Sujet: L’art est le département des aberrations - Jader Lun 1 Juil - 11:42
L’art est le département
des aberrations
Ce matin, comme tous les matins, je m’étais levée une bonne heure et demi avant d’aller en cours, histoire de m’y rendre à mon rythme et de me préparer tout autant à mon rythme. D’ailleurs, j’étais assez rapide. Après avoir pris le métro parisien, je marchais jusque mon école où, arrivée devant ma salle, je m’asseyais à terre. Pour faire passer le temps, puisqu’il me restait une demi-heure à tuer, je sortais mon cahier de dessins personnels et mon Ipod pour écouter ma musique en solo. Personne n’arrivait. Tant mieux, moins je vois les autres, mieux je me porte. Le silence est délicieux en ces occasions. Le temps passait lentement et j’entreprenais de démarrer le projet que la prof d’arts plastiques nous avait donné à faire. Je rangeais alors mon cahier de dessins personnels et sortais mon cahier de brouillon d’arts plastiques où j’entamais mon projet. Soudain, une silhouette s’arrêta à mes côtés. Qu’est-ce qu’on me veut ? Je ne change pas d’attitude et garde mes écouteurs sur les oreilles. Personne n’a à me parler. Je ne veux pas leur parler. Mais la main de cette personne se pose sur mon épaule. Surprise, je crois sentir mon cœur faire un bond d’étonnement. Mes yeux se rivent sur la personne qui vient perturber ma concentration tandis que, simultanément, ma main droite enlève l’écouteur associé à son oreille. Un surveillant. Je l’observe, le salue par politesse sans sourire, et écoute ce qu’il a à me dire.
Quoi ? Pas de cours aujourd’hui ? Pourquoi ? A cause d’une fichue grève ? On se fiche de moi ? Tu m’étonnes qu’il n’y ait personne. Je remercie le surveillant, range mes affaires et trace, furax. Je sors de l’école, marmonne et manque de hurler sur quelqu’un qui me bouscule. Ça y est, je suis de mauvaise humeur, comme d’habitude en fait. Pour calmer mes nerfs, je décide de passer par un café et de m’y arrêter pour continuer d’avancer sur mon projet. Il est parfois bon de sortir de chez soi pour créer de nouvelles choses. La quête artistique se trouve généralement dans le dehors, et non dans son petit cocon immobilier dans lequel on traîne au quotidien et dans lequel on se lasse indéfiniment. Et non, je n’irai pas dans un Starbucks. Ce lieu empeste de canailles et de brouhaha, je déteste cet endroit qui fait l’objet d’une attraction commerciale qui à mes yeux, disons-le clairement, ne manifeste pas la nécessité d’un tel engouement. Comme si cela était le centre du monde, le master du café à Paris. Je pense à aller dans un endroit beaucoup plus tranquille et beaucoup plus adapté à mes gouts : le café Procope. C’est une vraie institution, cela est clair, et j’espère que tout le monde saura s’y tenir, même si je n’en ressens pas l’ombre d’un doute.
Mon sac sur l’épaule et mon cahier d’exercices d’arts plastiques sous le bras, je m’avance vers celui-ci et rentre dans le café. C’est dommage qu’il n’y ait pas de terrasse. Je rentre donc et m’installe à une table, postée la plus loin possible du bar et le plus proche possible de la fenêtre. Là sont peut-être les sources d’inspiration. Je demande un grand café, bien fort, au serveur qui vient prendre ma commande et je me plonge dès lors dans une grande concentration, déterminée à sortir quelque chose de ces lignes posées sur papier.
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Sujet: Re: L’art est le département des aberrations - Jader Ven 5 Juil - 11:53
Les greves ca ne servait a rien sauf pour faire du bruits. Les eleves manquaient les cours, preferant protester sur les rues si il y avait lieu de manifestation, ou juste user de ce moment pour flageller a la maison, dormant jusqu'a l'apres-midi en ne se preoccupant nullement des cours. Tu detestais ce genre de jour, ou tu te retrouvais avec un e-mail pour t'annoncer que la faculte etait ferme aujourd'hui. Tu ne faisais pas parti d'un syndicat ou autre, mais comme il y avait greve, l'universite etait ferme et donc pas de cours. Tu avais donc decide d'aller dans un endroit plus calme, apres avoir vaganbonde dans les rues de Paris avec une clope a la main. Tu ne prenais jamais le metro, cet outil de transport te rendait bien trop mal a l'aise, entre les personnes qui courent dans la precipitation et l'impatience de se rendre d'un endroit a un autre, entre les jeunes qui faisaient du bruit pour rien, et les mendiants ne demandant qu'a avoir de l'attention, non tu avais de cet endroit ignoble qu'est le metro. Tu preferais marcher ou prendre ta voiture -mais jamais a l'heure de pointe. Ô grand jamais non que tu ne te rendais a travers Paris pendant les heures de pointes, avec ses milles et une rues a sens unique et ses rues regorgeant de personnes. Tu te rends alors dans un petit cafe vide. Il n'y avait jamais enormement de gens, et il etait bien plus typique que cette grande marque de Starbucks ou il n'y avait aucun style et aucune authencite. Tu t'assis alors pres de la fenetre, une place qui te donnait une vue sur la rue mais egalement les autres visiteurs de ce petit cafe. Il y avait une jeune fille en face de toi qui dessinait. Il devait surement s'agir d'une eleve, souffrant egalement des greves d'aujourd'hui. Tu commandais alors ton the habituel. Ce n'etait pas la premiere fois que tu venais ici, tu appreciais beaucoup cet endroit pour son calme quotidien et son ambiance typiquement parisienne. Tu etais quelque peu intrigue par la jeune fille en face de toi qui semblait si concentrer dans ce qu'elle faisait, qu'elle ne fit meme pas attention quand le serveur passa a cote d'elle, se faufillant entre les chaises, malheureusement trop maladroit et fit tomber ce qu'il avait dans son plateau sur elle. Tu te levais alors - chose que tu fis bien trop rarement. Tu preferais laisser les gens mourir dans leur moment de solitude, mais la pauvre tout de meme, couverte de cafe et ces papiers surement completement trempe et irrecuperable. "Vous avez besoin d'aide, mademoiselle?" lui demandais-tu du ton le plus serein que tu pouvais faire. Faut dire que cette situation te faisait bien rire.
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Sujet: Re: L’art est le département des aberrations - Jader Ven 5 Juil - 17:37
J’avais pressenti que ce lieu était parfait pour moi en ce jour. A peine assise à cette place et après avoir sorti mes affaires que l’inspiration me venait déjà. Je tournais la page pour atterrir sur une page blanche et traçait les grandes lignes de mon projet. J’étais comme inspirée par une entité divine. Le Procope était vraiment génial. Je ne sais s’il s’agissait du lieu ou de son histoire, mais je sentais une sorte d’aura bienveillante m’entourer et me réconforter dans mes élans artistiques. J’étais plutôt satisfaite de moi. Toujours plongée dans mon art, je cherchais la petite bête et me demandais ce qui serait susceptible de ne pas être accepté avant d’en faire une réalisation finale.
Un bruit de tasses me fit réaliser que le serveur arrivait. Je n’eus pas même le temps de m’en rendre compte que celui-ci trébuchait et faisait renverser l’ensemble des consommations entreposées sur son plateau sur moi. Tout, sur moi. J’eus un premier sursaut, surprise par la chaleur presque brûlante d’une majorité des boissons. Je fermais les yeux, par pur réflexe humain, et demeurais immobile quelques instants, comme si le monde venait d’abattre sa haine sur moi. Lorsque j’ouvrais mes yeux, je regardais mes vêtements, à la base blancs et devenus marrons à cause du café, et commençais à tenter de me maîtriser. Le serveur se confondait en excuses, et moi je n’arrivais pas à le pardonner. Je ne répondais donc rien. Moi qui croyais que ce lieu allait me porter chance, moi qui croyais que ce lieu était doté de gens de compétence. Raté, en voilà un qui avait deux pieds gauches. Mais d’ailleurs… Mes dessins… Je tournais rapidement la tête et regardais mes feuilles, pleines de cafés, bonnes à jeter. Je crus sentir mon sang bouillir. Mes mains serrèrent les feuilles complètement gâchées par cet abruti, et je sentis qu’il m’en fallait peu pour exploser. Je prenais donc la serviette que j’avais sous la main et essuyais au maximum mon carnet, histoire de pouvoir le mettre dans mon sac proprement même si tout est relatif. C’était la première chose à sauver. Je levais les yeux et menaçais du regard le serveur qui ne pouvait s’empêcher de se plier en quatre pour essayer d’arranger les choses. J’avais littéralement envie de le tuer. Sortant du parfum de mon sac, je lui vaporisais dans les yeux, histoire qu’il comprenne et qu’il me fiche la paix.
Je me levais, furibonde, et voyais quelqu’un s’approcher de moi. C’était un homme, grand, un peu plus âgé que moi, plutôt mignon mais trop dragueur à mon goût. Il ne m’avait jamais dragué, mais je le voyais comme un prédateur dont les proies se laissaient approcher trop aisément. Peut-être me trompais-je, mais je n’avais pas envie d’en savoir plus. Je le regardais, et je pense n’avoir rien de séduisant ni d’amical dans mon regard, et l’écoutais me demander si j’avais besoin d’aide. Non mais je rêve, qu’est-ce qu’ils ont tous ? Le mal est fait, il n’y a plus rien à faire. Je le fixais, les yeux noirs de colère, et lui répondais « Non » avant de lui foutre un coup de pied dans le tibia « Merci » tout en gardant un sourire mesquin et hypocrite. Ça, c’était pour s’être foutu de moi.
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Sujet: Re: L’art est le département des aberrations - Jader