Ainsi, en quelques secondes, lestement, adroitement, nous déchiffrons les hiéroglyphes écrits sur le visage des autres gens. Ici, dans cette pièce, se trouvent les coquillages usés et cabossés rejetés sur le rivage. La porte continue de s'ouvrir. La pièce se remplit toujours davantage de savoir, d'angoisse, d'ambitions diverses, de beaucoup d'indifférence, d'un peu de désespoir.

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❝ J’ai jamais eu l’impression de te manquer. Et je crois qu’à force, t’as arrêté de me manquer aussi. ❞

« J’aime pas qu'on me prenne pour une conne. Je suis peut être fun, drôle tout ce que tu veux mais je ne suis en tout cas pas conne. »« Arrête Capucine, fait pas ta gamine.. »« Ah parce que maintenant je suis une gamine ? Tu ne disais pas ça hier dans ce bar, ou alors la dernière fois sur ton bureau ou alors dans ton lit, ou dans mon lit puis dans le parc, quand on est parti en randonnée, tu sais contre cet arbre ? Tu ne me disais pas tout ça si je me souviens bien ! »« Arrête un peu Capucine. Ou alors.. »« Ou alors quoi ? »« Tu sais très bien ce que je veux dire. »« Non je ne sais pas continue ! »« Là j'en ai ma claque, t'es qu'une putain de gamine Capucine, va te faire foutre ! T'as pas intérêt à m'appeler ! »« Va-t'en mec, casse-toi je veux plus jamais te revoir. » Il est partie, ouais il est partie. Je ne le reverrai surement jamais, et tout ça parce que monsieur prends ses grand air. J'en ai marre, je veux un peu plus de respect je mérite mieux, Mieux que se connard, ouais je mérite mieux que lui. Et je le revendique haut et fort. Ce jour-là, il est partie, une partie de moi s'en est allé avec lui, mais le sentiment de soulagement que j'ai eu après ça était juste immense, donc je ne regrette pas cette partie de moi, elle était surement mauvaise de toute façon. On s'était rencontré quand on était petit, on a grandi ensemble, nos pères jouait au échec ensemble, j'avais jamais compris pourquoi ça les passionnait autant. Chaque jour il jouait une partie, sans jamais l'oublier. Qui pleuve ou qu'il neige, tout le jour il débarquait à la maison avec son fils et on jouait à plein de jeu (entre autre, au docteur mais bon que dieu nous pardonne on était petit). En grandissant, comment dire ? Le jeu du docteur est devenue bien plus.. hum.. Profond ? Enfin vous voyez le tableau quoi. On était toujours scotché l'un sur l'autre, se mettre ensemble a été plus qu’une évidence. On s’est aimé comme des fou. J’ai perdu ma virginité avec lui quand j'avais 14 ans, à mes 16 on avait déjà fait une partie du livre "kamasutra" des vrais chauds lapins, c'était fun à l'époque et aujourd'hui d'ailleurs pour moi ça l'est toujours, le sex c'est comme une longue partie d’échec. On ne sait jamais comment commencé, mais on a déjà une petite idée de comment ça va finir. Généralement, ça se finit bien pour moi, j'adore ça !

❝ Tu ne m’impressionnes pas tu sais. Sous tes grands airs de j’ai tout vu, tout connu, rien ne m’atteint... Je pense que tu meurs de trouille. Je pense que tu vaux beaucoup mieux que ce que tu veux montrer. ma première fois. ❞

« Papa, avale quelque chose s'il te plait. » Je mets la cuillère dans sa bouche et il bave, répugnant peut être mais c'est mon père. « Elizabeth, tu cuisine toujours aussi bien. » Je soupire, selon mon père j'avais hérité des dons de cuisine de ma mère. Quel fardeau quand on sait qu'elle est morte. « Papa, c'est Paige, ta fille. Maman est morte il y a 19 ans. » Mon père a Alzheimer. Ça me bouffe, chaque jour mais je dois faire avec. Après la mort de ma mère tout allait pourtant bien, puis du jour au lendemain il s’est mis à m'appeler Elizabeth et c'était très dur pour moi. Je me sentais tellement seule dans ses moments-là, j'avais grandi uniquement avec mon père tout au long de ma vie et bam du jour au lendemain je suis tout de seul avec lui dans les bras. Je me rappelle m'être plein jour et nuit e m'occuper de lui et je me rappelle de cette nuit ou il n'avait pas fait un bruit, je m'étais réjouis de ne pas avoir à me lever pour lui parler. Le lendemain matin pareil, j'étais presque contente qu'il n'était pas levée, mais quand quelques heures plus tard je me suis rendu compte qu'il ne m'appelait pas tout simplement parce qu'il n'était plus là, je me suis sentie horrible, comme un monstre. J'avais pleuré toutes les larmes de mon corps avant d'appeler une ambulance.

Salut Luckaël,
Est-ce que tu te souviens de moi ? J'imagine que non. Je me rappelle de la dernière fois que je t'ai vu, on c'était violemment disputé et ni l'un ni l'autre n''avait eu le courage d'admettre ses tort. On est plus des adolescents maintenant, je me sens obligé de te dire ce que je pense désormais : ce jour-là, j'ai fait une erreur. Je t'avais dit que je ne voulais plus jamais te revoir alors que le soir même je serais tombé dans tes bras sans même trop y penser. Tu dois en avoir rien à foutre aujourd'hui, après tout ça fait déjà trois ans, mais à l'époque tu étais mon meilleur ami, mon confident en plus de tout le reste et je te considère toujours comme quelqu'un en qui je peux avoir confiance aujourd'hui. Mon père est mort, il y a bientôt 4 mois. Depuis on peut dire que j'ai touché le fond, j'ai arrêté mes études, j'ai commencé à me droguer, à en avoir rien à foutre de tout le monde. J'habite toujours dans ce duplex qu'il avait acheté avant de se construire une maison dans la compagne, je n'arrive toujours pas à m'habituer à la vie en ville, mais toi si non ? Ta mère m'a dit dernièrement que ta carrière de mannequin décollait, que tu habitais en ville et que tu traînais avec les plus grands, mais que tu n'avais pas le temps de voir ta famille. C'était une façon subtile de me dire que j'aurai dû t'épouser et te convaincre de devenir médecin comme ton père. Bref, dernièrement ma meilleure amie (cette garce) m'a fait faire une cure, quelle belle hypocrite elle est encore plus défoncée que moi H24. Selon elle, j'ai commencé trop vite et trop tôt, mais j'ai pas envie d'arrêter. Ça e fait me sentir bien et en vie, est-ce que c'est trop demandé ? Je n'ai pas envie de mourir en ayant des regrets comme mon père, je veux des souvenirs, trop de souvenirs ! A la base, je devais t'envoyer une lettre en m'excusant de tout ce que j'aurai pu te faire de mal, je dis bien à la base. Je me rappelle que d’un seul mauvais moment avec toi, le reste n’est que plaisir et ça me manque parce que là tout de suite, j'aurai juste besoin que tu sois là pour enfin pleurer la mort de mon père. Je n'ai pas réussi à pleurer à son enterrement, ça fait de moi un monstre ?