trente et un octobre, quatorze heures et des poussières, il y a des jours où je me demande sérieusement ce qui me passe par la tête, j’émets un léger sifflement alors que les bruits sur la banquette arrière commence doucement à m'épuiser. lorsqu'il y en a qu'un seul, c'est supportable, même plaisant, lorsqu'ils sont plusieurs, ils sont sérieusement bon à jeter par la fenêtre. je baisse les yeux et jette un regard lubrique à mon paquet de cigarette, je n'ose même pas en fumer une, de peur d'en tuer un, ça fait pourtant plusieurs heures que je n'ai pas fumée, je n'ai même pas pris le temps d'aller me reposer après la soirée arrosée d'hier soir. Ce n'est pas comme si j'avais besoin de ça, de toute façon, pour les tuer. ils peuvent très bien le faire tout seul, celui qui tente de faire prison break en s'enfuyant du carton me le confirme en tout cas. J'ai remarqué ces bestioles depuis plusieurs jours et si au départ je me suis retenu des les embarquer avec moi, persuadé qu'ils sont mieux à l'air libre qu'enfermés (surtout que les vieilles les engraissent comme il faut), la date et mon manque de mémoire m'a obliger à organiser un kidnapping. J'voulais en prendre qu'un, mais ils étaient tous là, regards humide et je n'ai tout simplement pas résisté, putain, quel faible je fais. je me relève doucement et sors mon téléphone de la poche, composant rapidement un numéro que je connais par cœur. première sonnerie, deuxième sonnerie " je suis devant l'immeuble dans cinq minutes, faut que tu descends j'ai besoin de ton aide. " amen. j'accélère légèrement, profitant d'un feu rouge pour foutre à nouveau michael scofield dans le carton, p'tit con va, c'est pas le moment de t'échapper. Je me gare devant l'immeuble au bout de d'une dizaine de minutes finalement et décroche un bâillement alors que je coupe le contacte. saad est là, fidèle au poste, j'veux même savoir depuis combien de temps il poireaute en bas. "prends c'qu'il y a de le coffre, moi je chope le carton."

Passer une journée entière à l'appartement, sans rien faire, ça t'ennuie, te fatigue. Tu t'es, certes, levé tard ce matin -ou plutôt ce midi, en fait-, mais tu t'ennuies déjà alors qu'il n'est que quatorze heures. De toute façon, quand bien même aurais-tu aimé sortir, tu préfères éviter. Quitte à être en arrêt maladie à cause de ton genou, autant en profiter pour le reposer. C'est là qu'entrent en jeu la belle xbox 360 et call of duty, qui ne faisaient que t'appeler depuis quelques jours pour que tu prennes soin d'eux. Sans doute commençais-tu à leur manquer depuis le temps que tu n'y avais pas joué. Il faut dire que, à choisir entre aller à une soirée ou rester chez toi à jouer à la console, le choix est vite vu. À peine tu t'installes sur le canapé que ton téléphone se met à sonner. Tu jures, mettant un temps avant de le trouver entre les coussins, puis décroches immédiatement en voyant le nom de Camel s'afficher, te demandant pourquoi il t'appelle. « je suis devant l'immeuble dans cinq minutes, faut que tu descends j'ai besoin de ton aide. » Tu marques une pause un instant, imaginant le pire. Pourquoi est-ce que tu dois venir l'aider ? Il a fait des courses pour trois mois et ne peut pas tout porter ? Nah, impossible. Ou alors.. il a tué quelqu'un et a besoin de toi pour cacher le corps.. Cette option est déjà un peu plus plausible que la précédente. « ça marche. » Tu raccroches, éteins tout rapidement et descends en bas de l'immeuble. Tu sais qu'avec Camel, quand il dit, cinq minutes, en fait, tu as le temps, mais ça importe peu, tu en profites au contraire pour fumer tranquillement une cigarette. Une fois que tu commences à avoir les doigts gelés, il arrive enfin. « prends c'qu'il y a de le coffre, moi je chope le carton. » Tu acquiesces et ouvres le coffre, y découvrant.. des croquettes ? « tu m'expliques c'que tu fous avec des croquettes ? » En fait, ça dépasse peut-être même les pires scénarios que tu as pu imaginer.. Finalement, tu hausses les épaules, te contentant de récupérer les dites croquettes et montes jusqu'à l'appartement à la suite de Camel.

Saad est devant la Xbox entrain de jouer à un jeu vidéo. Comment je le sais ? Je sais qu'il est en arrêt maladie et c'est bien les seuls faits qu'il m’ait été donné de connaitre. Pour le reste... je connais Saad mieux que n'importe qui d'autre sur cette planète et je sais donc qu'il passe des heures devant cet écran à dégommer des gens qui n'existent pas - et remarque, c'est peut-être pas plus mal. Moi ? Je suis en vacances pendant deux semaines et je dois bien avouer que j'adore ces vacances et ce que j'en fais. Là, je sors de chez Simon - où j'ai passé la nuit après avoir passé une soirée avec lui en mode soirée frère-soeur. J'adore ces moments privilégiés avec mon frère préféré - et unique. Mais après avoir passé une grosse matinée à dormir, j'ai besoin de bouger. Alors après avoir mangé des restes qui se trouvaient dans son frigo, j'ai prit la route vers l'appartement de Saad. Je monte les escaliers quatre à quatre, contente d'aller voir mon meilleur ami et son genou endolori. Et c'est avec une grande surprise que je vois Camel et Saad dans les escaliers qui montent avec les bras chargés. Naturellement, comme si c'était la première chose à faire dans ce genre de cas, je mets une fessée à Saad tout en demandant. « Tu veux de l'aide ? » Oui, ça part d'une bonne intention, aussi déplacé le geste soit-il. De toutes façons, c'est Saad, c'est pas comme si ça pouvait être mal interprété... Je lance ensuite en direction d'un point plus en hauteur : « Bonjour Camel ! » d'un air enjoué et poli à la fois. Parce que Camel, c'est le genre de mec qui t'impose le respect et qui m'oblige à me tenir encore plus correctement que d'habitude. Je souris ensuite à Saad avant de demander calmement et avec une légère hésitation. « Ca va ton genou...? T'as pas trop mal ? »