t'es loin de chez toi, tu ne sais pas exactement ce que tu fais dans le coin (ni même comment tu y es arrivé), mais toutes ces personnes murmurant que ia station de métro mubert était the place to be ce soir ont fini par attiser ta curiosité. de toute façon, t'as rien à faire d'autre, personne ne t'attend pour daigner t'expliquer le principe de la saint valentin, en dehors du chat que t'as presque adopté à force qu'il te fasse les yeux doux tous les matins. fête commercial ou pas, tu considères ce jour comme un autre. pourquoi faire plus d'attention en cette journée pour celui ou celle que l'on aime ? de toute façon, il faut bien que tu te changes les idées à force de rester isolé dans ton coin ou derrière ton appareil photo. t'aimes bien ton boulot, mais d'une façon générale on arrive facilement à te prendre la tête. à défaut de comprendre ta manière de travailler. et puis qui dit 'bonne soirée' dit que tu croiseras certainement des têtes connues anyway, bien que tu ne leur aies pas touché un mot. c'est quasiment tacite ce genre de choses. ils sont réglés comme des horloges, c'en est hallucinant : parlez de soirées, n'en dites pas trop et pas mal rappliquent. bref, tu criseras pas à cause du monde autour de toi et tu te détends rien qu'à cette idée. point de rendez vous. y'a pas grand monde. et surtout pas tes potes. great. tu te mords la lèvre. quelques groupes éparpillés dans tous les sens qui te confirment que tu ne t'es peut être pas planté et que ce n'était pas une vieille rumeur, faut croire que c'est pas l'heure de partir à la recherches des 'indices' dont tout le monde parle tant. tu fais comme d'habitude, tu restes dans ta bulle, sans approcher qui que ce soit. appuyé contre un mur, tu te mets à rouler tranquillement, parce que mine de rien t'es pas si détendu que cela.

J’ignore encore comment j’en suis arrivée là, à courir comme une dératée dans le métro histoire d’arriver à l’heure. A l’heure à quoi ? Je ne sais pas, très franchement et je n’arrive même pas à me faire une idée du délire dans lequel j’ai du m’embarquer. C’est juste quelqu’un au travail, au téléphone qui a mentionné la Saint-Valentin et ça m’est revenu : La Station Maubert. Après tout, j’étais pas loin, et papa désespère que je ne sorte plus depuis que l’on est revenu vivre en France. Disons que ce soir est le soir où j’aurais essayé de rejoindre la masse, à défaut de vouloir l’éviter. C’est à bout de souffle que j’arrive à la station censée être le point de rendez-vous d’un gros tas d’amoureux de la Saint-Valentin et je me retrouve forcée de constater qu’il y’a peu de monde, que je ne dois donc pas être la seule à être arrivée en retard, ou alors à m’être fait bernée et quelque part y’a la caméra et je ferais très certainement mieux de ne pas m’éterniser ici. Après tout, c’est pas comme si j’allais être rejoint par mes amis ou comme si j’allais éprouvé l’irrépressible besoin de fêter la St-Valentin alors que moi-même, je n’ai jamais ressenti le besoin de chouchouter personne, enfin personne d’étranger à ma famille. Pourtant, s’t’histoire de chasse au trésor me paraissait sympa. Assez spéciale pour une soirée, et surtout j’vois pas qui d’autre aurait assez de temps à perdre pour ça pour le faire mais bon, je m’étais prise à tenter le jeu et maintenant c’est que ça me ferait chier de repartir. Et ça serait si simple d’être fixée, suffirait de demander. Sauf que voilà, j’veux pas paraître ignorante et aborder les inconnus, c’est pas un art que je maîtrise. Puis faut aborder la bonne personne, celle qui doit savoir. Peut-être comme le mec hyper louche là-bas qui s’roule sa clope en regardant tout le monde comme s’il allait être pendu sur place public. Allez, je n’ai rien à perdre. « Hey toi ! T’es là pour chercher des indices ? » Je fais mine de savoir de quoi je parle alors que non, mais quelle importance. Il suffirait juste d’être fixée sur le fait que je suis pas là pour rien.

Spoiler:

La Saint-Valentin, quel jour barbare. Un jour qui rapporte gros aux commerces. Voilà, c'est tout. Mais à nous, pauvres petits consommateurs que nous sommes, ça ne nous rapporte que des violents râteaux.
Voilà donc pourquoi je suis là, dehors, l'air béat, à regarder ces vieux stéréotypes de couples s'embrasser. BEURK. Rien qu'à les regarder, je n'ai qu'une envie : vomir. Tu bouges enfin, espérant ne plus avoir à regarder un tel cauchemar.
J'entends beaucoup de gens, et quelques conversations au sujet commun me surprennent. Je décide alors de suivre un petit groupe, de jeunes adolescentes pas très farouches, camouflées sous leur fond de teint, bref, l'exemple parfait des cruches auxquelles je m'en prends au lycée. Mais cette fois, je les suis pour en savoir plus. BOUARK. La curiosité, c'est mal, mais c'est pas la pire des choses que j'ai faite.
Vous arrivez finalement dans la station Maubert, quelques mètres sous-terre, où j'ai l'habitude de passer un petit bout de temps. Pour me concentrer, je plisse les yeux, histoire de reconnaître quelque personne (de préférence sans cruche, ou brau d'eau -sùsù, je les appelles comme ça les mecs).
Puis je finis par reconnaître un visage : Linoa. Ah, cette Linoa. Elle a un bon fond, mais la pauvre, sa vie est tellement stricte. J'agite alors mes mains pour lui montrer que je suis là, et puis la rejoins. En fait, je n'aurai jamais dû agiter les mains. Elle n'est pas seule. Peut-être que je viens de gâcher sa Saint-Valentin. Je m'en veux un peu.

Spoiler:

Pitoyable, commercial, chiant. Voila à quoi se résume la foutue Saint-Valentin. Oh Paris, la ville des namoooureux, la ville romantique, on l'on veut s'embrasser sous THE tour Eiffel, se balader main dans la main sur les Champs-Elysée, dîner au fouquet's et se regarder amoureusement au bord de la Seine. Que c'est gnangnan, dégoûtant, ahurissant. Vous ne savez pas à quel point cette fête je la déteste. Ça pourrait être super si c'était quelque chose de plus naturel, moins commercialisé, plus libre, plus parisien. En allant au boulot, les couples avaient l'air de se foutre de moi. "Oh, bonté divine, elle est seule pour la Saint-Valentin" me lançait cette dégoûtante voisine prude, bourge et hyper-catholique. Si il y aurait pas eu ses put**n de morveux je l’aurais dérouillé. Breeeef. Heureusement, il y a les gens comme moi, ceux qui évitent les cruches et qui cherchent mieux à faire, comme aiguiser ta curiosité. J'ai entendu parler d'une "chasse au trésor" qui serait super bien, genre. Mais je suis curieuse, et encore une gamine, au fond, alors maintenant je me retrouve dans le métro pour rejoindre la station Maubert. Je crains ? Oh que oui. Au bout de quinze minutes je descends et comme je vois qu'il n'y a pas plus de trente personnes, pour la plupart des gens surexcités qui pensent sans doute partir au Seychelles si ils gagnent, puis les curieux, comme moi, je fais genre je vais me cherchez un café au stand et j'essaye de voir si je connais au moins quelqu'un. Non, pas pour le moment. Déçu, je soupire, me pose sur un mur et me laisse tout doucement glisser contre. Je me retrouve alors assise par terre, café à la main, tapotant du pied et entrain de regarder le vide, attendant l’animation. J'entends soudain une personne se rapprocher de moi.