aerin astier feat. hayley williams
Assise au bord d'une rampe abandonnée et couverte de tags en tout genre, elle chantait, en effleurant les cordes de sa guitare, un mince sourire posé sur ses lèvres et les paupières tranquillement closes. Elle ne devait avoir que douze ou treize ans mais pourtant tu trouvais qu'elle chantait merveilleusement bien pour son âge. Alors tu t'es arrêté de t'acharner à essayer de t'améliorer avec ton skate et tu t'es approché d'elle, doucement, en priant qu'elle ne s'arrête jamais de chanter. Tu t'assied à côté d'elle, silencieux, et tu savoures la mélodie. Les dernières notes résonnent et la jeune fille ouvre les yeux. Elle sursaute en te voyant puis rit, un petit rire cristallin qui déjà, réveille quelque chose au fond de ta poitrine. « Désolée, je t'avais pas vu! Moi c'est Aerin, et toi ? » Tu l'observe quelques secondes, de marbre, et tu vois que ça la déstabilise, car elle baisse les yeux et regarde à nouveau droit devant elle. Alors, comme si t'avais peur qu'elle t'échappe, tu t'empresse de répondre. « Hadrien. Je... J'aime bien c'que tu fais. » T'as pas l'habitude de faire des compliments, mais là il fallait que ça sorte. Faut croire qu'elle n'a pas l'habitude d'en recevoir non plus, vu comme elle rougit. Tu passeras toute la journée avec elle et tu t'ennuieras quand elle sera en cours pendant que toi tu sècheras. Alors elle réussira à te faire reprendre les cours, tu deviendras son confident, son grand frère, son public n°1 lors de ses concerts. Et elle, elle deviendra ta bouée de sauvetage, ta drogue, ton ange gardien.


Vautré sur un canapé, tu te retrouves dans une de ces fêtes tranquilles où tout ce qu'on fait c'est boire des bières et rigoler entre potes. Ce sont les seules fêtes où Aerin accepte d'aller. Et pour elle, tu sacrifierais n'importe quoi. D'ailleurs tu la vois qui s'approche de toi, et qui vient s'asseoir sur toi, collant son petit flanc contre ta poitrine musclée. Tu adores quand elle fait ça, t'as l'impression qu'elle a encore treize ans, sauf qu'elle en a désormais dix sept et toi vingt. Tu la regarde, elle a l'air de s'ennuyer, et ça t'embête, tu veux tout faire pour qu'elle se sente bien. Tu déposes un baiser dans sa crinière flamboyante. « Tu veux que je te ramène chez toi? » Elle hoche doucement la tête puis se lève et te tire par la main. Tu dis rapidement au revoir aux gens présent puis vous vous en allez. A la station de métro, pratiquement désert, un ptit caïd essaye de racketter Aerin. Ni une ni deux tu chopes le mec et tu le roues de coups de poings. Tu entres dans une rage folle, tu le jettes par terre et envoie de puissants coups de pieds dans ses côtes. Tu ne peux plus t'arrêter, et tu as cette effrayante étincelle de folie qui se réveille dans ton regard. On ne touche pas à Aerin sans en subir les conséquences. « Hadrien arrêtes! » Tu l'entends à peine, cet appel à l'aide de ta protégée. « ARRETES! » C'est un cri qui déchire tout, l'air, l'espace, les murs, vos coeurs, ses cordes vocales. Tu lèves le regard vers elle, et tu la vois enfin, en pleurs, effrayée, comme un petit animal qui ne cherche que du réconfort. Elle frotte ses bras, tu fais un pas en avant, elle recule de deux. Elle monte dans le métro, mais tu n'as pas le courage de la suivre. Cette situation, tu la connais, elle reviendra après quelques jours, mais ce sont les jours les plus longs de ta vie.