Première journée au lycée, c’était la rentrée. La seconde, elle en avait tant rêvé. Seulement, le fait de ne connaître personne – encore une fois – l’a mettait sur la touche et elle ne supportait pas ça. Ce n’était sûrement pas la place d’une Burgess-Coal. Elle soupira, légèrement agacée. Sa jumelle n’avait même pas était placée dans la même classe qu’elle. Une aubaine pour les deux jeunes filles qui n’avaient jamais été séparées. Elle était désormais bien seule, avachie au fond de cette salle de classe. Attendant que leur professeur principal vienne faire son speech. La pièce était plus au moins remplie et dans les minutes qui suivirent, toutes les places avaient été occupées. Sauf celle près de Calie. Genre comme si elle avait la peste. Putain de française. Le prof fit enfin son entrée, se plaçant devant son bureau. Il prit son temps, afin de déballer ses affaires, ce qui la fit une fois de plus soupirer. Alors qu’il semblait prêt et qu’il allait enfin commencer son petit discours, il fut interrompu par le grincement de la porte. Signe que quelqu’un entrait. Une retardataire. Celle-ci ne prit même pas la peine de s’excuser et s’avança d’un pas nonchalant jusqu’à la place libre près de Rosemary, où elle s’y assit sans un mot pour sa voisine. Toute la classe avait suivi des yeux son aller dans la salle de cours, murmurant sur son passage. Pourquoi, d’ailleurs ? Elle fronça les sourcils, cette fille devait soit sûrement être une sorte de fille populaire ou bien alors, tout l’inverse. Elle pria pour la première supposition. Le prof commença a blablater mais Calie ne l’écoutait pas. Elle faisait jouer ses doigts sur la table, ennuyée par cette rentrée. La jeune fille à ses côtés la regardait faire, un léger sourire étiré sur ses lèvres. Puis, elle coupa enfin le silence dans lequel s’était muée sa voisine. « - Tu t’appelles ? » Rosemary leva les yeux vers elle, étonnée qu’elle lui adresse la parole. « - Caliopee, mais je préfère qu’on m’appelle Calie. » Elle acquiesça et continua dans sa lancée : « - Moi c’est Samantha, mais tout le monde m’appelle Sam. » De cette mini présentation, s’enchaîna une longue discussion, où Calie lui apprit qu’elle était arrivée sur Paris depuis trois ans et qu’elle était anglaise. De son côté, Sam lui avoua qu’elle avait été au collège avec la plupart des filles de la classe et qu’elle était plutôt bien connue. « - Tu parles étonnamment bien le français, pour avoir débarquée il y a tout juste trois ans. » « - J’ai appris sur le tas, pas le choix. » répondit-elle, en haussant les épaules. Leur conversation aurait pu durer jusqu’à la fin de la présentation de leur professeur principal si celui-ci ne les avait coupé dans leur élan. « - Mesdemoiselles, je vois que ce que je raconte ici, ne vous intéresse pas. Je vous invite donc à prendre la porte et à continuer tout ceci dans le café d’en face. » Sam ne le se fit pas dire deux fois, elle ramassa ses affaires et quitta la salle de cours, de la même manière qu’elle y était rentrée, Calie sur ses pas. A mi-chemin vers la sortie, elle se retourna vers elle et énonça dans un sourire énigmatique : « - Je sens que toi et moi, on va faire des merveilles, chérie. »

Un rire. Puis un autre. Une jeune blonde est effondrée sur le lit, ses pupilles dilatées. Est-elle défoncée ? Oui, assurément. D’ailleurs, la présence de plusieurs paquets de poudre blanche est là pour témoigner les faits. Ils sont trois, sur le lit et ils rigolent, à ne plus en finir. Pourquoi ? Seuls eux le savent, peuvent le comprendre. Un délire de jeunes drogués, sans doute. Scène pathétique, de trois jeunes qui foutent leur vie en l’air. Deux blondes et un brun. Calie, Sam et Tony. Ils ont tout les trois un seul point commun : ils trouvent la vie merdique. Et pensent que c’est avec un peu de poudre magique, que celle-ci s’embellira. Mais c’est faux. La réalité reste-t-elle qu’elle est. Morne et triste. Ils ne sont même pas chez eux. Ils sont dans un motel, en dehors de la ville. C’est le week end et ils ont prévu de se défoncer pendant tout ce temps. Et c’était bien parti. Calie ne contrôlait plus trop ce qu’elle faisait et c’est, surement pour cela. Qu’elle se retrouve à cheval sur le gars, lui roulant des pelles. Sam, assistant à la petite affaire. Elle remue lascivement du bassin, imitant l’acte du coït et perçoit déjà la virilité du jeune grandir contre son ventre. Ils sont en sous-vêtements, leurs peaux se frottent, leurs sens s’aiguisent et ils ne font plus vraiment attention de tout ce qui les entoure. Sam les observe, puis se tape un trait. Elle prend la caméra, posée au sol et l’allume, la tournant vers les amants. Tout deux ont continué leur manège. Calie se retrouve à présent dos contre le lit, le brun au-dessus d’elle, gémissant sous ses caresses. Et ils baisent là, sans douceur alors que la caméra filme leurs ébats. Après qu’ils aient fini, elle attrape la bouteille de vodka et en vide un tiers. Elle prend le joint posé dans le cendrier et le rallume. Joint post baise, the best. Lui, il se tape un dernier trait et après quelques minutes, commence à se sentir mal. Des hallucinations le prennent et il se met à parler comme un fou, débitant des phrases sans queue ni tête. Il a chaud, mal à la tête, se demande ce qui se passe. Les filles ne réagissent pas tout de suite, pensant qu’il se fout de leur gueule. Mais c’est tout autre chose, il fait une overdose. La première blonde commence à comprendre et panique. Elle prend ses cliques et ses claques, pressant Calie d’en faire de même. Mais elle ne peut pas se détacher de cette scène, de cet homme qui va mourir si elles ne font rien. Elle attrape son téléphone et commence à composer le numéro du samu. La brune lui prit d’arrêter mais elle n’en fait rien. « - Bonsoir.. mon ami est en train de faire un overdose. Motel Paname, sortie ouest. » Elle raccroche, se précipite sur ses vêtements, qu’elle enfile n’importe comment, ramasse la moindre trace qui prouverait qu’elle était là. Et sort, à la suite de Sam. Elle court dehors et se cache derrière une voiture. Son acolyte est déjà bien loin. Une ambulance ne tarde pas arriver et au bout de quelques minutes, c’est un brancard qui entre dans l’ambulance. Un drap sur le corps. Il est mort.. Elle a laissé mourir quelqu’un. Et devra vivre avec ça, sur la conscience.

Ça faisait des jours, trop de putain de jours qu'elles ne s'étaient pas revues. Depuis ce putain d'accident, depuis la mort de leur meilleur ami. Calie l'avait cherché partout, à travers Paris afin de s'expliquer avec elle, de chercher à comprendre pourquoi elle s'était enfuie, sans chercher à savoir si leur meilleur ami avait une chance de s'en sortir. Elle était juste partie et elle l'avait laissé toute seule. Calie l'avait cherché dans tout Paris, mais personne ne savait où elle était. Même ses parents n'avaient pas voulu répondre à ses questions et elle ne répondait pas à son foutu portable. La blonde en devenait folle, tapait des crises, criait à qui voulait l'entendre qu'elle avait besoin de Sam. Mais Sam n'étais pas là. Elle s'était juste évaporée. La laissant se démerder avec son terrible secret. Bien sûr que jamais de la vie, elle ne serait allé voir les flics pour expliquer comment ça c'était passé. Pour finir accusée et voir la déception sur le visage de son père et de sa jumelle. Jamais de la vie. Mais elle n'en pouvait plus de ce poids qui la tirait ver le bas. fallait qu'elle en parle, qu'elle évacue. C'est comme ça que Pandore se trouva complice de ce secret. Mais c'était pas suffisant pour Calie. Sa jumelle glissa l'idée de changer de mode de vie, d'oublier Sam qui n'avait jamais rien fait pour la tirer vers le haut. Et au fil des jours, elle se laissa emballer par l'idée. C'est comme ça qu'elle se retrouva aux bras d'un parfait gentleman parisien. Elle, la fille qui n'avait jamais eu de relations sérieuses. Puis Sam était revenue comme une fleur, comme à son habitude. Comme si rien n'était arrivé, comme si les semaines n'étaient pas passées. Comme si Calie n'avait pas travaillé pour changer de vie. Elle était revenue un beau matin, la bouche en coeur, sortant un simple : « - Chérie, tu me manques. Viens, on sort ce soir. » Calie avait pété les plombs, de la voir comme ça. De voir que elle, elle pouvait faire comme si rien ne s'était passé, comme si Tony n'était pas mort, tout seul. « - Et t'étais où hein ? Quand j'avais besoin de toi, quand moi je pleurais tout les soirs. T'étais où bordel ?! T'es qu'une garce Samantha, une putain de garce. Tu m'a laissé toute seule, dans ma merde. Je t'ai cherché partout mais t'étais où putain. » Elle voulait savoir après tout, elle en avait le droit. « - Je.. je suis partie, c'est tout. Juste quelques semaines. Tu va pas me faire un flan quand même ? Et puis, qu'est ce qu'il se serait passé, si jamais t'avais eu la folle idée de parler aux flics. Dans une pseudo période où t'aurait pu t'en vouloir et avouer qu'on était toutes les deux sur les lieux hein. Dis moi Calie, qu'est ce qu'il se serait passé pour nous ? » Alors c'était ça.. Elle avait juste flippé à l'idée que Calie se mette à parler. Comme si c'était son genre. L'idée que Samantha doute d'elle lui fit plus mal qu'elle ne l'aurait cru. « - Va te faire foutre Sam. Après tout ce temps, t'as pas confiance en moi. Comme si j'aurai pu un jour, nous foutre dans la merde toute les deux. En attendant, t'es partie comme une lâche. J'étais toute seule, bordel. Et maintenant hein, qu'est ce que tu crois que je suis devenue, sans toi ? La fille que mon père a toujours rêvé d'avoir. Une fille sans histoire, casé avec le même mec. Et j'sais pas si j'vais te pardonner ça, de m'avoir laissé toute seule. » Sur ses mots, elle quitta Sam. Leur amitié n'était peut être pas morte mais après ça, elle aurait du mal à se relever.

Le Queen. Un vendredi soir. Lieu où toute la jeunesse dorée parisienne vient échouer, après une soirée chez l’un, chez l’autre, dans des galas, des bordels. Qu’est-ce qu’elle en savait. Elle n’était pas vraiment fan de cette boite. Parce que la rumeur courrait chez les provinciaux, que tout le gratin de Paris y venait finir tranquillement la semaine – ce qui était vrai, certes. Mais ces personnes ne se mélangeaient pas aux autres et restaient au chaud, dans leur carré vip. Et bon dieu, qu’elles avaient raison. Parce que c’était dans l’espoir de pouvoir respirer le même air qu’elle, que de dizaines de petite campagnarde économisaient des semaines pour avoir le luxe de se payer une seule soirée, dans cet endroit. Pathétique. Calie, elle, n’avait même pas besoin de sortir le moindre billet pour y avoir sa place. De par son nom et ses fréquentations, on lui évitait des fils de queue et on lui souriait, quand elle entrait dans les lieux. Mais pour l’instant, elle se gelait depuis une vingtaine de minutes devant la boîte, au bord de l’explosion. Foutue française, foutue Samantha. Elle savait très bien qu’elle était du genre impatiente mais non, fallait qu’elle soit en retard. C’est bien ce qu’elle disait, foutue française. Alors qu’elle pestait contre elle, mademoiselle arriva comme une fleur, tout sourire. « - Ma chérie ! Désolée de t’avoir fait attendre mais fallait que je fasse un truc avant. T’es là depuis longtemps ? » Si elle était là depuis longtemps ? Non mais.. elle se foutait de sa gueule ou bien ? « - Sam, je pense que je vais te tuer. Ça fait bien une demie heure que je t’attends et que je me gèle. C’est la dernière fois que je t’attends autant de temps, la prochaine fois, tu te démerde. Et puis t’as vraiment intérêt à te rattraper. » Samantha éclata de rire. « - Chérie, chérie, chérie.. Ce que j’ai dans mon sac vaut toutes les excuses du monde, crois-moi. » Quelques minutes plus tard, à l’intérieur. Le Queen était aussi remplit qu’il pouvait l’être un vendredi soir. Les gens dansaient, les gens criaient, les gens s’amusaient. Et Calie regrettait déjà d’être ici. Pas le temps de se prendre un verre, que sa meilleure amie l’entraînait déjà dans les toilettes. Elles rentrèrent à deux dans un compartiment, pas vraiment discret. Elle attendait, Sam fouillant dans son sac. Puis, se tournant vers elle, avec un large sourire et un beau sachet de coke à la main. « - Tadam ! C’est cette petite merveille qui m’a fait arriver en retard. La meilleure sur le marché, tu m’en diras des nouvelles. » lui disait-elle, en lui tendant le sachet. A ce moment précis, Rosemary voyait rouge. Et elle sortit des toilettes, sans un mot. Il lui fallait un verre. Tout de suite, avant de péter un câble. Son verre à la main, elle vit se ramenait, toute penaude. Calie vida son verre d’une traite, avant d’exploser. « - Tu te fous de ma gueule là ? Ou est-ce que t’es complétement conne ? Je vais te le répéter combien de fois que je veux plus voir ça hein. Putain mais es-tu stupide ou merde.. » Elle s’arrêta quelques secondes, le temps de recommander un verre. « - Écoute-moi bien Samantha, parce que c’est la dernière fois que je le répète. Je ne veux plus jamais voir cette merde de ma vie, c’est clair ? » Elle hocha la tête. « - Je suis désolée, j’ai merdé.. Encore. » Elle ne répondit pas, vidant son deuxième verre. « - C’est toujours aussi pourri, ici. » Sam sourit. « - Tu te souviens, de ce qu’on faisait avant, pour passer le temps ? » La blonde s’était mise à réfléchir. « - Attends, tu parles des défis.. ? » Sam fait le tour de la boîte, un large sourire étirant ses lèvres. « - Ouep et je crois bien en avoir trouvé un à ta hauteur. » Elle lui désigna un mec, assit de l’autre côté du bar. « - Lui et je veux une preuve, tu connais la règle du jeu. » Calie s’était mise à rire, elle n’avait jamais perdu un défi et elle ne comptait pas commencer aujourd’hui. « - Défi relevé, ma belle. »