Nom complet ▲ bébé. sobriquet stupide naquit d'un prénom l'étant tout autant : bérangère. tout un monde à cette image. augustine, doux et léger. en honneur, sans doute, à la mère de marcel pagnol. et enfin, cohen. Lieu de naissance ▲ ailleurs. sans aucune importance. âge ▲ dix-huit années de souffrance. dix-huit ridicules années qui peuvent s'effacer. nationalité ▲ française. à jamais. diplômes, études ▲ terminale l, malheureusement. métier ▲ enfant maudite à ses heures perdues. non rémunéré, par malchance. statut matrimonial ▲ célibataire pour toujours. frivole, et sans attaches. orientation sexuelle ▲ le sexe n'est qu'un exutoire à son malêtre. femme ou homme, aucune importance. situation financière ▲ oisive. comme si cela n'était pas suffisant. idole(s) de vie ▲ aucune. rien ne trouve grâce à son esprit critique et noir. nombre d'amis facebook ▲ néant. moyen de déplacement ▲ à pied. âpre liberté. groupe ▲ écrire ici. avatar ▲ la belle crédits ▲ tumblr

DE 8H00 à 12H00▲ avant, la jeune fille aurait été réveillée aux aurores par une saugrenue infirmière morose. encore et toujours. triste routine. ensuite, une soupe à la grimace ingurgitée presque contre son gré. et quelques cachets aux couleurs monotones. à l'ancienne, stipulait la brochure. vous ignorez jusqu'à quel point. ensuite, dans la cage. étrange métaphore pour désigner cette sale d'étude ou certains poursuivait en parallèle les rares activités de leur vie passé, ou d'autres fixaient un point imaginaire. inlassablement. ceci, jusqu'à l'infini. désormais, rien ne diffère grandement. réveil chahuté. membres engourdis et rêve d'un trépas proche. pilules aux vertus insoupçonnées avalées si vite, et son désespoir se calme.


DE 12H00 à 14H00▲ amassés dans un réfectoire à la superficie réduite, tous ces fantômes du passés se nourrissent à la manière d'un bétail mal entretenu. la même infection pour tous, collective. serrés les uns contre les autres, faute de place. à eux tous, ont-ils une pâle existence ? un semblant de vie, du moins. peut être aucune, toutes ces âmes bannies du monde réelle, et désormais prisonnières d'ici. on endroit hors du temps, où plus rien ne compte. une exile où personne n'a vraiment sa place. désormais, elle s'abandonne sur une marche et y fait le vide. elle chasse le brouillard de son esprit, croquant de temps à autre dans une pomme vermeille. parfois, elle se vagabonde dans les rues, à son aise.


DE 14H00 à 17H00▲ autrefois, cette période était banalisée pour les entretiens. sur cette longue liste précieusement gardée par l'horrible infirmière, défilaient les noms de chaque patient. eux, ils observaient le temps filer, assis sur de ridicules petites chaises en formica. toujours ternes. un à un, par ordre alphabétique, ils allaient au supplice. moral, à bon entendeur. comme si ce stupide divan mité, comme si la fausse lumière chaleureuse allaient y changer quelque chose. car les questions, elles, ne font que vous faire sentir d'avantage comme une proie. elles sont si personnelles que vous vous demandez comment elles peuvent aider à un quelconque développement. et lorsque le tour de bébé venait, elle se sentait si vulnérable! pourtant, il le fallait, et une heure durant, elle devait se plier au discours idiot du psychiatre, et s'évertuer à mentir. la fausseté était l'unique moyen de sortie. depuis sa nouvelle liberté quelque entravée par le lycée, elle réserve cette plage horaires aux cours. s'il s'agit d'un week-end, elle s'en ira flâner ailleurs, dans une bibliothèque par exemple.


DE 17H00 à 20H00▲ lors de cette époque révolue, il s'agissait du temps libre. rare moment de réconfort. bébé lisait ses romans coup de cœur, tel que faust lors de sa dernière semaine, et s'adonnait à la rêverie. parfois, si sa chambre demeurait vide elle s'en allait chercher en vitesse son journal dissimulé sous une latte de parquet. celui-ci était joliment orné d'un "people i want to punch in the face" sur la couverture. titre extrêmement explicite. elle y inscrivait ses pensées, ses ressentis, y dessinait parfois. elle y refoule, toujours aujourd'hui, sa folie en quelque sorte. toute cette insanité que tous veulent voir disparaître mais qui pourtant, ne fait que faire partie intégrale de son âme. même de nos jours, ce rituel ne l'a pas quitté, sauf qu'elle n'a plus besoin de le cacher réellement, et qu'elle n'hésite pas à l'emmener avec elle partout.


DE 20H00 à 24H00▲ deux somnifères délivrés par cette éternelle infirmière morose. les premières mois, il n'était pas difficile de les cacher sous sa langue afin de ne pas se laisser emporter par morphée, mais au fil de son expérience, cette fourberie touchait à sa fin. ingurgités de force, parfois. cela vous plongeait dans un sommeil sombre, où l'échappatoire n'était que la voix de mégère qui tonnait qu'il était huit heure. les rêves n'avaient plus leur place autrefois tant chérie. l'imagination semblait en ce lieu un mal révolu. un endroit de perdition. depuis sa sortie, morphée l'ignore. ses yeux ne se ferment que trop tard, le soleil à peine levé. ses démons la poursuivent, inlassablement.


DE 24H00 à 8H00▲ sueurs froides. souffle saccadé. tics nerveux. son corps déraille. son mental défaille. plus rien ne va, tout sombre peu à peu. hello darkness my old friend, i've come to talk with you again. ses mains se crispent sur le drap trempé. ses jambes se tordent étrangement. les larmes viennent, toujours et encore. sa bouche s'ouvre, mais rien ne sort. quelque mal la tourmente inlassablement. le mal, et la haine, sa sœur. la souffrance, sa cousine, n'est qu'une conséquence. ses ongles griffes et font saigner. délicieuses gouttes vermeilles, fruit de ce moment de démence.

un sourire dégoutant. cette rangée de dent, pareil à celles d'un redoutable prédateur, la nargue étrangement. si blanches, mais sombres en même temps. feinte gentillesse qui dissimule que d'arrières pensées. sa petite moue d'enfant disparait, et se fausse derrière un rictus léger. elle sert davantage la main gracile de sa mère, et se cache derrière sa longue jupe plissée. le monde la terrifie, et la laisse déjà si perplexe. si proche d'être désillusionnée, même si cela ne saurait tarder. un jour où l'autre, cette inique réalité la percutera, comme nous tous. son regard rêveur se pose sur la foule grouillante, et l'examine déjà avec un dégout non contrôlé. la laideur l'inquiète, et cette absurdité qui se lit sur leurs visages faussement épanouis ! ces sourires sans raison, et cet esprit si simple! un haut le cœur lui vient déjà. elle s'agrippe encore plus à sa mère, se confortant dans la douceur. « oui, mon cœur ? » s'inquiète-t-elle innocemment. la désignée écarquilles ses yeux. de sa rêverie ainsi tirée, elle peine à retrouver le fil de la réalité. « on s'en va maman ? » bredouille bébé, la mine boudeuse. si jeune, l'humain n'a de grâce à ses yeux. si jeune, la vie a perdu sa saveur, et n'est plus qu’insipide. « maintenant ? ce n'est pas un peu tôt ? » se plaint cette grande enfant. toujours, elle a conservé son mental d'autrefois, comme si tomber enceinte si jeune, et si fragile l'avait empêcher de grandir. les rôles sont presque inversés. bébé veille sur sa tendre mère qui peine à sortir de son adolescence à peine trépassée. « tu décides, après tout. » se résigne-t-elle avec plaisir, malgré tout. les concessions ne sont que quotidien lorsque l'un possède plus de maturité que l'autre. mais, n'est-ce pas après tout que du pessimiste ? cet esprit critique et réaliste n'est-il pas qu'une vision morne et trop franche de la triste réalité ? ne faut-il pas parfois une once d'idéalisme ? bien évidement. lorsque l'on est déjà valdingué ce monde inique, à quoi bon ? l'on ne fait que voir par son prisme, en somme. chacun décide. tout comme cet imbécile ; il a pensé avoir emprunté la voix idéale, mais aussi sombre que son âme. il a osé croire en l'amour une piètre fois, et est tombé de haut. il en était incapable, s'en est-il rendu compte à ces horribles mots qui lui annonçait un tel bouleversement. crise et larmes. étais-ce un crime de fuir ? le malheur, as-t-on le droit de le fuir si on le partage avec un autre que soi ? s'il est fait à deux ? et si l'origine du problème, ce qu'il a quitté, est un bébé ? vaste question. les explications se contredisent et se heurtent à la raison. son esprit s'embrouille et est pris d'un brouhaha infernal.

peu importe.

peut importe. rien ni personne ne lui en tiendra rigueur, si jamais elle meurt. son corps abandonné prendra la poussière dans le néant, et aucun ne viendra honorer sa mémoire. si obsèques il y a, sa tombe demeurera vide de fleur. c'est le prix à payer de l'extrême différence, de la solitude. elle est en a toujours eu conscience, et cela la détruit. savoir qu'à jamais vous serez oublié, et que rien ne peut y remédier est un gouffre profond. bébé résonne avec pessimiste, affalée dans sa baignoire, l'eau brûlante coulant doucement. les larmes roulent sur ses joues, et viennent se déposer dans le creux de son cou. elles attaquent sa peau, et laissent des traces indélébiles. sa main court le long de son avant-bras. que d'injustices. que de mésaventures. que davantage de raisons, mais qu'une solution. freak. lit-elle sur son ventre, sauvagement entaillé. un liquide vermeil y luit encore. la beauté de la souffrance. une goutte s'y échappe bientôt, et se fraye un chemin jusqu'à une voisine. un peu plus loin se dessine fat en lettres hachées, mais d'une taille risible. sans doute à bout de souffle. et tant d'autres s'en suivent! que de tristes conséquences! souvent, elles ne sont causées que par la méchanceté humaine, et le rejet. un mauvais regard la détruit, la ravage. des murmures haineux la font défaillir. à fleur de peau. en toute circonstance. un défaut ? peut être. ses yeux se ferment, et la coupent quelques instants de ce monde inique. ses doigts se ferment sur un objet métallique si salvateur. sa lame n'est qu'une promesse et sa faiblesse une entrave. bébé la fait jouer le long de son poignet et remonte doucement. la douleur est lourde, mais la rend plus légère, étrangement. un flot épais pleure lentement. il déverse sa misère. l'eau déborde. la mère cri. son monde est déjà détruit. adieu la vie, elle espère.