Nom complet ▲ Hermia Louise Carmen de Sainte-Croix. Lieu de naissance ▲ Hôpital St Joseph, Paris XIVe. âge ▲ Vingt-trois ans. nationalité ▲ Française, avec des origines espagnoles et suisses. diplômes, études ▲ BTS design de mode & diplômée de l'École Supérieure des Arts et Techniques de la Mode (ESMOD). métier ▲ Assistante styliste pour la maison de haute-couture Hermès. statut matrimonial ▲ Célibataire, un peu solitaire. orientation sexuelle ▲ Hétérosexuelle. Vraiment certaine. situation financière ▲ Peu expansive mais privilégiée. idole(s) de vie ▲ Gabrielle Chanel et Audrey Hepburn, quintessences du chic. nombre d'amis facebook ▲ Sept, peut-être moins. Elle n'est pas très concernée par ce réseau social. moyen de déplacement ▲ Le métro. Elle y trouve réflexion et inspiration. groupe ▲ gagnants perdants. avatar ▲ Miranda Sexy Kerr. crédits ▲ © Super tumblr (g i f) & 99mockingbirds (i c o n) ♥

premier temps ▲ Son prénom, Hermia, est une référence directe à l’œuvre de William Shakespeare : ❝Songe d'une Nuit d’Été❞. Sans cette pièce de théâtre, témoin de la rencontre de ses parents, elle n’aurait sans doute jamais vu le jour. Louise et Carmen ne sont autres que les prénoms respectifs de ses grand-mères paternelle et maternelle. deuxième temps ▲ Malgré son âge, l’obscurité l’angoisse. Il lui arrive donc parfois de s’endormir en laissant sa lampe de chevet allumée. C’est sans doute là une de ses rares phobies car, chose étonnante, contrairement à une grande majorité de femmes, elle trouve les araignées fascinantes et gracieuses. Le dégoût qu’on leur porte la chagrine parfois. troisième temps ▲ Elle aime les vieux films hollywoodiens des années cinquante et soixante. Depuis qu’elle a quinze ans, Audrey Hepburn est devenue une véritable référence. Symbole de légèreté et d’élégance discrète. Par ailleurs, ❝Diamants sur Canapé❞ est de loin son film préféré de l'actrice. quatrième temps ▲ Dans sa famille, la fibre de l’art se transmet de mère en fille. Sa grand-mère maternelle était une célèbre danseuse de flamenco. Quant à sa mère, maintenant âgée de 48 ans, elle est devenue sociétaire de la Comédie- Française, il y a deux ans. cinquième temps ▲ D’une nature anxieuse et perfectionniste, elle est en perpétuel état de questionnement. Elle pense trop, souvent très mal et imagine toujours les pires scénarios catastrophes. Enfant, elle a développé une phobie scolaire qui lui a valu une scolarisation à domicile pendant deux ans et quelques années de thérapie chez un psychologue. Depuis, elle a tout de même appris à contenir son anxiété et se laisse d’avantage de temps de repos, histoire de profiter un peu de la vie. sixième temps ▲ Son livre préféré est ❝Dracula❞de Bram Stoker pour une raison qu’elle ignore elle-même. Depuis son adolescence, cette histoire la passionne tout bonnement. septième temps ▲ Elle s’est fixée l’objectif de mener une vie saine et commence ainsi chaque journée par une séance de yoga qui l’aide à canaliser sa mauvaise humeur matinale. Malgré ses bonnes résolutions, elle ne dit jamais non à une douceur sucrée. Ses péchés mignons: la tarte aux fraises et les macarons à la pistache. huitième temps ▲ Enfant Hermia était d’une timidité maladive. Pour pallier à ce handicap sa mère l’a inscrite à des cours de théâtre lorsqu’elle avait douze ans, pensant bien faire. Son expérience dramatique l’a dégoutée, sans doute à vie, de la comédie. En revanche, elle a découvert à la même époque les coulisses du théâtre et surtout ses somptueux costumes, point de départ de sa vocation. neuvième temps ▲ Pendant ses études supérieures, elle a décrochée avec beaucoup de panache un stage chez VOGUE. Elle a passé trois mois à faire des cafés et à servir d’esclave à paperasses. Pourtant elle ne s’est jamais découragée dixième temps ▲ Sa grand-mère maternelle dont elle a toujours été proche lui a souvent dit « souris à la vie et la vie te sourira ». À chaque journée donc, son lot de sourires. onzième temps ▲Hermia a peu d’amis et accorde difficilement sa confiance. Côté cœur, malgré ce que l’on pourrait penser, elle est vraiment très inexpérimentée. Et pour cause, ces dernières années, elle a privilégié sa carrière professionnelle avant tout. Néanmoins, fleur bleue inavouée dans l’âme, il lui arrive parfois encore de croire au prince charmant. Au fond, elle est encore cette petite fille, angoissée par la solitude du corps et de l’esprit.

ET COULE LA SCÈNE.

Dans la claire-obscurité, une silhouette filiforme se dessinait sur la scène mal éclairée. Il n’y avait personne pour régler ce problème. Les techniciens étaient partis en même temps que le reste de la troupe. Pour tous, la répétition avait assez duré. L’acharnement immodéré du producteur en avait encore découragé plus d’un, ce jour-là. Pourtant notre ombre s’obstinait. Droite et fière. La voix distincte et forte.

—« Mon cher Lysandre, je te jure, par l'arc le plus fort de l'Amour, par la plus sûre de ses flèches dorées, par la douce candeur des colombes de Vénus, par les nœuds secrets qui enchaînent les âmes et font prospérer les amours ; par les feux dont brûla la reine de Carthage, lorsqu’elle vit le perfide Troyen mettre à la-… »

—« STOP ! »

Assis au premier rang de la petite salle de théâtre vide, le jeune metteur en scène, qui allait bientôt faire ses débuts dans le monde du spectacle, dévisagea l’actrice, seule en scène. Il avait presque sourit en voyant sa mine penaude d’enfant grondée. Elle était si belle. Mais cela n’importait pas. La pièce. L’interprétation. La vibration des sentiments et des cordes vocales. Voilà, ce qui importait. Elle restait prostrée dans le silence et lui tapotait nerveusement la couverture du script. Son regard se posa quelques secondes sur le titre, « Songe d’une nuit d’été », puis d’un seul élan il se leva pour rejoindre la scène.

— « Élisa ne me fait pas regretter de t’avoir choisi pour le rôle d’Hermia. Tu dois me montrer de quoi tu es capable, bordel ! Elle est attirée par Lysandre. Elle le veut. Fais-le-moi sentir…cet amour inconditionnel. »

Il fit un pas en avant. Puis un second.

— « Mon cher Lysandre… »

—« Non ! Encore ! Désire-le plus fort ! »

—« Je te jure, par l’arc le plus fort de l’Amour- »

Il n’était plus qu’à quelques pas.

— « Elle n’a qu’une seule envie : c’est de se faire baiser, alors vas-y ! Assume cette envie. »

—« Par la plus sûre de ses flèches dorées, par la douce… »

—« Encore ! Désire-le ! »

Maintenant à quelques centimètres de la comédienne, il lui avait attrapé la main, la dévorant littéralement du regard.

—« Désire-moi. »

À cet instant la scène s’était close. Et ce fut dans cette étrange intimité que leurs bouches se rencontrèrent, que leurs yeux s’enflammèrent, que leurs genoux tremblèrent et que leurs mains s’égarèrent, incapables de retrouver le chemin de la raison.



Les amours ne reviennent.

Nom : Hermia de Sainte-Croix. Âge : douze ans. Situation familiale : Parents en instance de divorce. Séances effectuées : 3 séances d’une heure. Raison de la venue : Phobie scolaire et sociale. Principaux traits de caractère positifs : imaginative, vive d’esprit, perspicace, observatrice, à l’écoute, modeste, attentionnée. Principaux traits de caractère négatifs : timide, angoissée, peu sûre d’elle, renfermée, solitaire, peu expressive. Commentaires : Fillette perdue dans la procédure de divorce. Pression parentale dû au statut social du père et de la mère. A vécu à l’ombre de la carrière de ses parents, sans possibilité d’un quelconque épanouissement. Objectif à réaliser prochainement : trouver un hobby choisi personnellement.



Tristes eaux emprisonnées.

Sur les murs, tout autour d’Élisa, des photos encadrées qui la ramenait dix ans en arrière. Encore aujourd’hui, elle avait l’habitude de s’assoir et de les contempler quelques instants. Avec le temps, sa beauté s’était peu à peu fanée. Mais le talent, lui. Oui parlons-en de son talent ! Lui, il s’était bonifié avec le temps. Sur une étagère du salon cosy et bobo, reposait son orgueil : Un Molière reçu en 1987, somnolent d’avoir été trop complimenté. Allongée sur le canapé, elle continuait bêtement d’acquiescer au téléphone, les yeux rivés sur son symbole du triomphe.

— « Non, tu penses bien ! Le cours de théâtre a été une catastrophe…à ce que le prof m’a dit : à la première réplique Hermia s’est enfuie en courant dans les coulisses. Et tu sais quoi ? Ils l’ont retrouvé une demi-heure plus tard dans l’atelier à costumes. Franchement qu’est-ce qu’on va faire d’elle ? J’ai carrément engagé un prof à domicile. Et tu sais que ça me coûte cher ! Mais, non, je te parle pas de pension…Je te parle de ta môme, enfin. Le psy a pourtant dit que ça serait bien qu’elle ait un hobby. …Oui, oui. Mais moi non plus je ne comprends pas pourquoi ça ne lui a pas plu. Bref… »

Elle se releva et se mit à faire les quatre cent pas, comme à son habitude lorsque la discussion avec son ex-mari commençait à se faire longue.

—« Tu viens toujours la chercher, samedi ? Oui je sais. Je me rappelle. Vous partez en week-end tous les trois avec ta nouvelle blondasse. Quoi ? Mais je l’appelle comme je veux ta pouffiasse ! De toute façon, je compte pas devenir sa meilleure amie… Bon allez, j’ai des répétitions. Je te laisse. Ciao. »

Excédée, elle jeta le combiné du téléphone sur le sofa, enfila ses escarpins et claqua la porte d’entrée derrière elle. Dans sa précipitation, elle n’avait même pas vu la jeune espionne cachée derrière un imposant meuble du salon, recroquevillée sur elle-même. Pourquoi je ne fais jamais rien de bien ? Mais ni les murs, ni les photos, ne lui répondirent. Pas plus que le Molière rutilant, engorgé de suffisance.



AUSSI LIBRE QU'UN DIEU.

En haut de son building new-yorkais, le jeune producteur avait vieilli. Le combiné de téléphone collé à son oreille depuis près d’une heure, il en avait assez d’entendre les plaintes d’Élisa.

—« Écoute, je sais ce que je dis. New-York, c’est pas fait pour Hermia. Ça fait presque six mois qu’elle est arrivée et je vois bien que ça lui plait pas. Elle me l’a même dit: Paris lui manque. Ok, on voulait qu’elle voie autre chose, pour qu’elle s’épanouisse un peu plus… mais ça ne prend pas. Tant pis, on va pas en faire un drame, non ? »

Son regard se perdit un instant dans le vide étourdissant que lui offrait son immense baie vitrée. Dehors les passants ressemblaient à de ridicules fourmis s’affairant de tous côtés pour combler la reine capitaliste.

— « Mais si je m’occupe d’elle ! J’ai juste pas trop le temps ces derniers temps…tu sais bien. Mais bien sûr que non ! Je ne veux pas m’en débarrasser. C’est juste qu’ici, c’est Broadway. Pas Paris. On n’attend pas, on veut du résultat direct. Je suis débordé, tu peux le comprendre, non ? Oui j’ai dit que je m’en occuperais quoi qu’il arrive mais j’ai dit ça y a un an, putain ! À l’époque, je ne savais pas que d’emménager à New-York, ça serait ça. Voilà, c’est tout. »

Tournant le dos au paysage extérieur, il s’assit à son bureau où s’entassait contrats, photos d’acteurs et scripts potentiels. Sa tête lui faisait atrocement souffrir. Il fit un effort surhumain pour ne pas soupirer bruyamment. Son ex-femme était déjà assez remontée contre lui pour qu’il en rajoute.

— « Bon, je te propose : elle finit son année scolaire ici et elle entre à Paris ensuite. T’en penses quoi ? De toute façon l’année prochaine, elle est censée passer le BAC et tout, c’est sans doute mieux pour elle…Oui. Je comprends. Bon allez. Oui, moi aussi. Bye. »

Il posa le téléphone devant lui et se mit à caresser le bois de son bureau, les yeux dans le vide. Sous ses phalanges, l’acajou vernis glissait, froid et lisse. Il l’avait acheté la semaine dernière. En y repensant, il en était vraiment fier.



MAIS PAS LA VIERGE QUI RIT.

Dans les bureaux de VOGUE Paris, propriété exclusive de Condé Nast, à l’heure du déjeuner où personne ne mangeait jamais. Une rousse incendiaire était en train d’entortiller le fil du combiné tout en gloussant à voix basse.

— « Tu parles de la nouvelle stagiaire ? Comment elle s’appelle déjà ? Hermione ? Hermine ? Oh je sais plus ! Apparemment, elle reste trois mois. Enfin, je crois. Non mais elle fait pas mal son boulot par rapport à la précédente. Elle excelle dans l’art du café…Oh mais non, je suis pas méchante, tu me connais. Non, mais cette petite, elle a de l’avenir mais il faut qu’elle s’accroche, je pense. C’est pas gagné si tu veux mon avis mais bon… »

Soudain, elle se retourna en sursautant, pensant avoir entendu des cliquetis de talons.

— « Ah non rien. J’ai cru que c’était la boss. Sinon bien le photoshoot spécial Yohji Yamamoto ? Ouais. Non, mais comme je te le disais, cette fille. Elle est pas bête. Non, non, non. Au contraire, des fois je lui ai demandé, « tu penses quoi de ça ? Etcetera, etcetera »…et bah elle a pas vraiment répondu à côté, contrairement à d’autres stagiaires que j’ai eues. Enfin, on verra quand elle aura fini ses études. Oui. Bah oui. Bon allez je raccroche, j’ai peur de voir le tyran arriver dans trente secondes. On prend un verre ensemble ce soir, hein ? Bisoux, bisoux, ma chérie. »

Ça n’avait absolument pas loupé. Une minute plus tard, une paire d'escarpins Versace taille 39 débarquait dans son bureau sans crier gare.



ET LES LILAS SONT MORTS.

Les mauvaises décisions aboutissaient toujours aux meilleures des histoires. Mais était-ce vraiment le cas ? Longeant mélancoliquement les bords de Seine, Hermia se le demandait. Alors qu’elle avait enfin décroché le job de ses rêves à tout juste vingt-deux ans, voilà qu’une autre réalité la rattrapait : celle de l’amour. Ce matin, il l’avait quitté. Après trois ans de relation. Au téléphone. Comme un lâche. À regarder l’eau obscure qui s’écoulait avec vivacité, elle ne savait même plus si elle devait être en colère ou désespérée. C’était peut-être de sa faute. Après tout, elle avait privilégié ses études et sa carrière, délaissant la seule personne qui avait partagé son affection. Il avait raison. Elle était en tort. Mais il n’y avait rien qu’elle puisse faire pour y remédier. À part le laisser s’enfuir. Comme l’eau. Comme le temps. La jeune femme sortit de sa triste torpeur quand son téléphone se mit à sonner. Bêtement, elle pensa qu’il la rappelait pour s’excuser. Mais sur le téléphone, impitoyable, afficha en toutes lettres un autre contact. « Abuelita ». Un sourire triste s’afficha sur ses lèvres. Elle prit une grande bouffée d’air avant de décrocher pour tenter de cacher sa déception.

De l’autre côté de la Seine, par trois fois la tonalité retentit dans le grand appartement de Carmen Soto avant qu’elle ne puisse entendre la voix de sa petite-fille, à demi masqué par la circulations des quais.

— « Allô, Hermia ? C’est abuelita ! Ah oui, oui, c’est vrai ça s’affiche, j’oublie tout le temps…ces nouvelles technologies. Alors j’ai appris par ta mère pour ton nouveau travail, et tu ne m’as rien dit ! Je tenais à te féliciter, je suis vraiment très fière de toi, mi corazón. Il faudra qu’on s’organise un diner toute les deux, ça fait longtemps. D’ailleurs j’aurai voulu te parler de quelque chose quand on se verrait mais je préfère te le dire maintenant…. »

Carmen s’assit confortablement dans son large fauteuil, un sourire aux lèvres.

— « Voilà, est-ce que ça te dirais de déménager de Montmartre ? Oh je sais que ça sera pas aussi grand que chez ta mère mais voilà…mon appartement rue Clotilde est vide depuis huit mois et je dois te dire que je n’ai pas vraiment eut l’intention de le relouer depuis. Aaah, ton abuelita se fait vieille, tu sais. C’est vrai ? Tu es d’accord ? Ça fait plaisir, tu ne t’imagines pas à quel point ! Bon allez on en reparle devant un bon diner demain ce soir ? Oui, c’est ça. Te abrazo, mi querida ! »

Hermia raccrocha, peut-être un peu soulagée. Assise sur un banc, elle observait la Seine en perpétuel mouvement. Ni le temps passé ni l’eau ne reviendrait. Une page s’était tournée et rien ne servait de la retenir. Il fallait continuer à vivre. Paris ne l’attendrait pas éternellement.

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Tay, Ella, Camel, Ana, Elie, Sephora et Rio.