Elle fixait l'objet qui se fracassait contre le sol avec une telle attention qu'elle sentie une douleur au fond de ses pupille. Elle n'avait pas l'habitude de sentir les choses lui glissaient entre les doigts avec subtilité pour finir par se perdre dans le carrelage immaculé de sa cuisine. Ce verre qu'elle venait de remplir avec une main tremblante venait de se briser lamentablement éparpillant la texture de l'alcool qu'il contenait dans les fissures du sol, caressant les pieds nus de la jeune femme qui n'arrêtait toujours pas de fixer le sol avec insistance. Elle cligna des yeux une fois, voyant alors apparaitre devant elle une vision familière. Du sang trempé dans sa chaire, des yeux qui la fixaient sans ce lassé de sa beauté. De nouveau la même vision, plus intense, comme si cette tête au sol qui la fixait respirer encore et que son souffle arrivait à l'atteindre. Elle recula, écrasant un morceau de verre, touchant de son corps le mur qui était derrière. Elle tremblait de nouveau cherchant désormais un nouveau repère de ses yeux effrayais dans cet appartement qu'était le sien. Chancelante, elle s'aidant d'une main sur le mur pour avancer dans son appartement. Pour tenter d'émerger de l'illusion qui venait d'accélérer tout son être. D'une main elle tenta d'apaisait ses yeux qui commençait à lui bruler. Le monde tournait désormais et ouvrir les yeux plus grandement l'aidait pas. Son épaule se cogna contre l'une des dizaines d'étagère de livre qui avait pris place dans son salon. Elle se retourna face à ce contact comme effrayait par l'idée que quelqu'un soit là pour marcher sur l'un des voiles qui constituait son sari et perdre ainsi l'équilibre fébrile qui jusque-là la tenait.

Le noir l'avait envahi. Un dernier regard perdu sur le plafond qui se tenait devant elle, avant de disparaitre totalement. Les choses ne s'arrangeaient guère. La nuit n'était toujours pas une alliée pour elle. Parvati n'y arrivait pas. Elle n'arrivait pas à faire disparaitre ses mauvaises habitudes qui jadis n'avaient jamais existé. Fuir le cinéma n'était pas donc pas le seul sacrifice qu'elle devait faire. Elle avait encore beaucoup à faire. Beaucoup. Couché sur le sol, assommé et loin de tout, c'est quelques rayons de soleil qui lui avait redonné la force d'ouvrir les paupières et de dire bonjour à ce nouveau jour. Sentant une douleur dans le bas de son dos, elle peina à se relevait. Son sang gisait à petit dose dans le sol, comme des traces d'un chemin oublié. Elle s'était coupée, c'est vrai. Peu à peu, quelques souvenirs de sa nuit réapparurent. Puis cet instant ailleurs, ce moment qui au fond ne lui appartenait même pas.

Elle était en manque, c'était ça. Elle s'était dit qu'une journée ou deux sans ne serait pas catastrophique, qu'elle pouvait le faire. Que c'était même mieux ainsi, mais elle ne s'était pas attendue à ce que son corps lui prouve le contraire. Elle tenta de reprendre la situation en main en cette matinée, nettoyant les dégâts, désinfectant cette plaie et prenant une douche... Une longue douche. Elle pouvait se réjouir ou se détestait, mais aujourd'hui elle savait qu'elle aurait sa dose. Elle avait un rendez-vous, une chose qu'elle ne pouvait pas ratée. Et plus l'heure approchée, plus elle avait l'impression que les choses empiraient. Elle se décida cependant à tenter de se changer les idées en attendant qu'elles doivent se rendre au bar. Elle parcourue la ville, tentant de perdre son impatience dans les rues, munie d'un appareil photo. Comme se cachant derrière l'appareil, pour ne pas montrer son visage. Oh non, elle n'avait pas une tête de morte-vivante, elle savait cacher ce genre de choses. Mais au plus profond de son regard, on pouvait y voir qu'elle était loin d'être aussi joyeux qu'à l'accoutumé.

Elle entra alors dans le bar, elle n'y venait pas souvent. De temps en temps, sans vraiment taper la causette pour autant. Le son d'un piano se fait entendre et son regard se posa alors automatiquement sur celui qui allait la sauver ou la détruire. Ses mains défilent sur le clavier avec tel légèreté que Paro en ait presque charmé. La musique est une chose importante en Inde, elle est presque aussi vitale que le cinéma. Elle s'approcha alors lentement et alors qu'elle arrive à lui, il change soudain de musique pour quelque chose d'autre. Du Jazz. Elle aurait pu lui offrir un très beau sourire si elle en avait eu la force.

« - Ok. » un léger sourire face à Uriel. Elle ne voulait pas non plus se faire prendre lamentablement et montrer son impatience grandissante. Elle décida de s'installait tout près, histoire d'attendre tranquillement et de pouvoir aussi, d'un certain côté, voir Uriel faire son professeur. Celui-ci lui demanda alors si elle avait vu la nouvelle serveuse. Fronçant les sourcils, elle cherchant dans l'endroit de qui il parlait. Une rouquine pointait-il du doigt. Erk. Yak! Une rouquine. Elle reposa ses yeux sur lui alors qu'il reprit la parole.

« - Very Funny. » laissa t'elle échappé, un sourire plus large que le précédent. Avait-il perçu qu'elle n'était pas dans son assiette ? En même temps, il n'était pas aveugle. « - Mais je ne vais pas te contredire, j'suis largement plus séduisante qu'une pauvre serveuse.... » La modestie, ce n'était pas son fort. Et puis une rouquine quoi... C'est quoi cette espèce en voie de disparitions. En Inde, il n'y en avait... presque pas. Oh y'avait de rares exceptions, mais celle-là était loin d'être jolie. Elle avait juste une belle paire de fesses. « - Quel morceau tu lui enseignes à la pauvre petite ? » la curiosité. Elle se souvient des cours de piano quand elle était plus jeune. De son professeur qui ne comprenait pas qu'une jeune fille aussi gracieuse et élégante qu'elle pouvait être un tel boulet devant l'instrument.