can i have this dance ?
i'll take the lead and every steps will be safe with me

Tu viens à peine de sortir d'un entretien d'embauche, t'as l'sourire aux lèvres parce que malgré ce début de journée catastrophique, t'as décroché l'job. Ok, soyons clairs de suite, t'es pas super fier de passer de danseur professionnel à danseur/représentant chez Disneyland mais t'arrives quand même à te convaincre qu'au moins, t'as trouvé du boulot. Voilà plus d'un mois que tu stagnais, ici, à Paris. A suivre ton coloc', Steve, dans ses délires, à le laisser t'emmener ça et là sans jamais trop savoir pourquoi… Plus d'un mois que t'évites de te lever trop tard pour ne pas passer pour le dernier des tire-au-flanc, plus d'un mois que tu zones en ville à la recherche d'un travail, d'un emploi. En même temps, le milieu de la danse est plutôt fermé, même ici, en France ! T'as eu quelques opportunités mais finalement, rien de bien concret. En six semaines, t'as eu l'temps d'essuyer deux refus, deux propositions merdiques genre viens danser dans mon salon et de refuser une opportunité en or simplement parce qu'à peine arrivé, t'avais pas l'courage de refaire tes valises pour l'étranger. Du coup, ce job, aussi stupide puisse-t-il paraître aux yeux du monde, c'est l'occasion pour toi de renflouer doucement tes caisses et surtout de clamer haut et fort ta nouvelle indépendance. T'as pas dans l'idée de quitter la colocation, vivre à deux te satisfait et puis, Steve est loin d'être chiant, bien au contraire. Tu t'es accoutumé à le voir revenir tous les soirs avec un mec différent sans trop avoir l'air surpris et puis, tu t'es habitué à passer derrière lui pour ramasser boxers et chaussettes dans la salle de bain. T'es pas chiant non plus, faut dire. Plus de 6 semaines que tu lui prépares à manger assez fréquemment, que vous vous comportiez comme un vrai petit couple, les désavantages en moins. Parce qu'avec Steve, y a rien d'émotionnellement instable, bien au contraire. Les choses sont clairs, ça vous arrive de flirter mais vous ne tomberez pas amoureux l'un de l'autre. T'es bien avec lui parce qu'il ne se montre pas possessif avec toi et qu'il te laisse vivre librement, tout en restant conscient que, malgré tout, tu as des comptes à lui rendre. Vivre à deux, ça t'évite de te retrouver seul trop souvent et de penser à tout le reste… la danse te manque depuis ton retour à Paris mais t'essaie de compenser le manque en sortant assez régulièrement. Evidemment, on évacue pas la même dose d'adrénaline en remuant ses hanches sur les derniers hits en matière de musique mais c'est déjà mieux que rien. D'ailleurs, c'est lors d'une de ces soirées que tu as eu la chance de rencontrer Axelle ! Une nana assez sympa, plutôt introvertie au premier abord mais avec qui le courant est de suite passé. Vous avez passé la soirée à parler danse, puisque tel est votre plus grand point commun, vous vous êtes même accordés la chance de remuer des fesses ensemble, et ça, c'était génial ! Depuis, tu ne l'as pas revue, du moins, pas de manière régulière mais lorsque ton blackberry vibre dans ta poche et que le prénom de ton amie s'affiche sur ton écran, tu ne peux t'empêcher de réprimer un léger sourire. Ouais, tu sors tout juste de ton entretien d'embauche et Axelle t'invite à la rejoindre aux beaux-arts. Inconsciemment, tu sais déjà ce qui t'y attends mais tu préfères ne pas mettre la charrue avant les bœufs. Peut-être aime-t-elle simplement cet endroit… mais le simple fait d'envisager que tu vas pouvoir à nouveau effectuer quelques pas de danse te réchauffe le cœur. Tu en profites pour prévenir Steve que tu rentreras un peu plus tard et tu te hâtes à héler un taxi. Dans la voiture, tu laisses le défilé des paysages te bercer, tout en laissant ton esprit vaquer à ses occupations. Ton retour en France fut compliqué, l'adaptation difficile mais tu te rends compte à présent qu'en un mois, tu as parcouru déjà pas mal de chemin. T'es plutôt fier de voir que, malgré les déboires, t'arrives encore à t'en sortir. T'as un job, et ça, ça t'rends plutôt serein quant à l'avenir.

Lorsque le taxi te dépose au pied des Beaux-arts, tu laisses l'immensité du bâtiment t'envoûter. T'y étais déjà venu, à ton arrivée à Paris il y a trois ans de cela… mais tu n'y as jamais dansé. Parmi tous les jobs que tu as fait, tous les planchers que tu as foulé, les Beaux-arts te sont aussi inconnus que l'était la statue de la Liberté, autrefois. Tu restes un instant sur le parvis, à observer le bâtiment tout en souriant, béatement. T'as l'air d'un gamin, t'es ravi ! Alors tu t'décides à franchir le seuil de la porte et tu laisses l'atmosphère sérieuse et féérique de l'endroit t'enivrer. Tu ne demandes pas ton chemin, quitte à te perdre, autant flâner un peu. Axelle doit certainement t'attendre mais tu sais qu'elle ne doit certainement pas s'ennuyer. A ton épaule pend le sac en bandoulière que tu as emporté avec toi pour ton entretien d'embauche… ouep, faut pas s'leurrer, quand on passe un entretien pour un job de danseur, on s'attend toujours à devoir faire une petite démonstration ! Du coup, tu trimballes avec toi tes affaires de danse, un simple jogging et un t-shirt plus ample. Là, t'es vêtu d'un pantalon slim rouge foncé, genre framboise, et d'une marinière blanche et bleue. Tu montes les marches à la recherche de la salle dont te parlais Axelle dans son message. Tu prends bien cinq minutes avant d'atterrir enfin devant une baie vitrée… de l'autre côté, tu reconnais les courbes de ton amie, en plein mouvement. Tu t'amuses à la regarder danser quelques instants, te surprenant même à la trouver ravissante, resplendissante. Tu souris en coin, sans trop t'attarder, tu ne veux pas déranger. Tu pousses alors la porte délicatement et t'appuies contre le montant de cette dernière… il ne va pas long avant qu'elle ne remarque ta présence et s'arrête net dans ses mouvements. Vos yeux se cherchent un instant et puis sa voix cristalline vient troubler le silence de la salle. Tu souris en la regardant et puis tu t'avances vers elle. « Ouais, j'ai trouvé… incroyable non ? » Tu ris doucement en t'approchant d'elle. Ton bras enlace sa taille tandis que tu l'attires contre toi pour l'embrasser sur la joue. Tu te comportes avec elle comme si vous vous connaissiez depuis toujours, ce qui, inconsciemment, pourrait être facilement le cas. La danse vous rapprochait déjà lors de cette soirée, aujourd'hui, c'est encore la danse qui se dessine entre vous. Tu souris, ravi d'être ici. « Cette salle est magnifique, ça fait longtemps que je n'en avais pas vu une de cette… taille ! » Tu te souviens de tes répétitions pour le Moulin Rouge, dans l'arrière salle, vétuste et insalubre. Et puis, tu te rappelles des salles de danse américaines que tu as fréquentées à l'époque de ton exil, aucune ne te paraissait si propre et si… saine ! Tu regardes ton reflet dans le miroir en souriant, puis tu portes ton attention sur Axelle. « Il faut que j'aille me changer, je suppose ? »