Tic, tac, je tournais en rond, incapable de sombrer dans les bras de Morphée. J'avais beau la désirer, rien n'y faisait. Cette garce me repoussait, cette garce ne voulait pas de ma présence. Je lâchais un profond soupire tout en repoussant ma couette. J'étais là, avec ce short et ce large t-shirt de Camel en guise de pyjama. Je me frottais le visage, je me tournais sur le ventre. Je n'aimais pas rester là. Je n'aimais pas rester là, seule. Avant, je partageais ma chambre avec Wael. Mais ça, c'était avant. Il était à présent loin de moi, dans une autre pièce ; il était également loin de ma personne, dans une autre vie. Il s'en foutait de nous. Ce n'était plus pareil, plus du tout. Unis, c'est ce que nous étions. Inséparables. Indissociables. Insurmontables. Tout, tout s'était effondré le jour où il avait pris la décision de perdre tout ses kilos, de perdre ce qui faisais de nous un tout. Je sentais déjà ses fâcheuses larmes monter à mes yeux. Il me manquait. Il avait beau être quotidiennement auprès de moi, ce n'était plus le même, ça ne serait plus jamais le même. J'avais perdu une de moi-même que je n'arrivais pas à retrouver, une relation que je ne possédais pas non plus avec Camel et Saad. Cette saloperie me manquait. Brusquement je me levais, balançais ma couette et quittais ma chambre. Je pénétrais dans notre cuisine, attrapais une bouteille de coca-cola et m'affalais sur une chaise. Je buvais, déjà, me souciant peu de ses goûtes qui glissaient le long de mon menton. Je m'en foutais de tout ça, ça n'avait aucune importance. J'étais silencieusement en larmes. La porte d'entrée claqua. Je me retournais. C'est qui ? demandais-je sachant pertinemment la réalité. Il arriva devant moi. Je ravalais avec difficulté ma salive. D'accord. Cette soirée était définitivement pourrie. Comme tout en ce moment. Rien n'avait de sens, rien. Je le dévisageais, cherchant à comprendre où est-ce qu'il se trouvait, avec qui, comment et pourquoi. Tu étais où ? La question exacte aurait été : avec qui as-tu décidé de passer du temps, te souciant peu de moi ? Mais je fermais ma grosse gueule en sa présence. J'étais même plus capable de parler, même plus capable de dire ce que je pensais. Apeurée. C'était bien ça l'mot. Ce n'était plus le même. Ce n'était plus ce frère, ce jumeau, cette moitié de moi-même. Désolée de constater cela, je cachais mon visage avec mes mains et me laissais pleurer, espérant que Wael pense que j'étais seulement fatiguée. J'craquais. Je n'y arrivais plus.