'y fait. Du haut de ses huit ans, elle ne se laisse plus faire. Contrairement à son frère, qui se plie à l'autorité et accepte de faire comme ses parents le lui indique, elle montre un fort caractère, un tempérament basé sur la contradiction et le paradoxe. Elle n'a toujours pas fait sa crise d'adolescence, et ça laisse présager des années avec beaucoup d'explosions.
C'est une scène habituelle, dans la petite maison familiale – hérité des grands-parents, non loin de la Mer du Nord. Tout a commencé le matin. Aislin, la mère, emmène ses enfants, alors en grandes vacances, à la cathédrale Sainte Marie, pour se confesser. Comme d'habitude, l'aînée y va en traînant des pieds, clamant qu'elle n'avait rien à se reprocher et donc aucune raison d'aller voir le père Maxwell.
Arrivée à la maison, elle s'était retrouvée consignée dans sa chambre. Mais elle avait désobéi, et en était sortie à plusieurs reprises, renvoyée inlassablement par sa mère, avec l'ordre de lire tel ou tel verset du Saint Livre, pour l'occuper et lui permettre d'apprendre les règles de bonne conduite. Et là, en fin de journée, alors que le repas du soir cuit dans le four, Aislin arrive à bout. Cette petite fille l'excède dans son comportement belliqueux incessant, son refus de se conformer au souhait de Dieu.
Le père, Nathan, entre dans la maison au moment où, dans un accès de rage, la fille attrape un crucifix et le lance à travers la pièce.
« Fuck Him ! » répond alors Séraphine face à l'argument divin évoqué, une fois encore, par sa mère. Le pas lourd du patriarche parvient alors à ses oreilles et le visage enfantin perd immédiatement toutes ses couleurs. La petite fille ne prend même pas le temps de poser les yeux sur lui et file à travers les couloirs de la maison, aussi vite qu'elle le peut. Elle ouvre la porte de la salle de bain – pour profiter du verrou et ainsi s'isoler – mais n'a pas le temps d'entrer.
L'étau se resserre autour de son poignet, et elle tire de toutes ses forces, à en faire craquer sinistrement l'articulation. Mais la peur lui tord les entrailles, alors qu'elle sait pertinemment la douleur qui l'attend.
Papa déteste quand elle parle mal. Encore plus quand elle parle mal de Lui.
Et il lui fait vite comprendre, sans que la mère ne s'interpose, sous les yeux du petit frère, incapable d'agir. La maison n'est alors plus rythmée que par les cris de l'enfant, ainsi qu'une odeur, de plus en plus prégnante, de brûlé.
Mais étrangement, personne ne s'en rend compte ; du moins, pas immédiatement. Quand les cris de Séraphine s'éteignent enfin, Aislin retourne à sa cuisine, et découvre alors sa cuisinière en flammes, là où la graisse de la viande qui cuisait avec totalement pris feu et véhiculait l'incendie. Les rideaux prirent à leur tour au moment où la femme, paniquée, revenait vers les siens.
« Fire ! » crie-t-elle. Nathan ne met guère longtemps à venir, tentant à tort d'étouffer les flammes lui-même. Séraphine n'écoute pas, assise contre le mur du couloir, les sanglots secouant encore son petit corps.
Inconsciente de ce qu'il se prépare.
Insouciante à sa manière.
Et il est déjà tard quand les parents comprennent qu'ils auraient du sortir au lieu de tenter de maîtriser l'incendie. Nathan se rue dans le couloir, cherche ses enfants, suivi par sa femme. Les flammes dévorent la maison, et il n'a le temps que d'attraper le garçon, de le faire passer par une fenêtre, puis …
Où était la gamine ?
Fascinée, terrorisée par les flammes, elle se retrouve incapable de bouger. Paralysée, elle observe la progression du feu, qui parvient jusqu'à elle et roussit la pointe de ses boucles sombres. La chaleur lèche son visage, comme la promesse d'un enfer éternel.
Était-ce là le brasier des pécheurs dont Papa lui avait parlé ?
Était-ce là ce qui attendait son âme ?
Les questions se stoppent quand les flammes se communiquent au tee-shirt qu'elle porte sur son dos. Un hurlement de peur et de douleur passe enfin les lèvres de l'enfant qui tente de se défaire des flammes, et ne doit sa survie qu'au réflexe bienheureux de sa mère de la tirer dans une pièce encore intacte, et d'étouffer le tout avec une épaisse couverture.
Alors accrochée à sa mère, victime de brûlures ayant eu le temps d'atteindre sa peau, enveloppée dans la couverture, la petite ne peut que pleurer quand on la sort de là, par le même chemin que son frère, le même chemin suivi par toute la famille.
En attendant les pompiers, ils ne pourraient alors qu'observer le brasier consumer tout ce qu'ils avaient. Famille ouvrière aux revenus modestes, cette maison était le seul bien qui leur garantissait un certain confort de vie. C'est suite à cela qu'ils emménagèrent dans les quartiers-dortoir d'Édimbourg, dans un petit appartement où les enfants devraient partager leur chambre.
Un emménagement qui aura lieu après une petite hospitalisation ; légèrement intoxiqués par la fumée, ils purent vite rentrer chez eux. Seul Séraphine dut rester un peu, pour soigner les brûlures qui s'étaient étalées sur ses épaules et sur une partie de son dos. Des brûlures qui laisseraient des cicatrices s'estompant avec le temps, mais refusant de la laisser oublier ce drame à l'origine de sa pyrophobie.



Elle n'avait pas le droit de sortir.
En même temps, personne n'avait le droit de sortir comme bon lui semblait le soir quand on a treize ans. Mais ça ne l'empêche pas de s'échapper de l'appartement, de la résidence, et à elle la liberté. Elle saute de justesse dans le bus qui va au centre-ville, tire sur la jupette qui couvre à peine ses jambes qui, déjà, laissent présager la taille que l'adolescente fera une fois adulte, et va s'installer au fond. Elle a rendez-vous avec Keith ce soir, dans le pub en face de la cathédrale St Gilles. Et elle s'est faite belle pour l'occasion. Maquillée – avec son petit nécessaire planqué sous son lit – et habillée court – et décolleté, elle avait pu se procurer tout cela en revendant les pires fringues de sa garde-robe – avec des talons – même sort que pour le reste – elle avait même lissé ses bouclettes – plus ou moins, les bouclettes ont une nette tendance rebelle.
Elle ne rentrerait peut-être même pas, en ce samedi soir. C'était Papa qui allait être content, si elle n'allait pas à la messe le lendemain matin...
Mais elle s'en foutait. Elle n'en serait pas à sa première sortie en douce. Bon, ok, elle n'avait pas l'argent pour s'acheter à boire, mais elle savait que Keith l'inviterait – n'était-ce pas ce que voulait la convention, pour un rencard ? Et puis, à seize ans, il aurait plus de chances de pouvoir commander de l'alcool qu'elle.
Quand elle arrive au pub, le jeune homme est déjà là. Il lui fait un signe de la main pour qu'elle le voit, et elle s'avance sans ronchonner. Depuis quelques temps, elle s'est rendue compte du regard de certains garçons sur elle. Les mêmes regards qu'elle peut lancer sur eux, en général. Ses longues jambes et sa poitrine déjà rebondie ont su attirer les jeunes mâles ; son air un peu plus âgé qu'elle ne l'est joue également en sa faveur, et c'est sans mal qu'elle arrive à obtenir d'eux qu'ils lui paient une place de cinéma, ou un cocktail. En échange de quelques baisers, rien de bien méchant.
Mais Keith, ce soir, se montre plus insistant. Ce n'est pas un simple baiser qu'il veut, et elle ne feint pas ne pas comprendre. La main sur sa cuisse est éloquente, autant que le baiser qu'il s'empresse de venir chercher. Est-elle jeune fille prude, comme ses parents l'aimeraient, à refuser de telles avances ? Pas vraiment. Et le romantisme n'est guère le genre de notion en laquelle elle croit. Sans doute est-ce la raison pour laquelle, quand il quitte le pub, elle le suit sans protester. Un bras autour des hanches, elle suit le mouvement qu'il imprime jusqu'à l'appartement dans lequel il habite. Sans bruit, histoire de ne pas réveiller les parents, les deux jeunes s'infiltrent jusqu'à la chambre où les choses se précipitent, et sans aucune tendresse.
Oh, qu'il est douloureux de se donner ainsi, pour la première fois, à un homme sans une once de considération !
Comment se douter que du contentement éphémère ressenti alors naîtrait une propension à chercher par ce biais l'affection des hommes ?



« Half a pint of cider, please. »
Son rencard du soir n'est pas encore là. Les bouclettes roulant sur les épaules, l'adolescente de quatorze ans n'a peur de rien et n'hésite pas à commander directement. L'expérience du samedi soir lui a prouvé que, bien souvent, les serveurs ne vérifient pas l'âge, contrairement aux employés de supermarché. Du moins est-ce le cas habituellement.
« ... You're too young. » lui répond un fort accent irlandais. Séraphine lève les yeux sur le serveur, bien plus grand qu'elle, un sourcil levé. Hm, voici qui n'était pas habituel. Était-il nouveau ? Elle ne sait pas. Mais c'est le moment que choisit son rencard pour arriver, posant les mains sur ses hanches.
« Good tae see ye, Raph'. Her shot's on me. » lance-t-il à l'attention du serveur irlandais. « Order a pint of beer for me, will ye ? » enchaine-t-il après, les mains toujours sur les hanches de l'adolescente. « I'll be waiting for ye over there. » termine-t-il en désignant une table pour deux, un peu plus lui, avant de s'y rendre.
Hm. Il avait confondu rencard avec boniche, celui-ci, se dit fugacement la jeune fille. Mais sachant pertinnement que leur relation verrait son terme le lendemain, elle ne proteste pas, et le laisse s'éloigner avant de retourner faire copain-copain avec le serveur.
« Half a pint of cider and a pint of beer, please. » fait-elle avec un sourire un peu goguenard.
« Still too young. It's not even your own money you're spending.
- None o' your business. The customer is always right : ye shall serve me, or we'll go and have a wee drink somewhere else.
»
Les regards s'affrontent une seconde, et le serveur cède. Du moins lui semble-t-il. Il revient avec une pinte de bière et... Un jus de fruits. Séraphine ouvre les lèvres, bien décidée à râler, mais est interrompue par son rencard qui lui fait remarquer qu'elle traine.

Un long regard mauvais est lancé au pauvre garçon qui se demande ce qu'il arrive à la femelle. Femelle qui fait face au regard bleu plein de malice de l'Irlandais, et ne peut donc que grogner entre ses dents :
« Battle won. » Mais pas la guerre, sous-entend-t-elle, prenant rageusement les consommations pour se rendre à sa table. Elle sera un peu absente, ce soir là, n'écoutant qu'à moitié le mâle roucouler.
Plus occupée qu'autre chose à ruminer contre ce jeune garçon, qui n'avait pourtant pas l'air beaucoup plus âgé qu'elle, et qui avait décidé de la provoquer.



Nioclàs.
C'était ainsi qu'il s'appelait. Comment le savait-elle ? Oh non, elle ne le lui avait pas demandé. Mais elle l'avait aperçu dans les couloirs de son école, et de personne en personne, avait fini par savoir qui était ce jeune homme qui travaillait au pub le samedi soir – et peut-être d'autres soirs de la semaine.
Lui aussi la reconnaît ; l'avait-il déjà reconnue quand elle était venue au pub, ou bien avait-il, comme elle, eu la surprise de la revoir dans les couloirs de l'école ? Aucune idée, mais elle s'en moquait. Elle se contente de vivre sa vie, comme elle l'a toujours fait, éternelle solitaire avec un groupe d'amis tellement restreint qu'elle passe le plus clair de son temps seule avec elle-même. Elle a bien une copine ou deux, mais rien de bien extraordinaire, croyez-moi.
Peut-être s'en rend-t-il compte, puisque le voici qui vient à sa rencontre un beau midi, alors qu'elle profite de la courte pause pour avaler son repas. Méfiante tout d'abord – elle avait eu le temps de constater que, contrairement à elle, ce garçon avait un cercle d'amis bien fourni – elle se laisse approcher, puis apprivoiser, discutant volontiers avec l'irlandais expatrié. Ils discutent de tout et de rien, se croisent dans les couloirs et échangent quelques mots, se voient au pub quand elle s'y rend. Régulièrement, il refuse de lui servir de l'alcool. À chaque fois, la voici qui râle et s'embarque dans une petite dispute avec cet adolescent qui, comme elle s'en rend vite compte, ne supporte que très peu la vulgarité.
Bientôt, elle ne le voit plus qu'au pub. Il décide d'arrêter l'école à seize ans, comme le système écossais en donne l'opportunité – très largement suivie – et travaille donc plus. Elle vient parfois juste pour le voir, et, de fil en aiguille, ils finissent par se voir en dehors des heures de travail ou de cours.
Leur relation, aux airs de fraternité ambiguë, se construit tout doucement. Elle fait régulièrement le mur, indifférente aux représailles de son père, revient parfois au milieu de la nuit. Elle évite le jeune homme quand un bleu trop visible marque son corps, honteuse qu'il découvre la fragilité qu'elle veut dissimuler – sans vraiment y parvenir. Inutile qu'il sache.
Jusqu'au jour où elle frappera à sa porte. Il ne vit plus chez ses parents depuis ses dix-huit ans, et ce n'est pas la première fois qu'elle vient chez lui, bien qu'actuellement les circonstances soient plus joyeuses et amicales. Il lui avait bien proposé de venir le voir en cas de problème... Sans doute ne se doutait-il alors pas qu'on pourrait l'ennuyer en pleine nuit.
La porte s'ouvre sur un jeune homme ronchon, mécontent d'avoir été réveillé – et elle ne sait encore à quel point elle est chanceuse d'avoir pu le réveiller au milieu de sa nuit.
« I'm sorry, I ken it's late, but... But... I've got nowhere else tae go and... »
L'adolescente, du haut de ses seize ans, ne sait pas trop où se mettre. Elle n'est pas maquillée, signe qu'elle ne devait pas être de sortie, ce soir là. Mais ses yeux rougis et la marque sur sa pommette ne trompe pas quant à la détresse dans laquelle elle se trouve. C'est ainsi qu'elle trouve refuge auprès de lui et, bien qu'elle refuse de cracher le morceau sur les motivations de sa venue, il n'est pas difficile pour le jeune adulte de le deviner.
Elle s'est enfuie de chez elle, après une énième dispute sous le toit familial. Son père a cédé au seul langage qu'il connaît pour entériner ce genre de situations. Et elle a du errer pendant un moment avant d'arriver chez lui, si on en croit la fraîcheur de sa peau.
Au final, c'est le réconfort de ses bras qu'elle recherche, pour oublier la peur, pour oublier la peine.

« I see you home. » annonce la voix grave de Nioclàs alors que Séraphine s'apprête à rentrer chez elle. Les yeux noisette se lèvent sur lui, cherchant une excuse pour qu'il n'honore pas la promesse qu'il semble s'être faite. Elle pouvait rentrer chez elle seule, ils le savaient tous les deux. Il faisait jour, ce n'était donc pas par inquiétude que l'homme voulait la raccompagner.
Enfin si. Justement.
Il ne la laisse pas protester. Tactile, il passe un bras protecteur autour de ses épaules, et elle ne résiste pas bien longtemps. C'est pratiquement en silence qu'ils traversent les quartiers les séparant de la résidence ouvrière dans laquelle la famille Mistaken est installée depuis l'incendie de leur maison.
Arrivés dans le hall, Nioclàs prend directement la direction des escaliers... Retenu par la 'petite chose' qu'il a l'air bien décidé à protéger.
Sans doute, depuis quelques temps, la relation a-t-elle commencé à évoluer entre eux. Quelque part entre la partie de monopoly avec Ludovic – le petit frère de Nioclàs – et la soirée film qu'ils ont passée sur son canapé, en toute amitié. Du grand frère protecteur, il est sans doute devenu un peu plus.
Beaucoup plus.
« Don't.
- I will.
- No ye won't. I beg ye Nioclàs, dinnae do that.
- I want to talk to him.
»
Lui parler. Elle n'y croyait pas une seule seconde. Elle voyait bien ses mâchoires contractées de colère, ses yeux brillant de cette envie d'en découdre. Se tenant entre lui et la cage d'escalier, elle tente de le convaincre, autant que faire se peut. Elle ne veut pas qu'il se confronte à sa famille. Certainement pas à son père. Elle a peur pour lui, elle a peur pour elle. Elle a peur des conséquences.
Et pour cette fois, elle aura gain de cause. Elle réussira à obtenir de lui qu'il parte sans faire de vague, à force de tête de mule. Et partira ainsi affronter seule l'ire d'un homme.



14h, Portobello beach. CU.
Depuis le début des vacances, les rendez-vous de ce genre se multiplient. Séraphine a éconduit quelques prétendants trop collant du lycée, n'ayant plus d'yeux que pour l'irlandais. Ils se retrouvent pendant ses congés à lui, alors qu'elle attend la rentrée où elle entrera dans le cycle higher, préparant les élèves se destinant, le plus souvent, à l'université. Un cycle où elle devra continuer à apprendre le français, avec une dizaine d'autres matières lui plaisant plus ou moins.
Souvent, les deux jeunes gens se fixent ainsi une heure et un point de rendez-vous. Plein centre-ville quand Séraphine veut céder à son envie de faire du shopping – toujours avec beaucoup de modération, avec le peu d'argent de poche qu'elle arrivait à obtenir, n'ayant pas l'autorisation parentale de travailler – balade dans les parcs de la ville quand le soleil fait une percée au travers des nuages, promenade jusqu'au sommet de l'Arthur Seat pour contempler la vue sur les alentours, ou alors refuge dans son appart' à lui quand la pluie sévit, pour qu'ils partagent un chocolat chaud, un café, bavardant de tout et de rien.
Aujourd'hui, il fait particulièrement bon. Sans doute la première journée vraiment chaude de l'été. Grand soleil, pas trop de vent du nord, un temps idéal pour aller se perdre du côté de la Mer du Nord. Séraphine monte dans le bus qui l'amènera cinq kilomètres plus loin, au niveau de la plage. Elle vérifie l'état de son maquillage à l'aide de son miroir de poche, remet une bouclette rebelle en place derrière son oreille. Elle réajuste la touche carmine sur ses lèvres et referme le miroir qu'elle glisse dans son sac à main. Elle se lève en voyant son arrêt approcher, tire un peu sur le tissu du short qui couvre à peine ses longues jambes.
Elle descend à l'arrêt de bus, juste en face de la plage, où déjà plusieurs familles ont eu dans l'idée de s'installer. Elle n'attend guère longtemps avant que le jeune garçon la rejoigne, un sourire aux lèvres. Les mains se lient sans pudeur, bien qu'aucune relation d'ordre amoureux ne soit officielle entre eux, et voici les talons des chaussures qui s'enfoncent dans le sable. Séraphine ne tarde pas à se débarrasser de ses souliers et les gardent à la main, se promenant sans se lasser le long de la plage.
Ils s’assoient de temps en temps, s'allongent dans le sable, jouent avec les formes des nuages. Et puis, alors que les boucles d'ébène se fondent dans le sable...
« I dare ye tae go into the sea. » tranche la voix claire. Les Écossais n'ont en général que peu de scrupules à aller se baigner dans la Mer du Nord. Elle est pourtant d'une fraîcheur effroyable, et il n'y a bien que les Écossais pour s'y risquer.
Elle entend pourtant le jeune homme se redresse sur un coude.
« Do you?
- I double dare ye.
»
Les regards se croisent. En le voyant se lever, la jeune fille se redresse sur un coude à son tour, et apprécie le spectacle de l'irlandais se déshabillant pour aller jusqu'à la flotte. Le regard appréciateur de la demoiselle glisse sur le torse, et suit ensuite le délicieux popotin qui se dirige vers la mer.
Nomnomnom.
Peur de rien, l'animal.
Il fend les flots malgré la fraîcheur de l'eau, et Séraphine a fini par s'asseoir sur le sable, observant le garçon qui vérifie qu'elle le regarde – et ça, pour regarder... Elle mate, même – avant de piquer une tête.
Brr, elle avait froid rien que de le voir faire.
Un sourire aux lèvres, elle finit de se mettre debout, et accueille le vaillant chevalier, tout trempé, qui a été se frotter à l'eau froide pour relever un défi de la jeune fille qu'il courtise. Elle vient le prendre dans ses bras, pour le réchauffer, malgré l'eau, et lui propose de s'allonger à nouveau au soleil pour sécher.
Oui, ces grands idiots n'ont pas prévu de serviette de plage...
Et le temps passe. À un moment, l'Écossaise s'endort au soleil, la peau prenant une légère teinte dorée, moins blanche que celle qui la caractérise de coutume. Lorsqu'elle se redresse, le soleil décline lentement. L'Irlandais, réveillé, la laisse prendre sa main alors qu'ils reprennent la promenade sur le bord de l'eau.
La lumière naturelle baisse, mais ils ne s'en soucient pas. Lui vit seul, elle ne se préoccupe plus du couvre-feu instauré chez elle. Autant être punie pour quelque chose de valable, après tout. Et tout ceci lui semble bien valable. Le cadre est romantiquement parfait, et peut-être le pressentent-ils ; les doigts liés se serrent les uns aux autres, les pieds s'arrêtent dans le sable chauffé par le soleil.
C'était comme si le temps s'était suspendu. Les regards se croisent, une fois encore, mais chargés d'émotions différentes. D'intentions différentes.
Pas besoin de mots pour se le dire. Le corps s'en charge pour eux, alors que les lèvres se pressent, et que les bras du jeune homme viennent entourer la jeune fille. Les paupières se ferment, une main manucurée se glisse contre la joue râpeuse, alors que les langues, timidement d'abord puis avec beaucoup d'assurance, s'entraînent l'une et l'autre dans un ballet pudiquement dissimulé derrière leurs lèvres.

Ce sera tout naturellement, mais le cœur plus léger, que les deux jeunes gens reprendront leur promenade. La température chute avec le coucher du soleil et un bras passe autour de ses épaules pour la réchauffer. Le reste de la soirée ne sera que douceur, au final, et se terminera sagement chez l'irlandais. Sagement, oui, avec un repas bien rapidement avalé et deux jeunes gens enlacés sur un canapé.
Une tendresse qui, étonnamment quand on connaît le caractère libidineux de ces deux là, persistera encore de longues journées. Des journées passées à s'échanger des sourires un peu niaiseux, à faire le mur, à fuir la pluie d'été qui sévit encore et toujours sur la ville d'Édimbourg. Des jours d'insouciance où ils ont cherché à s'apprivoiser encore un peu, continuer à se séduire l'un l'autre entre deux baisers.
C'était un soir comme un autre, finalement. Une main est venue s'aventurer sur sa taille, et l'adolescente est spontanément allée retrouver les bras réconfortant du jeune homme pour lui voler un baiser. Un baiser un peu plus long que d'habitude, ponctué de mains qui se sont baladées davantage aussi. Et les choses s'étaient enchaînées : un mur avait rencontré son dos, ses mains s'étaient accrochées aux larges épaules, et elle s'était sentie soulever du sol comme si elle n'avait rien pesé.
Un pas sur le côté, deux pas sur le côté, en un instant, c'était le confort d'un lit qui les enveloppait pour leur permettre de s'unir corps et âmes.



Il est tard. Très tard. Mais qu'importe. Les bras enveloppant son corps pour se protéger de la fraîcheur du mois d'avril, Séraphine attend, assise sur les marches du palier en face du pub où Nioclàs travaille. Ce soir, il faisait la fermeture. Il le lui avait rappelé quand elle avait évoqué de sortir ensemble les deux pour fêter ses dix-huit ans.
Elle attendait qu'il sorte, alors. Avec son maquillage coulé.
La dispute qui avait éclaté chez elle avait été plus violente que d'habitude. Libérée du joug paternel par le sacre de la majorité, elle avait fait preuve d'encore plus de caractère que d'habitude. Ça avait été tout particulièrement violent, aux coups avaient répondu des cris, puis elle avait voulu se défendre à l'aide d'objets lui tombant sous la main. Les bleus, sur son corps, déplaisaient déjà bien assez à son homme, qu'elle tentait de retenir d'aller faire voir du pays à son géniteur...
Une grande trace violacée s'étalait aujourd'hui sur son bras droit, mais rien de méchant. Elle n'avait rien de cassé, c'était là l'essentiel.
À l'heure dite, Nioclàs sortait du pub et s'occupait de tout fermer. Elle n'attend pas pour traverser la rue déserte et s'approcher de lui. Lui laisse-t-elle le temps de la voir ? À peine, car la voici déjà qui vient chercher le réconfort de ses bras, en silence. Elle ne délie les lèvres que lorsqu'il lui demande la raison de tout cela, murmurant tout juste :
« I amn't wanting tae get back there, ever, ever, ever, ever. » lâche-t-elle, sans vraiment contrôler son accent qui ressort tout particulièrement.
Il n'y aura rien à en tirer. Pas ce soir. Il l'emmène chez lui, lui sert un chocolat chaud, comme elle les aime, la soutient, la réconforte. Il aura le fin mot de l'histoire, avant que l'adolescente ne s'endorme finalement dans ses bras.

« You can stay as long as you need. »
Voici ce qu'il lui avait dit le lendemain matin, une main dans sa chevelure d'ébène. Séraphine, rassurée et surtout assurée de ne pas finir sous un pont, avait du faire preuve de beaucoup de volonté pour s'extirper des bras et retourner en cours. Son année arrivait à terme, ses examens ne tarderaient plus, les réponses des admissions à l'université non plus. Ce n'était pas le moment de se relâcher. Même si elle dut piquer quelques affaires basiques à l'Irlandais, n'ayant pas embarqué son sac de cours avec elle dans sa fuite...
Un problème allait vite être à résoudre, néanmoins ; elle ne pourrait pas laver son unique tenue éternellement, il faudrait bien qu'elle aille récupérer ses affaires un jour ou l'autre. Pas aujourd'hui. Pas samedi, alors que Nioclàs travaillait toute la journée. Non, le moment idéal serait celui de la messe, dimanche matin.
Et les deux jeunes gens se lèvent à l'heure où toute famille catholique pratiquante s'apprête pour aller à l'Église. La jeune fille se glisse derrière le jeune homme, sur la moto de ce dernier et, casque sur la tête, cheveux au vent, les voici en partance pour le quartier ouvrier de la ville. Ils s'arrêtent devant la résidence, et, les clefs en main, Boucles d'Ébène s'infiltre dans la résidence, monte les étages, ouvre la porte de l'appartement vide.
Sans un œil pour le crucifix qui les accueille dans l'entrée, elle s'avance dans le couloir, passe devant la cuisine, le salon – de lecture, pas de télévision ici – la salle de bain, avant d'arriver à la chambre qu'elle partageait avec son petit frère. Oui, même à dix-huit ans, ils vivaient toujours dans la même pièce. Elle pousse la porte, et, sans état d'âme, se dirige vers l'armoire, attrape une valise, y jette ses vêtements en vrac. Elle s'empare également de son sac en bandoulière, y fourre des livres – cachés jusqu'ici sous son lit, avec tout un tas d'autres choses que ses parents n'aimeraient pas voir sous leur toit – ses cahiers de cours, bourre, se dépêche, grogne, râle, jure parfois.
Elle est occupée à s'acharner sur la valise pour la fermer, avec l'aide de son homme, quand elle entend le bruit de la clef dans la serrure de la porte d'entrée. Sa tête se redresse immédiatement, son corps se tend, et les couleurs disparaissent brutalement de son visage. Elle jette un regard craintif à Nioclàs, se redresse en entendant la voix du patriarche.
« … Seraphine ? » appelle-t-il. « I ken ye're here. »
Mais ce n'est pas elle qui sort de la chambre. L'homme la précède, après s'être emparé de la valise, la maintenant derrière lui. Aujourd'hui, la donne change : elle n'est plus seule face à la tyrannie paternelle.
Dans le couloir, Nathan Mistaken se tient droit, et derrière lui on aperçoit Erwan, grand et fin, et Aislin, avec les mêmes boucles noires que sa fille. Les regards des deux hommes se croisent, et Séraphine apparaît enfin, paraissant toute petite à côté de l'Irlandais, et ce malgré son mètre soixante-dix.
« What's happening in here ? Seraphine ? Ye owe us an explanation, where have ye been ?
- Move out of the way.
» répond une voix blanche, teintée de cette rage que l'adolescente avait déjà pu entrapercevoir auparavant. Le patriarche n'aime évidemment pas qu'on vienne se mêler de ses affaires, et ne tarde pas à répliquer.
« You move out o' the way. I'm talking tae my daughter. »
Un mouvement, dans le dos de Nioclàs, comme si elle cherchait à se cacher un peu plus derrière lui. D'un coup d'oeil derrière lui, il semble le comprendre, et commence à s'avancer vers le père, l'air menaçant.
« Move out of the fecking way. » La vulgarité des propos surprend Séraphine, habituée à ce qu'il parle toujours dans un langage parfaitement correct, allergique qu'il est à la grossièreté. Mais c'est un détail que Nathan ne connaît pas. Il s'avance d'un pas, à peine plus petit que Nioclàs, sourcils froncés.
« Ye're in my home. Ye have no right tae give me orders. »
La réaction ne se fait pas attendre. D'un mouvement, l'Irlandais attrape l'Écossais et l'écarte de son chemin. Ou du moins essaie-t-il, car les phalanges viennent rapidement heurter sa ligne de mâchoire. Erwan recule d'un pas, imité par sa mère, là où Séraphine se retrouve autant paralysée par la peur que ce jour où l'incendie s'était répandu chez eux. Impuissante, elle voit les coups se succéder, la hargne des deux hommes s'exprimant dans toute la violence dont ils sont capables. Rien de gentleman dans leur façon d'enchaîner les coups, et c'est quand les premières traces de sang giclent que la jeune fille retrouve l'usage de toute sa tête et de ses membres.
« Nioclàs ! »
Malgré la crainte, elle s'approche, hésitante. Sa mère, mue sans doute par les mêmes craintes pour son époux, a le même réflexe et s'approche à son tour.
« Nathan, stop it !
- Nioclàs !
» Dans un moment de bravoure extrême, les mains blanches s'élancent et se posent sur les larges épaules, tentant de tirer en arrière la brute qui ne demandait qu'à s'exprimer. Aislin se glisse entre les deux hommes, pousse son mari contre un mur, dans cette attitude dont l'adolescente avait hérité – ce qui s'impose comme une évidence alors qu'une fois son père écarté, elle vient se faufiler contre l'Irlandais, s'assurant par la sorte de former un rempart assez fort pour l'empêcher de poursuivre.
« Let's move out o' here.
- Devil.
»
La jeune fille se raidit mais se tourne tout de même vers la voix rauque de son père, qui, à vue de nez, semble se sortir en meilleure état de la bagarre qui venait d'éclater.
« Ye're the devil incarnate. » siffle le père de famille. « Ye shall never come back, if ye're get out o' here. Ever. »
L'adolescente déglutit, mais attrape tout de même la main de son compagnon ; il n'avait pas été dans ses intentions de revenir, mais se faire mettre dehors était toujours une épreuve difficile. C'est sans un mot qu'elle prendra le sac de cours, plein à craquer, pour quitter l'appartement, accompagnée d'un homme bien amoché.

« We should take you to hospital.
- I'm fine without it.
»
Le ton de la voix ne trompe personne. Le visage en sang, Nioclàs semble se contenter de retrouver son chez lui. Pour autant, elle ne le laisse pas s'en tirer comme ça et va fouiller à la recherche de pansements et autres lotions désinfectantes. Elle tire une chaise et s'assied en face de lui, compresses à la main, et, malgré les possibles protestations, entreprend d'essuyer tout ce sang, de réduire l'hémorragie de l'arcade, ou du nez, s'assure qu'il n'a rien de grave. Elle râle qu'il a peut-être besoin de points de suture, mais le mâle refuse de lâcher le morceau.
Lui homme. Lui pas besoin d'hôpital. Greuh.
Visiblement, elle est déjà bien chanceuse qu'il la laisse l'aider. Alors, en silence, elle s'occupe tendrement de lui, avant de venir cueillir ses lèvres dans un baiser qui, s'il débute avec plein de douceur et de bonnes intentions, ne saurait le rester. L'agressivité n'a pas pu être totalement libérée, et c'est un après-midi sauvage qui attend les deux jeunes gens, un après-midi où les instincts les plus primaires viendront communiquer la possessivité et l'inquiétude.
Pourtant, ça n'empêchera pas les lèvres de la jeune fille de s'entrouvrir, alors que le sommeil viendra lentement répandre son emprise dans leurs veines.
« I love ye. »



Le sac sur l'épaule, Séraphine pousse la porte du pub. Nous sommes début juillet, elle sort tout juste du travail – son premier emploi ! Un petit truc de secrétariat auprès d'un particulier quelconque – et a reçu du courrier, aujourd'hui. Elle ne l'a pas encore ouvert, aucune des deux lettres reçues. Elle sait pertinemment leur contenu, et tient à les ouvrir en présence de cet homme dont elle partageait l'appartement et le cœur.
Car le as long as you need est devenu un peu plus. Quand elle avait commencé à chercher un appartement pour elle, au moment où elle a décroché son emploi, l'homme avait râlé tant et si bien qu'ils avaient préféré partager les frais de l'appartement de ce dernier plutôt que de la voir filer on ne sait trop où.
Elle s'installe au comptoir où se tiennent quelques habitués. Il n'y a pas grand monde, à cette heure-ci, aussi peut-elle se permettre de papoter un peu avec Nioclàs pendant qu'il est occupé à essuyer des verres – car tout le monde sait qu'un barmaid passe sa vie à essuyer des verres.
« I got mail today. » annonce-t-elle avec ce sourire en coin qui laisse présager que ce sont ses résultats d'examens et d'admission à l'université. Elle ne se fait pas prier pour les ouvrir. Sans surprise, avec les efforts qu'elle avait mis dans ses études, elle avait obtenu d'excellentes notes à son examen. La surprise venait de la seconde lettre. Surprise telle qu'elle lui arracha un cri de joie, et un sourire large comme elle en fait rarement.
« I'm admitted tae Cambridge ! And I've got a scholarship ! » s'écrit-elle avant de sauter au cou du jeune homme et de lui voler un long baiser.
Cambridge.
Un rêve.
Pour elle qui avait grandi dans les quartiers ouvriers, sous le joug d'un père violent, pouvoir entrer dans une université aussi prestigieuse, avec une bourse, c'était inespéré. Elle avait déposé sa candidature sans trop y croire, et maintenant le rêve était à portée de main. Certes, elle allait devoir travailler toute l'année, se saigner pour arriver au bout et obtenir les meilleurs résultats possibles.
Et déménager.
Pour aller vivre au milieu des sassenachs. Pourritures d'anglais. C'était sans doute la seule ombre au tableau. Avec le fait qu'elle allait devoir laisser l'Irlandais derrière elle. Sans doute l'aurait-il suivie, si elle avait été acceptée dans une université irlandaise, mais son aversion pour les anglais surpassait encore la sienne, donc...

Des craintes qui s'avérèrent non fondées. Après un été de travail et de premiers écueils de vie commune, les voici qui posent ensemble leurs bagages dans un petit appartement non loin de l'université. Et ce fut le départ de trois années difficiles. Entre boulot, université, formations, stages, permis de conduire, vie de couple, les deux jeunes gens se retrouvent le nez en plein dans la difficulté de la vie étudiante.
Séraphine s'oriente du côté des sciences, Nioclàs du côté du journalisme. Il commence à écrire ses premiers articles, tente sa chance au petit bonheur la chance.
« It's too heavy, y'ken. » a-t-elle le malheur de souffler, un soir où elle relit un des articles qu'il pensait soumettre, une fois encore, à un journal local. Sauf que ce soir, après les refus essuyés, il ne supporte vraiment pas la critique. Il réplique, et immédiatement, la jeune celtique s'enflamme. C'est un dialogue de sourds qui s'instaurent, passé un moment. Ils ne s'écoutent plus et se contentent de libérer les ressentiments cumulés, la pression qu'ils subissent, le stress qui les ronge.
Un dernier hurlement se meurt dans la gorge, un temps de latence se pose. La rage est sortie, elle en est encore essoufflée d'avoir crié. Puis, dans un geste tout à fait naturel, elle se jette dans ses bras, cherche ses lèvres, qu'elle ne tarde pas à trouver. Ses pieds quittent le sol alors que les passions se répondent, dans une volonté mutuelle de libérer la frustration contenue, de se retrouver, de se réconcilier sur l'oreiller.

Et puis, au hasard des articles succèdent les formations, puis les stages. Séraphine, constante dans son parcours universitaire et professionnel – travaillant depuis son arrivée à Cambridge dans un magasin de prêt-à-porter – observe son homme s'en sortir, peu à peu, jusqu'à son premier déplacement.
« … In Newcastle ? »
Le hochement de tête lui assure qu'elle a bien compris. Envoyé en déplacement à l'autre bout de l'Angleterre, pour réaliser un reportage. La jeune fille grimace, mais ne proteste pas. Il ne sera absent que pour quelques jours, ce ne sera pas la mer à boire. Vois le bon côté des choses : tu pourras étudier sans qu'il ne vienne te déranger avec ses sales pattes avides de ton décolleté.
Un long baiser s'échange avant qu'il n'empoigne son casque. Séraphine observe la moto s'éloigner dans les rues de la ville, prête à rejoindre l'autoroute, en direction du nord. D'un geste un peu nerveux, elle s'entoure de ses bras et frotte ses paumes contre ses épaules, avant de remonter dans leur appartement qui lui semble affreusement vide.
En début de soirée, le smartphone sonne. Elle s'en empare et ne peut s'empêcher de rosir en lisant le message reçu. Et croyez-moi que, ces jours là, de nombreux textos – et autres sextos – seront échangés. Le téléphone sonne tous les soirs, et les deux accents se répondent alors qu'ils se racontent leur journée.
Impossible de se passer l'un de l'autre.
Et lorsque la nuit tombe, c'est avec beaucoup de difficulté que Séraphine trouve le sommeil. Habituée à dormir en présence de quelqu'un – puisqu'ayant toujours partagé sa chambre – supportant mal la solitude, ce sont des nuits courtes et agitées qui l'attendront.
Jusqu'au retour du héros – n'est-ce pas – qui se soldera par de chaleureuses retrouvailles, rarement chastes.
Les déplacements se multiplieront, mais jamais elle ne s'y fera. Les cernes s'étalent sur son visage à chaque retour de l'Irlandais, et disparaissent sitôt qu'il est là.
Les semaines sont épuisantes, mais ils tiennent bon. Jusqu'à ce jour de juin 2011 où les résultats des examens de l'université tomberont.
« I passed my degree ! » Et plus que simplement l'obtenir : elle l'avait obtenu avec des notes bien méritées.
Et ce n'était pas la seule nouvelle marquant l'entrée dans une nouvelle vie qui marquerait cette soirée.



« Paris ? Ye mean Paris like... In France ?
- No, in Texas.
»
Le sourire goguenard ne trompe pas la jeune fille de la moquerie, du cynisme clair dont son compagnon fait preuve. La France... C'était un poste titularisé qu'on proposait là à Nioclàs, soit plus qu'une opportunité. Cela soulevait plein de questions. Plein de soucis aussi. Mais clairement, ils ne pouvaient pas ne pas y aller. Et elle ne pouvait pas ne pas le suivre.
C'est ainsi que, dès le lendemain, voici les deux jeunes gens le nez dans les annonces d'appartements, les recherches de transport. Elle se rend sur le campus, cherche à se renseigner pour que son dossier soit transféré dans une université parisienne, partenaire si possible. Elle se retrouve à passer des tests de français – qu'elle passe tout juste ! – remplir des formulaires, et tout un tas de paperasse administrative dont elle se serait bien passée. Elle démissionne de son job étudiant, guette les trajets en ferry.
La moto est vendue. Le pauvre petit cœur de Nioclàs en souffre, mais par chance, la demoiselle est là pour le réconforter. La moto est remplacée par une voiture, généreusement cédée par les parents du jeune homme, une volvo V80 de la fin des années 90.
Et voici les deux jeunes adultes qui s'expatrient. La voiture pleine de leurs affaires, ils embarquent sur le ferry, non sans des adieux à la famille irlandaise du jeune homme à laquelle Séraphine a fini par s'attacher. Une nouvelle vie commençait pour eux.
Paris, la cité romantique par excellence. La ville de l'amour ! Capitale de la France... Pourtant, les clichés typiques des étrangers allaient être mis à mal par une désillusion des plus totales. Il est parfois difficile de faire face à la réalité.

Home sweet home.
Les valises heurtent enfin le sol du trois-pièces de Suresnes, dans la banlieue parisienne. Ils ne pouvaient pas se permettre un appartement intra-muros, mais qu'importe. Ils n'étaient pas loin et pouvaient se déplacer sans mal dans la ville. Le voyage a été long, mais ils prennent le temps de monter quelques meubles avant de se laisser tomber sur le sacro-saint matelas.
France.
« If ye'd told me, a couple o' years ago, that we'll live in France... » lâche la jeune fille, la main serrant celle de l'Irlandais dans la sienne. Elle n'y aurait pas cru, si on lui avait annoncé qu'elle vivrait un jour en France.
Elle, qui avait tant de mal avec les langues...

« Bonjour... »
Rien que sur ce premier mot, l'accent de Séraphine s'entend. Elle a la chance d'avoir l'accent d'Écosse, et ainsi de pouvoir prononcer les r sans trop de mal, mais elle ne trompe personne. Elle n'est pas française, et ça s'entend.
« Err... C'est mon... Mon premier err... jour ici. Je vois pour trouver le... Amphi vingt-cinq. »
Et pour le trouver, ce sera un véritable parcours du combattant ; les talons claqueront un moment sur le sol de l'université de Paris 6, jusqu'à ce qu'elle trouve. Et les premiers jours seront tous comme ça. Se débrouiller dans une langue qu'on ne maîtrise pas forcément, se battre pour comprendre le débit des autres, faire face à la foule de monde dans le métro.
Le métro.
Une horreur. Tout ce monde, et des gens tirant une tête de six pieds de long, ça se bouscule, c'est bruyant... Grommelant, la jeune fille descend de son métro à la Défense, se dirige vers le tramway pour rejoindre Suresnes.
Et sursaute dans un cri quand deux larges paumes viennent se coller contre ses hanches. L'instant d'après, c'est un petit poing bien peu fort qui frappe dans l'épaule de Nioclàs, hilare. L'enflure. Pourtant, elle ne se fâche pas longtemps et, dans le tramway bondé, s'assied sans pudeur sur ses genoux, histoire de prendre moins de place.
Paris.
Ville de rêves...
Une ville à laquelle ils finiront par s'attacher.



« This dress is really Mary Hick, don't you think ? »
La vendeuse suit la conversation entre les deux celtes sans tout comprendre. Bien qu'elle parle anglais, les idiomes lui échappent régulièrement, là où les deux jeunes adultes semblent se comprendre parfaitement. Séraphine observe la robe dans le miroir. Elle doit bien avouer que Nioclàs, ou bien Ted (abréviation de Teddybear) comme elle l'appelle, avait raison. Elle paraissait vraiment belle, cette robe, dans les rayons, mais maintenant qu'elle l'a mise, on l'aurait dit sortie d'un autre siècle.
D'un hochement de tête, elle s'échappe et retourne dans la cabine d'essayage pour enfiler autre chose de plus seyant. Les soldes, en France, étaient bien moins avantageuses qu'au Royaume-uni. Mais étant donné le prix des vêtements, elle avait patiemment attendu que ce soit la bonne période pour aller dépenser un peu d'argent.
Un peu. Parce que bon, ils ne roulent pas sur l'or non plus. Mais bon, bonne jeune fille qu'elle était, elle voulait pouvoir renouveler un peu sa garde-robe. Et bien sûr, pas toute seule. Abandonnant le sac au galant homme qui l'accompagne, elle sort de la boutique, laisse ses talons claquer quelques mètres...
Et entre dans une boutique de lingerie. Elle tourne la tête une seconde, un sourire fin aux lèvres ; juste assez pour pouvoir capturer la fugace expression sur le visage de l'Irlandais. Cette expression à mi-chemin entre la perversion et la jubilation. Celle de l'homme qui sait qu'il va passer un bon moment. Le regard méfiant de la vendeuse quand le couple se dirige vers les cabines d'essayage est royalement ignoré, et l'Écossaise disparaît derrière le rideau. Elle aperçoit bien la tête d'ours qui passe au travers et mate sans aucun état d'âme les couches de vêtements qui coulent sur la peau blanche. Il s'en faut peu pour qu'il tente une vilaine patte, bien vite réprimandé par sa compagne qui, si elle veut bien le laisser regarder, refuse de le laisser toucher. La malice, sur ses traits, en dit long sur ses intentions, par ailleurs.
Et finalement, elle aura claqué son budget soldes en sous-vêtements plus qu'en nouvelles tenues. Mais bon, il faut ce qu'il faut pour entretenir la flamme, dit-on. Et puis, avec la propension de monsieur à les déchirer, il fallait bien y consacrer une certaine somme.



« Mademoiselle Meestâkeun ? »
Séraphine retient une grimace. Son nom de famille était régulièrement écorché par les Français, mais elle ne parvenait pas à s'y faire. Certains, bien que régulièrement repris, n'y arrivaient juste pas. Par contre, l'avantage de son prénom d'origine française, c'était qu'en général ils n'avaient pas de problème pour le prononcer.
Même si on était loin du Sireupheen auquel elle était habituée.
« Oui ?
- Votre directeur de recherches m'a appris que vous restiez parmi nous la rentrée prochaine? »
Après deux ans en France, la pratique du français s'est améliorée. Elle ne fait toujours pas l'effort de parler français à la maison – manquerait plus que cela – mais les cours à l'université et le réseau social lui avait permis de pouvoir suivre une conversation sans trop de mal. Par contre, le français argotique, elle avait toujours du mal...
« C'est exact, je poursuis un doctorat. » Son accent est toujours là, les r sont parfois roulés, un mot d'anglais se perd. Au moins, elle n'a pas à suivre les cours de langues – l'anglais scientifique était requis, dans leur domaine, étant donné que c'était la langue utilisé dans le monde des sciences – et c'était toujours ça de pris.
« On manque d'intervenants en langue pour les licences. Je sais que vous n'êtes pas lectrice mais, en votre qualité de doctorante, un contrat avec l'université pourrait-il vous intéresser? »
Les sourcils de la jeune fille se soulèvent. Elle sortait tout juste de deux ans de travail acharné en recherches, avait passé sa soutenance en fin du mois de mai, venait de recevoir ses résultats de master. Malgré des résultats brillants, elle ne s'était pas attendu à ce qu'on lui propose quelque chose de la sorte... D'autant plus qu'elle n'était pas réputée pour être la plus patiente quand il s'agissait d'expliquer quelque chose.
Ah ça, il y a plus pédagogue que Séraphine.
Mais elle ne pouvait pas tourner le dos à une telle opportunité. C'était un contrat garanti pour l'année suivante, elle n'aurait pas à stresser tout l'été à l'idée de ne rien trouver à cause de la barrière de la langue. Un hochement de tête plus tard, serviette contenant son ordinateur portable à la main, la voici qui sort de l'UPMC, la tête haute, l'esprit léger.
Elle était à plus de mille kilomètres de sa ville natale. Elle était parvenue à un point dont elle osait à peine rêver encore cinq ans plus tôt. Tout allait bien, jusqu'ici, professionnellement, personnellement. Finalement, se battre et galérer pendant toutes ces années avait enfin porté ses fruits.
Le smartphone vibre dans sa poche. La jeune fille s'en empare, avise l'expéditeur avec un sourire, ouvre le message. Et ses joues de prendre une belle teinte rosée. Malgré les années et le défi sans cesse plus difficile de l'embarrasser, il parvenait encore à la faire rougir comme une pucelle. Elle prend le temps de répondre, avant de se détourner, traversant les rues pour retrouver son arrêt de métro.
I double dare you.




Côté traduction

Parce qu'on parle pas tous anglais ▲ Les dialogues sont en version originale, par souci de réalisme (et parce que je suis une sale puriste). Donc ici, vous trouverez les traductions correspondantes.

Chapitre 1 : mots d'enfants ▲
« Forgive me, Father, for I have sinned... »
→ Pardonnez moi, mon Père, car j'ai péché...

Chapitre 2 : au feu ▲
« Hush, Seraphine ! Stop it ! »
→ Cht, Séraphine ! Arrête !

« Fuck Him ! »
→ Qu'il aille se faire foutre !

« Fire ! »
→ Au feu !

Chapitre 4 : il fait grand soif ▲
« Half a pint of cider, please. »
→ Un demi de cidre, s'il vous plait.
« ... You're too young. »
→ Tu es trop jeune.

« Good tae see ye, Raph'. Her shot's on me. »
→ Content de te voir, Raph'. C'est moi qui paie.
« Order a pint of beer for me, will ye ? »
→ Commande une pinte de bière pour moi, veux-tu ?
« I'll be waiting for ye over there. »
→ Je t'attends juste là.

« Half a pint of cider and a pint of beer, please. »
→ Un demi de cidre et une pinte de bière, s'il vous plait.
« Still too young. It's not even your own money you're spending.
→ Toujours trop jeune. Tu ne commandes même par avec ton propre argent.
- None o' your business. The customer is always right : ye shall serve me, or we'll go and have a wee drink somewhere else.
»
→ C'est pas tes oignons. Le client est roi : sers moi ou on ira boire un coup ailleurs.

« Battle won. »
→ Bataille gagnée.

Chapitre 5 : une amitié solide ▲
« I'm sorry, I ken it's late, but... But... I've got nowhere else tae go and... »
→ Je suis désolée, je sais qu'il est tard, mais... Mais... Je n'ai nulle part où aller...

« I see you home. »
→ Je te raccompagne.

« Don't.
→ Ne fais pas ça.
- I will.
→ Si.
- No ye won't. I beg ye Nioclàs, dinnae do that.
→ Non. Je t'en supplie, Nioclàs, ne fais pas ça.
- I want to talk to him.
»
→ Je veux lui parler.

Chapitre 6 : plus qu'une amitié ▲
14h, Portobello beach. CU.
→ 14h, Plage Portobello. A tout de suite.

« I dare ye tae go into the sea. »
→ T'es pas cap d'aller dans l'eau.
« Do you?
→ Ah ouais ?
- I double dare ye.
»
→ Pas cap.

Chapitre 7 : never again ▲
« I amn't wanting tae get back there, ever, ever, ever, ever. »
→ Je ne veux plus jamais retourner là-bas, jamais, jamais, jamais, jamais.

« You can stay as long as you need. »
→ Tu peux rester aussi longtemps que tu en as besoin.

« … Seraphine ? I ken ye're here. »
→ Séraphine ? Je sais que tu es là.

« What's happening in here ? Seraphine ? Ye owe us an explanation, where have ye been ?
→ Qu'est-ce qu'il se passe ? Séraphine ? Explique toi, où étais-tu passée ?
- Move out of the way.
»
→ Pousse toi.


« You move out o' the way. I'm talking tae my daughter. »
→ Tu te pousses. Je parle à ma fille.
« Move out of the fecking way. »
→ Dégage de là.
« Ye're in my home. Ye have no right tae give me orders. »
→ Tu es chez moi. Tu n'as pas à me donner des ordres.
« Nioclàs ! »
« Nathan, stop it !
→ Nathan, arrête ça !
- Nioclàs !
»
« Let's move out o' here.
→ Allons nous en.
- Devil.
»
→ Démon.
« Ye're the devil incarnate. »
→ Tu es le diable en personne.
« Ye shall never come back, if ye're get out o' here. Ever. »
→ Ne reviens jamais, si tu passes cette porte. Jamais.

« We should take you to hospital.
→ Tu devrais aller à l'hôpital.
- I'm fine without it.
»
→ Je m'en passerai très bien.

« I love ye. »
→ Vous voulez vraiment la traduction ? :')

Chapitre 8 : le temps de l'université ▲
« I got mail today. »
→ J'ai reçu du courrier aujourd'hui.
« I'm admitted tae Cambridge ! And I've got a scholarship ! »
→ Admise à Cambridge ! Et avec une bourse !

« It's too heavy, y'ken. »
→ C'est trop lourd, tu sais.

« … In Newcastle ? »
→ A Newcastle ?

« I passed my degree ! »
→ J'ai eu ma licence !

Chapitre 9 : to Paris ▲
« Paris ? Ye mean Paris like... In France ?
→ Paris ? Tu veux dire Paris comme... En France ?
- No, in Texas.
»
→ Non, au Texas.

« If ye'd told me, a couple o' years ago, that we'll live in France... »
→ Si on m'avait dit, il y a deux ans, qu'on vivrait en France...

Chapitre 10 : vie quotidienne ▲
« This dress is really Mary Hick, don't you think ? »
→ Cette robe est carrément démodée tu trouves pas ?

Chapitre 11 : le commencement ▲
I double dare you.
→ Pas cap.

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Séraphine ~ La classe à l'Écossaise

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» PAULINE • la classe, tu l'as ou tu l'as pas :P

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