J'ai peur, je n'ai jamais osé le dire, refusant d'être faible ou fragile mais oui, j'ai peur. Peur de tellement de chose, ne plus voir la neige, ne plus sentir la pluie, ne plus être ébloui par le soleil, ou ne plus jamais me sentir bien avec toi. Ne me laisse pas partir, s'il te plait.

C'est une nouvelle fois le cœur serré que je franchis les portes de cet hôpital que je connais pourtant si bien. Une grande bouffée d'air et j'entre dans la salle d'attente que je connais presque par cœur dans le service cancérologie. C'est toujours la même chose, mes yeux se pose sur les gens malades autour de moi, presque mourant, les plus âgés comme les jeunes, très jeune. Un petit sourire sur le visage en voyant que certaines connaissance sont encore là, tentant durement de survivre. Je suis une chanceuse, chanceuse d'être encore débout, et d'avoir une vie si parfaite. Pourtant je ne peux m'empêcher de me voir à la place de la jeune femme allongé sur le lit, le regard si triste de l'homme qui se tiens debout à coté d'elle me serre le cœur, ce n'est pas humain de vivre comme ça. Par chance, je ne suis pas seule, pas aujourd'hui. Je pose doucement les yeux sur Camel, répondant présent comme à chaque fois que je l'appelle à l'aide, c'est important de l'avoir. Doucement ma tête se dépose sur son épaule alors que mon corps se resserre sur lui même, je ne supporte pas cet endroit, je ne supporte pas de me sentir si fragile et faible ici, je ne supporte pas l'idée d'y passer le reste de ma vie. A coté de lui, je ne cherche pas à me montrer forte et indépendante, je crois qu'il a vu dans mon regard ma peur à la seconde ou je suis monté dans sa voiture. Respirant le plus calmement possible, mes yeux fixent l'horloge face à nous, me concentrant presque sur le " tic tac " incessant de la pendule. Les minutes défilent alors qu'un murmure vient doucement perturbé ma concentration " ella, tu viens ? " je lève les yeux vers le médecin. Nous pourrions presque dire que nous sommes intimes lui et moi, il me connait par cœur, mon dossier médical n'ayant aucun secret pour lui, il est doux et gentil, il se montre rassurant mais soyons réaliste, c'est son boulot. J'attrape immédiatement la main de Camel tentant d'y cacher le faible tremblement qui commence à naitre. J'entre dans la salle d'osculation, m'installant sur le siège qui m'est destiné ayant retirer mon manteau, et mon gilet. Il fait bon, c'est agréable et ce n'est pas une de ses salles sinistres qui fait froid dans le dos, puis il me rassure, je sais que c'est un bon médecin, une sorte de confiance mutuelle. Je regarde Camel essayant de me rassurer dans mes yeux alors que le médecin commence à me poser une série de question, sur mon alimentation, mes habitudes, ce qu'il y a de nouveau, comment je me sens et tout ce qui s'en suit " tu peux retirer ton t-shirt s'il te plait " un regard vers mon ami, pour être sur que ça ne le dérangera pas et j'ôte doucement mon t-shirt affichant un corps maigre et plusieurs cotés visibles, personne ne serait en mesure de dire que j'ai donné la vie il y a sept mois, mais cela à toujours été comme ça, je ne suis pas vraiment épaisse. Je baisse les yeux, loin d'être à l'aise avec cette image de moi même; tellement habitué je ne remarque même pas la prise de sang dans mon bras et le fait qu'il est commencé mes analyses physiques. C'est toujours comme ça, plusieurs fois par un, le bilan total. Il quitta la pièce un temps, le temps de faire analyser tout ça, c'est assez rapide ici, il faut intervenir vite en cas de problème " ça va ? je ne te fais pas peur ? " je souris doucement à mon ami n'étant pas spécialement mal à l'aise face à lui, c'est fou de voir à quel point sa présence me rend moins peureuse, plus heureuse, meilleure " merci d'être venu, ça me fait du bien que tu soit la " j'ai presque envie de le serrer dans mes bras pour le reste de l'éternité à cet instant mais le médecin entre dans la pièce un peu après. Un coup d’œil à l'horloge, une bonne demi heure à passer depuis le moment ou il est parti, et le sourire affiché à sa sorti, se transforme en expression triste, celle qui annonce une mauvaise nouvelle. Mes mains se remettent doucement à trembler en tentant de garder mon calme " c'est bon pas vrai ? " je le supplie du regard de me dire que oui, un simple oui qui pourrait rendre cette journée fantastique, il baisse les yeux un instant, sans doute pour chercher ses mots " tes analyses ne sont pas vraiment bonnes ella, tes plaquettes chutes et tu as un problème avec tes reins. ils ne font plus leurs travaillent ella, je suis désolé mais tu vas devoir subir une greffe au plus vite " je le fixe pendant de longues minutes restant bloqués sur les premières informations fournis, ma respiration s’accélère et mes yeux se remplissent doucement d'eau durant de longues secondes de silence " je vais mourir thibaut ? " je l'appelle par son prénom, signe de peur, je secoue la tête, je ne peux pas, je ne veux pas, je ne suis pas prête pour ça, pitié.